Une nouvelle étude confirme l’origine naturelle de la COVID-19, selon des sources proches d’une l’équipe de l’OMS

Le virus responsable de la COVID-19 est vraisemblablement passé de l’animal à l’homme au marché humide de Huanan, à Wuhan, en Chine, selon une nouvelle analyse marquante du biologiste évolutionniste Michael Worobey publiée dans la revue Science.

L’article de Worobey est un autre clou dans le cercueil de la théorie du complot du laboratoire de Wuhan, concoctée par l’idéologue fasciste Stephen K. Bannon et promue par le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal.

«C’est une donnée de plus qui pointe vers l’origine dite “naturelle” dans les élevages d’animaux sauvages et le système de marché», a déclaré une source proche d’une précédente étude conjointe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Chine sur les origines de la COVID-19.

Une femme passe devant une affiche de propagande qui fait la promotion des animaux sauvages en tant qu’amis et non en tant que nourriture, à Pékin, le mercredi 11 mars 2020 [Photo: AP Photo/Andy Wong]

Même s’ils acceptent à contrecœur que l’étude porte un coup majeur à la théorie de la «fuite de laboratoire», les médias qui ont promu cette théorie de la conspiration sans fondement tentent de déformer les conclusions de Worobey pour saper l’étude de l’Organisation mondiale de la santé sur les origines de la COVID-19.

Mais des sources proches de l’équipe de l’OMS ont déclaré qu’elles accueillaient favorablement les résultats de l’étude de Worobey, affirmant qu’ils sont fondamentalement cohérents avec leurs conclusions tout en ajoutant de nouvelles informations importantes.

Worobey conclut que «la plupart des premiers cas symptomatiques étaient liés au marché de Huanan – en particulier à la section ouest où il y avait présence de chiens viverrins en cage – ce qui prouve bien que la pandémie a pour origine un marché d’animaux vivants».

L’étude ajoute: «Cela expliquerait l’extraordinaire prépondérance des premiers cas de COVID-19 sur l’un des quelques sites de Wuhan – 11 millions d’habitants – qui vendent certains des mêmes animaux qui nous ont apporté le SRAS».

Si le rapport de l’OMS reconnaît que la première grande épidémie a eu lieu à Wuhan et que la plupart des cas étaient regroupés autour du marché humide de Huanan, il ne conclut pas que Wuhan ou le marché – ni même la Chine d’ailleurs – sont à l’origine de la maladie.

Mais l’étude de Worobey est encore plus directe que le rapport de l’OMS en ce qui concerne l’identification du mode de propagation de la COVID-19. Elle fournit des informations plus précises sur les premiers cas, montrant que le premier cas identifié était en fait lié au marché.

Le rapport de l’OMS avait conclu: «Aucune conclusion ferme ne peut donc être tirée actuellement sur le rôle du marché de Huanan dans l’origine de l’épidémie ni sur la manière dont l’infection a été introduite dans le marché.» Plutôt que de contredire le rapport de l’OMS, l’étude de Worobey le complète avec des données solides qui pointent vers les origines animales de la COVID et le rôle du marché de Huanan.

Les partisans de la théorie de la «fuite en laboratoire» se sont plaints que l’étude OMS-Chine n’avait pas été en mesure de fournir des preuves définitives de l’origine animale du virus. Maintenant que Worobey a fait un grand pas dans cette direction, ces premiers prétendent de manière malhonnête que son étude contredit ou sape les travaux de l’OMS.

Les reportages des principaux organes de presse américains, dont le New York Times et le Washington Post, ont déformé les résultats de l’étude, laissant entendre que les conclusions de Worobey signifiaient que le rapport de l’OMS était en quelque sorte vicié.

Le New York Times a commencé un article en première page en déclarant que «l’enquête influente de l’Organisation mondiale de la santé s’était très probablement trompée sur la chronologie initiale de la pandémie».

