Selon l’OMS, Omicron pourrait devenir le variant dominant au niveau mondial

Selon un communiqué de presse publié vendredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le variant Omicron (B.1.1.529), qui a été détecté pour la première fois en Afrique du Sud au début du mois de novembre, a maintenant été détecté dans 38 pays des six régions de l’OMS. Le Dr Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l’OMS, a expliqué que, même si c’est possible qu’il [Omicron] devienne le variant dominant [au niveau mondial], le variant Delta représente encore 99 pour cent de toutes les infections dans le monde.

Les cas continuent d’augmenter dans le monde, avec plus de 266 millions de cas cumulés signalés et plus de 5,27 millions de décès. Delta continue de faire des ravages parmi les populations d’Amérique du Nord et d’Europe. Le nombre moyen de cas par jour continue d’augmenter régulièrement depuis près de deux mois, atteignant plus de 600.000 cas par jour dans le monde. Le nombre de décès est resté constant, à un taux horrible d’environ 7.000 par jour.

Des médecins qui portent des combinaisons spéciales pour se protéger du coronavirus traitent des patients atteints du coronavirus dans l’unité de soins intensifs d’un hôpital de Volgograd, en Russie, le dimanche 21 novembre 2021. (AP Photo/Alexandr Kulikov)

Aux États-Unis, le nombre de cas cumulés va dépasser les 50 millions cette semaine. Les décès approchent les 810.000, selon le tableau de bord COVID du Worldometer. Pendant ce temps, le nombre de cas quotidiens de COVID approche à nouveau rapidement les 150.000. La moyenne des cas sur sept jours est supérieure à 106.000, et le nombre de décès quotidiens a augmenté, approchant les 1.200 en moyenne quotidienne.

En Europe, on a signalé plus de 88 millions de cas de COVID et 1,56 million de décès. Les cas hebdomadaires ont augmenté pendant plus de neuf semaines consécutives, avec près de 400.000 cas en moyenne par jour. Bien que certains signes indiquent que les décès ont atteint un plateau, ils restent désastreusement élevés, à environ 30.000 par semaine ou plus de 4.200 par jour.

En Asie de l’Est, les pays qui avaient réussi à contrôler le coronavirus jusqu’à présent sont confrontés à la période la plus grave de la pandémie. Le 4 décembre, la Corée du Sud a enregistré un pic de 5.352 cas et 70 décès en une seule journée. Les infections y connaissent une croissance exponentielle et les décès augmentent rapidement. Plus au sud, le Vietnam et la Thaïlande continuent de lutter contre les récentes vagues.

Malgré ces évolutions, le monde est concentré sur les préoccupations actuelles soulevées par le variant Omicron, hautement muté et transmissible. Aussi mauvais que soit le Delta, les taux d’infection incroyablement rapides causés par Omicron en Afrique du Sud retiennent l’attention du public. D’après les premiers contacts avec ce variant, il dépasse largement tous ses prédécesseurs.

Selon Angelique Coetzee, présidente de l’Association médicale sud-africaine, le chiffre de reproduction effectif (R) d’Omicron a été estimé à plus de six. S’adressant à la BBC, elle a déclaré: «Nous savons actuellement que le virus est transmissible. Selon les scientifiques, la valeur R est de 6,3, je crois». La valeur pour Delta était légèrement supérieure à cinq.

Depuis que les scientifiques y ont détecté l’Omicron pour la première fois le 9 novembre, alors que la moyenne quotidienne n’était que de 266 cas, les taux d’infection en Afrique du Sud ont été multipliés par 32, avec 8.861 nouveaux cas par jour. Les cas doublent tous les trois jours. Cette tendance s’est accompagnée d’une augmentation inquiétante des hospitalisations d’enfants de moins de cinq ans, soulignant le fait que les enfants peuvent non seulement être infectés, mais aussi devenir très malades.

Lors d’une conférence de presse, le Dr Waasila Jassat, spécialiste en médecine de santé publique qui travaille à l’Institut national des maladies transmissibles d’Afrique du Sud, a déclaré: «Pour la plupart de ces jeunes enfants admis, les parents n’ont pas été vaccinés non plus. Je pense donc qu’il faut garder à l’esprit l’importance de la vaccination des adultes et de la protection des enfants dans les foyers».

Les enfants de moins de deux ans représentent environ dix pour cent des admissions à l’hôpital de Tshwane, l’épicentre de l’épidémie d’Omicron en Afrique du Sud. L’incidence des admissions d’enfants de moins de cinq ans n’est dépassée que par celle des personnes âgées de plus de 60 ans. Le Dr Jassat a expliqué qu’on a admis plus de 100 enfants de moins de cinq ans au cours des deux premières semaines de la quatrième vague. Cependant, on a hospitalisé moins de 20 enfants au cours des deux premières semaines de la troisième vague du pays.

Plutôt que de prendre les mesures de santé publique appropriées pour endiguer cette vague massive d’infections, le président sud-africain Cyril Ramaphosa fait pression pour imposer le vaccin obligatoire. Seul un quart de la population du pays se trouve entièrement vacciné. Entre-temps, le ministre de la Santé, Joe Phaala, a tenté de contrôler les messages relatifs à ces développements en assurant le public que même si Omicron est plus transmissible, il est «moins grave».

