Les tentatives de suicide chez les enfants canadiens ont doublé pendant la pandémie de COVID-19

Une organisation caritative canadienne pour enfants a déclaré l’état d’urgence en ce qui concerne la santé mentale des enfants pendant la pandémie de COVID-19. Children First Canada a lancé la campagne #codePINK, qui vise à sensibiliser la population aux urgences pédiatriques.

Les chiffres rapportés par la campagne sont dévastateurs:

● Une augmentation de 200% des admissions à l’hôpital pour toxicomanie chez les enfants au cours de l’année écoulée.

● Une augmentation de 100% des tentatives de suicide chez les enfants pendant la même période.

● 70% des enfants âgés de 6 à 18 ans déclarent que la pandémie a nui à leur santé mentale sous une forme ou une autre.

● 62% des parents admettent que la pandémie a aggravé la santé mentale d’au moins un de leurs enfants.

● 61% des parents s’attendent à ce que les effets résiduels de la pandémie aient un impact sur la santé mentale de leur enfant, même après la fin de la pandémie.

Des élèves d'une école primaire à Godley, au Texas, mercredi 5 août 2020. (AP Photo/LM Otero)

Si la pandémie a incontestablement aggravé de manière spectaculaire la crise de la santé mentale à laquelle sont confrontés les enfants, la véritable cause de l’augmentation spectaculaire des suicides et de la toxicomanie, qui avait commencé bien avant l’apparition du COVID-19, est le système de profit capitaliste.

Les statistiques citées par #codePINK sont en fin de compte un sous-produit de l’amputation désastreuse, depuis des décennies, des services sociaux par tous les grands partis politiques, du Nouveau Parti démocratique aux libéraux et aux conservateurs. Les services de santé mentale au Canada sont dans un état atroce, les patients attendant souvent des mois pour voir des spécialistes et recevoir un soutien. L’éducation publique est également dans un état déplorable après des décennies d’austérité, qui a fait augmenter la taille des classes, réduit le personnel de soutien et accru les exigences pour des enseignants déjà surchargés.

Pendant ce temps, les mêmes politiciens et partis politiques qui répètent ad nauseam qu’il n’y a «pas d’argent» pour les soins de santé essentiels et les services de santé mentale ont prodigué des centaines de milliards de dollars aux banques et aux grandes entreprises, et augmenté les dépenses militaires de dizaines de milliards de dollars.

Alors même que les milliardaires canadiens ont augmenté leur richesse de 78 milliards de dollars au cours de l’année écoulée, aucune ressource supplémentaire significative n’a été mise à disposition pour soutenir les enfants et leurs familles. Les millions de travailleurs qui ont perdu leur emploi n’ont reçu qu’un maigre 500$ par semaine en vertu de la Prestation d’intervention d’urgence du Canada, ce qui a plongé des dizaines de milliers de familles dans la pauvreté.

Les gouvernements provinciaux du pays, sous la direction des libéraux fédéraux, ont mené une politique sauvage d’infection massive, notamment en maintenant les écoles ouvertes à l’apprentissage en personne. L’objectif motivant cette politique était de garder les enfants dans les salles de classe autant que possible, afin que leurs parents puissent aller travailler et générer des profits pour les sociétés. Cette politique a été poursuivie même lorsque le COVID-19 a sévi lors de la deuxième vague de l’hiver dernier, qui a coûté la vie à plus de 10.000 personnes à travers le Canada.

Lorsque les autorités ont estimé qu’elles n’avaient pas d’autre choix que de recourir à l’enseignement à distance, elles ont mené une politique de sabotage délibéré. Les enfants et leurs familles, sans parler des enseignants, ont été largement laissés à eux-mêmes. Pratiquement aucun équipement ou soutien n’a été fourni pour faciliter la transition vers l’apprentissage en ligne, y compris un soutien social indispensable pour les élèves confrontés à une situation sans précédent qui a exercé une pression incroyable sur leur santé mentale.

En partenariat avec certains des meilleurs hôpitaux pour enfants et organisations pédiatriques du pays, Children’s First Canada utilise la plateforme #codePINK pour faire pression sur les gouvernements afin qu’ils investissent davantage dans l’amélioration des résultats en matière de santé mentale et qu’ils les soutiennent. Ils soulignent que, pendant des années, tous les gouvernements du Canada ont gravement sous-financé les services de santé mentale. Cette situation a eu un impact disproportionné sur les communautés de la classe ouvrière, où les individus sont deux fois plus susceptibles d’être hospitalisés pour des raisons d’automutilation que leurs homologues des quartiers riches.

Selon Sara Austin, directrice générale de Children’s First Canada, «Nous n’avons tout simplement pas vu les investissements robustes qui sont vraiment nécessaires dans notre système de soins de santé, en particulier lorsqu’il s’agit de la santé mentale de nos enfants, mais même des choses simples comme l’accès à des services de réadaptation ou des chirurgies vitales pour les enfants, les enfants sont mis sur une liste d’attente parfois pendant des mois, voire des années maintenant, et cela empire de jour en jour.»

L’un des aspects les plus marquants et les plus troublants de leur campagne est la demande d’un retour à l’apprentissage en classe alors que la pandémie mondiale est hors de contrôle.

Les organisateurs de la campagne ont demandé la tenue d’un sommet entre le premier ministre Justin Trudeau et les premiers ministres provinciaux pour répondre à leurs préoccupations. Cependant, une telle réunion ne servirait qu’à donner une légitimité scientifique injustifiée à la volonté de la classe dirigeante de mettre fin à toutes les restrictions sur la propagation du virus.

