Seize mois après la première détection de la COVID-19, quel est l’état de la pandémie mondiale? Il n’y a pas de fin en vue. Dans le monde, plus de 12.000 personnes meurent chaque jour de la COVID-19, dont plus de 500 aux États-Unis. De nouvelles études estiment que plus de 10 millions de personnes ont perdu la vie à cause du virus jusqu’à présent. Plus d’Américains sont maintenant morts de la COVID-19 que de toutes les guerres du XXe siècle réunies.
Alors que la pandémie se poursuit, de nouveaux variants toujours plus contagieux continuent d’évoluer, apparaissant d’abord dans une partie du globe et se propageant rapidement à d’autres. La dernière en date est le variant indien B.1.617.2, qui sévit actuellement au Royaume-Uni, à 6000 km de l’endroit où il a été détecté pour la première fois.
Le Michigan a été ravagé cette année par le variant B.1.1.7, qui est apparu pour la première fois au Royaume-Uni. Celui-ci s’est répandu comme une traînée de poudre dans les écoles et les usines de l’État, où les travailleurs et les jeunes sont entassés comme des sardines dans des salles de classe et des espaces de travail mal ventilés toute la journée – des conditions idéales pour un virus aérosol comme le coronavirus. Les hôpitaux et les salles d’urgence de tout l’État ont une fois de plus débordé de patients atteints de la COVID-19, mais ce coup-ci avec un nombre record d’enfants.
Pourtant, dans le Michigan comme partout ailleurs dans le monde, l’élite dirigeante fait comme si la pandémie était terminée et abandonne le peu de mesures qui restent pour la contenir. Aux États-Unis, le nombre quotidien de décès et de cas n’est plus communiqué aux informations du soir. Les CDC (Centres de contrôle et prévention des maladies) déclarent qu’il n’est plus nécessaire que les personnes vaccinées portent des masques à l’intérieur, se fiant absurdement au «système de l’honneur», tandis que les enfants peuvent s’asseoir à un mètre de distance dans les écoles. La gouverneure Whitmer a ouvert les vannes, autorisant les détaillants, les restaurants, les stades et autres lieux à ouvrir à 50 % de leur capacité, sans intention de faire respecter la loi.
Alors que les travailleurs et les enseignants de la base s’opposent massivement à ces politiques meurtrières, les syndicats officiels sont déterminés à tout rouvrir, quel que soit le nombre de morts. Le jour même où les CDC ont soudainement annoncé la fin des mandats de port du masque, la présidente de l’American Federation of Teachers (AFT), Randi Weingarten, a déclaré que «rien ne devrait s’opposer à la réouverture complète de nos écoles publiques cet automne et à leur maintien ouvert, car les parents comptent sur les écoles, non seulement pour éduquer leurs enfants, mais aussi pour pouvoir aller travailler.»
Weingarten a vendu la mèche: la vraie raison pour laquelle les écoles doivent être ouvertes, c’est parce que les parents peuvent être renvoyés au travail. Si les écoles étaient autorisées à fermer simplement parce qu’elles incubent un virus mortel, il faudrait fournir un revenu subventionné aux parents pour qu’ils puissent rester en quarantaine à la maison avec leurs enfants tant que la pandémie n’est pas vraiment terminée. Mais cela est totalement hors de question pour la classe dirigeante, car au moment même où des millions de travailleurs sont morts de la COVID-19, les riches ont accru leur richesse au-delà de tout entendement.
Au cours de la première année de la pandémie, les milliardaires du monde entier ont accru leur richesse de 60 %, ce qui constitue la «plus grande accélération de la richesse de l’histoire», selon le magazine Forbes. Weingarten, elle-même millionnaire, perçoit un salaire de base annuel d’environ 500 000 dollars, financé par les cotisations syndicales des enseignants de la base.
Lorsque la pandémie est apparue, l’aspirant dictateur fasciste Donald Trump était président des États-Unis. De nombreux travailleurs espéraient que l’administration démocrate de Joe Biden apporterait une réponse plus rationnelle. Au lieu de cela, les mêmes politiques non scientifiques et la manipulation des CDC continuent.
La principale différence entre l’approche de Biden et celle de Trump face à la pandémie est que, alors que ce dernier a cherché à mobiliser des forces fascistes armées contre la fermeture des écoles et des lieux de production non essentielle, Biden tente plutôt d’utiliser les syndicats pour diviser et conquérir l’opposition de la classe ouvrière. En particulier, les Socialistes démocrates d’Amérique (Democratic Socialists of America – DSA), une faction de pseudo-gauche au sein du Parti démocrate, ont été mobilisés pour étendre l’emprise des syndicats contrôlés par l’État qui soutiennent Biden et empêcher les travailleurs de construire de nouvelles organisations de lutte indépendantes.
