«Tous les travailleurs de l’industrie devraient débrayer dans toutes les usines»

Les travailleurs appellent à une action commune pour combattre le cassage de la grève par Volvo Trucks et la capitulation de l’UAW

Les grévistes de l’usine Volvo Trucks New River Valley (NRV) de Dublin, en Virginie, se mobilisent contre l’annonce faite par la société qu’elle imposera unilatéralement un accord de travail de six ans que les travailleurs viennent de rejeter vendredi à une majorité de 60 pour cent.

Dans un communiqué publié dimanche, l’entreprise a déclaré qu’elle avait atteint une «impasse» dans les négociations, qu’elle imposerait sa «dernière, meilleure et ultime offre» lundi et qu’elle relancerait la production avec tous ceux qui franchiraient les piquets de grève.

Loin de contester la déclaration de guerre de l’entreprise aux travailleurs de Volvo, le syndicat de l’automobile UAW (United Auto Workers), a annoncé qu’il organiserait mercredi un nouveau vote sur le contrat rejeté. La section 2069 de l’UAW prétend à tort qu’elle y est légalement tenue.

Travailleurs de Volvo Trucks en grève à Dublin, Virginie, le 26 juin 2020 (photo: UAW Local 2069 facebook)

Un autre message, de la présidente du comité électoral de la section locale UAW, indique clairement que le syndicat a l’intention de terminer la grève quel que soit le résultat du vote et de remettre les grévistes au travail sur la base du contrat rejeté. L’UAW, dit-elle, déposera une plainte pour «travail déloyal» auprès du NLRB (l’agence gouvernementale chargée des questions syndicales), ce qui «pourrait prendre des mois ou des années à résoudre».

Les travailleurs ont rejeté trois contrats soutenus par l’UAW qui prévoyaient des augmentations de salaire inférieures à l’inflation et une baisse de la couverture médicale des travailleurs, actifs comme retraités. L’accord rejeté prévoit encore une «progression» de six ans pour les nouveaux embauchés avant d’arriver aux salaires supérieurs, ce qui se traduirait par des années en plus, vu la régularité des licenciements dans cette industrie.

«Le syndicat accepte ces idioties», a déclaré un travailleur Volvo en grève au WSWS. «Ce n’est pas démocratique. Ils nous forcent à accepter cela comme si nous étions des esclaves. Cela ne passera pas».

«Beaucoup de gens demandent au comité de négociation de se retirer. Ils nous trahissent. Volvo a fait des profits records et nous les a balancés à la figure. Notre grève a montré qu’il s’agit d’un problème national et mondial. Nous sommes allés jusque là, mais nous avons besoin du soutien de Mack-Volvo et des autres travailleurs. S’il y avait un débrayage avant le vote de mercredi, cela nous donnerait une grande force pour résister».

«Les travailleurs sont en colère et à juste titre», a déclaré un autre gréviste. «L’entreprise et le syndicat nous ont pris par surprise». Un membre du comité a demandé «qu’est ce qui se passerait si nous votions “non” [mercredi] et restions en grève, aurions-nous droit aux indemnités de grève de l’UAW?» On lui a répondu «l’Internationale [l’UAW] se lave les mains de la grève et ne nous soutiendrait pas».

«Les travailleurs de Mack peuvent voir ce qui se passe avec nous. C’est le moment idéal pour s’unifier. Si Volvo et l’UAW peuvent nous faire ça, ils seront les prochaines victimes. Tous les travailleurs de l’industrie devraient débrayer dans toutes les usines».

Le Comité de la base des travailleurs de Volvo mène l’opposition à NRV, il appelle les travailleurs à rejeter de manière décisive le contrat mercredi et à se battre pour une lutte plus large.

Un travailleur de Mack-Volvo de Macungie, en Pennsylvanie, où les travailleurs sont contraints par l’UAW d’utiliser des pièces provenant de NRV, fabriquées par des briseurs de grève, a déclaré: «Ce que les travailleurs font en Virginie est la bonne chose à faire et il n’y a aucune raison pour que tous les membres de l’UAW ne fassent pas grève en solidarité avec eux. L’UAW les abandonne. S’il n’était pas vendus à l’entreprise, l’UAW appellerait les autres usines UAW à faire grève».

