Une quatrième vague menace la France et l’Europe à la fin juillet

Après plusieurs semaines de baisse consécutive du nombre de contaminations en France et en Europe, la levée des restrictions sanitaires renverse la tendance en France alors que le variant Delta progresse sur le territoire. Avec le début de la saison touristique, ceci fait craindre une quatrième vague dès la fin juillet, avertissent les différentes Agences régionales de santé (ARS) en France.

Lundi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a estimé qu'une quatrième vague de la pandémie de Covid-19 dès la fin juillet est «une possibilité», confirmant une mise en garde antérieure du ministre de la Santé Olivier Véran. La responsabilité de la montée des cas incombe au gouvernement Macron et à ses homologues en Europe qui encouragent une politique criminelle d’immunité collective, levant les restrictions sanitaires sous le faux prétexte que la population serait protégée par les vaccins.

Pour la journée du mercredi 7 juillet, jour où se tenait un conseil restreint de défense sanitaire en amont du conseil des ministres pour élaborer la stratégie pour permettre de lutter face au variant Delta, la barre des 4000 cas de nouvelles contaminations a été atteint. Ce n’était plus arrivé depuis le 7 juin. Un nouveau conseil de défense sanitaire devrait se tenir lundi pour discuter d’éventuelles mesures restrictives.

Cette montée du nombre de cas depuis un mois provient du variant Delta qui tend à prendre la place du variant Alpha. Début juin le variant Delta représentait seulement 5 pour cent des cas de coronavirus, 20 pour cent la semaine dernière et aujourd’hui 40 pour cent des tests positifs criblés, selon Santé Publique France.

Le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de nouveaux cas sur une semaine pour 100.000 habitants, repart aussi à la hausse à l'échelle nationale. Il était de 24,1 le 3 juillet, contre 20,4 le 30 juin et 18,8 le 28 juin. Pour les 20-29 ans, il s'élève désormais à 65 cas pour 100.000 personnes.

Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, a dit à France Info: «le fait que l'on démarre une quatrième vague est à peu près acquis. Nous avons l'impression que nous sommes autour de 50 pour cent (de nouveaux cas) en plus par semaine. Il est encore très tôt, on ne sait pas comment cette courbe va évoluer. Néanmoins, 50 pour cent (de plus) par semaine, cela finira bientôt par être beaucoup.»

Prenant la parole après les deux conseils, le porte parole du gouvernement Macron, Gabriel Attal a indiqué: «Onze régions voient leur taux d'incidence augmenter, avec des dynamiques épidémiques particulièrement fortes, en Paca ou en Ile-de-France». Il a précisé que la situation se détériorait aussi à La Réunion ainsi qu’en Martinique.

Paris présente en effet le niveau de contamination le plus élevé de tous les départements de France métropolitaine. Le taux d’incidence au Covid-19 sur sept jours glissants s’élevait ainsi au 3 juillet à 54,2 cas pour 100 000 habitants à Paris. Mercredi 7 juillet 2021, le directeur général de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, Aurélien Rousseau, indique que ce variant indien «représente plus de la moitié des cas à Paris».

Le variant Delta progresse plus rapidement dans la région PACA que dans le reste de la France. Il y a plus de deux semaines, il y représentait un peu moins de 10 pour cent des contaminations. Dans la période du 23 au 26 juin, ce chiffre faisait un bond à 23 pour cent.

Les chiffres de Santé Public France du 25 juin indiquent que 77,8 pour cent des tests Covid analysés dans les Alpes-de-Haute-Provence contiennent des traces du variant Delta. Deuxième département le plus touché, les Alpes-Maritimes avec 74,3 pour cent de tests concernés par ce variant. Le département du Var arrive en troisième position des contaminations au variant Delta avec 67,5 pour cent des tests concernés. Dans ce département le préfet a décidé de prolonger les mesures de restrictions sanitaires jusqu’au 16 juillet.

Dans les Bouches-du-Rhône, département le plus peuplé de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur 38,8 pour cent des tests sont positifs au variant Delta et 37,5 pour cent dans le Vaucluse.

La veille, l’agence régionale de santé (ARS) de la région de Provence Alpes Côte d’Azur a alerté d’un possible risque d’épidémie dans cette région touristique avec un variant Delta présent dans 64 pour cent des tests positifs contre 42 pour cent au niveau national. L’ARS de PACA parle d’une «forte augmentation» notamment chez les 20-29 ans, «Des évolutions qui évoquent une reprise possible de l'épidémie».

Cette région retient particulièrement l’attention du gouvernement puisqu’elle est particulièrement prisée par les touristes étrangers et français durant l’été. Département le plus touristique de la région, les Bouches du Rhône accueillent plus de 9 millions de touristes dont 8 millions extra départementaux chaque année, essentiellement entre les mois de mai et d’octobre dépensant 2,7 milliards d’euros chaque année. Le secteur touristique génère directement ou indirectement quelque 50.000 emplois.

Le secteur touristique comme d’autres secteurs stratégiques du capitalisme français exige la reprise du travail et donc l’afflux de touristes dans cette région afin d’extraire les profits sur le dos des travailleurs. Le 19 avril dernier, le président du Comité régional du tourisme, François De Canson avait présenté à la presse le plan de relance du tourisme de 3,3 millions d’euros, se félicitant que «ce travail qui est réalisé sur trois niveaux (régional, départemental et local)» allait permettre de «porter haut les couleurs de la Provence, des Alpes et de la Côte d’Azur».

Le Comité régional du tourisme indique que «Les réservations pour le mois de juin sont multipliées par deux par rapport à l’année dernière (pour atteindre un taux d’occupation prévisionnel de 50 pour cent)», précise le communiqué. Et d’ajouter: «Pour le mois de juillet, les nouvelles sont également bonnes: les réservations sont en hausses de 30 pour cent par rapport à 2020 (pour atteindre un taux d’occupation prévisionnel à 75 pour cent)», laissant présager d’une explosion de cas dans la région et dans le reste de la France lorsque les touristes rentreront chez eux.

Malgré les avertissements des ARS, la situation en France n’est guère mieux contrôlée que l’Angleterre qui mi-mai avec moins de 2000 cas par jour enlevait les restrictions sanitaires. Au Royaume-Uni, une personne sur 260 est actuellement atteinte du coronavirus, selon l’Office national des statistiques. Plus de 20.000 nouvelles infections sont signalées chaque jour, les cas augmentant de 74 pour cent d’une semaine à l’autre. Le nouveau ministre de la santé en Angleterre a indiqué qu’après le 19 juillet plus de 100 000 nouveaux cas par jour pourrait être possible.

Ceci donne un aperçu de ce que la saison estivale en France pourrait provoquer dans ce pays avec quelques semaines de décalage avec le Royaume-Uni, se retrouvant avec des dizaines voire des centaines de milliers de nouveaux cas en quelques semaines.

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