Mélenchon soutient la manifestation anti-vaccinale à l’appel des néofascistes

Le 17 juillet, des dizaines de milliers de personnes en France ont manifesté contre la vaccination et les politiques sanitaires contre le coronavirus, à l’appel de néofascistes dont Marion Maréchal Le Pen et Florian Philippot.

Cette manifestation s’est déroulée sur fond de remontée de Covid-19 à travers l’Europe, poussée par le variant delta, alors que Macron refuse toute distanciation sociale scientifique. S’opposant à la fermeture des lieux de travail non-essentiels et des écoles, Macron propose seulement de faire vacciner les soignants et de demander un «passe sanitaire» démontrant l’immunité ou la négativité au virus avant d’accéder aux restaurants et aux fêtes. Maréchal Le Pen et Philippot dénoncent quant à eux toute obligation vaccinale et toute restriction sociale visant à sauver des vies du virus.

Leur appel à laisser le virus se propager sans aucune contrainte a recueilli le soutien non seulement de militants néofascistes, mais de la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon ainsi que d’une couche des Verts. Des Insoumis ont rejoint les manifestations de Philippot et Maréchal. Celles-ci ont rassemblé des milliers de personnes dans plusieurs manifestations à Paris, 5.500 à Montpellier, 4.500 à Marseille, 2.800 à Strasbourg, 2.500 à Toulouse et à Nantes, 2.000 à Rennes, et 1.200 à Perpignan et à Nancy.

Des manifestants anti-vaccins défilent lors d'un rassemblement à Strasbourg, samedi 17 juillet 2021. (AP Photo/Jean-Francois Badias)

En tête de cortège à Paris se trouvaient Philippot, ex-dirigeant du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen; Nicolas Dupont-Aignan du parti d’extrême-droite Debout la France; et Jacline Mouraud, une «gilet jaune» largement rejetée du mouvement pour avoir appelé les «gilets jaunes» à briguer des responsabilités au sein de l’appareil d’État. On y scandait «Macron démission», «Liberté», et des pancartes déclaraient «Non à la vaccination obligatoire. La liberté vaccinale est un droit», ou encore «Ne touchez pas à nos enfants».

La manifestation avait un caractère hétérogène. Parmi les manifestants se trouvaient du personnel soignant voulant dénoncer la politique menée par Macron, des restaurateurs opposés à l’obligation de contrôler les «pass sanitaires» de leurs clients, et des anciens «gilets jaunes». Jérôme Rodrigues, figure connue du mouvement et éborgné par la police, agitait pour le refus de se faire vacciner et refusait de participer à la manifestation dirigée par les néofascistes.

Toutefois, le caractère politique de cette manifestation était nettement dominée par l’extrême-droite et les néo-fascistes. En France et autour du monde, l’extrême-droite est en tête de l’opposition à une politique guidée scientifiquement de vaccination et de distanciation sociale pour endiguer le virus. Cette opposition est foncièrement réactionnaire étant donné que la pandémie a déjà fait plus de 4 millions de morts dans le monde et 1,1 million en Europe et ressurgit à nouveau.

Philippot s’est félicité d’avoir le soutien tacite des forces de l’ordre pour la politique de propagation à outrance du virus, en déclarant sur Twitter: «Je rencontre un nombre surprenant de restaurateurs qui n’ont absolument pas l’intention de réclamer le #PassSanitaire et, plus inédit encore, de policiers qui me disent ne pas avoir du tout l’intention d’opérer des contrôles très zélés … L’humanité existe encore.»

Marion Maréchal Le Pen, présente au cortège, a dit à Valeurs actuelles: «je suis résolument opposée à l’obligation vaccinale contre la Covid et au passe sanitaire. Il me semble que le doute devrait encore être permis au pays de Descartes!» Elle a ajouté, «Et maintenant, on devrait justifier de son état de santé à un inconnu pour avoir le droit de prendre un café en terrasse? Il y a une dérive évidente, avec une radicalisation de ceux qui détiennent les instruments de pouvoir.»

En même temps, les néofascistes tentaient de semer la confusion en établissant des amalgames faux et obscènes entre des vaccinations pouvant sauver des millions de vies, l’apartheid anti-noir du régime sud-africain au 20e siècle, et le génocide des Juifs en Europe fasciste. Le but transparent de cette opération était de tenter de donner un vernis «de gauche» à leur politique d’extrême-droite de faire propager le virus à travers la population européenne.