Un retour à l’apprentissage en classe entraînerait des milliers d’infections chez les enfants, d’autant plus que leur taux de vaccination est faible: les moins de 12 ans ne peuvent toujours pas être vaccinés. Ces enfants infecteraient ensuite les membres de leur famille et la communauté au sens large, alimentant ainsi une résurgence de la pandémie. À ce jour, plus de 271.000 cas de COVID-19 ont été recensés chez les jeunes de 19 ans et moins, ce qui représente 19,2% de toutes les infections, soit la plus grande proportion de tous les groupes d’âge.

Les gouvernements capitalistes du monde entier ont utilisé un mélange de pseudoscience, de recherches médicales sélectionnées et de mensonges purs et simples pour faire valoir que les écoles ne sont pas des vecteurs importants de l’infection par le COVID-19 et que les enfants ne risquent pas de contracter une maladie grave en contractant le virus.

La preuve la plus flagrante en a été faite en février, lorsque le président américain Joe Biden a menti à une élève de deuxième année, lui disant qu’elle et sa famille ne couraient aucun risque d’être infectées. Une avalanche d’éditoriaux dans les principaux journaux américains a suivi, affirmant faussement que la réouverture des écoles ne présentait aucun danger, alors même que la transmission en classe a contribué à alimenter les vagues désastreuses de l’hiver et du printemps de la pandémie aux États-Unis et au Canada. Cela a préparé le terrain pour la réouverture des écoles sur tout le continent.

La majorité des districts scolaires du Canada sont restés ouverts pour un enseignement au moins partiel en classe jusqu’à la fin de l’année scolaire en cours. Cependant, des millions de travailleurs ont choisi de maintenir l’enseignement à distance pour leurs enfants. Un sondage réalisé en juin a révélé qu’une majorité de répondants (59%) s’opposait au retour des élèves dans les salles de classe à l’automne sans qu’ils aient été vaccinés.

Conjointement avec l’exécution inadéquate et désordonnée de l’apprentissage à distance, la nouvelle poussée visant à faire de ce dernier le bouc émissaire de la détérioration de la santé mentale des enfants vise carrément à briser toute opposition restante dans la classe ouvrière à la réouverture complète des écoles.

La campagne de réouverture de la classe dirigeante a produit l’effet escompté sur une partie de la classe moyenne, représentée par les pédiatres et les professionnels de la santé des enfants. Le 4 juin, une lettre ouverte a été envoyée au premier ministre progressiste-conservateur de l’Ontario, Doug Ford, pour demander la réouverture immédiate des écoles et la mise en place d’un enseignement en classe pour les cours d’été et d’automne. Des lettres similaires ont été envoyées aux gouvernements provinciaux à travers le Canada.

Signée par plus de 400 professionnels de la santé, la lettre présente des arguments en faveur de la réouverture des écoles qui reflètent la rhétorique des partisans les plus intransigeants de la politique «d’immunité collective», qui a été complètement démentie par la science. Le cauchemar qui se déroule au Royaume-Uni montre ce qui attend le Canada si l’on poursuit dans cette voie. Là-bas, le nombre de nouveaux cas quotidiens causés par le variant Delta a dépassé les 50.000 et le taux de mortalité augmente rapidement.

Dans une récente chronique sur la vague actuelle au Royaume-Uni, le BMJ (anciennement le British Medical Journal) a clairement expliqué comment la transmission en milieu scolaire a contribué à l’émergence rapide de la quatrième vague de la pandémie. En examinant les épidémies du variant Delta, plus transmissible, jusqu’à la fin du mois de mai, le Public Health England a identifié 140 épidémies dans les écoles, soit le plus grand nombre de tous les établissements. Selon le BMJ, «la propagation du variant delta a probablement joué un rôle important dans l’augmentation exponentielle des cas en Angleterre et des hospitalisations dans le nord-ouest de l’Angleterre».

Alors que les préoccupations des pédiatres concernant la santé mentale des enfants sont fondées, les gouvernements capitalistes du pays n’ont absolument aucun intérêt à consacrer des ressources supplémentaires à la reprise de l’enseignement public en toute sécurité. Au contraire, les préoccupations décrites dans les lettres des médecins sont présentées sans vergogne par ces gouvernements comme la preuve que toutes les portes des écoles doivent être rouvertes sans pratiquement aucune restriction en matière de santé publique.

Une situation dans laquelle la classe dirigeante se sent libre de promouvoir sa politique meurtrière d’immunité collective est principalement la responsabilité des syndicats et de leurs auxiliaires de la pseudo-gauche. Depuis le début de la pandémie, ils ont soutenu cette politique et exclu toute action syndicale pour s’y opposer. En avril de cette année, Harvey Bischof, président de la Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario, a exhorté le gouvernement provincial à reprendre l’enseignement en classe «en toute sécurité», sachant pertinemment que les conservateurs de la droite dure n’avaient aucune intention d’assurer la sécurité des enfants et de leurs familles.

Les enseignants, les étudiants, les parents et les autres sections de la classe ouvrière qui souhaitent lutter pour une approche scientifique rationnelle de la lutte contre la pandémie, qui doit inclure l’investissement de milliards de dollars pour financer des services de santé mentale complets pour tous les enfants qui en ont besoin, doivent se joindre au Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB). Visitez notre page Facebook ou contactez-nous à: cersc.csppb@gmail.com.

Le CSPPB préconise l’arrêt de tout apprentissage en personne et de toute activité commerciale non essentielle jusqu’à ce que la pandémie prenne fin, ainsi que le versement d’un salaire complet à tous les travailleurs et à toutes les familles afin qu’ils puissent s’abriter chez eux jusqu’à ce que le COVID-19 soit supprimé. Les ressources pour financer ces revendications existent en abondance, mais elles doivent être expropriées des milliardaires, des banques et des sociétés par la classe ouvrière mobilisée sur la base d’un programme socialiste et internationaliste.

(Article paru en anglais le 21 juillet 2021)

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