La réouverture des écoles en France expose enfants et travailleurs à une envolée de l’épidémie

Alors que la France compte environ 20.000 cas journaliers de Covid-19, la réouverture des écoles prévue à partir de la semaine prochaine fait craindre une augmentation massive des infections, des maladies et des décès parmi les enseignants, les enfants et la population dans son ensemble.

Face à cette politique criminelle, les travailleurs et les enseignants doivent  lutter pour la stratégie d’éradication du virus, sur la base des mesures proposées par les épidémiologistes, virologues et autres scientifiques tout au long de la pandémie. Ceci implique le déploiement à l’échelle mondiale de toutes les armes de l’arsenal de lutte contre le COVID-19, y compris le confinement strict et la distanciation sociale. La mise en œuvre de cette stratégie nécessite le développement d’un puissant mouvement de masse international et unifié de la classe ouvrière, fondé sur la science.

Les couches de la population les moins voire pas du tout vaccinées, les millions d’enfants et d’étudiants, retourneront à l’école et dans les universités à partir du 2 septembre. En septembre 2020, la France comptait lors de la rentrée 5.407 nouveaux cas en moyenne, ce qui a favorisé une nouvelle vague épidémique et la propagation de nouveaux variants. A présent la situation sanitaire est pire pour cette rentrée en raison de l’agressivité du variant Delta.

Interrogé sur la chaîne d’information BFMTV, le ministre de la santé, Olivier Véran a déclaré: «Il faut être extrêmement vigilant et je demande aux Français qui nous regardent de faire très gaffe dans les jours et semaines à venir, de respecter les gestes barrière, de porter le masque partout où c’est nécessaire, de se laver les mains, vous savez tout cela ». 

Sur la même chaîne, Lila Bouadma, réanimatrice à l'Hôpital Bichat à Paris et membre du Conseil scientifique, estime que dans les jours à venir, «il y aura 50.000 contaminations d'enfants par jour, c'est colossal. On peut craindre que ce soit une rentrée d'épidémie pédiatrique. On n'est pas préparé à ça, car c'est une prise en charge de spécialité. Pour les enfants, on pense qu’il n’est pas plus grave, il faut changer de paradigme, ça ne fait pas rien. Un certain nombre ont des formes de Covid long, ils ne sont pas très symptomatiques mais ils le restent, avec un état de fatigue important».

L’épidémiologiste Arnaud Fontanet a averti sur France Inter: «L’école est la situation la plus complexe qui nous attend cet automne. On ne peut pas appliquer les mêmes recettes que jusqu’à présent ».

La réouverture des écoles aux Etats-Unis confirme ces avertissements lancés en France. Dans la deuxième semaine d’août, plus de 121.000 enfants ont testé positifs au virus et un nombre record, plus de 1.900, ont été hospitalisés, rien qu’aux États-Unis. Ces chiffres devraient monter en flèche dans les semaines à venir avec la réouverture complète des écoles. 

Présenté à tort comme une maladie des personnes âgées, le virus infecte de plus en plus les jeunes adultes et les enfants non vaccinés. Le Monde rapporte qu’ «Au 23 août, dix-neuf enfants et adolescents de 0 à 19 ans étaient hospitalisés en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dépassant les seuils franchis lors de la troisième vague. Des chiffres à lier aux niveaux d’incidence record atteints dans ces territoires au gré des mouvements des vacanciers».

Face à cette situation alarmante, le ministre de l’Éducation Michel Blanquer a annoncé dimanche que le retour à l’école se ferait sous un protocole sanitaire de niveau 2, c’est-à-dire en présentiel de tous les élèves. Dès le 1er cas détecté, la règle de la fermeture de la classe reste maintenue en maternelle et primaire seulement (pour 7 jours). En cas de contamination au collège et au lycée, il n’y aura pas de fermeture de la classe. Les élèves vaccinés continueront à venir en cours.

Quant aux élèves cas-contact non vaccinés, ils devront passer en distanciel durant la période d’isolement de 7 jours. En Guadeloupe et en Polynésie où un confinement a été instauré, la rentrée des classes a été repoussée de deux semaines. 

Le maintien de la rentrée scolaire accompagnée de mesures sanitaires limitées malgré les signaux alarmants des épidémiologistes souligne la politique criminelle du gouvernement Macron. Les mesures limitées n’empêcheront pas la circulation du virus chez les enfants et les enseignants ainsi que les parents d’élèves, favorisant le développement de nouveaux variants potentiellement plus dangereux. 

La politique d’immunité collective a déjà fait plus de 110.000 morts en France et plus d’un million en Europe. Or, le gouvernement Macron se rend responsable de la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les mois à venir, dont des enfants, ainsi que des séquelles des Covids longs dont souffriront un nombre considérable d’enfants.

Cette politique criminelle n’aurait pas été possible sans la complicité des appareils syndicaux. La réouverture des écoles s’inscrit dans la politique d’immunité collective de l’aristocratie financière qui, après avoir inondé les marchés financiers de liquidités et voté des plans de relance, impose la reprise du travail impossible sans la réouverture des écoles. Le but est de réaliser des profits massifs sur le dos des travailleurs et de leurs familles, exposés à un danger mortel.

Non seulement les syndicats au début de la pandémie ont refusé de lutter pour mettre les travailleurs à l’abri, mais la CGT et la CFDT, comme les syndicats allemands ont applaudi le plan de relance de l’UE et participent aux négociations pour restructurer l’économie européenne. Ils ont ensuite aidé l’État et le patronat à imposer aux enseignants inquiets ainsi qu’aux parents d’élèves la réouverture des classes dans un contexte dangereux pour les enfants. 

Le ministre de l’Éducation a négocié et validé avec les syndicats la mise en place la reprise des cours en présentiel pour l’imposer aux enseignants et aux travailleurs. Les syndicats participent ensuite aux manifestations contre le pass sanitaire et la vaccination organisées par l’extrême droite, exigeant la levée des restrictions sanitaires pour la mise en place d’une politique d’immunité collective sans atténuation.

La lutte pour l’éradication du virus ne peut être menée que par une lutte politique indépendante des travailleurs, rompant avec les organisations syndicales et la pseudo gauche. Seul un mouvement de la classe ouvrière, ni motivé par la recherche du profit ni entravé par la poursuite obsessionnelle des richesses personnelles, est capable d’imposer une politique scientifique éradiquant le virus.

L’année dernière, ce sont les travailleurs en Italie et dans d’autres pays sans les syndicats qui ont quitté leur lieu de travail pour se protéger de la pandémie, forçant les gouvernements à instaurer des confinements par crainte d’une explosion sociale.

La stratégie d’éradication du virus nécessite l’arrêt de la production non essentielle et la fermeture des écoles, ainsi que des tests universels, la recherche des contacts et l’isolement des personnes infectées. Ces mesures doivent être combinées à l’octroi d’un revenu complet aux travailleurs et aux propriétaires de petites entreprises touchés par l’arrêt de la production, ainsi qu’à une injection massive de ressources pour offrir un enseignement à distance de haute qualité à tous les enfants. 

Cette initiative doit être développée dans le cadre d’un mouvement mondial intégré de l’ensemble de la classe ouvrière, par la création de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base. 

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