Le sommet des ministres des Affaires étrangères du G7 à Liverpool menace la Russie et la Chine

Un sommet des ministres des Affaires étrangères des puissances impérialistes du G7 à Liverpool, en Grande-Bretagne, s’est terminé hier par la publication d’un communiqué belliqueux qui menace à la fois la Russie et la Chine. Les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, de l’Allemagne, du Japon, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie et du Canada ont dénoncé la Russie, menaçant le pays de «conséquences massives» parce qu’il préparait prétendument l’invasion de l’Ukraine.

«La Russie ne doit avoir aucun doute sur le fait qu’une nouvelle agression militaire contre l’Ukraine aurait des conséquences massives et un coût sévère», indique le communiqué du sommet. Il ajoute: «Nous réaffirmons notre engagement inébranlable envers la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi que le droit de tout État souverain à déterminer son propre avenir».

La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, au centre gauche, anime une session plénière du sommet du G7 des ministres des Affaires étrangères et du Développement à Liverpool, en Angleterre, le dimanche 12 décembre 2021 (Olivier Douliery/Pool via AP)

Le communiqué dénonce également la Chine, déclarant: «Concernant la Chine, nous avons discuté d’une série de questions et de défis, tels que les situations à Hong Kong et au Xinjiang, dans les mers de Chine orientale et méridionale et l’importance de la paix et de la stabilité à travers le détroit de Taïwan… Nous avons également exprimé notre préoccupation concernant les politiques économiques coercitives».

Le communiqué est une provocation politique irréfléchie qui équivaut à une menace de guerre à peine voilée contre la Russie et la Chine, qui sont toutes deux de grandes puissances dotées de l’arme nucléaire. Au cours des dernières semaines, les agences de renseignement américaines ont émis des affirmations très diverses, allant de 94.000 à 175.000 soldats, sur le nombre de troupes que la Russie est censée rassembler près de la frontière ukrainienne. Dans le même temps, les États-Unis arment l’Ukraine d’un vaste arsenal de missiles qui peuvent facilement atteindre Moscou et prévoient d’admettre l’Ukraine dans l’alliance de l’OTAN.

La posture du G7 en tant que défenseur de la paix et de la démocratie contre la Russie est une fraude. Les troupes que la Russie déploie se trouvent à l’intérieur de ses frontières, tandis que Washington et ses alliés mettent en place un puissant arsenal à la porte même de la Russie, qui pourrait déclencher une attaque dévastatrice contre Moscou.

Quant à la Chine, elle se trouve face à une campagne médiatique de diffamation qui l’accuse de mentir sur les origines de la COVID-19, de mener un génocide des Ouïghours au Xinjiang et d’attaquer la liberté de navigation des navires de guerre américains et alliés au large des côtes chinoises. Il s’agit, là encore, de mensonges à caractère politique.

La Chine cherche à mettre en œuvre une politique d’élimination de la propagation de la COVID-19 qui a permis de limiter la pandémie à 100.000 cas et moins de 5.000 décès. Les pays du G7, en revanche, ont mis en œuvre une politique qui consiste à «vivre avec le virus» qui a conduit à plus de 85 millions de cas et à un peu moins de 1,4 million de décès dus à la COVID-19. Si le régime chinois avait voulu commettre un génocide des Ouïghours, il aurait simplement pu utiliser au Xinjiang les politiques que les pays du G7 ont mises en œuvre, avec un mépris flagrant pour la vie humaine, contre leurs propres populations.

Le communiqué du sommet de Liverpool a servi à aligner le G7 sur la violente propagande de guerre qui émane de Washington et de l’alliance de l’OTAN, notamment contre la Russie. Alors que les décès dus à la COVID-19 s’accumulent dans les pays du G7 au rythme actuel de 2.500 par jour, les dénonciations de la Russie et de la Chine deviennent de plus en plus hystériques et déséquilibrées.

La semaine dernière, le sénateur américain Roger Wicker a insisté sur le fait que les États-Unis doivent être prêts à lancer une guerre nucléaire avec la Russie et un assaut terrestre. «Une action militaire pourrait signifier que nous nous tenons à distance avec nos navires dans la mer Noire, et que nous semons la destruction sur la capacité militaire russe», a-t-il déclaré. Il a ajouté: «Cela pourrait signifier que nous participons, et je ne l’exclurais pas, je n’exclurais pas la présence de troupes américaines au sol. Nous n’excluons pas une action nucléaire offensive».

Il a ajouté que des troupes américaines des États de Californie et du Mississippi sont déjà en Ukraine.