Depuis longtemps intégrées à l’État et aux entreprises auxquelles elles étaient censées s’opposer, ces organisations corrompues que l’on appelle encore à tort des «syndicats» n’ont pas mené de lutte depuis 40 ans et agissent maintenant comme des partenaires juniors dans l’exploitation de la classe ouvrière. Les syndicats sont loin de représenter une alternative préférable à Trump et aux fascistes, car avec leurs trahisons répétées des luttes des travailleurs, ils ne peuvent que créer les conditions pour une croissance de l’extrême droite.
Malgré tous les efforts déployés pour contenir la lutte des classes, tant dans les écoles que dans les lieux de travail au Michigan, l’opposition contre la réponse de la classe dominante à la pandémie prend forme tant en dehors des syndicats et en opposition à eux.
À Grosse Pointe, les enseignants ont pris un congé de maladie indépendamment des consignes du syndicat après que la commission scolaire ait ignoré leurs demandes de réduire l’apprentissage en personne. Les ouvriers de l’automobile à Detroit ont arrêté la chaîne de production et ont même débrayé pour se protéger après que des ouvriers aient été testés positifs sur les lieux de travail. Dans tout l’État, les enseignants partent à la retraite en nombre record et il y a tellement de travailleurs de l’automobile, du commerce de détail et de la restauration qui refusent de travailler dans des conditions inacceptables que ces industries se plaignent d’une «pénurie de main-d’œuvre».
Le Comité de base pour la sécurité des enseignants du Michigan (Michigan Educators Rank-and-File Safety Committee), lutte pour unir l’opposition des enseignants et des travailleurs du Michigan afin de retirer des mains des élites dirigeantes la direction de la lutte contre la pandémie. Voici nos revendications:
- Arrêt de toute production non essentielle et revenu intégral versé aux travailleurs tant que la pandémie n’est pas réellement contenue, et qu’il soit possible de revenir au travail en toute sécurité.
- Fermeture de l’apprentissage en personne dans toutes les écoles de la maternelle à la 12e année.
- Financement intégral pour assurer un apprentissage virtuel de haute qualité, y compris un accès Internet à haute vitesse pour tous et un soutien technique spécialisé pour former et aider les enseignants.
- Revenu subventionné aux parents qui choisissent de rester à la maison avec leurs enfants.
Tout en nous opposant à la réouverture irréfléchie des écoles, nous reconnaissons que dans de nombreux cas, les enseignants sont contraints de revenir. Dans ces conditions, nous continuerons à lutter pour la fermeture des écoles tout en exigeant que les mesures de sécurité suivantes soient universellement appliquées:
- Port continuel du masque à l’intérieur. Nous nous opposons à la levée non scientifique de l’obligation du port du masque par les CDC.
- Modernisation immédiate des systèmes HVAC dans toutes les écoles.
- Déploiement d’infirmières dans chaque école ouverte avec les ressources nécessaires pour effectuer des tests quotidiens sur les élèves, les enseignants et le personnel.
- Signalement complet et précis de tous les cas parmi les élèves, le personnel et les ménages associés; et recherche rigoureuse des contacts.
- Congés de maladie payés pour toute personne infectée par la COVID-19 et ses soignants.
- Ressources accessibles pour quiconque souffre de traumatismes physiques, mentaux ou émotionnels liés à la COVID-19.
De plus, nous élevons la lutte des enseignants et des travailleurs du Michigan à un niveau supérieur en les connectant avec les autres comités de base s’organisant ailleurs aux États-Unis et au niveau international. La pandémie est une crise mondiale qui exige une réponse mondiale. La société dispose de plus de ressources qu’il n’en faut pour protéger et subvenir aux besoins de tous jusqu’à ce que la pandémie soit contenue, mais pour utiliser ces ressources de manière rationnelle, en donnant la priorité à la vie plutôt qu’aux profits des sociétés, les travailleurs doivent construire des organisations de masse qu’ils dirigent réellement et qui sont connectées au niveau mondial.
