La pandémie hivernale s’accélère au Canada, alors que le variant Omicron pourrait multiplier les infections par huit

Un membre des Forces armées canadiennes travaillant dans une maison de retraite du Québec. (Ministère canadien de la Défense)

La vague hivernale de la pandémie de la COVID-19 au Canada s’accélère rapidement, l’Ontario et le Québec ayant signalé une forte augmentation des cas ces derniers jours. La propagation du variant Omicron, plus infectieux, menace d’aggraver le danger occasionné par une vague d’infections du variant Delta.

Selon une modélisation publiée vendredi par l’Agence fédérale de la santé publique du Canada (ASPC), les infections pourraient être multipliées par huit, passant du niveau actuel de 3300 infections quotidiennes à 26.500 à la mi-janvier, si Omicron devient le variant dominant et s’avère être trois fois plus transmissible que Delta. L’ASPC a noté que la «transmission accrue» d’Omicron et la possibilité d’une «diminution de la protection aux infections précédentes ou de la vaccination» pourraient être à l’origine de cette augmentation. Soulignant cet avertissement, des chercheurs britanniques ont rapporté vendredi que les personnes qui ont été doublement vaccinées n’ont pratiquement aucune protection contre une infection d’Omicron, et que celles qui ont reçu une dose de rappel n’ont qu’une protection de 75 % contre une infection symptomatique.

Même dans le cas peu probable où la transmission d’Omicron ne s’intensifierait pas et où les taux de transmission resteraient à leur niveau actuel, les modélisateurs de l’ASPC ont estimé que les seules infections de Delta pourraient atteindre 6000 à 7000 par jour le mois prochain.

Malgré ce sombre tableau, les gouvernements fédéral et provinciaux sont déterminés à prolonger leurs politiques de «vivre avec le virus» qui ont tué près de 30.000 Canadiens à ce jour. Ils ignorent cavalièrement le fait que, même avant qu’Omicron ne s’implante au Canada, les experts prévoyaient qu’une vague hivernale d’infections paralyserait des hôpitaux déjà débordés. Leur indifférence à l’égard des conséquences dévastatrices pour la santé de la population ne peut être qualifiée que de criminelle.

Lors d’une conférence de presse vendredi, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a rejeté les terribles projections de modélisation en les qualifiant d’«obstacle», avant de reconnaître que «nous n’en savons toujours pas assez sur le variant Omicron, si ce n’est qu’il semble être très transmissible».

Le Québec a rapporté le total de cas provincial le plus élevé du pays avec plus de 2000 infections vendredi. C’est la première fois que le nombre quotidien de cas dépasse les 2000 depuis janvier, au moment de la deuxième vague dévastatrice.

Les experts prévoient qu’avec sa trajectoire actuelle, le Québec dépassera bientôt le pic hivernal de 3127 nouveaux cas enregistrés le 9 janvier. Avec un taux de reproduction de 1,15, inférieur seulement à celui de la petite province de l’Île-du-Prince-Édouard à 3,06, la croissance de la pandémie au Québec est exponentielle et explosera certainement dans les jours et les semaines à venir. Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) n’a l’intention d’imposer que des restrictions symboliques sur les limites de rassemblement à l’intérieur.

Le ministre de la Santé Christian Dubé a surenchéri sur la rhétorique du «vivre avec le virus» en déclarant que la province était «exactement là où nous devrions être» en réponse à l’augmentation du nombre de nouveaux cas. Insultant l’intelligence des travailleurs québécois, Dubé a souligné la «stabilité relative du nombre d’hospitalisations» et a conclu: «Je pense que nous sommes corrects jusqu’à présent.»

Dans la province voisine de l’Ontario, on observe une augmentation alarmante du nombre de nouveaux cas: 1290 infections ont été enregistrées le 9 décembre, suivies de 1453 autres vendredi. Le nombre d’infections de vendredi représente une augmentation de 41 % par rapport à la semaine précédente et le nombre de cas quotidien est le plus élevé depuis le 23 mai. Depuis plus d’un mois, le nombre de cas est en hausse, et le gouvernement progressiste-conservateur du premier ministre Doug Ford ne fait qu’évoquer du bout des lèvres la catastrophe sociale qui s’annonce, tout en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour que les écoles et les lieux de travail non essentiels restent ouverts afin de garantir les profits des entreprises.

L’Ontario a déjà enregistré plus de 30 cas d’Omicron dans presque tous les bureaux de santé locaux, ce qui laisse penser que le variant se répand largement dans la communauté. Ce total ne comprend pas les cas suspectés d’Omicron en cours d’investigation. Mercredi, Toronto a signalé sa première infection d’Omicron liée à une école, dans des conditions où le nombre d’éclosions de la COVID-19 dans les écoles atteint un niveau record.

Lors de sa conférence de presse, Tam a confirmé que 87 cas d’Omicron ont été confirmés à travers le Canada. Elle a reconnu qu’un nombre croissant de cas d’Omicron n’avaient aucun lien avec des voyages internationaux, soulignant ainsi que la propagation communautaire a commencé.

Malgré le danger que représente Omicron en raison de sa transmissibilité accrue et de sa capacité à échapper à l’immunité vaccinale, les gouvernements fédéral et provinciaux minimisent criminellement la menace. Pratiquement aucune mesure spécifique n’a été adoptée pour bloquer la propagation du nouveau variant, si ce n’est quelques restrictions de voyage symboliques. Cette attitude est conforme à la stratégie «des profits avant la vie» adoptée tout au long de la pandémie par tous les niveaux de gouvernement, des libéraux de Trudeau jusqu’en bas.

