Le record du nombre de cas quotidien battu deux fois de suite

Le Royaume-Uni annonce 88.000 cas de COVID en 24 heures

Le variant Omicron de COVID s’attaque à la population britannique avec une rapidité extraordinaire. Au cours des 48 dernières heures, le nombre record de cas quotidiens de COVID a été battu deux fois.

Le premier ministre Boris Johnson (à droite) tient une conférence de presse sur la Covid-19 aux côtés de Chris Whitty, médecin-chef, dans la salle de presse de Downing Street, le 15/12/2021. (Photo de Simon Dawson /No 10 Downing Street/FlickR)

Jeudi, on a établi un nouveau record, les infections augmentant de près de 10.000 personnes supplémentaires pour atteindre 88.376 cas, soit une hausse de 31,4 pour cent sur la semaine. Les 78.610 cas recensés mercredi étaient déjà supérieurs de plus de 10.000 au précédent record (68.192) établi le 8 janvier lorsque la pandémie a atteint son apogée l’hiver dernier.

Mercredi, le Royaume-Uni a également franchi le cap des 11 millions de cas de COVID, devenant ainsi le quatrième pays au monde à atteindre ce chiffre. Omicron a été détecté au Royaume-Uni le 27 novembre. Deux jours auparavant, la Grande-Bretagne avait enregistré sa 10 millionième infection à la COVID. Il n’a fallu que trois semaines pour qu’un autre million de personnes soient infectées.

Le ministre de la Santé, Sajid Javid, a révélé lundi que les modélisateurs estiment que le nombre réel d’infections par Omicron pouvait atteindre 200.000 ce jour-là. Selon d’autres prévisions, le Royaume-Uni pourrait bientôt connaître jusqu’à un million d’infections par jour. L’augmentation du nombre d’infections cette semaine indique que ces scénarios horribles pourraient devenir une réalité dans quelques jours.

Plus de 16 pour cent de la population britannique ont été infectés par la COVID, et seuls trois autres pays comptent plus de cas: les États-Unis, l’Inde et le Brésil. Le Royaume-Uni a une population beaucoup plus petite, seulement 68,4 millions d’habitants. Ses 160.959 cas par million d’habitants représentent un taux plus élevé que ces trois pays et les 18 autres pays qui ont enregistré le plus de cas dans le monde.

Au début de la semaine, Omicron a pris le dessus sur Delta pour devenir la souche la plus dominante de la COVID à Londres, qui compte environ 10 millions d’habitants. Mercredi, elle est devenue dominante à Manchester, au centre d’une conurbation de 3 millions d’habitants.

La propagation rapide d’Omicron dépasse de loin celle de toutes les autres souches. L’Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA) a confirmé 11.708 cas de la mutation jusqu’à présent, soit 1.691 de plus que mercredi et comparativement à 437 cas il y a une semaine. Jeudi, la Dre Susan Hopkins, conseillère médicale en chef de l’UKHSA, a répondu aux questions des députés sur le taux de reproduction d’Omicron en Grande-Bretagne: «des estimations très générales entre 3 et 5 pour le moment». Cela signifie que chaque personne infectée transmet le virus à trois à cinq autres personnes.

Le Royaume-Uni continue de signaler plus de 100 décès dus à la COVID par jour. Selon l’Office for National Statistics, 172.695 personnes sont décédées lorsque la maladie est mentionnée sur un certificat de décès. Ce chiffre est nettement supérieur aux 146.937 décès recensés par le gouvernement, qui ne prend en compte que les décès survenus 28 jours après un test positif. Parmi les décès, on compte ceux de 17 femmes enceintes, soit une augmentation de 50 % de la mortalité maternelle. Jeudi, le Comité mixte pour la vaccination et l’immunisation a annoncé que les femmes enceintes seraient placées dans un groupe prioritaire pour recevoir une vaccination.

Cette semaine, on a signalé le premier décès confirmé dans le monde dû au variant Omicron en Grande-Bretagne. Si la gravité d’Omicron en termes de décès n’est pas encore totalement déterminée, la science est claire: la transmissibilité d’Omicron signifie que le simple nombre d’hospitalisations doit inévitablement se traduire par une augmentation des décès dus à la COVID.

