Perspectives

Les gouvernements refusent d’agir alors que le variant Omicron se répand dans le monde entier

Le variant Omicron se répand avec une extrême rapidité dans le monde entier et devrait devenir le variant dominant dans de nombreux pays d’ici la fin de l’année. Ce variant a généré un énorme pic de cas en Afrique du Sud, d’où il semble être originaire, ainsi qu’au Royaume-Uni, au Danemark, en Norvège et dans d’autres pays européens. C’est déjà la souche dominante à Londres.

Aux États-Unis, où le bilan officiel de la pandémie a dépassé les 800.000 morts au cours des deux dernières années, les nouveaux cas sont en forte hausse à New York, dans le New Hampshire, dans le Connecticut et dans d’autres États. Dans l’État de New York, Omicron représente déjà 13 pour cent de l’ensemble des cas et est responsable d’une épidémie massive parmi les étudiants entièrement vaccinés de l’université Cornell à Ithaca, qui a été contrainte d’interrompre les cours en présentiel.

La réponse des principaux pays capitalistes à ce «tsunami» en développement – essentiellement, rien – témoigne d’un niveau d’irresponsabilité criminelle stupéfiant. Ce que l’on sait du variant jusqu’à présent montre clairement qu’une action urgente est nécessaire.

Des médecins qui portant des combinaisons spéciales pour se protéger du coronavirus traitent des patients atteints de la COVID dans l’unité de soins intensifs d’un hôpital de Volgograd, en Russie, le dimanche 21 novembre 2021. (AP Photo/Alexandr Kulikov)

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré mardi qu’«Omicron se propage à un rythme que nous n’avons jamais vu avec aucun variant précédent». Il a condamné les affirmations des médias américains et internationaux selon lesquelles le nouveau variant serait «bénin» et donc sans danger. «Nous nous trouvons préoccupés par le fait que certains considèrent Omicron comme bénin», a-t-il déclaré. «Nous sous-estimons ce virus à nos risques et périls. Même si Omicron provoque une maladie moins grave, le simple nombre de cas pourrait une fois de plus submerger des systèmes de santé non préparés.»

La Dre Maria Van Kerkhove, responsable technique de la COVID-19 à l’OMS, s’est fait l’écho des commentaires du directeur général et a condamné l’approche «uniquement vaccinale» de la pandémie adoptée par les États-Unis et d’autres pays d’Amérique et d’Europe. «Je pense que nous faisons face à un tsunami d’infections dans le monde, à la fois Delta et Omicron… La vaccination seule ne suffit pas. La vaccination prévient les maladies graves et la mort, mais elle ne prévient pas complètement l’infection».

Comme les scientifiques n’ont cessé de le répéter, même si le variant Omicron s’avère être un peu moins mortel – ce qui reste à confirmer – l’ampleur même des cas signifie que les hospitalisations et les décès vont augmenter de manière brutale et catastrophique.

En plus d’être extrêmement infectieux, le variant Omicron semble avoir un impact plus grave sur les enfants que les souches précédentes.

Le ministre sud-africain de la Santé, Joe Phaahla, a indiqué que 5 pour cent des enfants infectés par le variant Omicron ont été hospitalisés, contre seulement 0,05 pour cent des cas de COVID-19 parmi les enfants actuellement hospitalisés au Royaume-Uni.

Les admissions à l’hôpital à Gauteng, en Afrique du Sud, ont augmenté de 45 % par rapport aux niveaux observés lors du pic précédent. À Tshwane, en Afrique du Sud, l’épicentre initial de l’épidémie Omicron, plus de 100 enfants de moins de deux ans ont été admis à l’hôpital, soit le plus grand nombre de tous les groupes d’âge.

Le variant Omicron est en outre résistant aux vaccins. Une nouvelle étude publiée mardi montre que les trois vaccins autorisés aux États-Unis (Moderna, Pfizer et Johnson & Johnson) offrent une protection nettement inférieure. Les données les plus récentes en provenance d’Afrique du Sud ont révélé que deux injections du vaccin Pfizer n’offraient qu’une efficacité de 33 pour cent contre les infections symptomatiques et une protection de 70 pour cent seulement contre l’hospitalisation, soit des baisses substantielles par rapport à tous les variants précédents.

