Pour la réintégration du chauffeur de bus londonien David O'Sullivan: pour un lieu de travail sûr contre le COVID-19! Non aux représailles !

Le comité de la base des chauffeurs de bus londonien et le Parti de l’égalité socialiste (Grande-Bretagne) appellent à la réintégration du chauffeur de bus londonien David O'Sullivan, limogé pour avoir défendu les droits des travailleurs à la santé et à la sécurité sanitaire lors d'une pandémie qui a coûté la vie à plus de 60 travailleurs de bus de la capitale.

O'Sullivan, 57 ans, a été licencié le 3 février après avoir sonné l'alarme sur la propagation des infections au dépôt de bus de Cricklewood. Le taux de décès parmi les chauffeurs de bus londoniens est trois fois supérieur à la moyenne nationale, et les familles des travailleurs tués exigent des réponses.

David O'Sullivan (source: WSWS media)

Travailleur des transports de Londres pendant trois décennies, O'Sullivan a été mis à pied le 11 janvier après avoir invoqué son droit de retrait en vertu de l'article 44 du Code du travail. Jusqu'à 12 conducteurs, un responsable et un représentant de la santé et de la sécurité du syndicat Unite avaient été infectés par le COVID-19, selon des informations divulguées au comité de la base des chauffeurs de bus londonien début janvier. Par la suite, il a été révélé, par le biais de la loi sur l’accès à l’information, que 46 employés de Cricklewood ont été contaminés par le COVID-19 entre octobre 2020 et la mi-janvier de cette année.

O'Sullivan a courageusement cherché à alerter ses collègues et à les informer de leurs droits en vertu de l'article 44. Tous les employés ont le droit d’exercer leur droit de retrait «dans des circonstances de danger que l'employé croit raisonnablement être graves et imminentes» et de se retirer jusqu'à ce que « des mesures appropriées » soient prises « pour se protéger ou protéger d’autres personnes en danger ».

Juste trois jours plus tôt, le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, avait déclaré un sinistre majeur, une montée du virus menaçant de submerger les hôpitaux. Une deuxième vague de pandémie avait commencé, alimentée par la stratégie d'immunité collective du gouvernement conservateur de Boris Johnson, soutenu par le Parti travailliste de Sir Keir Starmer, qui rejetait les mesures d'éradication du virus au motif qu'elles nuiraient à «l'économie», c'est-à-dire aux profits des grandes sociétés, des banques et des super-riches. Des confinements partiels ont été introduits trop tard et levés trop tôt, entraînant plus de 150 000 décès évitables.

Pour la réintégration du chauffeur de bus londonien David O'Sullivan: pour un lieu de travail sûr contre le COVID! Contre toutes représailles!

Le 8 janvier, le comité de la base des chauffeurs de bus londonien avait appelé à un débrayage à Cricklewood pour arrêter la propagation des infections. L'appel n'a pas été lancé à la légère. En septembre, les membres du comité du dépôt avaient écrit au PDG de l’entreprise Metroline, Steven Harris, pour signaler de graves violations de la sécurité de la part de la direction concernant les infections au COVID-19. Leur lettre exigeait une action urgente, y compris des tests obligatoires pour les conducteurs, un signalement transparent des infections et une rémunération complète pour tout le personnel en auto-isolement. La lettre – dont une copie était remise aux responsables d'Unite John Murphy et Peter Kavanagh – a été ignorée.

Le 21 décembre, le comité a écrit au représentant d'Unite Moawia El Bashir pour demander une copie de «l'évaluation des risques» COVID-19 qui, selon Metroline, avait été menée au dépôt de bus. Il n’y eut aucune réponse. Tout au long de la pandémie, Metroline, Transport for London ( TfL ) et Unite ont dissimulé la propagation des infections dans les dépôts de bus et les travailleurs des bus ont été laissés sans aucune défense.