«Il faut montrer à ces entreprises que ce sont les travailleurs qui créent la richesse, pas les entreprises ni les syndicats. C’est sur notre dos qu’elles font de l’argent, et non l’inverse. Ce pays a besoin d’une grève générale pour montrer à tous que la classe ouvrière est celle qui maintient le pays en vie. Nous nous battons contre une multinationale, et nous devons nous unir aux travailleurs de Volvo en Belgique et dans le monde entier.»

Un travailleur de pièces automobiles a déclaré: «Les travailleurs de Volvo doivent rester sur leurs positions. Si on permet cela à Volvo, cela donnera la tendance pour tous les autres. Nous devrions tous sortir pour montrer ce qu’il en est à l’UAW et aux entreprises. Dans l’entreprise pour laquelle je travaille à Indianapolis, les directeurs gagnent 16 millions de dollars et plus, avec des primes pour rester à la maison pendant que nous allons dans les usines. Les gros bonnets n’ont pas d’heures supplémentaires obligatoires. Ces 30 dernières années, j’ai vu le syndicat se transformer en notre pire ennemi».

Un intérimaire d’une usine General Motors de Flint, dans le Michigan, a déclaré: «Je suis tellement fier des travailleurs de Virginie, mes frères et sœurs du syndicat, d’avoir eu le courage et la solidarité de rejeter non pas un, ni deux, mais trois accord. Ils savent ce qu’ils méritent et se battent pour l’obtenir. On m’a élevé dans la croyance que les syndicats se battaient pour leurs membres, mais ce n’est pas le cas, alors les membres doivent se battre pour eux-mêmes. Solidarité».

Des travailleurs d’autres secteurs appellent également à soutenir ceux de Volvo et à étendre le réseau national et international des comités de la base comme voix et direction véritable de la lutte montante des travailleurs.

Un enseignant et membre du comité de la base des éducateurs du Tennessee a déclaré: «Notre comité est à 100 pour cent derrière les travailleurs de Volvo. Nous sommes confrontés à une situation où les collèges fournissent des diplômes d’enseignement gratuits afin de saper les normes professionnelles, les salaires et les avantages des enseignants expérimentés. Les syndicats ne réagissent pas; ils l’acceptent, c’est tout».

«La question n’est pas de savoir si le gouvernement et les districts scolaires vont essayer de faire aux enseignants ce que Volvo fait à ses travailleurs, mais quand ils vont le faire. En tant que travailleurs, nous devons nous rassembler pour les arrêter».

Un membre du comité de la base de l’IBB2 [centre d’emballage] Amazon de Baltimore a ajouté: «Nous soutenons les travailleurs de Volvo. La plupart des puissances capitalistes savent qu’ils vont devoir faire face à une révolte de la classe ouvrière. Ils essaient de maintenir les travailleurs divisés en faisant venir des jeunes travailleurs moins bien payés pour se débarrasser de ceux qui sont là depuis des années. Ils veulent reconstituer leur main-d’œuvre avec des travailleurs frais qui ne savent pas ce qui se passe afin de pouvoir les exploiter».

«Ils ne cherchent pas à nous faciliter la vie, mais à faire de l’argent. Je demande instamment aux travailleurs de Volvo de rester debout. Si nous n’avons pas de voix, nous n’avons rien. Si les capitalistes continuent à contrôler notre destin. Nous devons tous unir nos forces pour nous battre.»

Le World Socialist Web Site appelle tous les travailleurs de Volvo, ceux de l’automobile et les autres sections de la classe ouvrière, aux États-Unis et dans le monde, à organiser des comités de la base pour soutenir les travailleurs en grève de Volvo. Contactez le WSWS pour obtenir de l’aide dans la mise en place d’un comité dans votre usine ou sur votre lieu de travail.

(Article paru d’abord en anglais le 12 juillet 2021)

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