Les responsables gouvernementaux et les médias bourgeois encouragent activement une politique barbare consistant à laisser le nouveau variant se répandre. La Dre Caroline Quach-Thanh, membre du Comité d’immunisation du Québec qui conseille le gouvernement provincial, a récemment fait valoir que les doses de rappel pour les personnes de moins de 60 ans n’étaient peut-être pas souhaitables si la COVID-19 contractée par le variant Omicron était «bénigne». Faisant penser à l’un des défenseurs fascistes de la Déclaration de Great Barrington, elle a affirmé: «Peut-être que ce que vous devriez faire, c’est laisser les gens l’attraper et, tant que cela ne provoque pas d’hospitalisations et de décès, cela renforce l’immunité naturellement et cela protégera la population.»

En Ontario, le gouvernement Ford a interrompu indéfiniment son plan de réouverture meurtrier, qui prévoyait la suppression de toutes les restrictions liées à la pandémie, y compris le port du masque obligatoire et les limites de capacité, d’ici mars 2022. Bien que le gouvernement prétende vouloir disposer de plus de temps pour étudier l’impact d’Omicron et de la vague hivernale, il n’a rien fait pour enrayer le pic d’infections qui balaie déjà la province.

Les écoles de l’Ontario sont à l’origine de la flambée actuelle. La majorité des éclosions dans la province sont liées aux écoles, avec un nombre record de 317 éclosions, dont 255 dans des écoles primaires où les enfants âgés de cinq à onze ans viennent de recevoir leur première dose de vaccin. Le gouvernement a été critiqué par les éducateurs et les parents pour avoir retenu des trousses de test rapide qui pourraient empêcher les enfants infectés d’aller à l’école et de contaminer leurs enseignants et leurs camarades de classe.

La Table de consultation scientifique de l’Ontario, qui fournit au gouvernement des conseils d’experts sur la pandémie, a récemment publié une nouvelle modélisation qui montre que les cas et les hospitalisations en Ontario augmenteront rapidement même sans l’entrée du variant Omicron. Le modèle montre que même si 50 % des enfants sont vaccinés d’ici la fin décembre, la province connaîtra 1700 cas par jour à la mi-janvier. Le scénario le plus pessimiste, dans lequel seulement 30 % des enfants sont vaccinés, donnerait lieu à 3000 cas quotidiens et 400 lits de soins intensifs remplis au cours de la même période, ce qui porterait le système de soins de santé à son point de rupture. La situation serait alors presque comparable à celle des vagues de l’hiver et du printemps 2021 qui ont fait des milliers de victimes.

Le 9 décembre, la province maritime du Nouveau-Brunswick a signalé son plus haut total quotidien de 174 nouveaux cas, ainsi que deux décès supplémentaires. Depuis la réouverture des écoles à l’enseignement en présentiel en septembre, le nombre de cas quotidiens est resté à son niveau le plus élevé depuis le début de la pandémie. La province compte seulement 760.000 habitants, soit 5 % de la population de l’Ontario, mais compte 13 % des cas quotidiens de cette dernière.

Le premier ministre progressiste-conservateur Blaine Higgs a admis qu’environ 50 % des nouveaux cas sont liés aux écoles, où les enfants, dont la majorité n’a pas encore reçu une seule dose de vaccin, sont entassés dans des salles de classe mal ventilées.

Bien que la vague hivernale n’en soit qu’à ses débuts, les lieux de travail apparaissent déjà comme un terrain propice à la propagation du virus. À Montréal, le nombre d’infections a augmenté de 50 % au cours des deux dernières semaines, principalement en raison d’éclosions dans les lieux de travail, les écoles et les garderies.

L’unité de santé publique de Montréal a signalé un doublement des infections sur les lieux de travail en une semaine, soit 48 éclosions sur les lieux de travail, le nombre le plus élevé depuis la fin de la troisième vague de la pandémie dans la ville le 8 juin. Au moins 78 cas ont été retracés dans une grande entreprise manufacturière de l’ouest de Montréal, ce qui constitue l’une des plus importantes éclosions à ce jour.

Dans le reste du pays, les nouveaux cas, les hospitalisations et les décès restent relativement stables. Toutefois, comme le montre l’expérience de l’Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick, une reprise rapide des infections n’est qu’une question de temps. D’importants pics d’infections et d’hospitalisations sont enregistrés dans les États du nord des États-Unis, juste de l’autre côté de la frontière.

D’autres gouvernements provinciaux du pays sont allés encore plus loin que l’Ontario et le Québec dans le démantèlement des mesures de santé publique. En Alberta et en Colombie-Britannique, une vague mortelle d’infections a frappé à la fin de l’été et au début de l’automne. Pendant la majeure partie des mois d’octobre et de novembre, ces deux provinces ont été en tête du pays pour le nombre d’hospitalisations et de décès, sous-produit des politiques du «vivre avec le virus» mises en œuvre par les gouvernements du Parti conservateur uni et du Nouveau Parti démocratique, qui reviennent en fait à poursuivre une stratégie d’immunité collective.

(Article paru en anglais le 11 décembre 2021)

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