La Confédération des syndicats (TUC) n'a organisé aucune action collective en matière de sécurité, bien que la transmission du COVID-19 sur le lieu de travail ait coûté la vie à des milliers de personnes. Un document du TUC rédigé en mai 2020, proposant «Une approche syndicale […] sur la façon de gérer le retour massif au travail», déclarait que la centrale syndicale «ne prend pas position sur la science de la gestion d'une pandémie, ou la vitesse ou nature d’un retour au travail ». Au lieu de cela, les travailleurs ont été invités à soumettre leurs préoccupations concernant les violations de la sécurité sanitaire du COVID-19 à l’Inspection du travail inefficace du gouvernement. Les affiliés du TUC, y compris le syndicat Unite, se sont engagés à aider les employés exerçant leur droit de retrait en vertu de l'article 44. Ces promesses se sont avérées être des mensonges. Unite s'est opposé à l'appel à un débrayage à Cricklewood et a ensuite livré des témoignages contre d’O'Sullivan à l'audience disciplinaire de l'entreprise, qui était une parodie de tribunal.

O'Sullivan – qui a un parcours professionnel irréprochable – a été licencié le 3 février pour «faute grave», Metroline l'accusant de «diffusion d'informations fausses et préjudiciables» et «d'incitation à une grève illégale». Il existe des preuves incontestables de la non-protection par Metroline de ses employés pendant la pandémie. La société a compté 301 infections parmi les conducteurs de bus londoniens entre octobre 2020 et janvier de cette année, dépassée uniquement par Arriva (327 infections), Stagecoach (366 infections) et Go-Ahead (534 infections). Mais à la date du 8 juillet 2020, Metroline représentait la majorité des décès de Covid – 12 travailleurs des bus – près du double du deuxième bilan le plus élevé (7 décès), celui de Go-Ahead, selon les informations obtenues au moyen de la loi sur l’accès à l’information. O'Sullivan a déposé une plainte pour licenciement abusif auprès du Tribunal des prud’hommes.

Le 4 mars, O'Sullivan a comparu au Tribunal des prud’hommes de Watford pour demander un redressement provisoire (c.-à-d. une réintégration temporaire) en attendant la décision sur sa plainte contre le licenciement abusif. Sa demande a été rejetée, Metroline ayant embauché un avocat de premier plan pour empêcher la plainte de passer à une audience en bonne et due forme. Il a décrit les inquiétudes d'O'Sullivan pour la santé de sa fille comme non pertinentes et a ensuite demandé une indemnité de frais qui aurait laissé la famille d'O'Sullivan sans le sou. Le directeur général Steve Harris et le responsable des ressources humaines Darren Hill ont regardé les procédures judiciaires en direct via un lien vidéo.

Un financement participatif pour soutenir la défense juridique d'O'Sullivan a été lancé et a besoin d'un soutien maximal étant donné les gros moyens de Metroline. Mais le facteur le plus important pour obtenir sa réintégration sera le soutien obtenu dans la classe ouvrière. Des résolutions et des messages de solidarité doivent être adoptés dans les dépôts de bus de Londres et au-delà, et auprès des travailleurs clés des transports, du Service de santé national, des usines, des entrepôts et de la logistique, de la construction, des écoles, des lycées et des universités.

Le limogeage d'O'Sullivan est un cas test. Tout au long de la pandémie, ce sont les travailleurs clés qui ont assuré le bon fonctionnement de la société – alimentation de la population, soins aux malades, bon fonctionnement des transports, livraison des biens, fourniture d'énergie, d’informations et de communications dans le monde entier. Mais quand il s’agit de leurs droit à la protection contre un virus mortel et hautement contagieux, les applaudissements et hommages bidons des politiciens, des grandes sociétés et des médias se volatilisent et la classe dirigeante montre les dents.

Il ne faut pas laisser David O'Sullivan se battre seul! Le comité de la base des chauffeurs de bus londonien et le Parti de l’égalité socialiste appellent les travailleurs partout dans le monde – nos frères et sœurs en Europe, dans les Amériques, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique – à soutenir cette campagne. Une attaque contre un est une attaque contre tous!

Ce que vous pouvez faire :

(Article paru en anglais le 17 mai 2021)

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