Étant donné que seulement 5 pour cent de la population mondiale ont reçu un rappel et qu’environ 46 pour cent ont reçu deux doses, la grande majorité de la population mondiale est désormais exposée à des infections symptomatiques et à une hospitalisation potentielle dues à Omicron.

Face à ce désastre, les gouvernements continuent de rejeter les mesures vitales pour arrêter la propagation de la COVID-19. Le premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré mercredi qu’il n’y avait «aucun plan» pour de nouvelles fermetures, faisant écho à l’insistance de Biden sur le fait qu’il n’y aurait «aucun confinement» en réponse à Omicron.

Aucune restriction n’est imposée aux voyages intérieurs pour les fêtes de fin d’année, malgré les dangers connus du transport aérien. Selon l’AAA, environ 6,4 millions de personnes devraient prendre l’avion pour les prochaines vacances, soit trois fois plus que l’année dernière. Aux États-Unis, il n’y a aucune obligation pour les passagers de se faire vacciner et la plupart d’entre eux porteront des masques chirurgicaux ou des masques en tissu insuffisamment efficaces, créant ainsi les conditions propices à des événements de super-propagation et facilitant la croissance exponentielle des cas d’Omicron.

L’indifférence des classes dirigeantes à l’égard de la mort de masse a été exposée dans un éditorial du New York Times publié vendredi, intitulé: «Covid est là pour de bon. Il est temps que nous commencions à agir en conséquence».

Le Times, en accord avec les politiques du gouvernement Biden, a demandé la fin de la mise en quarantaine des enfants exposés à la COVID-19. «Il est logique de permettre aux travailleurs et aux étudiants d’éviter le confinement ou de tester pour en sortir beaucoup plus rapidement.» Le Times a condamné le port universel du masque dans les écoles, déclarant: «Personne ne veut forcer de jeunes enfants à porter un masque plusieurs heures par jour, indéfiniment».

Au lieu d’agir pour prévenir l’émergence du variant Omicron, le gouvernement Biden s’est déclaré opposé à la fermeture des écoles et des entreprises non essentielles, déclarant que son plan «n’inclut ni de fermetures ni des confinements, mais des vaccinations et des rappels généralisés».

L’émergence du variant Omicron a lui-même démasqué l’échec de la stratégie du «vaccin seul» pour arrêter la pandémie, et l’augmentation massive des cas dans le monde entier a totalement discrédité les affirmations selon lesquelles le variant Omicron ne nécessite aucun changement de politique.

Et Omicron n’est pas la fin. L’évolution rapide et la forte transmissibilité du dernier «variant préoccupant» signifie que le prochain évoluera probablement encore plus rapidement. Tant que le virus continuera à se propager, il y aura une menace permanente d’émergence de nouvelles souches plus virulentes, résistantes aux vaccins et potentiellement mortelles.

La situation s’aggrave de jour en jour, et une nouvelle stratégie est nécessaire! Comme le World Socialist Web Site l’a écrit le 6 décembre:

La COVID-19 peut être éliminée et même éradiquée par la mise en œuvre de mesures sanitaires urgentes. Cela signifie la création d’un programme massif de billions de dollars pour permettre la fermeture des écoles et des entreprises non essentielles, l’investissement dans les tests, la recherche des contacts et des installations de quarantaine sûres. Il faut un programme mondial pour la vaccination rapide du monde entier et pour la fourniture de masques de haute qualité, N95, FFP2 ou meilleurs, et d’autres protections contre les aérosols sur tous les lieux de travail essentiels.

Le World Socialist Web Site et les Partis de l’égalité socialiste affiliés au Comité international de la Quatrième Internationale ont lancé l’Enquête ouvrière mondiale sur la pandémie de COVID-19. L’enquête examinera et réfutera tous les mensonges promus par les gouvernements et les médias au cours des deux dernières années, une partie essentielle du développement au sein de la classe ouvrière d’une compréhension de ce qui s’est passé et de ce qui doit être fait.

L’Enquête doit être conjuguée à l’organisation et à la mobilisation de la classe ouvrière internationale en tant que force indépendante, par la formation de comités de base dans chaque lieu de travail et chaque quartier. Un changement de politique ne sera pas réalisé sans un mouvement social et politique massif pour exiger une stratégie d’élimination et d’éradication mondiale.

(Article paru en anglais le 16 décembre 2021)

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