Indifférent à la situation sanitaire, Macron accélère le déconfinement

Le gouvernement français a prévu de déconfiner quasi complètement la population en trois étapes d'ici le 30 juin. Il donne ainsi satisfaction aux pressions des milieux financiers et patronaux qui veulent une reprise complète de l'activité économique pour accumuler les profits en reprenant l'exploitation massive des travailleurs.

Ce déconfinement s'inscrit également dans une compétition féroce entre les pays européens qui cherchent à proposer un environnement économique favorable dans les délais les plus courts possibles. Les pays du sud de l'Europe veulent aussi rouvrir le secteur touristique et mènent entre eux une concurrence éhontée au moins disant sanitaire.

Comme pour la réouverture du système scolaire le 26 avril pour le primaire et le 3 mai pour les collèges et lycées et la fin de la zone de déplacement limitée à 10 km, le calendrier de déconfinement des 19 mai, 9 et 30 juin est fixé indépendamment des indicateurs épidémiques et sanitaires.

Le 19 mai le couvre-feu sera repoussé à 21h, les commerces non-essentiels vont rouvrir, tout comme les terrasses de restaurants. Les musées, les cinémas, les théâtres et les monuments rouvriront également. Les activités physiques, à l'extérieur comme à l'intérieur, seront de nouveau autorisées, sauf les sports de contact.

Le 9 juin le couvre-feu commencera à 23h. Les restaurants rouvrent complètement. Les sports de contact reprennent en extérieur. Les grands évènement (comme les salons et foires) seront à nouveaux autorisés et le recours au télétravail sera restreint.

Après le 30 juin seul les discothèques resteront fermées et ne devrait subsister que le port du masque et quelques protocoles sanitaires.

Le ministère de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a toujours été en tête pour l'hostilité au confinement au sein du gouvernement de Macron et il s'enorgueillit de ce que le système scolaire français a été l'un des moins confinés des pays développés.

Face à la colère sociale, le ministère avait du concéder une fermeture des classes dès le premier cas de covid. Il a également enfin diffusé des statistiques plus précises, indiquant que 5000 classes étaient fermées le 7 mai, ainsi que 32 structures scolaires. A cette date, 9536 élèves étaient contaminés en cumul sur 7 jours et 768 membres du personnel. Prenant apparemment prétexte du pont de l'Ascension, et revenant à sa politique habituelle de censure de l'information, le ministère n'a publié aucune donnée cette semaine.

Cette information est pourtant cruciale, les établissements scolaires étant les premiers à avoir déconfiné et ils pourraient apporter des données essentielles pour évaluer la circulation du virus.

Le bilan national du coronavirus publié le samedi 15 mai 2021, fait état de 15.685 cas supplémentaires. La moyenne des 7 jours passe à 13.697 cas, mais ces données sont probablement sous-évaluées, du fait de la baisse du dépistage pendant le pont de l'Ascension. Le taux de reproduction effectif du virus s'est réduit plus franchement depuis une semaine, et se situe maintenant entre 0,7 et 0,8. C'est un taux indispensable pour obtenir un recul rapide du virus. Le taux d'incidence est cependant de 166 cas pour 100.000, ce qui traduit une circulation encore très active du virus.

Alors que plus de 107.000 personnes sont décédées, la moyenne journalière des décès sur 7 jours vient seulement de passer en dessous de 200 il y a quelques jours. Le taux d'hospitalisation diminue ainsi que les personnes accueillies en réanimation, mais à des niveaux qui restent très élevés. Le taux d'occupation des lits de réanimation reste supérieur à 100 pour cent en Île-de-France et dans le Nord; aucune région n'a de taux inférieur à 50 pour cent.

Santé publique France a indiqué que «La pression hospitalière demeure forte, notamment dans les services de soins critiques dans la majorité des régions invitant à la plus grande vigilance dans les prochaines semaines compte tenu de l’assouplissement progressif des mesures collectives».

La couverture vaccinale était en progression, mais seulement 13 pour cent de la population était complètement vaccinée le 11 mai 2021. Macron vient de saluer le passage des 20 millions de premières doses injectées ce week-end. Pourtant, seulement 30 pour cent des Français ont reçu une première dose, ce qui est tout à fait insuffisant pour bloquer la circulation du virus.

Selon l'Institut Pasteur, alors que les variants plus contagieux constituent maintenant la quasi totalité des cas, «il faudrait que plus de 90 pour cent des adultes soient vaccinés pour qu’un relâchement complet des mesures de contrôle soit envisageable.» Ce commentaire sonne comme une mise en accusation implicite de la politique sanitaire irresponsable menée par Macron et par l’Union européenne.

Compte tenu du calendrier de déconfinement il faut donc s'attendre à une remontée des cas qui risque de se produire au cours du mois de juin lorsque le déconfinement sera plus avancé.

Le gouvernement en refusant de mener une politique 'zéro covid' et en alternant les confinements avec des politiques de 'vivre avec le covid' maintient le secteur hospitalier sous une énorme pression depuis la reprise de la pandémie à la fin de l'été 2020. Cela entraîne un épuisement général du personnel de santé. Le suivi des autres pathologies n'est plus assuré correctement et la santé générale de la population se dégrade.

Malgré cela le gouvernement poursuit sa politique d'austérité et de restructuration du secteur hospitalier avec de nouvelles suppressions de lits prévues, notamment à Paris, Nantes, Rennes, Tours ou Nancy.

La situation aux urgences, sous-dotées et débordées en permanence depuis des années, et qui avaient connues des grèves très suivies en 2019 est dramatique. En réanimation la situation des soignants est aussi très dégradée avec des études qui constatent un syndrome sévère d'épuisement présent chez la moitié des médecins et un tiers des infirmières. Cela s'explique, chez les médecins, par un nombre d'heures de travail et de gardes de nuit très élevé.

La situation est également très dégradée dans le reste du système hospitalier ainsi que dans système sanitaire et social ayant affronté le covid, comme les établissements pour personnes âgées.

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