Reuters a rapporté jeudi que, selon des recherches menées par des scientifiques de Hong Kong, «par rapport au variant antérieur Delta, Omicron se multiplie 70 fois plus rapidement dans les tissus qui bordent les voies respiratoires, ce qui ne peut que faciliter la propagation de personne à personne…»

Le gouvernement du premier ministre Boris Johnson ne fait pratiquement rien pour combattre Omicron dans la continuité de son programme d’immunité collective. Le seul objectif du gouvernement est de protéger les profits des grandes entreprises. Proposant uniquement de «ralentir la propagation d’Omicron» et de «réduire les dommages qu’Omicron peut nous causer», Boris Johnson a appelé mercredi à «renforcer nos défenses vaccinales» en disant à chacun d’avoir «son vaccin de rappel maintenant». On a présenté quelques mesures inefficaces du «plan B» cette semaine, dont des recommandations pour travailler à domicile à partir de lundi et l’obligation de porter un masque dans tous les lieux fermés, à l’exception des pubs et des restaurants. Comme ces mesures, la campagne de rappel, dans des conditions où il est déjà prouvé qu’Omicron résiste aux vaccins, ne fera rien ou presque pour arrêter la propagation du virus, si l’économie reste pleinement ouverte, de même que les réseaux de transport public et les écoles où pas une seule mesure d’atténuation n’est en place.

Jeudi, s’exprimant dans un centre de vaccination du Kent, Johnson a déclaré qu’il n’envisageait pas un confinement. Mais c’est précisément la seule mesure susceptible d’arrêter la propagation du virus, ainsi que les autres mesures d’atténuation requises et un système de suivi, de traçabilité et de test opérationnel, dont le Royaume-Uni ne dispose pas. «Si vous voulez vous rendre à un événement ou à une fête, la chose raisonnable à faire, si c’est une priorité… est de faire un test et de vous assurer que vous êtes prudent. Mais nous ne disons pas que nous voulons annuler des choses, nous ne faisons pas de fermetures, et le chemin le plus rapide pour revenir à la normale est d’avoir sa piqûre de rappel.»

Bien que le gouvernement fasse tout pour assurer la poursuite des événements de masse comme les matchs sportifs, le nombre croissant d’infections chez les joueurs et le personnel a déjà forcé l’annulation de 50 pour cent des matchs du Premier League de football ce week-end.

Lors de la conférence de presse de mercredi, le médecin en chef Chris Whitty a déclaré à propos d’Omicron: «Il s’agit d’une menace vraiment sérieuse pour le moment. Sérieuse à quel point: il y a plusieurs choses que nous ne savons pas, mais toutes les choses que nous savons sont mauvaises».

Aucune déclaration ne résume mieux la criminalité du gouvernement. Pas plus tard que la semaine dernière, Whitty a déclaré à tout le monde que la première «réalité» avec Omicron était «une bonne réalité» – car il infectait les jeunes plus que quiconque!

Jeudi, devant une commission parlementaire, Whitty a fait des remarques qui confirment cette déclaration qui fait froid dans le dos: «J’ai bien peur que nous devions être réalistes et que les records soient souvent battus au cours des prochaines semaines, car les taux continuent d’augmenter.»

Whitty affirme être parfaitement consciente que 5 pour cent des enfants infectés par le variant Omicron ont été hospitalisés en Afrique du Sud. Ces derniers jours, les résultats de la politique sadique de Johnson consistant à garder les écoles ouvertes sont apparus clairement, avec une augmentation des absences dues à la COVID et des hospitalisations parmi les écoliers.

La COVID a tué 119 enfants en Grande-Bretagne. Selon les chiffres officiels publiés mardi, 65 enfants ont été hospitalisés en raison de la COVID en Angleterre au cours des 24 heures précédentes – le pire bilan depuis le début de la pandémie.

Les chiffres rassemblés et diffusés sur Twitter par la membre du groupe de campagne Safe Ed for All (Une éducation sûre pour tous), @TigressEllie, témoignent de la terrible situation dans les écoles. Mercredi, Tigress a tweeté: «Il y a maintenant 100.068 cas depuis le 1er septembre [date de la rentrée scolaire en Angleterre] chez les enfants. Plus des deux tiers du total des cas d’enfants ont eu lieu ce trimestre. Les écoles ne sont pas sûres». Le même jour, elle a publié des chiffres concernant la fréquentation scolaire, le 14 décembre: 12.000 enseignants étaient «absents à cause de la Covid; 10.500 autres membres du personnel éducatif étaient absents à cause de la Covid; 236.000 élèves étaient absents à cause de la Covid».

Aucun des crimes perpétrés par le Parti conservateur n’aurait été possible sans le soutien politique vital de l’«opposition constructive» fournie par le Parti travailliste et les syndicats, qui répriment toute opposition à Johnson de la part de la classe ouvrière. Cette semaine, les travaillistes ont soutenu les mesures COVID pathétiques de Johnson, le chef du parti, sir Keir Starmer, déclarant qu’il le faisait dans «l’intérêt national». Le Parti travailliste est un «parti patriotique et il est de notre devoir patriotique de voter pour ces mesures afin de s’assurer qu’elles soient adoptées. Ce faisant, nous soutenons le NHS [National Health Service] et notre pays», c’est-à-dire les intérêts de l’État capitaliste, des grandes entreprises et des super-riches.

(Article paru en anglais le 17décembre 2021)

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