La vague du variant Delta du COVID-19 en Europe devient incontrôlable

Le variant Delta est à l’origine d’une recrudescence des cas de COVID-19 en Europe. L’agence Reuters rapporte qu’au cours des deux dernières semaines, 42 des 47 pays d’Europe ont connu une augmentation des cas.

Une infirmière tient un téléphone pendant qu’un patient atteint du COVID-19 parle avec sa famille depuis l’unité de soins intensifs du centre hospitalier Joseph Imbert à Arles, dans le sud de la France, le mercredi 28 octobre 2020. (AP Photo/Daniel Cole)

Au cours des sept derniers jours, Worldometers.info a enregistré une augmentation de 81 pour cent des cas hebdomadaires en France, soit 35.059; de 97 pour cent en Grèce, soit 16.758; de 75 pour cent en Italie, soit 10.135; de 61 pour cent en Espagne, soit 143.478; de 103 pour cent en Belgique, soit 9.227; de 28 pour cent au Royaume-Uni, soit 243.392, et de 411 pour cent aux Pays-Bas, soit 58.646. À l’exception du Royaume-Uni (52 pour cent de vaccinés), ces pays comptent moins de 50 pour cent de leur population vaccinée.

Malgré des mois d’avertissements de la part des épidémiologistes de tout le continent, les gouvernements capitalistes de tous les pays européens mettent fin aux dernières mesures limitées qu’ils avaient prises pour lutter contre le virus, facilitant ainsi une augmentation rapide du variant Delta, plus mortelle et plus infectieuse.

Même si l’augmentation rapide du virus ne fait que commencer, les décès sur tout le continent sont également en hausse. L’Europe a enregistré une augmentation de 3 pour cent au cours des sept derniers jours, la première augmentation d’une semaine sur l’autre depuis la mi-avril. Le Royaume-Uni, où toutes les restrictions seront levées le 19 juillet, a connu une augmentation de 42 pour cent des décès hebdomadaires. L’épidémiologiste Neil Ferguson a déclaré que le Royaume-Uni pourrait atteindre 200 décès quotidiens d’ici la fin de l’été. Le Portugal a également enregistré 56 décès la semaine dernière, soit une augmentation de 87 pour cent par rapport à la semaine précédente.

Le gouvernement britannique conservateur revient à une politique d’immunité collective plus explicite. Il préconise de renforcer l’immunité par l’infection chez les enfants et les adultes non vaccinés – une politique dénoncée comme relevant du «vide moral» et de la «stupidité épidémiologique» par le directeur du programme d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Mike Ryan.

L’impact de cette politique d’immunité collective ne se limitera pas à une augmentation rapide des décès dans les semaines et les mois à venir. Une lettre ouverte à The Lancet dénonçant la politique meurtrière du gouvernement britannique, désormais signée par plus de 1.200 scientifiques, met en garde contre «une génération laissée avec des problèmes de santé chroniques et des handicaps».

Les actions criminelles du gouvernement britannique doivent être considérées comme un avertissement pour l’ensemble de la classe ouvrière européenne. Sur le continent, la vaccination est beaucoup moins répandue, seulement 32,8 pour cent de la population ayant reçu deux doses. Face à cette nouvelle vague, les gouvernements bourgeois du continent poursuivent une politique identique d’immunité par infection de ceux qui ne se trouvent pas vaccinés, dont des dizaines de millions d’enfants en âge scolaire.

La Russie, avec un taux de vaccination de seulement 13,2 pour cent, connaît sa période la plus meurtrière depuis le début de la pandémie. La semaine dernière, 5.237 personnes y sont mortes, soit plus de 80 pour cent du total hebdomadaire du continent. Mardi (780), mercredi (786) et jeudi (791), des records se trouvaient successivement dépassés dans le pays pour le plus grand nombre de décès quotidiens dus au COVID-19. Cette catastrophe menace de s’étendre à d’autres pays d’Europe de l’Est qui ont des niveaux de vaccination similaires.

Typique de l’attitude des élites dirigeantes du continent, début juillet, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a déclaré: «Personne ne veut de confinement. Oui, ce n’est pas à débattre. Il n’en est pas question».

Afin d’éviter les mesures qui porteront atteinte aux intérêts économiques de la classe capitaliste, les gouvernements européens répondent à la hausse en promouvant le mensonge antiscientifique selon lequel les vaccins seuls suffisent à lutter contre le COVID-19. Le président français Emmanuel Macron a tweeté lundi: «La vaccination de tous les Français est le seul moyen de revenir à une vie normale».

