La nouvelle vague de coronavirus aux États-Unis se développe plus rapidement que celles du printemps et de l’été 2020

Une nouvelle vague effroyable de cas de COVID-19 balaie les États-Unis en raison du variant Delta du virus, hautement contagieux et mortel, ainsi que de la réaction du gouvernement au niveau fédéral et des États.

Sur cette photo d’archive du 21 avril 2021, un travailleur médical revêt un équipement de protection avant d’entrer dans une chambre d’hôpital à Royal Oak, au Michigan, 2021. (AP Photo/Carlos Osorio, archives) [AP Photo/Carlos Osorio]

Le nombre de cas quotidiens aux États-Unis a atteint 92.405, jeudi, soit à peu près le même nombre que lors de la vague du printemps, alors que seulement 20 pour cent de la population étaient vaccinés. Parallèlement, le nombre d’hospitalisations et de décès augmente à nouveau.

Les moyennes sur sept jours de ces trois paramètres montrent une augmentation précipitée à travers les États-Unis, le variant Delta s’attaquant aux sections non vaccinées de la population. Selon le site d’information sur les sciences de la santé, STAT, le mois de juillet a connu l’augmentation la plus rapide des cas aux États-Unis depuis l’hiver dernier. Dans une analyse publiée lundi, STAT indique qu’une nouvelle analyse des données sur les cas de COVID-19 «révèle que cette nouvelle vague dépasse déjà les vagues du printemps et de l’été 2020.»

L’analyse de STAT rassemble des données du Center for Systems Science and Engineering de l’Université Johns Hopkins et d’Our World in Data», ainsi que des données des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) pour calculer le taux d’accélération hebdomadaire des cas. La nouvelle méthode mesure le taux d’accélération du nombre de cas quotidiens à l’échelle nationale et pour chaque État.

STAT pointe du doigt la situation alarmante: «Cette vision des données révèle que les États-Unis sont actuellement au milieu d’une cinquième vague de cas et que cette nouvelle vague croît plus rapidement que la première et la deuxième vague…»

En réponse à cette vague, les CDC ont publié mardi de nouvelles recommandations tout à fait inadéquates, appelant au port du masque, y compris pour les personnes vaccinées. Les CDC eux-mêmes sont à l’origine de la suppression totale de toute obligation de port de masque dans de nombreux États en mai lorsqu’ils ont déclaré que les personnes vaccinées n’avaient pas besoin de porter de masque.

La politique des CDC va à l’encontre des avertissements lancés par d’éminents épidémiologistes, selon lesquels une nouvelle vague catastrophique est imminente. Par exemple, le 7 mars, Michael Osterholm a déclaré à l’émission Meet the Press de NBC: «Laissez-moi vous dire que nous sommes dans l’œil du cyclone en ce moment… Donc, pour l’instant, nous devons garder l’Amérique aussi sûre que possible contre ce virus, en ne relâchant aucune des mesures de santé publique que nous avons prises, et nous devons faire vacciner les gens aussi vite que possible.»

L’analyse de STAT montre que les États où l’expansion de la pandémie est la plus rapide – comme la Louisiane, la Floride, le Missouri, l’Arkansas, l’Alabama, le Mississippi et le Texas – ont des taux de vaccination inférieurs à la moyenne nationale.

En Louisiane, où seulement 36 pour cent de la population sont vaccinés, le rapport STAT montre le taux d’accélération des cas le plus élevé de tous les États. La Louisiane, la Floride et l’Arkansas ont des taux d’accélération des cas qui sont plusieurs fois supérieurs aux taux des trois quarts des autres États.

Selon un reportage publié jeudi par le Texas Tribune, les responsables hospitaliers s’inquiètent du fait que les taux d’hospitalisation «stupéfiants et effrayants» poussent les établissements à la limite de leur capacité alors que «les effectifs sont insuffisants et les travailleurs épuisés». Certains hôpitaux des zones rurales du Texas ont atteint leur capacité et sont en état d’alerte. Le reportage du Tribune indique que «les hospitalisations dans le comté de Bexar ont augmenté de près de 8 pour cent» en une seule nuit, puisque «près de 100 personnes ont été admises dans des établissements locaux avec un COVID sévère dans la seule journée de mardi».