Les vaccins, dont Pfizer, AstraZeneca, Janssen distribués en France ont été testés scientifiquement et leur efficacité vérifiée par de nombreuses études confirmées par les chercheurs. Leur usage en tant que partie d’une politique sanitaire guidée scientifiquement est une nécessité urgente qui doit permettre de sauver des millions de vies. Ils comportent des effets secondaires dangereux pour quelques individus par million de personnes vaccinées, mais le virus tue des dizaines de milliers par million de personnes infectées. Il n’y a aucune raison scientifique de s’y opposer.

Les travailleurs et les petits patrons sont en colère et méfiants vis-à-vis de la politique menée par Macron et par l’Union européenne, dont les morts se comptent à présent par millions. Mais l’aristocratie financière exploite ces sentiments, en mettant en avant des forces néofascistes, pour tenter d’impulser un nouveau tournant vers la droite. Maniant les mensonges d’extrême-droite, elle veut stopper toute politique de vaccination et de confinement, qui nécessiterait de dépenser de l’argent sur la situation sanitaire plutôt que sur le «sauvetage» des banques et des marchés financiers.

Parmi ces mensonges se trouve la fausse comparaison entre la manifestation voulue par Philippot et les manifestations des «gilets jaunes» contre les inégalités sociales et contre Macron en 2018. Les «gilets jaunes» manifestaient contre Macron et les privilèges des riches, et jouissaient du soutien écrasant des Français et des travailleurs, à 72 pour cent.

Ici, des néofascistes appellent à laisser propager le virus, politiques soutenue dans ses grandes lignes par Macron et par les forces de l’ordre, alors que les sondages indiquent que plus de 70 pour cent des Français sont favorables à la vaccination et à la vaccination des soignants.

La force politique qui joue le rôle central pour semer la confusion et faire passer cette politique d’extrême-droite pour une politique populaire est LFI.

Le dirigeant de LFI en Picardie, François Ruffin, a joint sa voix directement aux appels des néofascistes à manifester contre la vaccination et le passe sanitaire. «Je vis ça comme une humiliation», a déclaré Ruffin sur BFM-TV. Bien que vacciné, il a dit vouloir se «bagarrer» contre la vaccination. Déclarant que «moi j'invite à des manifestations», il a ajouté: «Le pouvoir, quand il a le pouvoir, il tend à en abuser. Là il en abuse, il abuse de cette monarchie absolue (...) et il doit trouver une limite. Et la limite qu'il doit trouver en place, c'est nous.»

Mais la politique de Ruffin engage toute LFI, car Mélenchon l’a cautionnée directement dans une vidéo cynique publiée vendredi, dans laquelle il a laissé clairement entendre qu’il comprendrait ceux parmi ses partisans qui rejoindraient la manifestation néofasciste.

D’un côté, il a laissé entendre qu’il était choqué par les arguments politiques obscènes des organisateurs de la manifestation anti-vaccins. Il a imploré ses soutiens qui allaient rejoindre la manifestation d’extrême-droite de ne pas utiliser des amalgames politiques qui risqueraient de le discréditer. Il les a invités à éviter «des termes tout à fait inappropriés. Non, le vaccin librement consenti n’est pas un apartheid et sa diffusion ce n’est pas la Shoah. … J’appelle à ce qu’on revienne à la raison.»

De l’autre, Mélenchon a adopté tous les arguments de l’extrême-droite contre non seulement la politique réactionnaire de Macron, mais aussi une politique scientifique contre le coronavirus.

Il a traité l’obligation de présenter un passe sanitaire de «changement profond de notre manière de vivre», de «restriction considérable des libertés» et de «dressage collectif qui pousse chacun à tout moment à se sentir obligé de dire qui il est, de quoi il est malade, et de quoi il ne l’est pas». Il a prétendu que cette situation «tout à fait anormale» aboutirait à «une société du contrôle permanent et universel», et à «une société du conflit permanent».

Ces commentaires antiscientifiques et l’alignement politique de LFI sur l’extrême-droite qui en résulte doivent sonner comme un avertissement aux travailleurs en France et à travers l’Europe.

Alors que des centaines de milliers de vies sont à nouveaux menacées par la propagation du variant delta, toute l’élite dirigeante fait une politique sinistre et fatale de laisser le virus se propager et infecter voire tuer les jeunes, les non-vaccinés ou les vulnérables.

Pour empêcher qu’une nouvelle vague de morts sanctionnée par l’extrême-droite et la pseudo-gauche ne s’abatte sur l’Europe, il faut mobiliser les travailleurs contre l’ensemble de la classe dirigeante. Ceci nécessite la construction de comités de sécurité de base sur les lieux de travail et les écoles, indépendamment des appareils syndicaux, et la construction d’un mouvement politique européen et international pour le socialisme et pour une lutte scientifique contre le coronavirus.

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