Depuis la mise au point de vaccins qui sauvent des vies, les scientifiques ont souligné à plusieurs reprises qu’ils ne constituent pas une solution unique à la pandémie. Ils doivent être associés à une distanciation sociale et à d’autres mesures qui visent à éliminer le virus. En outre, la propagation de l’infection alors que de larges pourcentages de la population se trouvent partiellement protégés par une seule dose menace d’accélérer le rythme auquel les variants peuvent développer une résistance plus importante aux vaccins, ce qui constitue une menace encore plus grande pour la population européenne et mondiale.

L’adoption de règles anti-scientifiques qui suspendent effectivement les restrictions sur les loisirs et le tourisme pour les personnes entièrement vaccinées a déjà indubitablement favorisé les infections. En France, depuis le 9 juillet, les personnes entièrement vaccinées peuvent fréquenter les boîtes de nuit. On a également ouvert des boîtes de nuit dans de nombreuses régions d’Espagne.

Dans un autre épisode révélateur, qui dévoile le risque aigu auquel toute l’Europe fait face, le 26 juin, les Pays-Bas ont ouvert leurs boîtes de nuit aux personnes dont les tests étaient négatifs. Cela a donné lieu à des affirmations selon lesquelles les résultats des tests étaient faux ou que les codes QR n’étaient pas correctement vérifiés par le personnel.

Suite à cette réouverture, la moyenne des cas sur sept jours en juillet est passée de 607 le 1er juillet à 8.376 le 14 juillet, soit une augmentation de 1.379 pour cent. L’indignation populaire a conduit le Premier ministre néerlandais Mark Rutte à s’excuser pour une «erreur de jugement» et a réintroduit des restrictions sur les boîtes de nuit. Cependant, avec plus de 10.000 cas mercredi et l’ouverture des lieux de travail, des écoles et des restaurants, les conditions sont réunies pour une augmentation continue des infections, inévitablement suivie d’hospitalisations et de décès.

L’augmentation du tourisme en Europe favorise également la propagation du virus. Depuis la fin du printemps, les vacanciers doublement vaccinés sont autorisés à voyager librement, même si la vaccination complète n’empêche pas la transmission. À Malte, qui a enregistré une incroyable augmentation de 1.084 pour cent du nombre de cas hebdomadaires, pour atteindre 912 la semaine dernière, le vice-premier ministre Chris Fearne a déclaré aux touristes: «Si vous êtes vaccinés, venez à Malte».

Cette flambée est d’autant plus frappante que Malte a le taux de vaccination le plus élevé d’Europe: 79,3 pour cent de sa population est entièrement vaccinée.

María Aránzazu González Laya, la ministre espagnole des Affaires étrangères du PSOE, un parti du grand capital, a déclaré aux touristes: «L’heure est à la prudence, pas à la panique. Aucune raison n’existe pour l’instant de demander aux gens d’annuler leurs vacances». C’est un mensonge absurde: le 13 juillet, l’Espagne a enregistré 43.960 cas selon Worldometer.info, son chiffre le plus élevé depuis le début de la pandémie. Actuellement, 600 patients de moins de 30 ans atteints du COVID-19 sont en soins intensifs dans le pays.

La pandémie en Europe est à un moment crucial. Après des semaines de diminution du nombre d’infections et de décès, le variant Delta, plus mortel, est en train de déferler sur le continent à un rythme accéléré. Pourtant, les gouvernements capitalistes refusent une fois de plus de prendre des mesures scientifiques pour sauver des vies et sont prêts à sacrifier des centaines de milliers de personnes supplémentaires sur l’autel du profit des entreprises.

La question de l’endiguement et de l’élimination du virus est avant tout politique. On n’a appliqué des mesures scientifiques pour limiter la propagation de la pandémie qu’en mars 2020. C’était uniquement après qu’une vague de grèves sauvages ait débuté en Italie et se soit propagée en Europe et dans le monde. Après la réouverture en mai 2020, cependant, les syndicats corporatistes à travers l’Europe ont travaillé avec les gouvernements pour supprimer l’opposition de la classe ouvrière à une politique d’immunité collective.

C’est pour cette raison que le Comité international de la Quatrième Internationale et ses partis européens sont en train de former un réseau mondial de comités de sécurité indépendants des travailleurs de base qui, guidés par des scientifiques et des professionnels de la santé, doivent fermer les lieux de travail dangereux. Ces comités mèneront la lutte pour le paiement intégral des travailleurs obligés de rester à la maison; pour des systèmes efficaces de test et de traçage; pour la ventilation et d’autres mesures essentielles de sécurité sur le lieu de travail; et pour un déploiement rapide et équitable des vaccins. Ces mesures de sauvetage doivent être payées en expropriant la richesse obscène de l’oligarchie milliardaire, qui a ajouté plus de mille milliards de dollars à sa richesse depuis le début de la pandémie en Europe seulement.

(Article paru en anglais le 15 juillet 2021)

Loading