Plus de 100 enfants sont morts du COVID-19 en Indonésie chaque semaine en juillet

Un travailleur en combinaison de protection fait une pause au milieu des tombes d’un cimetière récemment ouvert pour les victimes du COVID-19 à Medan, au nord de Sumatra, en Indonésie, le lundi 16 novembre 2020 (AP Photo/Binsar Bakkara)

L’Indonésie enregistre désormais plus de 1.500 décès dus au COVID-19 chaque jour en moyenne sur sept jours et est devenue l’épicentre de la pandémie en Asie et dans le monde. Le variant Delta est désormais dominant dans le pays où seulement 7 pour cent de la population sont totalement vaccinés et les cas quotidiens confirmés ont atteint un pic de 50.000. Toutefois, faute de tests suffisants, le taux de positivité oscille autour de 30 pour cent, ce qui implique une sous-estimation grossière de l’ampleur réelle de la propagation communautaire.

Cette augmentation catastrophique du nombre de cas et de décès s’accompagne d’une hausse inquiétante du nombre d’hospitalisations et de décès chez les enfants, ce qui va à l’encontre des données antérieures selon lesquelles les enfants infectés par le virus connaissent des taux de mortalité plus faibles.

Selon la Société indonésienne de pédiatrie, plus de 360.000 cas confirmés ont été recensés chez les enfants, soit une infection sur huit. En outre, plus de 700 enfants sont morts du COVID-19 au cours des dernières semaines, à raison de plus de 100 par semaine. Il est choquant de constater que plus de 150 enfants sont morts au cours de la seule semaine du 12 juillet, la moitié d’entre eux ayant moins de cinq ans.

Le docteur Aman Bhakti Pulungan, directeur de la Société indonésienne de pédiatrie, a déclaré au New York Times: «Nos chiffres [de mortalité infantile] sont les plus élevés au monde. Pourquoi ne donnons-nous pas le meilleur à nos enfants?»

Les autorités sanitaires ont noté que l’augmentation des décès d’enfants en Indonésie a coïncidé avec la poussée du variant Delta du coronavirus, soulignant les immenses dangers auxquels sont confrontés les enfants du monde entier, dont la grande majorité n’est toujours pas vaccinée dans tous les pays.

Au Brésil, le COVID-19 est devenu la principale cause de décès chez les enfants âgés de 10 à 19 ans, fauchant au moins 1.581 jeunes au cours des seuls six premiers mois de 2021. 1.187 autres enfants de moins de 10 ans ont succombé au virus depuis le début de la pandémie.

Même dans les pays plus développés, où le variant Delta fait son apparition, on constate une augmentation des hospitalisations et des décès d’enfants. Au Royaume-Uni, plus de 40 enfants sont désormais hospitalisés chaque jour pour le COVID-19, parallèlement à une augmentation générale du nombre d’enfants infectés. Environ 33.000 enfants âgés de 2 à 16 ans et 71.000 jeunes âgés de 17 à 24 ans ont développé un COVID long dont les symptômes durent plus de 12 semaines.

Aux États-Unis, les hospitalisations d’enfants sont également en forte hausse. Mardi, l’hôpital pour enfants de l’Arkansas a signalé le plus grand nombre d’hospitalisations liées au COVID-19 depuis le début de la pandémie, avec 24 admissions pour ce seul jour. Les responsables ont noté que sur les 24 enfants admis, sept sont en soins intensifs et quatre sont sous respirateur. Aucun des enfants hospitalisés n’était complètement vacciné, bien que plus de la moitié d’entre eux soient éligibles.

Des poussées similaires d’infections et d’hospitalisations d’enfants ont lieu partout où le variant Delta fait son apparition aux États-Unis. C’est le cas notamment en Floride, en Alabama et dans tout le Sud, ainsi que dans le Missouri et dans un nombre croissant d’États.

Des données récentes qui proviennent du Royaume-Uni indiquent que le variant Delta a potentiellement plus que doublé le risque d’hospitalisation dans les deux semaines suivant la contraction du virus par rapport aux mêmes taux observés avec le variant Alpha, qui a lui-même produit des taux d’hospitalisation plus élevés que le type sauvage du virus.

