Macron lève le port obligatoire du masque dans les écoles primaires françaises

Depuis lundi dernier, les masques pour les enfants des écoles primaires de 47 départements français ne sont plus obligatoires. Et les classes ne seront plus fermées pendant sept jours après la détection d’un cas positif. Au lieu de cela, tous les membres de la classe se feront tester, et seuls ceux qui sont positifs ou qui refusent le test seront renvoyés chez eux.

Une école à Strasbourg, dans l’est de la France, le 2 septembre 2021. (AP Photo/Jean-François Badias)

Pour l’instant, ces mesures sont appliquées dans les départements qui ont enregistré des taux d’incidence inférieurs à 50 cas pour 100.000 habitants au cours de la semaine précédente. Or, dans 23 des 47 départements retenus pour ces mesures, le taux d’incidence chez les enfants en âge de scolarité primaire est supérieur à 50 cas pour 100.000. Cela montre que, même avec le port obligatoire du masque, les écoles sont déjà devenues des vecteurs primaires de propagation du virus depuis leur réouverture en septembre.

Les masques réduisent considérablement les risques d’infection et constituent l’une des nombreuses mesures cruciales pour enrayer la contagion. Ils doivent être portés dans tous les environnements bondés jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cas. Toutefois, le port de masques ne mettra pas fin à la propagation du virus dans les écoles. Même avec des masques, des milliers d’enfants sont infectés à l’école chaque semaine en France et dans le monde, et certains d’entre eux vont mourir inutilement.

Jusqu’à présent, au moins 10 enfants français sont morts du COVID-19, dont six depuis juin. Huit mille jeunes de moins de 19 ans ont également été hospitalisés à cause du COVID-19, dont 2.000 depuis juin.

Annonçant la nouvelle politique la semaine dernière, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a déclaré à France Info: «Nous lançons une expérience dans des dizaines de départements». Le gouvernement est parfaitement conscient que les infections vont se développer en masse. L’«expérience» consiste à savoir si une politique d’«immunité par l’infection» chez les enfants non vaccinés provoquera une opposition sociale massive.

La politique du gouvernement Macron poursuit la politique d’immunité collective de facto qu’il a menée tout au long de la pandémie. Bien que les médias capitalistes présentent largement la pandémie comme terminée, l’opposition à cette politique mortelle reste très répandue.

Mardi, Le Monde a publié une lettre ouverte contre la suppression des masques dans les écoles. La lettre est signée par un certain nombre d’éminents scientifiques, de parents individuels et de groupes de parents en France, tels que «Familles et écoles oubliées». Citant des données sur les effets de la réouverture des écoles au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis, la lettre souligne que la suppression des masques accélérera les infections chez les enfants et leurs familles. Elle a également attiré l’attention sur les conséquences à long terme des infections au COVID-19 chez les enfants, notamment les dommages causés aux organes vitaux et au développement cognitif.

Il ne fait aucun doute que le gouvernement Macron regarde avec envie l’Angleterre, où les écoles ont repris en septembre sans masque obligatoire ni fermeture de classe suite à un cas positif. Cela a entraîné au moins 10 décès d’enfants dus au COVID-19 depuis septembre. En Amérique, où des conditions similaires dominent, 22 enfants sont morts du COVID-19 au cours de la seule semaine dernière.

Si les auteurs ont sans aucun doute l’intention de sauver la vie des enfants, leurs conclusions sont une impasse politique et scientifique; ils acceptent le diktat du gouvernement selon lequel les écoles doivent rester ouvertes à tout prix, même si les écoles ne peuvent pas être ouvertes en toute sécurité dans un contexte de transmission massive du virus. Pourtant, la lettre déclare: «Face au variant Delta hautement contagieux, c’est crucial de maintenir les écoles ouvertes et sûres par l’adoption et le maintien des mesures qui visent à minimiser la transmission du SRAS-CoV-2».

La politique de Macron n’a rien à voir avec une lutte scientifique pour éradiquer le virus. Sa prétendue préoccupation pour le bien-être psychologique des enfants – dont des milliers de parents sont morts de la pandémie en raison de la politique officielle de propagation du virus – est une fraude. La politique de Macron se trouve motivée par les exigences des entreprises françaises qui souhaitent que les activités commerciales se poursuivent normalement, et donc que les élèves soient dans les salles de classe pour que leurs parents puissent travailler.

