Royaume-Uni : parents, enseignants et travailleurs de la santé déclarent leur soutien à la grève scolaire du 15 octobre

Claire Cozler, parent, ancienne enseignante et membre de SafeEdForAll (Une éducation sûre pour tous), a expliqué au World Socialist Web Site (WSWS) pourquoi elle soutient la grève scolaire du 15 octobre:

«Nous ne pouvons pas continuer comme ça. 800 personnes par semaine meurent, et dans les écoles, la semaine dernière, 200.000 enfants ont été absents à cause du COVID. Un élève du secondaire sur 14 est atteint, soit deux par classe, et les règles d’isolement actuelles signifient que les frères et sœurs des enfants infectés et les enseignants dont les familles sont infectées doivent quand même venir à l’école ou au travail. 94 enfants sont morts au Royaume-Uni au cours de cette pandémie, dont 12 au cours du seul dernier mois. Plus de 50.000 enfants souffrent aujourd’hui de COVID long…»

«La seule façon pour nous, parents, de leur faire entendre raison est de faire grève. Nous avons essayé tout le reste, c’est pourquoi je soutiens la grève des écoles. Trop, c’est trop».

Claire et l'un de ses enfants

À propos de la précédente grève scolaire, celle du 1er octobre, Claire a déclaré au WSWS: «J’ai trouvé que la manifestation mondiale de solidarité lors de la dernière grève scolaire était incroyable. Les messages de solidarité qui nous sont parvenus ont montré que nous ne sommes pas les seuls parents à vivre cette situation, même si la plupart des pays ont encore mis en place des mesures d’atténuation. Des vidéos et des messages du monde entier: France, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, et jusqu’au Mexique, aux États-Unis, au Japon et à l’Australie».

Claire a expliqué que «les messages du personnel enseignant étaient particulièrement encourageants, car notre campagne a toujours voulu protéger non seulement les enfants, mais aussi le personnel scolaire et les familles. C’était merveilleux de savoir qu’ils nous soutenaient. Beaucoup d’entre nous sont d’anciens enseignants, et nous savons ce qu’ils traversent. On a particulièrement apprécié qu’ils prennent ce temps pour nous soutenir»!

Sur la question du refus du syndicat de l’Éducation NEU (National Education Union) de soutenir la grève et le désaveu du co-secrétaire général Kevin Courtney de toute action sur les écoles dangereuses à l’avenir, Claire nous a dit qu’elle était «extrêmement déçue… Comme je l’ai dit, nous avons toujours fait campagne pour protéger tout le monde dans l’éducation. Des enfants au personnel, en passant par les familles et leurs communautés. Il était incroyablement triste de voir qu’ils ne soutenaient pas cela».

Elle a déclaré à propos du ministre britannique de l’éducation: “Nadhim Zahawi peut insister sur l’assiduité tant qu’il veut, mais la triste vérité est que les enfants morts ne peuvent pas aller à l’école. Les enfants atteints de maladies chroniques ne peuvent pas non plus aller à l’école sans un degré de soutien que M. Zahawi ne veut pas financer… »

«L’utilisation de lois sur l’absentéisme scolaire pour forcer les gens à envoyer leurs enfants vulnérables dans des foyers d’infection n’aboutira à rien d’autre qu’à rendre les parents plus furieux. Ils deviendront encore plus déterminés à ne pas exposer leurs enfants à ce degré de risque. Un nombre record de membres du personnel de l’éducation quittent également le pays et leur demander de faire la police ne fera qu’accroître leur départ».

Claire a attiré l’attention sur le sort particulier des familles ‘cliniquement vulnérables’ (CV) et ‘cliniquement extrêmement vulnérables’ (CEV):

«Les parents et les enfants CV et CEV sont mis à l’écart. Les directives sont appliquées de manière générale, sans tenir compte des vulnérabilités et des circonstances propres à chaque famille. La taille unique ne convient pas à tous. Les loteries de codes postaux et de chefs d’établissements ne sont pas de mise. Et infliger des amendes aux personnes qui ne se conforment pas à ces directives et qui exposent leur enfant ou leur famille à un risque accru ne fonctionnera pas…»

«Les parents vulnérables ont l’habitude de défendre leurs droits et de se battre pour obtenir un traitement. Ils ne vont pas augmenter allègrement leurs risques du jour au lendemain parce que M. Zahawi le dit. Soyons honnêtes, la vie d’un enfant serait encore plus gâchée par la perte d’un parent. 8.886 enfants se trouvent déjà dans cette situation, ayant perdu un parent ou une personne qui s’occupe principalement d’eux…»

Claire poursuit: «Toutes les menaces ne vont pas pousser des personnes qui ont résisté pendant des années à abandonner soudainement le combat. Mais le gouvernement continue de les menacer. Des organisations comme SafeEdForAll (Une éducation sûre pour tous) et Fighting for Vulnerable Lives (Se battre pour les vies vulnérables) ont été inondées de demandes de soutien de la part de familles menacées et les ont soutenues».