En Indonésie, les experts de la santé ont attribué la plus récente vague d’infections chez les enfants aux rassemblements et aux voyages domestiques qui entourent l’Aïd al-Fitr, une fête religieuse célébrée par les musulmans du monde entier pour marquer la fin du ramadan, qui a eu lieu les 12 et 13 mai. Beaucoup ont abandonné toutes les précautions pendant ces festivités, les parents portant leurs enfants dans les bras. L’augmentation du nombre de décès d’enfants en Indonésie est largement attribuée au fait que les systèmes de soins de santé sont inondés de patients, ce qui signifie un accès limité aux cas pédiatriques.

Le Dr Yasir Arafat, médecin et professionnel de la santé publique qui offre des conseils techniques à Save the Children dans le cadre de sa réponse au COVID-19 en Asie, a déclaré dans un communiqué de presse: «Jusqu’à présent, les enfants ont été les victimes cachées de cette pandémie. Ce n’est plus le cas. Non seulement des pays comme l’Indonésie enregistrent un nombre record d’enfants qui meurent du virus, mais nous constatons également une augmentation alarmante du nombre d’enfants qui ne bénéficient pas des vaccinations de routine et des services de nutrition essentiels à leur survie, ce qui devrait tirer la sonnette d’alarme. C’est clair que, pour les enfants, les ravages de l’année écoulée se feront sentir longtemps après la pandémie».

On n’a pas encore scientifiquement prouvé que la virulence du variant Delta contribue à l’augmentation relative de la gravité de la maladie et de la mortalité chez les enfants, ou bien s’il s’agit principalement d’un sous-produit des circonstances qui entourent le quasi-effondrement du système de santé, qui entraîne des retards dans l’obtention de traitements médicaux. Dans un cas comme dans l’autre, les politiciens capitalistes de chaque pays sont entièrement à blâmer, car ils mettent sciemment en œuvre des politiques qui aggraveront la propagation de la pandémie et entraîneront davantage de souffrances et de décès chez les enfants, les adultes et les personnes âgées.

Pour ajouter à la tragédie croissante à laquelle fait face la classe ouvrière internationale, une étude récente publiée dans The Lancet rapporte que 1,5 million d’enfants dans le monde ont perdu un parent, un grand-parent ou une personne soignante à cause du COVID-19.

Le directeur général de Project HOPE pour l’Indonésie, Edhie Rahmat, basé à Jakarta, a publié dimanche une déclaration sur l’impact du COVID-19 sur la mortalité maternelle et néonatale. Il a écrit: «Rien qu’à Grobogan et Banyumas, il y a déjà eu 85 décès maternels cette année. C’est plus du double du taux prévu pour 2020. La plupart de ces décès se sont produits sur une période de deux mois, coïncidant directement avec la deuxième vague de COVID-19. Près de 70 pour cent des décès maternels survenus cette année sont la conséquence directe de l’infection par le COVID-19».

La déclaration ajoute: «Les mêmes régions ont également signalé 184 décès néonatals et 231 décès de nourrissons. Je suis frappé par les images et les récits que je reçois de nouveau-nés mourants dans certains des districts que nous soutenons. Ces nouveau-nés sortent des hôpitaux avec un statut COVID-19 négatif, mais contractent ensuite le COVID-19 et meurent après avoir reçu la visite de voisins et de membres de la famille élargie. C’est déchirant».

Profitant d’une légère baisse des chiffres officiels d’infection à Jakarta, le président Joko Widodo a annoncé qu’il allait assouplir les restrictions ce week-end, autorisant la réouverture des petits commerces et de certains centres commerciaux. Il s’agit notamment des marchés traditionnels, des vendeurs et des petits restaurants locaux, même dans les régions les plus touchées du pays, et ce, malgré les avertissements des autorités sanitaires selon lesquels cela ne fera que provoquer une recrudescence des infections.

(Article paru en anglais le 29 juillet 2021)

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