Les auteurs demandent le maintien du port obligatoire du masque pour tous les groupes d’âge et l’investissement dans des équipements de haute ventilation pour toutes les salles de classe. Si ces mesures sont nécessaires pour contrôler le virus, elles ne permettront pas à elles seules d’éradiquer le virus et de mettre fin aux infections dans les écoles.

Le caractère infectieux du COVID-19 et du variant Delta rend indispensable la fermeture des écoles dans le cadre d’un confinement de la société qui vise à éradiquer le virus. Même avec les mesures proposées, le virus continuera à se propager, à muter en de nouvelles souches et à tuer des élèves, des enseignants et leurs familles.

L’argument de la lettre ouverte repose implicitement sur l’idée fausse que le fait de garder les écoles ouvertes protégera la santé mentale des enfants. La santé mentale et la qualité de l’enseignement sont des préoccupations essentielles, mais une politique d’infection massive ou même une politique d’atténuation partielle du virus ne peut y répondre. Qu’est-ce qui pourrait être pire pour la santé mentale des enfants que la peur constante de se faire infecter par le coronavirus et de le transmettre à leurs proches?

La meilleure façon de garantir la santé physique et mentale des enfants est de mettre en œuvre des mesures scientifiques rigoureuses pour mettre fin à la pandémie une fois pour toutes, le plus rapidement possible. Cela permet également d’exclure toute perturbation future de leur éducation et toute dégradation supplémentaire de leur santé mentale et physique.

S’exprimant lors du webinaire du WSWS en août, «Pour une stratégie mondiale qui vise à stopper la pandémie et à sauver des vies!», la Dr Malgorzata Gasperowicz de l’Université de Calgary a expliqué que des mesures de santé publique agressives pourraient éradiquer le virus en deux mois. Pendant cette courte période, tous les enfants doivent avoir accès à des ordinateurs et à l’internet de qualité et leurs parents doivent recevoir un revenu complet. Cette solution s’est avérée viable dans la pratique en Chine, où des politiques scientifiques ont permis de supprimer de multiples foyers de la variante Delta au cours des derniers mois.

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement français, comme ses homologues dans toute l’Europe, n’a été guidé par rien d’autre que les intérêts des entreprises et des milliardaires. En janvier et février 2020, alors que des rapports en provenance de Chine montraient à quel point le virus était mortel et que des restrictions élémentaires de distanciation sociale permettaient d’enrayer la propagation du virus, le gouvernement Macron a ignoré les conseils scientifiques de base.

De même, il a été prouvé que les écoles étaient des vecteurs majeurs de transmission du virus lors de la première vague. Néanmoins, en septembre 2020, janvier 2021 et mai 2021, le gouvernement Macron a rouvert les écoles, alimentant ainsi de nouvelles résurgences du virus. Du 1er septembre 2020 à la fin de l’année scolaire, 80.000 personnes supplémentaires sont mortes du COVID-19 en France.

L’Institut Pasteur a averti début septembre que même avec des taux de vaccination plus élevés qu’actuellement, le caractère infectieux du variant Delta, combiné à la tendance des virus respiratoires à se développer dans des conditions plus froides, pourrait entraîner un pic d’hospitalisations dépassant celui atteint en 2020. En août, l’Organisation mondiale de la santé a mis en garde contre 236.000 décès supplémentaires dus au COVID-19 en Europe d’ici le 1er décembre.

Dans les mois à venir, des centaines de milliers de vies, dont celles de nombreux enfants, dépendent de la lutte pour une politique scientifique d’éradication du virus. Tout au long de la pandémie, les syndicats de l’éducation et les partis d’opposition nominalement «de gauche» ont activement soutenu la politique d’immunité collective du gouvernement Macron.

La seule façon d’avancer est de s’orienter vers la classe ouvrière, la seule force sociale qui peut imposer une politique basée sur la science et l’égalité sociale, et non sur les profits des entreprises. Cela signifie une rupture politique avec les forces complices de la mort de masse et la création de comités de sécurité indépendants dans les écoles et sur les lieux de travail.

Le 24 octobre, le World Socialist Web Site organise un webinaire international en ligne, auquel participera un panel international de scientifiques qui expliqueront les fondements scientifiques de la politique d’éradication, ainsi que des travailleurs et des parents qui ont joué un rôle de premier plan dans la résistance à la politique d’«immunité collective». Nous invitons les étudiants, les parents, les enseignants et les autres travailleurs à s’inscrire à cet événement dès aujourd’hui.

(Article paru en anglais le 8 octobre 2021)

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