C’est pourquoi nous sommes affiliés au réseau des comités de base pour la sécurité des enseignants – l’Educators Rank-and-File Safety Committee – qui, depuis sa création en août 2020, a mis en place des comités d’enseignants en Alabama, en Californie, au Canada, au Michigan, à New York, en Oregon, en Pennsylvanie, au Tennessee et au Texas. Nous sommes également liés au réseau des comités de base pour la sécurité des travailleurs de l’automobile (Autoworkers Rank-and-File Safety Committee), qui a créé des comités dans diverses usines automobiles au Michigan, en Indiana et en Virginie.
Et nous soutenons avec enthousiasme la formation de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base (International Workers Alliance of Rank-and-File Committees, IWA-RFC). Comme disait David North dans son discours du 1er mai appelant à la formation de cette alliance internationale, «L’objectif de cette initiative mondiale est de développer un véritable mouvement de la base ouvrière à travers le monde, et d’encourager les travailleurs de tous les pays à rompre les chaînes dans lesquelles les enferment les syndicats existants, contrôlés par l’État et dirigés par des cadres procapitalistes.»
La principale leçon à tirer de l’année et demie qui vient de s’écouler est que pour mettre fin à la pandémie, les travailleurs doivent construire de nouvelles organisations de lutte. Rejoignez le Comité de base pour la sécurité des enseignants dès maintenant, et menez le combat pour l’indépendance politique de la classe ouvrière!
Salutations aux travailleurs en lutte de partout dans le monde!
Le Comité de base pour la sécurité des enseignants du Michigan envoie ses salutations révolutionnaires à tous les travailleurs engagés dans la lutte aux États-Unis et ailleurs dans le monde, et en particulier à ceux engagés dans les luttes suivantes:
- Les 3000 travailleurs de Volvo à Dublin, en Virginie, qui, sous la direction de notre comité de base affilié de Volvo, le Volvo Workers Rank-and-File, exigent une augmentation de salaire de 25 % et plus dans une lutte contre le contrat de «papier toilette» proposé par le syndicat des United Auto Workers (UAW).
- Les travailleurs qui luttent pour la réintégration du chauffeur de bus londonien David O’Sullivan, licencié pour avoir défendu le droit des travailleurs à la santé et à la sécurité pendant la pandémie qui a déjà coûté la vie à plus de 60 travailleurs des transports en commun à Londres. O’Sullivan est membre du London Bus Rank-and-File Committee, qui mène sa campagne de défense.
- Les 2500 travailleurs de l’automobile de Nexteer à Saginaw, au Michigan, qui se battent contre un contrat de capitulation similaire que le même syndicat des UAW tente de faire adopter, sur fond de soupçons de fraude électorale.
- Les 1300 métallurgistes en Pennsylvanie et dans d’autres États, qui sont en grève depuis plus de huit semaines contre Allegheny Technologies Inc. (ATI), où le syndicat des United Steel Workers (USW) leur a présenté un contrat de travail prévoyant des réductions de salaire et le maintien du système à deux vitesses tant détesté.
- Les 1100 mineurs de Brookwood, en Alabama, en grève depuis sept semaines pour s’opposer aux conditions de travail dangereuses et abusives et éliminer les réductions salariales antérieures. Le syndicat des United Mine Workers (UMW) a isolé ces mineurs en grève et les oblige à se battre seuls contre Warrior Met Coal et les investisseurs de Wall Street qui dirigent la société
- Les 700 infirmières de Worcester, dans le Massachusetts, qui sont en grève depuis plus de dix semaines pour réclamer des taux d’affectation du personnel sûrs à l’hôpital Saint-Vincent. Leur syndicat, la Massachusetts Nurses Association (MNA), ne leur verse pas d’indemnités de grève.
Ne touchez pas à Gaza! Non à la guerre impérialiste!
Le Comité de base pour la sécurité des enseignants du Michigan condamne sans équivoque l’assaut américano-israélien contre le peuple de Gaza. Des centaines de milliers de personnes dans le seul sud-est du Michigan ont des membres de leur famille au Moyen-Orient et sont directement affectées par ces atrocités.
Les efforts de l’administration Biden pour renforcer l’emprise des syndicats contrôlés par l’État sur la classe ouvrière aux États-Unis sont une partie essentielle des plans très avancés pour forcer la population à participer à une autre grande guerre avec des rivaux comme la Chine et la Russie.
De la même façon que la classe ouvrière internationale doit s’unir pour arrêter la pandémie mondiale, les travailleurs américains doivent s’unir avec leurs frères et sœurs de classe du Moyen-Orient, de Russie, de la Chine et de tous les pays dans une lutte mondiale contre la guerre impérialiste et pour l’égalité sociale.
(Article paru en anglais le 24 mai 2021)