Samedi, le président Joe Biden a déclaré que, lors d’un appel téléphonique la semaine dernière, il avait «clairement fait comprendre au [président russe Vladimir] Poutine […] que s’il agit contre l’Ukraine, les conséquences économiques pour son économie seront dévastatrices, dévastatrices». Cette déclaration faisait suite à la promesse faite par Biden la semaine dernière de déployer des troupes américaines dans les pays de l’OTAN en Europe de l’Est si la Russie mène ce que Washington déclare être une action hostile contre l’Ukraine.

À Liverpool dimanche, la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, s’est vantée que le G7 était uni autour de telles menaces contre la Russie. «Ce que nous avons montré ce week-end, c’est que les plus grandes économies du monde sont unies», a-t-elle déclaré. «Nous avons envoyé un signal puissant à nos adversaires et à nos alliés. Nous avons été clairs sur le fait que toute incursion de la Russie en Ukraine aurait des conséquences massives pour lesquelles il y aurait un coût sévère».

Truss a également averti l’Iran que les discussions à Vienne sont sa «dernière chance de se trouver à la table des négociations avec une résolution sérieuse», depuis que le gouvernement Trump a unilatéralement mis au rebut le traité nucléaire iranien de 2015 négocié avec Washington, les puissances européennes, la Russie et la Chine.

Dénonçant les prétendues «politiques économiques coercitives» de la Chine en Afrique et au Moyen-Orient, Truss a annoncé une initiative d’investissement «Build Back Better World» pour concurrencer le commerce chinois dans ces régions. «Et ce que nous voulons faire, c’est construire l’investissement, atteindre la portée du commerce économique des démocraties de même esprit, éprises de liberté», a déclaré Truss. «C’est pourquoi nous intensifions nos investissements dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.»

En réalité, le conflit sur l’Ukraine est lié à l’aggravation de la crise à la fois des politiques COVID-19 des puissances du G7 et de leurs guerres de plusieurs décennies au Moyen-Orient. Le commerce chinois joue un rôle de plus en plus central dans l’économie de pays comme l’Irak, l’Afghanistan et la Syrie qui ont été dévastés et ont perdu des millions de vies dans les guerres menées par les États-Unis. C’est après que la Russie soit intervenue aux côtés de l’Iran pour bloquer l’action militaire américaine qui visait à renverser le président syrien Bachar al-Assad en 2013 que Washington a soutenu le coup d’État de février 2014 en Ukraine.

Ce coup d’État a renversé le président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch, portant au pouvoir un régime d’extrême droite comprenant le parti Svoboda, que l’Union européenne a condamné en 2012 pour ses opinions racistes et antisémites. Il s’est engagé à interdire la langue russe et à assassiner les Russes ethniques. Tandis que les milices d’extrême droite lançaient des assauts dans les zones russophones de l’est de l’Ukraine, comme le Donbass et la Crimée, ces régions ont voté pour la sécession.

Dans un contexte où les morts causées par la COVID-19 s’accumulent en Europe de l’Est et au sein même des puissances impérialistes, les pays du G7 donnent le feu vert au régime d’extrême droite en Ukraine pour qu’il agisse plus agressivement et fomente une crise politique explosive avec la Russie.

Le mois dernier, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a catégoriquement démenti les allégations de l’OTAN selon lesquelles la Russie planifierait une invasion terrestre de l’Ukraine. «La Russie ne menace personne. Le mouvement des troupes sur notre territoire ne devrait inquiéter personne», a déclaré Peskov. «Nous prenons des mesures pour assurer notre sécurité lorsque nos adversaires entreprennent des actions de défi près de nos frontières.»

En même temps, le ministère russe de la Défense a accusé Washington d’encourager le régime d’extrême droite de Kiev à attaquer à nouveau l’est de l’Ukraine. Qualifiant l’activité militaire américaine dans la région de la mer Noire autour de l’Ukraine de «menace pour la sécurité régionale et la stabilité stratégique», c’est-à-dire des actions qui pourraient provoquer une guerre, il a déclaré: «Le véritable objectif derrière les activités américaines dans la région de la mer Noire est d’explorer le théâtre d’opérations au cas où Kiev tenterait de régler le conflit dans le sud-est par la force».

Des avertissements urgents s’imposent. Face à une nouvelle vague de la COVID-19, alors que l’ensemble de l’alliance de l’OTAN a subi près de 2 millions de décès dus à la maladie, les puissances de l’OTAN poursuivent une politique meurtrière pour «vivre avec le virus». Profondément déstabilisées, elles cherchent en même temps des cibles extérieures contre lesquelles se déchaîner, espérant les transformer en cibles d’une colère croissante. Dans ces conditions, la question décisive est de mobiliser la classe ouvrière dans un mouvement international contre la guerre et pour une politique scientifique qui vise à éliminer le virus et à mettre fin à la pandémie de COVID-19.

(Article paru en anglais le 13 décembre 2021)

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