Le Times conclut son article par une citation d’Alina Chan, l’un des principaux partisans du mensonge du laboratoire de Wuhan, qui déclare: «Le principal problème que cela met en évidence… est qu’il y a un manque d’accès aux données, et qu’il y a des erreurs dans le rapport de l’OMS-Chine».

Commentant les efforts du Times pour opposer les résultats de Worobey à ceux de l’équipe de l’OMS, la journaliste de Nature, Amy Maxmen, a écrit: «Les chercheurs apprennent plus au fur et à mesure, donc je n’aime pas la façon dont les médias en font une bagarre».

Le Washington Post, qui, comme le Times, a promu la théorie du complot du laboratoire de Wuhan, a de même invité les promoteurs de la théorie du complot à commenter les conclusions de Worobey. «Elle est basée sur des informations fragmentaires et, dans une large mesure, sur des ouï-dire», a déclaré au Post David A. Relman, défenseur de la fuite de laboratoire. «En général, il n’y a aucun moyen de vérifier une grande partie de ce qu’il décrit, et de ses conclusions».

Les conclusions de Relman sont absurdes, puisque les résultats de Worobey étaient basés sur des données accessibles au public qui peuvent être contrôlées et vérifiées par n’importe qui et qui ont certainement été vérifiées avant d’être publiées dans l’une des principales publications scientifiques mondiales évaluées par des pairs. Le Post ne dit rien à ce sujet.

En réponse, Worobey a écrit :

Je suis préoccupé par les commentaires antiscientifiques comme celui-ci qui reflètent un désir de minimiser, de dénigrer ou de rejeter les preuves qui ne correspondent pas aux désirs des partisans d’une hypothèse particulière (dans le cas de David, l’hypothèse de la fuite du laboratoire).

Ce genre de «je crois ce que je veux croire face à toutes les preuves contraires» est suffisamment répandu de nos jours pour ne pas le laisser s’infiltrer davantage dans le discours scientifique.

Ce qui est plus inquiétant, c’est le parti pris, également présent chez d’autres partisans des scénarios de fuite de laboratoire tels que @Ayjchan, où les commentaires de première main de médecins, de scientifiques chinois et, apparemment, de patients de COVID-19, sont facilement rejetés comme des mensonges ou, ici, des «ouï-dire».

La force de mon article est qu’il s’appuie sur des témoignages de première main – y compris des enregistrements audio/vidéo – de médecins, d’administrateurs d’hôpitaux et de patients.

Cette preuve n’est que la dernière d’une série d’articles qui approfondissent les connaissances de l’humanité sur la façon dont la COVID-19 est passée des animaux aux humains. En septembre, une équipe internationale de scientifiques de l’Institut Pasteur français et de l’Université du Laos a déclaré avoir découvert un groupe de virus qui sont les plus proches parents du SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19.

Alors que les preuves qui réfutent le mensonge du laboratoire de Wuhan s’accumulent, de plus en plus de scientifiques se rallient à la défense du président de l’EcoHealth Alliance, Peter Daszak, accusé de manière absurde par les partisans de la théorie du complot d’avoir contribué à la création de la COVID-19.

Dans un profil de Daszak, Science cite des scientifiques de premier plan qui condamnent la chasse aux sorcières dont il fait l’objet ainsi que son organisation, EcoHealth Alliance. «C’est vraiment horrible de voir ce genre de chasse aux sorcières», a déclaré Peter Hotez, chercheur en santé mondiale au Baylor College of Medicine.

Réagissant à l’article de Science sur Twitter, la virologue Angella Rasmussen a répondu: «Il n’y a aucune preuve d’inconduite scientifique et ils effectuaient des recherches d’une importance capitale».

Jon Cohen, rédacteur de l’équipe de Science, a écrit que Daszak «trouve particulièrement injuste qu’après avoir mis en garde contre le risque de pandémie de coronavirus pendant plus de 15 ans, il soit vilipendé».

(Article paru en anglais le 20 novembre 2021)

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