Les travailleurs de Volvo en Virginie relancent leur grève après avoir rejeté une seconde entente au rabais soumise par leur syndicat

Les travailleurs de Volvo peuvent contacter le Comité de base des travailleurs de Volvo par courriel à volvowrfc@gmail.com ou par texto au (540) 307-0509.

Près de 3000 travailleurs de l’usine Volvo Trucks New River Valley à Dublin, en Virginie, ont débrayé à midi hier après avoir rejeté massivement dimanche la deuxième proposition d’entente de principe, entièrement favorable à l’entreprise et acceptée par le syndicat United Auto Workers. Les travailleurs ont rejeté à 90 % l’accord de six ans, qui aurait prolongé la série de conventions collectives remplies de reculs proposées par l’UAW depuis des décennies.

L’UAW a mis fin à une grève de deux semaines le 30 avril, puis a tenté sans succès de faire passer la première entente de principe le 16 mai. Elle n’a appelé au débrayage que lundi en raison de l’énorme pression exercée par les travailleurs de la base, qui sont déterminés à renverser le système de salaires et d’avantages sociaux à plusieurs niveaux et à obtenir des gains substantiels en termes de salaires, de couverture médicale et de pensions de la part de la multinationale très rentable.

Alors que l’UAW prétendait ne pas pouvoir obtenir davantage dans les négociations, le conseil d’administration de Volvo Group a annoncé récemment qu’il proposait de distribuer à ses riches investisseurs 2,3 milliards de dollars provenant du produit de la vente d’une filiale, en plus du montant record de 3,68 milliards de dollars versé en dividendes plus tôt cette année.

Les travailleurs de Volvo en grève (Photo: Local 2069 de la page Facebook de l’UAW

En opposition à la collusion entre l’UAW et la direction, les travailleurs de l’usine ont formé le Comité de base des travailleurs de Volvo (VWRFC), qui a joué un rôle décisif dans le rejet des deux accords de capitulation. Dans les jours qui ont précédé le vote, les membres du comité et d’autres travailleurs ont largement diffusé une déclaration du VWRFC appelant au rejet de l’accord.

Dans une brève lettre annonçant la grève, le secrétaire-trésorier de l’UAW, Ray Curry, a reconnu que les travailleurs s’étaient opposés à pratiquement tous les aspects de l’accord de principe qu’il avait négocié. «Comme vous le savez, de nombreux sujets restent en suspens, notamment les augmentations de salaire, la sécurité de l’emploi, la progression des salaires, les métiers spécialisés, la prime de poste, les horaires de vacances, les horaires de travail, la santé et la sécurité, l’ancienneté, la retraite, le 401(k), la couverture des soins de santé et des médicaments sur ordonnance et bien d’autres encore.»

Indiquant la volonté inébranlable de l’UAW de répondre à la demande de Volvo de réaliser des économies, Curry a écrit: «Nous sommes convaincus que la poursuite des discussions sur ces questions et sur d’autres permettra de progresser vers l’objectif d’un contrat qui fonctionne à la fois pour la compagnie et pour ses employés.» Le syndicat, a-t-il ajouté, sera disponible pour reprendre les négociations mercredi.

Signe de l’extrême nervosité de l’UAW face à la rébellion et de son isolement des travailleurs, le local 2069 a désactivé les commentaires sur sa publication Facebook annonçant le rejet du contrat et la reconduction de la grève.

Les travailleurs de la base sont déterminés à remporter cette lutte et à empêcher l’UAW et l’AFL-CIO d’isoler leur mouvement de grève et d’affamer les travailleurs en leur versant des prestations de grève de pauvreté. Un travailleur de Volvo a déclaré au World Socialist Web Site Autoworker Newsletter: «Nous devrions tendre la main aux travailleurs non syndiqués de l’usine de Salem et aux travailleurs de Mack-Volvo à Allentown et Hagerstown. Ce serait une bonne chose de s’unir tous ensemble car ce qui se passe à notre usine les affectera aussi. Le syndicat nous a bernés quand il a mis fin à la grève et nous a renvoyés dans l’usine pour leur construire 2000 camions supplémentaires.»

Il a poursuivi: «Les 275 dollars qu’ils veulent nous verser en indemnités de grève sont inférieurs à un salaire minimum et nous allons avoir des impôts prélevés sur cela aussi. En 2020, l’UAW a dépensé près d’un demi-million pour acheter de nouveaux meubles pour ses bureaux. Le fonds de grève nous appartient, et nous devons avoir ce dont nous avons besoin pour faire la grève.»

L’UAW dispose d’une somme estimée à 790 millions de dollars dans son fonds de grève et l’AFL-CIO a encore plus d’actifs.

Depuis le début de la lutte, l’UAW a tout fait pour saper les efforts des travailleurs pour défendre leur niveau de vie. Alors que le contrat précédent devait expirer en mars, l’UAW a accordé à Volvo une prolongation de 30 jours qui a permis à l’entreprise de continuer à stocker des camions pour compenser l’impact d’une grève. Puis, sans aucune explication ni rapport sur l’état des négociations, l’UAW a appelé les travailleurs de New River Valley aux piquets de grève le 17 avril et les a renvoyés au travail le 30 avril, sans leur donner accès à l’entente de principe ni leur donner le droit de voter sur celle-ci.

Mais la campagne menée par l’UAW pour faire accepter le nouveau contrat, y compris l’envoi de représentants nationaux et régionaux dans l’usine la semaine dernière, s’est retournée contre elle.

Les travailleurs de Volvo qui sont sur le piquet de grève maintenant ne parlent pas seulement en leur nom, mais au nom de toute la classe ouvrière. Après plus d’un an pendant lequel les travailleurs ont été forcés de sacrifier leur vie pour le profit des entreprises pendant la pandémie, ils disent que c’est assez et se rebellent contre les demandes de concessions supplémentaires des méga-entreprises et de leurs laquais bien payés dans les syndicats.

La grève de Volvo s’inscrit dans une vague croissante de luttes, notamment celles des mineurs de charbon de Warrior Met en Alabama, des travailleurs d’ExxonMobil au Texas, des métallurgistes d’ATI en Pennsylvanie et dans d’autres États, et des infirmières de Worcester, dans le Massachusetts. La croissance du militantisme et de la résistance de la classe ouvrière est un phénomène international avec les grèves et les luttes des travailleurs indiens de l’automobile, des mineurs au Canada, au Chili, au Pérou, en Colombie et au Mexique, et d’autres luttes contre l’austérité et les inégalités sociales.

Des déclarations de soutien aux travailleurs de Volvo ont déjà été faites par les travailleurs de Mack-Volvo à Hagerstown, Maryland, et Allentown, Pennsylvanie, et par les travailleurs d’Amazon à Baltimore. Il est essentiel d’étendre ce soutien et de lancer une contre-offensive coordonnée au niveau international par la classe ouvrière. Pour répondre à ce besoin, le Comité international de la Quatrième Internationale a lancé l’Alliance ouvrière internationale des comités de base.

(Article paru en anglais le 7 juin 2021)

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