L’article ajoute que «Dans le comté de Dallas, les hospitalisations liées au COVID ont augmenté de 99 pour cent au cours des deux dernières semaines, atteignant 376 en début de semaine. Les chiffres locaux devraient atteindre entre 800 et 1.000 d’ici la mi-août, selon les prévisionnistes de l’UT-Southwestern Medical Center» et «les taux d’hospitalisation en hausse se sont étendus en dehors des zones métropolitaines très peuplées qui ont commencé à signaler des augmentations il y a quelques semaines. Ils sont maintenant observés dans tous les coins de l’État, ce qui a incité les hôpitaux à demander une aide en personnel financée par l’État pour faire face à la pression croissante».

Au 27 juillet, 43,4 pour cent des Texans étaient vaccinés. Le Texas a été l’un des premiers États à supprimer toutes les restrictions, y compris l’obligation de porter un masque, en mars dernier. Le gouverneur républicain Greg Abbott avait alors déclaré: «Avec ce décret, nous veillons à ce que toutes les entreprises et les familles du Texas aient la liberté de déterminer leur propre destin».

En Arkansas, le gouverneur républicain Asa Hutchinson a déclaré jeudi une urgence de santé publique alors que l’État a enregistré 2.843 nouveaux cas et l’une des plus fortes augmentations en une seule journée depuis le début de la pandémie. Hutchinson a déclaré que la Maison-Blanche envoyait une aide fédérale pour faire venir des professionnels de la santé dans l’État afin de doter les établissements médicaux de personnel pour faire face à l’augmentation des cas.

L’Arkansas a l’un des taux de vaccination les plus faibles des États-Unis, soit environ 35 pour cent. Alors que le gouverneur demande une session législative spéciale pour annuler une loi qu’il a lui-même signée en avril et qui interdit le port du masque au niveau des États et des collectivités locales, il a également déclaré qu’il n’y aurait pas d’autre règle sur le port du masque au niveau de l’État ni de nouvelles restrictions pour les entreprises.

Dans le Missouri, les hospitalisations pour le COVID-19 ont plus que doublé et le nombre de patients en soins intensifs a plus que triplé depuis le début du mois de juin. Selon un reportage publié mercredi par le St. Louis Post Dispatch, le nombre de cas chez les enfants de moins de 12 ans dans le sud-ouest du Missouri augmente de manière alarmante.

Le rapport du Post-Dispatch cite la directrice de la santé du comté de Springfield-Greene, Katie Towns, qui a déclaré: «Nous avons constaté une augmentation des cas dans la tranche d'âge de 0 à 11 ans, et nous avons également vu des épidémies dans des environnements tels que les garderies et les camps. Nous avons décidé de donner la priorité à ces types de cas afin de pouvoir contrôler la propagation de la maladie parmi les personnes les plus vulnérables». Le taux de vaccination dans le Missouri est de 41,1 pour cent.

Les projections du Centre de modélisation des scénarios COVID-19 prévoient que la poussée épidémique à l’échelle nationale s’accélérera pendant le reste de l’été et l’automne avant de culminer à la mi-octobre. La projection «d’ensemble» du centre combine dix modèles différents qui proviennent d’institutions universitaires et présente quatre scénarios basés sur la propagation du variant Delta et les taux de vaccination américains.

Le modèle prévoit environ 60.000 cas et 850 décès par jour aux États-Unis. Le modèle prévoit que le taux de décès tombera à environ 300 par jour, soit le niveau de décès actuel aux États-Unis. Cela signifie qu’entre 100.000 et 120.000 Américains mourront du coronavirus d’ici la fin de l’année.

Justin Lessler, docteur en épidémiologie de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, qui fait partie du consortium chargé d’élaborer le scénario, a réagi à la gravité de ces projections. «Ce qui se passe dans le pays avec le virus correspond à nos scénarios les plus pessimistes. Il se pourrait que nous assistions à des effets synergiques dus au fait que les gens deviennent moins prudents, en plus des impacts du variant Delta».

Les élites dirigeantes capitalistes et leurs représentants politiques des partis démocrate et républicain qui, depuis le début, priorisent l’accumulation de richesses à la santé du public sont responsables de la vague actuelle – ainsi que des vagues précédentes de la pandémie qui ont maintenant tué plus de 600.000 personnes aux États-Unis et plus de 4 millions de personnes à l’échelle internationale.

(Article paru en anglais le 30 juillet 2021)

Loading