Après la pancarte antisémite en manifestation anti-passe sanitaire, Révolution Permanente couvre sa responsabilité

La polémique déclenchée par une pancarte antisémite lors d’une manifestation anti-pass sanitaire en Moselle démasque la couverture de «gauche» donnée par le site Révolution Permanente à ces mobilisations lancées à l’appel de l’extrême droite.

La lutte contre la pandémie est une lutte internationale, à mener scientifiquement et en mobilisant les travailleurs en toute indépendance des partis capitalistes et des appareils syndicaux. Après la polémique de la pancarte antisémite, Révolution Permanente essaie de couvrir son alignement avec l’extrême droite, et appelle les appareils syndicaux à rejoindre le mouvement afin de légitimer son soutien aux manifestations anti-vaccin.

Révolution Permanente explique que «la pancarte antisémite d’une manifestante d’extrême-droite contre le pass sanitaire à Metz a été largement diffusée depuis samedi. Elle met en lumière l’importance de lutter contre les idées racistes et l’extrême-droite dans le mouvement tout en dénonçant leur instrumentalisation par la classe politique».

Et il ajoute: «il est essentiel que le mouvement ouvrier et ses directions prennent leurs responsabilités. Par-delà les préavis de grève déposés par la CGT et SUD Santé, cela implique de lutter dans le mouvement contre la présence de secteurs réactionnaires, qui mènent une guerre à une partie de la population et de notre camp social en raison de ses origines ou de sa religion. Ils doivent être impérativement chassés des manifestations contre le pass sanitaire.»

La polémique née après que cette pancarte antisémite soit sortie dans la presse souligne le rôle joué par l’extrême droite dans ces mobilisations.

L’extrême droite ne récupère pas le mouvement comme le prétend Révolution Permanente: ces manifestations prennent leur origine dans l’appel des néofascistes tels que Marion Maréchal Le Pen, de l’ex conseiller de Marine le Pen, Florian Philippot ou encore de Nicolas Dupont-Aignan. Le fait que des libertaires au sein de LFI comme François Ruffin ont appelé à manifester pour la levée de toutes les restrictions sanitaires et contre la vaccination n’y change rien de fondamental. Ces manifestations mobilisent des forces néofascistes et des couches antiscientifiques de la petite bourgeoisie.

Révolution Permanente est obligée d’avouer que ces manifestations sont truffées de néofascistes, et que la présence de pancartes antisémites est fréquente: «depuis le début du mouvement, la présence d’organisations d’extrême-droite antisémites telles que Civitas, l’Action Française, la Ligue du Midi et autres groupuscules réactionnaires qui ont pu être vus dans différentes manifestations en France.»

Prétendre que l’on peut sortir l’extrême droite de ces manifestations est une tentative par Révolution Permanente de couvrir sa responsabilité dans le soutien à des manifestations d’extrême droite, hostiles à la vaccination nécessaire pour limiter les morts de Covid-19. En lançant des appels aux organisations syndicales, Révolution Permanente sème l’illusion que les appareils syndicaux peuvent gauchiser le mouvement. Mais en fait, Révolution Permanente tente de renforcer l’emprise des appareils syndicaux sur les travailleurs et de les aligner sur l’extrême-droite.

Selon Révolution Permanente, chasser l’extrême droite «implique également de défendre une perspective claire concernant la situation sanitaire, en portant un programme sanitaire ouvrier. Un programme qui doit articuler défense de la vaccination et des moyens de la mettre en œuvre - sur un plan national comme international par la levée des brevets - avec la revendication de moyens pour les hôpitaux mais aussi d’une véritable stratégie de prévention entre les mains des travailleuses et travailleurs pour en finir avec la gestion autoritaire des vagues successives générées par les variants. Un programme dont la défense devrait aller de pair avec une campagne active dans les entreprises et les quartiers populaires pour convaincre du bien-fondé de la vaccination pour protéger notre camp social et en finir avec l’épidémie.»

Ce passage démontre le caractère contradictoire et réactionnaire de la politique menée par Révolution Permanente. D’un côté, ils prétendent vouloir «convaincre» les travailleurs du bien-fondé d’une politique de vaccination, alors que de l’autre ils légitiment des manifestations organisées à l’appel de l’extrême-droite contre le principe de vaccination universelle. En fait, ils suivent la ligne des appareils syndicaux, qui tout au long de la pandémie se sont opposés à une politique scientifique et des confinements pour casser les chaînes de transmission du virus.

Une politique sanitaire ouvrière vise à défendre les vies au dépens des profits et à s’opposer à la politique de Macron. Elle doit promouvoir la vaccination générale et une politique de confinement strict, de traçage et d’isolement des cas possibles par l’intervention politique de la classe ouvrière internationale. Le pass sanitaire de Macron sert uniquement à légitimer la réouverture des écoles et la reprise du travail tout en «apprenant à vivre avec le virus», avec donc des morts en masse.

La proposition de Révolution Permenante – donner plus de moyens aux hôpitaux avec un programme sanitaire ouvrier, tout en ralliant des mobilisations d’extrême-droite pour la levée de toutes restrictions sanitaires – est un non-sens. Même si on donnait plus de moyens aux hôpitaux, sans restrictions de distanciation sociale, ceci laisserait le virus se répandre et faire des milliers de morts supplémentaires. Déjà, plus de 110.000 personnes sont mortes de Covid-19 en France.

Révolution Permanente cherche à brouiller sa ligne politique pour ne pas être démasqué par les travailleurs. Alors qu’une crise sanitaire et politique internationale se profile, avec la possibilité d’une mobilisation indépendante de la classe ouvrière pour imposer une politique sanitaire scientifique, Révolution Permanente bloque une mobilisation ouvrière en construisant plutôt des mobilisations d’extrême droite.

Le Parti de l’égalité socialiste lutte pour mobiliser les travailleurs à l’échelle internationale pour mettre un terme à la pandémie et à la course des élites capitalistes vers la dictature. Ceci implique la fermeture des lieux non essentiels et l’expropriation de l’aristocratie financière pour permettre de mettre à l’abri la population et la vaccination la plus large possible. Mener une telle politique présuppose une lutte pour placer le pouvoir aux mains de la classe ouvrière non seulement en France, mais à travers l’Europe et le monde.

La construction de comités de base sur chaque école ou lieu de travail permettrait de veiller à la sécurité et à la santé des travailleurs et des jeunes, et de les mobiliser en faveur d’une politique sanitaire scientifique et contre à la fois Macron et le danger d’un coup d’État néofasciste. La construction d’une telle Alliance ouvrière internationale de Comités de base, indépendante des appareils syndicaux nationaux, nécessite une rupture avec la pseudo gauche dont fait partie Révolution Permanente.

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