Décrivant sa propre situation, Claire a déclaré: «Aujourd’hui, malgré toutes mes précautions, et le fait que je suis à la maison depuis mars 2020, le niveau de COVID dans la communauté est tel que je suis mal en point et que mon médecin généraliste m’a conseillé de faire un test PCR, car elle craint que j’aie à nouveau le COVID… Je l’ai eu dans les tout premiers jours et je souffre déjà de COVID long, de la première fois».

Claire ne peut pas commander de test car il n’y en a pas de disponible et elle ne peut pas risquer les transports en commun. Le centre sans rendez-vous le plus proche se trouve à plus de huit kilomètres. «S’ils ne sont pas capables d’organiser correctement les tests, le traçage ou la réduction des niveaux communautaires, pourquoi leur confierions-nous la vie de nos enfants, la chose la plus précieuse pour nous?»

Chris Porter, professeur d’université en Grande-Bretagne, a déclaré au WSWS: «En tant que parent et enseignant, j’offre mon soutien à la grève des écoles le 15 octobre».

«C’est, autant que je sache, la seule action organisée qui vise à contester la politique d’immunité collective qui met systématiquement en danger la santé et la vie des enfants et des adultes. Le message dominant et dangereux selon lequel le vaccin à lui seul est une protection suffisante ne semble guère être remis en question. Pas même par les syndicats dont on pourrait penser, au vu de leur rhétorique et de leurs objectifs supposés, qu’ils placeraient les besoins sociaux et humains avant les impératifs économiques».

«Les parents et les travailleurs, ainsi que de nombreux étudiants, qui s’inquiètent de retourner dans des lieux d’enseignement où la propagation de la COVID-19 est désormais attendue et même encouragée, risquent des amendes, la perte de leur emploi ou l’absence de dispositifs d’enseignement à distance suffisants s’ils choisissent de donner la priorité à ces préoccupations sanitaires. Ce sont des contradictions structurellement imposées pour servir la politique d’immunité collective. C’est donc réconfortant d’entendre parler de journées de résistance, même isolées, et de messages de solidarité provenant du monde entier».

«Un ami d’école de ma fille de 9 ans s’est vu retirer sa place à l’école primaire parce que ses parents ont refusé, à juste titre, de l’exposer, lui et son frère vulnérable, à ce risque».

«L’enseignement à domicile, considéré il y a quelques mois seulement comme un effort collectif courageux, semble maintenant être traité comme un choix irrationnel, presque criminel par des parents inquiets et rejeté comme moyen de rester en contact avec le travail scolaire et les enseignants pendant une crise qui n’aurait dû durer que quelques mois, mais qui en train de se transformer en état permanent dû à la priorisation du profit sur les besoins de la société».

Helena Wallace, fonctionnaire à Northwich dans le Cheshire, en Angleterre, a pris la décision de faire l’école à la maison pour sa fille Cora, 13 ans, ce trimestre. Elle explique: «Je soutiens de tout cœur la grève des écoles de ce vendredi».

«C’était formidable de voir l’ampleur et la profondeur du soutien à la grève du 1er octobre, tant au Royaume-Uni qu’à l’étranger. Je suis particulièrement horrifiée de voir que la politique d’infection délibérée de nos écoliers bat son plein. Cette politique dangereuse a déjà entraîné la mort d’écoliers britanniques, dont celle de Jorja Halliday, 15 ans».

«D’innombrables autres subiront inévitablement les conséquences de la COVID longue durée, en plus de l’infection évitable de parents CEV et CV dans les foyers. Je suis soulagée que mon enfant ait été retiré de l’école et ne jouera donc pas de rôle dans l’approche meurtrière de prétendue immunité collective de ce gouvernement».

«J’espère que la grève de cette semaine sensibilisera d’autres parents aux risques, en plus de leur faire comprendre que la vie de nos enfants n’est pas sacrifiable».

Un médecin travaillant au Service national de santé dans le nord-ouest de l’Angleterre nous a déclaré: «Je vais me joindre à la grève des écoles. Mes deux enfants ont attrapé le virus, ils sont isolés dans leurs chambres. Je suis tellement en colère! Ma femme [également médecin] et moi allons à l’hôpital depuis 18 mois. Nous n’avons pas attrapé le virus. J’ai vu des patients qui étaient infectés».

«L’école est un milieu de culture pour le virus. J’ai vu sur la BBC des chaises vides dans des salles de classe. La plupart des parents du Royaume-Uni paniquent à l’idée d’envoyer leurs enfants à l’école – et ils nous imposeront des amendes. Quand 1.000 enfants attrapent le virus, pour un ou deux, ce sera un énorme problème, une morbidité. La situation dans ce pays est mortelle à cause de la politique criminelle du gouvernement. Ils ont commencé par laisser mourir les personnes âgées et maintenant ils ont créé des problèmes pour les enfants».

(Article paru d’abord en anglais le 13 octobre 2021)

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