Le gouvernement ukrainien déploie des drones armés contre les séparatistes

Malgré les obligations qui lui incombent en vertu de l’accord de paix signé en 2015 dans le cadre des accords de Minsk, le gouvernement ukrainien continue de renforcer ses capacités militaires contre les séparatistes soutenus par la Russie dans l’est de l’Ukraine. Fin octobre, il y a déployé pour la première fois des drones Bayraktar TB2 de fabrication turque.

En réponse à un prétendu bombardement par les séparatistes, l’Ukraine a utilisé le drone TB2 pour détruire un obusier de fabrication russe. Cela a provoqué le déploiement de troupes russes à la frontière ukrainienne et le risque renouvelé d’une guerre à grande échelle entre Moscou et Kiev, soutenu par l’OTAN.

Des soldats polonais érigent une clôture à la frontière biélorusse (Photo: Attila Husjenow/Instagram)

L’attaque qui eut lieu dans le village de Hranitne, contrôlé par les séparatistes, et que le New York Times a rapporté favorablement mardi, est une nouvelle démonstration de ce que le gouvernement du président Volodymyr Zelensky est engagé dans une politique d’escalade, alors qu’il cherche à réintégrer les provinces séparatistes de Lougansk et Donetsk à l’est de l’Ukraine.

L’année dernière, la classe dirigeante ukrainienne a cherché à approfondir les liens militaires avec le gouvernement turc, les deux pouvoirs cherchant à diminuer le contrôle naval russe sur la région stratégique de la mer Noire. Le gouvernement ukrainien a offert à Ankara une technologie de pointe en matière de missiles et a reçu en échange des drones armés de fabrication turque, très convoités.

Les drones ont joué un rôle essentiel dans la défaite de l’Azerbaïdjan face à l’Arménie soutenue par la Russie l’année dernière dans la guerre du Haut-Karabakh, et l’oligarchie ukrainienne a rapidement été séduite par leur utilisation potentielle contre ses propres séparatistes, soutenus par la Russie.

Kiev a reçu la première livraison de drones en juillet et prévoit d’acheter environ 50 drones TB2. En septembre, les deux parties ont signé un mémorandum pour créer un centre commun de formation et de maintenance de drones en Ukraine.

Comme on pouvait s’y attendre, la Russie a réagi avec hostilité à l’utilisation de drones en Ukraine, ce qui pourrait déclencher une nouvelle vague de bombardements et d’assassinats ciblés par Kiev dans cette guerre de plus de sept ans qui a coûté la vie à plus de 14.000 personnes.

S’exprimant samedi à la télévision d’État russe au sujet des drones et de l’Ukraine, le président Vladimir Poutine a accusé le gouvernement Zelensky de violer les accords de Minsk de 2015, qui interdisent spécifiquement l’utilisation d’armes aériennes:

«Maintenant, le président actuel rapporte allègrement qu’ils utilisent des Bayraktars, c’est-à-dire des véhicules aériens sans pilote. L’Europe a dit quelque chose d’incompréhensible et les États-Unis l’ont même soutenu et les responsables ukrainiens disent ouvertement qu’ils les ont utilisés et qu’ils les utiliseront encore.»

Alors que des troupes russes sont désormais concentrées sur la frontière nord du pays en réponse à l’utilisation de drones, le gouvernement Zelensky continue de présenter la Russie comme l’agresseur, tout en se préparant à la guerre et en refusant de respecter les accords de paix de Minsk de 2015, qui prévoient un cessez-le-feu, des élections libres et un statut fédéral spécial pour les provinces séparatistes.

À propos du renforcement des troupes russes signalé, Zelensky a déclaré hypocritement via un discours vidéo enregistré: «J’espère que le monde entier peut maintenant voir clairement qui veut vraiment la paix et qui concentre près de 100.000 soldats à notre frontière».

En réalité, le gouvernement de droite de Zelensky, qui est arrivé au pouvoir à l’origine grâce à l’opposition massive aux politiques militaristes et nationalistes de l’ancien président Petro Porochenko, a pris des mesures de plus en plus irresponsables afin de provoquer la Russie et d’obtenir le soutien militaire et économique de ses bailleurs de fonds impérialistes, les États-Unis, la France et l’Allemagne.

En mars de cette année, Zelensky et le Conseil national de sécurité et de défense du pays ont approuvé de manière provocante une stratégie qui vise à reprendre la Crimée et à s’incorporer à nouveau cette péninsule d’importance stratégique. Cette mesure a finalement conduit à un renforcement similaire des troupes russes le long de la frontière au printemps dernier, bien que Moscou ait ensuite retiré ses forces.

Outre l’achat de drones turcs, la politique étrangère de Zelensky depuis lors n’a fait qu’accroître le risque d’une guerre totale entre les deux pays.

Après le retrait des forces russes, le gouvernement Zelensky a passé l’été à quémander l’adhésion à l’OTAN et il a organisé un certain nombre d’exercices militaires et navals conjoints ouvertement dirigés contre la Russie.

En août, le gouvernement Zelensky a organisé son sommet inaugural de la «plate-forme de la Crimée», qui a réuni ses partisans impérialistes à Kiev. Zelensky s’est fait prendre en photo avec des dirigeants du monde entier et a déclaré «la Crimée est l’Ukraine».

En réponse, le gouvernement russe a ouvertement déclaré son opposition à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Il a affirmé que «le président Poutine a noté à plusieurs reprises la question de l’élargissement potentiel de l’infrastructure de l’OTAN sur le territoire ukrainien. (Il) a dit que cela franchirait les lignes rouges dont il a parlé auparavant».

Les grandes puissances de l’OTAN ont soutenu l’escalade de Kiev de facon irresponsable. Lundi dernier, le président français Emmanuel Macron a averti Poutine via une conversation téléphonique qu’il serait prêt à défendre l’Ukraine en cas de guerre entre les deux pays.

«Notre volonté de défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine a été réitérée par le président», a déclaré aux journalistes un conseiller de Macron au sujet de l’appel téléphonique entre les dirigeants des deux pays dotés de l’arme nucléaire.

Les États-Unis ont envoyé un destroyer lance-missiles, le pétrolier USNS John Lenthall et le navire d’état-major USS Mount Whitney pour participer aux exercices militaires de l’US Joint Forces Command Europe en mer Noire.

Dimanche dernier, la presse britannique a rapporté que le Royaume-Uni se préparait à envoyer 600 soldats en Ukraine.

L’Ukraine a elle-même déployé 8.500 soldats de son côté de la frontière avec la Russie et a annoncé que des parties de sa flotte passeraient de la mer Noire à la mer d’Azov, dont les eaux sont revendiquées par la Russie.

Les tensions entre Moscou et Kiev s’intensifient alors que le conflit entre la Pologne et la Biélorussie s’aggrave ; cela en raison d’une crise des réfugiés où des milliers de migrants désespérés cherchant un refuge dans l’UE sont piégés à la frontière entre les deux pays et brutalisés par les forces polonaises. La Russie, alliée du gouvernement biélorusse est accusée de jouer un rôle central dans l’orchestration de la crise.

(Article paru d’abord en anglais le 17 novembre 2021)

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