Le gouvernement allemand refuse de prendre des mesures pour éviter la catastrophe d’Omicron

L’inaction criminelle des gouvernements européens a permis au variant Omicron du coronavirus, hautement contagieux et partiellement résistant aux vaccins, de se répandre sur le continent. À ce jour, le gouvernement allemand refuse de prendre la moindre mesure pour prévenir la catastrophe qui s’annonce.

Mercredi dernier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré qu’Omicron deviendrait le variant dominant sur le continent «d’ici la mi-janvier». Depuis lors, entre le 16 et le 19 décembre, on a confirmé 1.533 cas Omicron dans l’Union européenne et l’Espace économique européen, selon le Centre européen de prévention et contrôle des maladies (ECDC). Cela signifie que sur les 4.691 cas totaux d’Omicron signalés dans 28 pays européens à ce jour, un cas sur trois est survenu au cours des derniers jours.

Le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz (deuxième à gauche) présente les ministres de son parti social-démocrate (SPD) (AP Photo/Markus Schreiber)

La propagation exponentielle d’Omicron vient s’ajouter à celui du variant Delta, qui a infecté environ 2,5 millions de personnes en Europe et tué 25.000 personnes au cours de la semaine écoulée. L’Allemagne compte actuellement le plus grand nombre de décès dus au COVID-19 en Europe occidentale, avec plus de 370 personnes mourant chaque jour et des hôpitaux complètement à bout de souffle.

Selon l’Institut Robert Koch (RKI, l’agence allemande chargée du contrôle des maladies), on a déjà détecté le variant Omicron dans tous les Lands allemands, à l’exception du Mecklembourg-Poméranie occidentale. La part officielle du nombre total d’infections se trouve déjà multipliée par six, passant de 0,1 à 0,6 pour cent au cours de la première semaine de décembre, et elle sera bien plus élevée à l’heure actuelle. Les chiffres réels sont certainement encore plus élevés, car seulement 1,3 pour cent des tests PCR positifs sont soumis au séquençage génomique nécessaire pour identifier Omicron.

Tous les médecins et scientifiques sérieux avertissent que la propagation sans entrave d’Omicron menace de déclencher une mortalité massive qui éclipse de loin tout ce qu’on a vu avant et pendant la pandémie.

Carsten Watzl, secrétaire général de la Société allemande d’immunologie, a averti dans l’Augsburger Allgemeineque «même après un rappel de vaccin, la protection contre l’infection par Omicron pourrait n’être que d’environ 75 pour cent des cas». En outre, on ne pouvait pas supposer qu’Omicron est «plus inoffensif» que le variant Delta, a souligné Watzl. Vendredi, une étude de l’Imperial College britannique n’avait trouvé «aucune preuve» de cette affirmation largement diffusée.

L’hebdomadaire national Zeitparle d’une «vague d’une force sans précédent», dont la courbe de croissance a la forme d’un «mur». L’Association allemande des hôpitaux craint une situation qui «dépasse tout ce que nous avons connu jusqu’à présent» et menace d’arriver «avant que le taux d’occupation actuellement élevé des unités de soins intensifs n’ait sensiblement baissé.» Déjà, les crématoriums mettent en place des équipes supplémentaires, et l’armée transporte par avion des patients en soins intensifs à travers le pays pour trouver des lits.

Malgré cette évolution catastrophique, le gouvernement allemand s’en tient à sa politique meurtrière d’infection de masse, insistant sur le fait qu’il n’y aura pas d’arrêt de la vie publique pour sauver des vies, même brièvement. Peu avant les vacances de Noël, lorsque les familles se réunissent traditionnellement, les enfants doivent continuer à fréquenter des écoles dangereuses et les travailleurs des usines dangereuses, quel qu’en soit le coût, afin de générer un maximum de profits pour l’oligarchie capitaliste.

S’adressant à «Bericht aus Berlin» dimanche soir, le nouveau ministre de la Santé, Karl Lauterbach (sociaux-démocrates, SPD), a déclaré: «Un confinement comme aux Pays-Bas avant Noël — nous n’aurons pas cela ici». Dans une interview exclusive accordée à la chaîne notoirement de droite Bild, il a ajouté qu’il n’y aurait pas de «confinement dur» même après Noël. Il n’y aura pas non plus ni «pause de Noël», ni même de «confinement limité à une région».

Au lieu de cela, selon Lauterbach, la population «doit se préparer» à connaître des taux de cas élevés «début janvier au plus tard».

«Omicron est là et va se propager», a-t-il déclaré. «On ne peut pas arrêter cette évolution».