Le GISAID, qui suit les variants du SRAS-CoV-2 dans le monde, a noté que 35 pays ont jusqu’à présent soumis des séquences confirmant la présence du variant Omicron. L’Afrique du Sud a soumis 228 séquences, ce qui représente près de 80 pour cent de toutes les soumissions. Le Royaume-Uni en a soumis 84, le Ghana 33, les États-Unis 27 et le Botswana 23. Aux États-Unis, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont déclaré que 15 États avaient détecté le variant Omicron.

La Dre Rochelle Walensky, directrice du CDC, a déclaré dimanche sur ABC News: «Nous savons que nous avons plusieurs dizaines de cas, et nous les suivons de près. Et nous entendons parler de plus en plus de cas probables chaque jour, donc ce nombre est susceptible d’augmenter». Et cette déclaration fait suite à l’augmentation constante des cas d’infections causées par le variant Delta.

La classe ouvrière doit considérer le fait que Walensky insiste sur le fait que le SRAS-CoV-2 deviendra endémique aux États-Unis comme une abdication de sa responsabilité de protéger la population. C’est une déclaration politique qui assure à la classe dirigeante que la politique du CDC est alignée sur celle des oligarques financiers. Omicron ne sera pas traité différemment de Delta ou de tout autre variant futur.

En Europe, on a signalé des cas aux Pays-Bas, en Allemagne, au Portugal, en Suisse, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, en Norvège, au Danemark, en Suède, au Luxembourg, en Irlande et en République tchèque. Dans sa note d’évaluation de la menace du 2 décembre 2021, le CDC européen a noté qu’on a confirmé plus de 70 cas par 13 pays de l’Union européenne et de l’Espace économique européen au moment de la rédaction de son rapport. Il s’agit là d’un vaste sous-dénombrement, car on a déjà confirmé plusieurs événements de super-propagation.

Selon un responsable de la santé publique norvégien, lors d’une récente fête de Noël en Norvège où 120 personnes s’étaient jointes aux festivités, plus de la moitié ont été infectées par Omicron. Le Dr Preben Aavitsland a déclaré: «Cette fête a été un événement à forte propagation. Notre hypothèse de travail est qu’au moins la moitié des 120 participants ont été infectés par le variant Omicron pendant la fête. Cela en fait, pour l’instant, la plus grande épidémie d’Omicron en dehors de l’Afrique du Sud.» [C’est nous qui soulignons]

Les CDC européens ont fait la prédiction suivante dans leur mémoire: «… les données préliminaires de l’Afrique du Sud suggèrent qu’elle pourrait avoir un avantage de croissance substantiel par rapport au variant Delta préoccupant (VOC – Variant of Concern). Si tel est le cas, la modélisation mathématique indique que la VOC Omicron devrait être à l’origine de plus de la moitié des infections par le SRAS-CoV-2 dans l’UE/EEE au cours des prochains mois».

Ils ajoutent: «Il y a la présence de multiples mutations dans la protéine de spicule du VOC Omicron. Cela indique une forte probabilité de réduction de l’activité neutralisante des anticorps induite par l’infection ou la vaccination. Les données préliminaires suggèrent que le VOC Omicron pourrait être associé à un risque accru de réinfection en Afrique du Sud». Cette déclaration est basée sur une étude récente menée en Afrique du Sud qui a montré un taux très élevé de réinfection, ce qui implique qu’Omicron peut échapper à l’immunité des infections et des vaccinations précédentes.

Ce qui est moins clair, c’est si l’infection par Omicron produit une gravité moindre, identique ou supérieure à celle de Delta. La responsable technique de l’OMS, la Dre Maria Van Kerkhove, a fait remarquer qu’il était encore trop tôt pour se faire une idée de la gravité de l’infection par Omicron. En général, les enfants et les jeunes adultes présentent des symptômes légers. Les déductions dans les populations qui se trouvent vaccinées ou infectées précédemment par d’autres variants brouilleront les tentatives de concrétisation de ces questions dans la période initiale. Elle a ajouté: «Les premiers rapports indiquaient que les symptômes avaient tendance à être plus légers, mais il est vraiment trop tôt».

Le Dr Mike Ryan, directeur général du programme des urgences sanitaires de l’OMS, s’est fait l’écho de la prudence de sa collègue: «Il faut du temps, malheureusement. Nous l’avons également constaté lors des précédentes vagues de cette pandémie. Lorsque le taux d’incidence augmente, il faut une semaine ou deux pour que cela se traduise par des admissions à l’hôpital et des décès».

En Amérique du Nord, outre les États-Unis, le Mexique et le Canada ont également signalé le nouveau variant. On a découvert des cas également en Asie du Sud-Est, au Japon, au Brésil et en Australie. De l’avis général, il est plus que probable que de nombreux pays qui ne disposent pas de capacités de séquençage complètes abritent Omicron. Il est indéniable que ce nouveau variant se trouve profondément ensemencé dans les communautés du monde entier.

En effet, malgré les inquiétudes soulevées par Omicron, les pays continuent d’adopter une attitude cavalière à l’égard de ces développements, une situation qui pourrait évoluer vers une pandémie à deux souches, Delta et Omicron agissant côte à côte, plutôt que l’une déplaçant l’autre. Comme l’ont fait remarquer de nombreux scientifiques de principe, le recours à une stratégie qui repose uniquement sur la vaccination est à courte vue et irrationnel. Cela revient à demander à la population de se faire vacciner et à espérer que tout ira bien. La logique veut que les marchés boursiers ne soient pas entravés par les risques posés par ces variants mortels pour la population de la planète.

(Article paru en anglais le 6 décembre 2021)

Loading