Lutte ouvrière s’aligne sur les manifestations d’extrême-droite anti-vaccin

En niant le rôle des néofascistes dans les mobilisations pour la levée des restrictions sanitaires et contre le vaccin, Lutte ouvrière (LO) tente de légitimer des manifestations hostiles à une politique sanitaire scientifique. Ainsi LO donne son aval à des manifestations organisées à l’appel de l’extrême-droite, en prétendant que ces manifestations défendent les intérêts de la classe ouvrière.

Une colère explosive monte à travers l’Europe et le monde contre la classe dirigeante, qui a refusé les mesures sanitaires nécessaires pour stopper le virus. Après plus de 110.000 morts en France et 1,1 millions en Europe, l’émergence du variant delta menace une nouvelle vague de morts. Une crise sanitaire et politique internationale se profile, avec la possibilité d’une mobilisation indépendante des travailleurs pour imposer une politique sanitaire scientifique.

LO, tout comme les autres partis de pseudo-gauche, essaie d’aligner des soignants en colère et désespérés derrière l’extrême-droite. Alors que Révolution permanente ne cache pas le rôle des néofascistes dans ces manifestations, tout en appelant à y participer, LO présente les mobilisations contre l’obligation vaccinale comme étant un mouvement ouvrier dans lequel l’extrême droite tente de se greffer. LO écrit :

« Le rejet qui s’exprime dans les manifestations contre le passe sanitaire ne se nourrit pas seulement d’idées complotistes et antivaccin. Il exprime aussi l’opposition à la politique de Macron et la méfiance vis-à-vis d’un pouvoir complice des pires méfaits des capitalistes Alors, il faut se battre pour que la colère actuelle ne soit pas récupérée par des démagogues d’extrême droite comme Dupont-Aignan et Philippot, qui se moquent complètement des droits des travailleurs. Le monde du travail peut et doit lui donner une issue en défendant un programme correspondant aux intérêts de tous les travailleurs ».

Il y a une large colère populaire contre le gouvernement Macron, mais ceci est néanmoins une falsification des origines des mobilisations contre le passe sanitaire et la vaccination. Contrairement à ce que prétend LO, les mobilisations ont été lancées par l’extrême droite (Marion Maréchal Le Pen; l’ex-conseiller de Marine le Pen, Florian Philippot; ou encore Nicolas Dupont-Aignan), ou par des libertaires au sein de LFI comme François Ruffin. Ceux-ci s’opposent à une politique sanitaire scientifique pour lutter contre le coronavirus.

En niant le rôle des néofascistes dans ces mobilisations hostiles aux vaccins, LO essaie de dissimuler leur alignement avec les initiatives de l’extrême droite. Tout comme Révolution Permanente, LO veut faire croire qu’un mouvement organisé par l’extrême-droite hostile à la défense de la vie des travailleurs est ou peut devenir une mobilisation progressiste.

Dans ses analyses des mobilisations, LO – loin de s’opposer à l’hystérie anti-vaccinale des néofascistes et à la politique de Macron de laisser le virus se propager – cherche à renforcer l’emprise des appareils syndicaux et d’aligner la colère ouvrière sur l’extrême-droite.

LO critique les arguments néofascistes de défense « des libertés individuelles» repris par LFI et Révolution Permanente pour donner un contenu de classe. Ils écrivent :

« Beaucoup d’opposants au passe sanitaire et à l’obligation vaccinale mettent en avant la défense des ‘libertés individuelles’. Défendre les ‘libertés individuelles’, c’est aussi reconnaître la liberté du patron d’exploiter et de licencier comme il le veut, et ce n’est pas un hasard que ce mot d’ordre soit brandi par des figures d’extrême-droite ! Les travailleurs ne pourront conquérir leur liberté qu’en prenant conscience de leurs intérêts de classe pour les imposer à la classe capitaliste et à ses larbins politiques ».

LO dénonce l’absence de moyen pour les hôpitaux: « Pour se justifier, il invoque l’urgence de réagir à la quatrième vague épidémique. C’est du cynisme, car cette menace était prévisible et, depuis un an, les moyens matériels et humains des hôpitaux, des Ehpad et de l’ensemble du système de santé n’ont nullement été augmentés ».

LO ne défend pas les intérêts de la classe ouvrière. Cette organisation de pseudo-gauche mène une « opposition » à Macron venant de sa droite. La vaccination est une exigence élémentaire sanitaire et d’autodéfense de la classe ouvrière, permettant de limiter le nombre de morts. Les moyens supplémentaires fournis aux hôpitaux ne stopperaient pas des morts en masse dans les hôpitaux de malades qui s’infecteraient à cause de la levée des restrictions sanitaires.

La pandémie a démasqué la nature des organisations de pseudo gauche. Craignant la colère sociale, elles réalisent un virage à droite qui se matérialise par le soutien entre autres de LO aux manifestations de l’extrême droite. Cela souligne la nécessité pour les travailleurs de rompre avec ses organisations hostiles à la classe ouvrière.

Ce que défend LO, dans l’analyse finale, c’est la politique d’immunité collective des banques et du gouvernement Macron. LO parle au nom de couches plus aisées des classes moyennes, pour qui les crédits publics ne doivent pas être gaspillés dans l’application de mesures de distanciation sociale, de confinement et de vaccination de masse qui permettraient de stopper la pandémie. Elles exigent que les travailleurs apprennent à « vivre avec le virus » et donc avec les dizaines voire les centaines de milliers de morts supplémentaires que fera le virus. En même temps, les crédits publics européens servent à faire monter les cours des bourses et donc la valeur des portefeuilles d’actions des classes moyennes aisées.

Le Parti de l’égalité socialiste s’oppose au « passe sanitaire » de Macron qui fait partie d’une politique menée par la classe dirigeante à travers l’Union européenne de laisser le virus se propager au mépris des recommandations scientifiques. Toutefois, le PES insiste que la lutte contre la pandémie est une lutte internationale à mener scientifiquement, y compris à travers la vaccination universelle. Pour ce faire, il faut mobiliser les travailleurs en toute indépendance des partis capitalistes et des appareils syndicaux.

Ceci implique la fermeture des lieux non essentiels et l’expropriation de l’aristocratie financière pour permettre de mettre à l’abri la population et la vaccination la plus large possible. Mener une telle politique présuppose une révolution sociale qui placerait le pouvoir aux mains de la classe ouvrière non seulement en France, mais à travers l’Europe et le monde.

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