Les travailleurs en Inde de Maruti Suzuki, Toyota et Renault-Nissan soutiennent la grève de Volvo

Les travailleurs des usines à travers l’Inde ont applaudi la décision du dimanche 6 juin de 3000 travailleurs américains de Volvo Trucks de l’usine de New River Valley à Dublin, en Virginie, de s’opposer à un deuxième accord au rabais négocié par le syndicat United Auto Workers (UAW) et de retourner au piquet de grève le lundi.

Le World Socialist Web Site (WSWS) a parlé aux travailleurs de l’automobile, notamment chez Maruti-Suzuki, Toyota India et Renault-Nissan, de l’importance internationale de la grève chez Volvo. Les travailleurs indiens ont exprimé avec enthousiasme leur solidarité de classe avec la décision des travailleurs de Volvo de faire grève et de s’opposer à la tentative des syndicats d’imposer une capitulation.

Travailleurs de Renault Nissan en Inde (Photo: global.nissannews.com)

Les dirigeants du comité de travail provisoire formé en 2012, lorsque les dirigeants du syndicat indépendant des travailleurs de Maruti Suzuki (MSWU) ont été victimes d’un coup monté et envoyés en prison à vie, ont publié un communiqué. Ils ont déclaré: «Nous exprimons notre solidarité et notre soutien aux travailleurs de Volvo, en grève pour leurs justes revendications à l’usine Volvo Truck de New River Valley à Dublin, Virginie, États-Unis.»

Abordant l’importance de la grève des travailleurs de Volvo Truck, ils ont déclaré: «Au milieu des attaques constantes de la classe capitaliste contre la classe ouvrière au niveau mondial, la lutte militante des travailleurs de Volvo est un événement important. Nous sommes avec eux dans leur lutte pour des améliorations salariales substantielles et contre l’augmentation des charges salariales de couverture de santé, une journée de travail de 10 heures et des réductions des avantages sociaux des retraités.»

Leur déclaration résumait les conditions brutales auxquelles étaient confrontés les travailleurs de l’usine Maruti Suzuki Manesar au milieu des complots conjoints de l’entreprise, de la police et du gouvernement. Les membres du comité provisoire ont remercié les travailleurs de Volvo pour leur action courageuse.

Ils ont dit: «Nous, les travailleurs de Maruti Suzuki, avons suivi le même chemin de lutte au cours de la dernière décennie avec de multiples grèves, manifestations et campagnes. Dans la réaction à notre lutte par la classe capitaliste et l’État indien, 13 de nos camarades ont été faits prisonniers politiques de la lutte des classes et condamnés à la réclusion à perpétuité. Ils sont en prison depuis neuf ans maintenant. La lutte des travailleurs de Volvo en Virginie, aux États-Unis, fortifie nos luttes. Nous sommes à leurs côtés pour renforcer leurs voix.»

Ils ont terminé avec une dernière phrase tirée du Manifeste communiste de Karl Marx: «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!»

Le WSWS s’est également entretenu avec des travailleurs de plusieurs usines automobiles indiennes qui ont connu des grèves pour exiger des mesures de sécurité et des consignes d’isolement à domicile au milieu de la pandémie de COVID-19. Les travailleurs de Renault-Nissan ont exprimé leur soutien aux travailleurs de Volvo Trucks, affirmant que leurs revendications étaient légitimes et qu’il était important de s’opposer à la bureaucratie syndicale corrompue de l’UAW.

L’un d’eux a déclaré que le rôle de la bureaucratie de l’UAW aux États-Unis lui rappelait le rôle joué par les bureaucraties syndicales en Inde, déclarant au WSWS: «Au départ, ils faisaient semblant de se battre pour nous. Mais maintenant, lorsque nous soulevons des questions, ils ne répondent même pas et nous négligent. Au cours des trois dernières années, nous n’avons eu aucun avantage ni augmentation de salaire. Avant, je pensais que seuls la direction et le gouvernement étaient contre nous, mais maintenant je me rends compte que notre syndicat les a rejoints il y a longtemps».

Plusieurs travailleurs de Toyota Kirloskar Motors (TKM), dont Prasanna et Satish, ont également exprimé leur solidarité aux travailleurs de Volvo en Amérique.

Prasanna a déclaré: «Lorsque nous avons fait grève pendant trois mois contre la cadence éreintante de la chaîne de montage, la direction a essayé d’utiliser les travailleurs contractuels à bas salaire et le personnel de direction pour maintenir la production. Bien que cela viole les lois du travail, l’entreprise, avec le soutien du gouvernement de l’État, a employé des contractuels non qualifiés pour briser la grève.»