Le sommet du gouvernement fédéral avec ceux des Lands, qui s’est tenu hier, a rejeté d’emblée tout confinement. Sa résolution ne prévoyait pas de nouvelles restrictions. Ni pour les usines et les entreprises, ni pour une fermeture anticipée des garderies. Lundi, le vice-chancelier et ministre de l’Économie Robert Habeck (Parti vert) a également rejeté tout «lockdown qui affecterait les écoles, les garderies et les événements culturels».

La résolution précise que si les clubs et discothèques seront temporairement fermés, les restaurants resteront ouverts. Dans les ménages privés — où les restrictions sont impossibles à appliquer — une restriction de contact d’un «maximum de 10 personnes vaccinées ou guéries» s’appliquera à partir du 28 décembre, à l’exclusion des enfants de moins de 14 ans.

Il est significatif que le RKI ait publié le même jour des «modifications stratégiques» à son plan de contrôle de la pandémie, exigeant «un maximum de réduction des contacts» et «un maximum de mesures de prévention des infections», qui devaient «commencer immédiatement». Selon le magazine d’information Der Spiegelet le tabloïd Bild, le ministre de la Santé Lauterbach et le chancelier Olaf Scholz (SPD) ont réagi «avec colère» à ces demandes qui n’avaient «pas été coordonnées» avec le gouvernement.

Le gouvernement fédéral et les gouvernements des Länder connaissent parfaitement les conséquences mortelles de leur inaction criminelle. Le conseil d’experts mis en place spécifiquement par la nouvelle coalition gouvernementale, qui comprend aussi bien des scientifiques sérieux que des défenseurs de l’immunité collective pro-gouvernementaux, a publié dimanche un document qui parle de «défis énormes» pour la gouvernance et d’une «nouvelle dimension» de la situation pandémique.

Cette déclaration, adoptée à l’unanimité par les 19 scientifiques, affirme:

Si la propagation du variant Omicron en Allemagne devait se poursuivre de cette manière, une partie importante de la population serait simultanément malade et/ou en quarantaine. Cela mettrait à rude épreuve le système de santé et l'ensemble des infrastructures critiques de notre pays. D'autres effets collatéraux sont à prévoir, en particulier dans la population active, notamment en raison de la nécessité de s'occuper des enfants ou des personnes ayant besoin d'une assistance médicale.

Le document brosse le tableau d’une situation catastrophique que l’Allemagne n’a pas connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale:

L’augmentation rapide des taux d’incidence fait peser un risque élevé sur les infrastructures essentielles de l’Allemagne. Il s’agit notamment des hôpitaux, de la police, des services d’incendie, des services de secours, des télécommunications, de l’approvisionnement en électricité et en eau et de la logistique correspondante. Par conséquent, des préparatifs complets et immédiats sont nécessaires pour protéger les infrastructures critiques de notre pays.

En ce qui concerne la situation déjà dramatique dans les hôpitaux, qui sera exacerbée par Omicron, le document indique que:

En raison du volume extrême et simultané de patients, on doit s’attendre à une surcharge importante des hôpitaux (…). Même si tous les hôpitaux se concentrent exclusivement sur les soins d’urgence et les interventions urgentes, il est impossible de fournir des soins qualitativement adéquats à tous les patients. Le transfert stratégique des patients ne pourra plus contribuer de manière significative au soulagement des régions en raison de la charge élevée attendue dans tous les domaines.

La propagation explosive du variant Omicron et les politiques gouvernementales de lutte contre la pandémie axées sur le profit confirment la perspective du World Socialist Web Site. La pandémie n’est pas un problème purement médical, mais plutôt le résultat de politiques délibérées qui font passer le profit d’une élite financière étroite et la stabilité des marchés financiers avant la santé et la vie de millions de personnes. Le refus du nouveau gouvernement allemand de fermer les écoles et les entreprises, ne serait-ce que quelques jours, doit servir d’avertissement et de réveil aux travailleurs.

Un programme d’action coordonné au niveau international est nécessaire, dans lequel l’économie est réduite à ses éléments essentiels avec une compensation salariale complète pour les personnes touchées. Les fermetures d’écoles, de garderies et de commerces doivent être accompagnées de tests de masse complets; de mesures systématiques de quarantaine et d’isolement dont le but est d’éliminer le coronavirus à l’échelle mondiale ; le tout financé par l’expropriation des profiteurs de la pandémie.

Le réseau des Comités de base pour une éducation sûre en Allemagne a tenu une réunion en ligne hier pour discuter de cette perspective et organiser la lutte contre la pandémie.

(Article paru d’abord en anglais le 22décembre 2021)

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