En Inde, le COVID-19 se propage rapidement parmi les enfants

La propagation du variant Delta en Inde touche un nombre toujours plus important d'adolescents et d'enfants qui avaient été moins atteints lors de la vague précédente de la pandémie de COVID-19. Des centaines de jeunes sont hospitalisées pour une maladie grave dans les villes indiennes.

Des enfants suivent des cours en ligne dans un bidonville de la périphérie de Jammu, en Inde, le 14 juin 2021. (AP Photo/ Channi Anand)

À Bangalore, des infections de coronavirus ont été confirmées chez 543 enfants entre le 1er et le 10 de ce mois-ci, selon le ministère de la Santé du Karnataka. Dans le territoire de l'Union de Pondichéry, 20 enfants ont été confirmés infectés par le COVID-19. À Kanchipuram, dans l'État du Tamil Nadu, 33 enfants testés positifs à l'infection au COVID-19 ont été hospitalisés. Les responsables de la santé de l'État de Telangana ont déclaré que 37 332 enfants âgés de 0 à 19 ans ont été confirmés infectés par le coronavirus entre mars et mai de cette année.

Les médecins soulignent le danger pour les enfants de ce variant plus virulent. Le Dr Anjan Bhattacharya a déclaré: « Le variant double mutant affiche des phénomènes d'échappement immunitaire. Il se fait passer pour notre propre système corporel et échappe ensuite à notre protection immunitaire. C’est pourquoi de plus en plus d’enfants contractent COVID-19. » Il a souligné une forte augmentation des cas signalés: « Si COVID-19 a touché 1% des enfants l'année dernière, ce taux est d’environ 1,2% maintenant. Mais c’est une énorme augmentation en termes de nombre en Inde. »

Non seulement plus d'enfants contractent le virus, mais la maladie qui en résulte est souvent plus grave. Le Dr Jaydeb Ray, de Kolkata, a expliqué qu'avant l'émergence du variant Delta, la plupart des cas de COVID-19 étaient asymptomatiques: « Mais maintenant, nous voyons des enfants arriver dans les hôpitaux avec le MIS-C (Syndrome inflammatoire multi-systémique chez les enfants). Cette fois, cela se manifeste parallèlement à une infection active. »

De telles infections entraînent maintenant des maladies graves et des décès chez les enfants dans toute l'Inde. Dix-huit enfants sont morts dans l'État indien du Rajasthan d'une maladie inflammatoire rare au milieu de la deuxième vague de COVID-19. De même, 155 enfants ont été admis à l'hôpital de Jaipur. Quatre enfants ont été admis dans un hôpital du Maharashtra avec un essoufflement et une pression artérielle basse.

Le Dr Thiren Gupta, pédiatre en soins intensifs à l'hôpital Kangaram de Delhi, a traité plus de 75 patients âgés de 4 à 15 ans pour MIS-C. Il estime qu'il y a plus de 500 cas de ce type à Delhi et sa banlieue. Gupta a déclaré à la presse que 90 pour cent des enfants traités à cet hôpital souffraient du COVID-19 sans présenter aucun symptôme. Il y a eu 30 cas de ce type à Pune et 20 à Solapur chez des enfants âgés de 10 à 15 ans.

Le danger de maladie grave vient s'ajouter aux autres souffrances que la pandémie de COVID-19 a imposés aux enfants indiens. Beaucoup sont orphelins. Une étude publiée dans The Lancet a révélé que 119 000 enfants et adolescents en Inde ont perdu leur aidant familial principal ou secondaire à cause du COVID-19 au cours des 14 premiers mois de la pandémie. Actuellement, ce nombre a encore augmenté, 43 139 enfants étant orphelins. Rien qu'au Tamil Nadu, plus de 3 600 enfants ont perdu un parent à cause du COVID-19.

La pauvreté chronique en Inde aggrave encore ces conditions intolérables. Un rapport de l'Enquête nationale sur la santé de la famille (NFHS) de 2016, avant la pandémie, révélait que 38,4 pour cent des enfants indiens souffraient d'un retard de croissance dû à la malnutrition. Cela a été exacerbé pendant la pandémie, ainsi que par le travail des enfants, qui touchait 11 millions d'enfants en Inde avant la pandémie. La proportion d'enfants âgés de 6 à 10 ans non scolarisés a augmenté de 1,5 pour cent en 2017 pour atteindre 5,3 pour cent en 2020.