Satish a déclaré: «Avec la majorité des travailleurs en grève, la production sera complètement arrêtée. Cela donne aux travailleurs plus de pouvoir pour se battre et gagner leurs revendications. Sous l’impact de la COVID-19, les entreprises exigent que les travailleurs travaillent plus d’heures supplémentaires. Travailler sur la chaîne de montage signifie une pression énorme sur les travailleurs. Chaque minute et même chaque seconde est chronométrée. Des conditions de travail aussi brutales sont le sort des travailleurs dans plusieurs usines d’assemblage automobile, dont Toyota Kirloskar et Maruti Suzuki India.»

Soulignant les conditions de travail de forçat à l’intérieur de l’usine, le travailleur de Toyota a ajouté: «Sur instruction de la direction, les contremaîtres de l’atelier ont refusé d’autoriser les travailleurs à aller aux toilettes ou à boire de l’eau. Pour justifier cet acte inhumain, la direction a déclaré: “Ils peuvent y aller une fois toutes les deux heures pendant 10 minutes, et seulement à ce moment-là”. La direction a ordonné aux chefs d’équipes d’être à l’affût de ceux qui ne respectent cette règle, ajoutant que leur salaire devrait être réduit si c’est le cas. »

Résumant les conditions brutales à TKM, Satish a déclaré: «Il y a trois problèmes principaux: la cadence de travail, le refus d’autorisation pour les pauses toilettes et les réductions de salaire.» Il a reconnu le caractère international de ces problèmes contre lesquels il convient de mobiliser les travailleurs à l’échelle internationale, indépendamment des bureaucraties syndicales.

Le WSWS s’est également entretenu avec S. Jothi, un mineur de Neyveli Lignite Corporation (NLC), une société d’extraction de lignite et de production d’électricité appartenant au gouvernement fédéral indien, qui a exprimé sa solidarité avec les grévistes américains de Volvo.

Il a déclaré: «Je soutiens sans faille la demande des travailleurs de Volvo, leurs justes revendications devraient être soutenues par tous les travailleurs. Les travailleurs du monde entier sont confrontés plus ou moins aux mêmes problèmes.»

«Ici à NLC, j’ai travaillé comme intérimaire pendant 20 ans. En fait, des milliers de travailleurs intérimaires représentant près de la moitié de la main-d’œuvre de la NLC et sont restés au même statut pendant deux ou trois décennies, privés des avantages auxquels les travailleurs permanents ont droit, et rémunérés à une infime fraction des salaires versés aux travailleurs permanents.» En moyenne, un travailleur intérimaire NLC est payé 18.000 roupies (203 euros) par mois, tandis qu’un travailleur permanent gagne plus de 100.000 roupies (1131 euros) par mois.

Les intérimaires, qui représentent la moitié de l’effectif total de la NLC, demandent des contrats pluriannuels et un meilleur traitement, a-t-il expliqué: «La société a accordé des congés aux travailleurs permanents tous les deux jours pendant la pandémie, mais a refusé la même chose aux travailleurs intérimaires. Près de centaines de travailleurs de NLC sont décédés en raison de l’impact de la COVID-19, mais leurs plus proches parents n’ont reçu aucune compensation pour la perte de vies. NLC est une entreprise extrêmement rentable et ses dirigeants reçoivent des salaires faramineux. »

Jothi s’est prononcé en faveur de la formation du comité de la base de Volvo: «Ici aussi, les syndicats ne travaillent pas dans l’intérêt des travailleurs. Ils ne sont certainement pas pour les travailleurs.»

Somak Banerjee, un étudiant de l’Université Kalyani à Kolkata a déclaré: «Je soutiens cette grève des travailleurs de Volvo. Malgré l’impact désastreux de la pandémie de COVID-19, les secteurs industriels ont été entièrement rouverts et les travailleurs sommés de travailler plus d’heures pour que les entreprises réalisent d’énormes profits. Et les entreprises, avec le soutien du gouvernement, arrachent également leurs droits. »

Banerjee a déclaré qu’il espérait que l’exemple de l’action chez Volvo encouragerait une lutte plus large des travailleurs en Inde et dans le monde: «Des millions de travailleurs dans le monde ont perdu leur emploi et leur vie pendant cette pandémie, mais les entreprises et les gouvernements dans leur ensemble ont refusé de leur fournir une quelconque indemnisation […] J’aime donc apporter ma solidarité à ces travailleurs qui se battent pour leurs droits».

(Article paru en anglais le 8 juin 2021)

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