Votez « NON » à l’entente conclue entre la FIQ et le gouvernement du Québec!

Les infirmières doivent se tourner vers la classe ouvrière et mener une lutte politique

Les 76.000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes membres de la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) sont appelées à voter cette semaine sur l’entente de principe récemment conclue entre le syndicat et le gouvernement provincial de droite de François Legault.

Cette entente représente un nouvel assaut sur les salaires et les conditions de travail des infirmières, dans le cadre d’une attaque généralisée sur tous les employés du secteur public au Québec et à travers le Canada. Elle fait partie du programme d’austérité de l’élite dirigeante qui ravage depuis des décennies les réseaux de la santé et de l’éducation.

La CAQ (Coalition Avenir Québec) de Legault veut « récompenser » les travailleurs de la santé, qui mettent leur santé et leurs vies en danger durant la pandémie, en les appauvrissant davantage. La « hausse salariale » de 6% sur trois ans équivaut à un appauvrissement en termes réels, sachant que l’inflation galopante atteint déjà 3,6% par an.

Face au manque d’effectifs – qui découle des années de compressions et de la contamination massive des travailleurs de la santé pendant la pandémie – le gouvernement refuse d’investir massivement pour former et embaucher le personnel nécessaire et améliorer les soins de santé pour tous.

Au niveau des retraites, le gouvernement et la FIQ prévoient des reculs significatifs, mais souhaitent négocier cet enjeu séparément, une fois les nouvelles conventions signées.

À cette entente de trahison – qui perpétue la dégradation des services publics et maintient les conditions de travail insupportables aggravées par la pandémie de Covid-19 – les travailleurs et travailleuses, les membres de la FIQ, doivent répondre d’un « non » retentissant!

Mais un rejet de cet accord doit être basé sur la compréhension qu’il ne s’agit pas d’un simple conflit de négociation collective. L’enjeu est plus vaste. Les infirmières sont confrontées à une lutte politique – non seulement contre la CAQ, mais contre le programme d’austérité de toute l’élite dirigeante.

Il existe une forte opposition aux demandes de concessions de Legault parmi les infirmières de la base. Mais celles-ci entrent objectivement en confrontation avec la stratégie fondamentale de toute la classe dirigeante canadienne, qui est de faire payer les travailleurs pour la crise capitaliste.

Elles entrent également en conflit avec leur propre direction syndicale. Les centrales syndicales (FTQ, CSN, CSQ), ont systématiquement divisé les travailleurs du secteur public entre eux; passé sous silence la menace d’une loi spéciale afin de désarmer politiquement les membres de la base; et séparé les négociations des questions vitales soulevées par la pandémie (notamment le fait que Legault et le premier ministre canadien Justin Trudeau ont fait passer les profits avant les vies humaines avec leur réouverture prématurée des écoles et de la production non-essentielle).

De manière similaire, la FIQ isole les infirmières en laissant croire qu’elles sont un «cas spécial» et pourraient obtenir une entente plus favorable avec le gouvernement en faisant bande à part. Et elle cache les véritables questions de classe avec l’argument absurde que les infirmières endurent de mauvaises conditions de travail parce qu’elles sont des femmes.

En opposition à la complicité des syndicats dans l’assaut patronal sur la classe ouvrière et la gestion désastreuse de la pandémie par les autorités, les infirmières doivent se tourner vers leurs collègues de la santé, des services publics et des autres secteurs partout au Québec et à travers le Canada. Cela permettra de lancer une lutte commune pour la défense des salaires, emplois, pensions et conditions de travail de tous, et pour la mise en place de toutes les mesures nécessaires pour éradiquer la pandémie.

Cette unité de classe est d’autant plus nécessaire que Legault a déjà indiqué qu’il est prêt à utiliser l’arsenal répressif de l’État capitaliste – y compris les lois antigrève – pour appuyer son attaque frontale sur les infirmières.

Son ministre de la Santé, Christian Dubé, a déclaré son intention de conserver les décrets ministériels jusqu’à la signature de nouvelles ententes en santé pour maintenir la « flexibilité » de la main-d’œuvre, suggérant qu’ils pourraient être invoqués pour mater des actions militantes de résistance. Ces décrets ont été adoptés par le gouvernement au début de la pandémie pour s’octroyer des pouvoirs extraordinaires comme le droit d’annuler les vacances des travailleurs, de déplacer le personnel à sa guise et de normaliser le TSO (temps supplémentaire obligatoire) – le tout, sans opposition de la part des syndicats.

En plus de chercher à appauvrir les employés de l’État, Legault a dénoncé les salaires « trop élevés » dans le secteur manufacturier, soutenu la loi spéciale imposée aux débardeurs de Montréal par le gouvernement fédéral de Justin Trudeau, et laissé entendre qu’il pourrait faire de même face aux travailleurs du secteur public et de la construction.

Les infirmières doivent faire du rejet de l’entente pourrie le coup d’envoi d’une contre-offensive ouvrière contre les lois spéciales et les compressions budgétaires.

Le refrain gouvernemental qu’il n’y a « pas d’argent » est un mensonge. Les ressources existent pour financer de fortes hausses salariales, un programme massif d’embauches et une vaste expansion du réseau de la santé. Le problème est que ces ressources sont monopolisées par les marchés financiers et la grande entreprise pour alimenter leurs profits.

En rejetant l’entente de principe, les infirmières doivent lancer un appel à tous les travailleurs et soulever la demande que les vastes ressources existantes servent plutôt à étendre les services publics et à garantir à tous des conditions de travail décentes. Elles pourront alors compter sur de puissants alliés de classe dans la lutte contre le gouvernement Legault et son arsenal de lois spéciales.

Mais pour mobiliser ce potentiel et éviter une nouvelle défaite, les infirmières doivent former des comités de la base sur les lieux de travail, en opposition aux appareils syndicaux. C’est la leçon centrale à tirer de la grève des infirmières de 1999 lorsque celles-ci, après avoir courageusement défié une loi de retour au travail, ont été isolées par les syndicats qui appuyaient le programme d’austérité du gouvernement péquiste.

Des comités de la base, indépendants des syndicats nationalistes et réunis dans un réseau pancanadien, auront pour tâche d’unir les infirmières et les travailleurs de la santé au-delà des limites provinciales imposées par la classe dirigeante et ses alliés syndicaux. Ils travailleront à mobiliser toute la force collective de la classe ouvrière contre les coupes sociales et les lois spéciales anti-démocratiques, et pour la défense des emplois, des salaires et des services publics.

Loading