Ces faits mettent en lumière la politique criminelle de la tentative des gouvernements, en Inde et dans le monde, de forcer les enfants à retourner à l'école pour un apprentissage en présentiel afin que leurs parents puissent continuer à travailler et générer des profits pour les banques et grandes entreprises. Comme en Inde, des centaines d'enfants meurent ou tombent gravement malades en Indonésie et aux États-Unis. Et pourtant les gouvernements capitalistes ne réagissent qu'en intensifiant leur guerre contre les enfants.

Compte tenu de la sous-déclaration massive des cas de COVID-19 en Inde, toute augmentation du taux des maladies graves pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour les 1,37 milliard d'habitants de ce pays.

La pandémie de COVID-19 a complètement submergé les mauvaises infrastructures de santé de l'Inde. Officiellement, le nombre total de cas de COVID-19 y est de 32,6 millions et le nombre de morts de 437 400. Mais une étude de juillet 2021 du Center for Global Development, basé aux États-Unis, estime que le véritable nombre des morts du COVID-19 en Inde se situe entre 2,9 et 5,8 millions. Parmi ces décès, la moitié ont eu lieu seulement au cours de la période écoulée depuis mars 2021 et depuis l'émergence du variant Delta.

Le directeur de l'All India Institute of Medical Sciences (AIIMS), Randeep Gularia, a déclaré que 50 pour cent des enfants indiens avaient été exposés au COVID-19 et seraient positifs aux tests d'anticorps. Néanmoins, a-t-il déclaré, ils sont toujours vulnérables au variant Delta, plus virulent: « Le sentiment général est que les adultes se font vacciner, les enfants ne sont pas vaccinés, et donc s'il y a une nouvelle vague, cela affectera ceux qui sont plus à risque. Les enfants tomberont dans cette catégorie. »

Ces informations soulignent, comme l' a expliqué le World Socialist Web Site, la nécessité d'imposer des mesures strictes de distanciation sociale et de confinement pour arrêter la contagion, mettre fin à la propagation du COVID-19 et lutter pour l'éradication mondiale du coronavirus.

En Inde, il n'existe actuellement aucun programme de vaccination pour les enfants et les adolescents. Alors que le vaccin est gratuit pour les personnes de plus de 45 ans, les autres doivent payer pour se faire vacciner. Cela n’est possible que pour les riches.

En fait, seulement 10 pour cent de la population indienne est complètement vaccinée, et seulement 34 pour cent a eu au moins une dose de vaccin. Cela signifie que de larges couches de travailleurs ainsi que des jeunes d'âge scolaire sont terriblement vulnérables à la maladie.

De plus, lorsque la deuxième vague de COVID-19 atteignait son pic dans l'État du Maharashtra en mai et juin, il a été révélé qu’on avait injecté à près de 2 500 personnes à plusieurs endroits, dont Mumbai, de l'eau salée ordinaire. Cela mena à des accusations que des fonctionnaires, y compris des médecins, avaient détourné un total de 28 000 $. Des escroqueries similaires à la fausse vaccination ont été signalées ailleurs en Inde au cours des deux derniers mois.

Les scientifiques indiens mettent en garde contre une nouvelle catastrophe, surtout si la campagne de vaccination n'est pas accélérée. Une étude de l'Université de l'Energie Pandit Deendayal Upadhyay et de l'Université Nirma a révélé que l'Inde pourrait connaître jusqu'à 600 000 nouvelles infections au COVID-19 par jour. D'autres études ont prévu une troisième vague qui devrait atteindre jusqu’à 150 000 infections enregistrées par jour d'ici octobre, avec un pic de cas attendu en novembre.

Malgré les avertissements d'épidémiologistes, de microbiologistes et d'autres scientifiques de premier plan, plusieurs gouvernements d’États comme le Tamil Nadu et le Karnataka ont décidé d'ouvrir tous les centres commerciaux, les écoles et cinémas à partir de début septembre. Ils poursuivent une politique impitoyable consistant à sacrifier des vies humaines pour protéger les intérêts financiers, commerciaux et géopolitiques des élites dirigeantes. Cela conduira à une nouvelle propagation de la pandémie et à des millions de décès.

La question vitale est la mobilisation politique de la classe ouvrière pour empêcher une telle catastrophe et lutter pour l'éradication du virus. Comme l'a écrit le WSWS: « La mise en œuvre de cette stratégie nécessite le développement d’un puissant mouvement de masse international et unifié de la classe ouvrière. Seul un mouvement de masse qui n’est pas motivé par la recherche du profit et qui n’est pas entravé par la poursuite obsessionnelle de la richesse personnelle peut générer la force sociale nécessaire pour imposer un changement de politique. »

(Article paru en anglais le 28 août 2021)

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