Les scientifiques dénoncent l’inaction sanitaire de Macron face à Omicron

La politique arrêtée par Macron cette semaine, qui s’appuie quasi exclusivement sur la vaccination face à l’explosion de cas du variant Omicron, a suscité un tollé parmi les scientifiques. Sans report de la rentrée scolaire ni mesures d’urgence pour stopper les contacts sur les lieux de travail non-essentiels, on ne stoppera pas le raz-de-marée des infections.

Des acheteurs portant des masques de protection contre le COVID-19 marchent le long du Grand Bouvard à Paris, lundi 20 décembre 2021. (AP Photo/Michel Euler)

Les dénonciations de la politique officielle par d’éminents scientifiques soulignent la nécessité pour les travailleurs de se mobiliser en une lutte pour imposer, par-dessus la tête d’une élite dirigeante totalement irresponsable, une politique scientifique pour éliminer le virus. La politique sanitaire de Macron et de tous les gouvernements européens, mène droit au désastre. En effet, la France hier a enregistré un nouveau record de 206.243 cas, ainsi que le Royaume-Uni (189.213), l’Espagne (161.688) et l’Italie (126.688).

Les spéculations par lesquelles le gouvernement justifie sa politique d’infection massive n’ont aucun fondement scientifique. «Hormis un confinement généralisé, rien ne semble freiner la course» d’Omicron, avait avoué le ministre de la Santé Olivier Véran le 27 décembre. Pourtant, Véran et le premier ministre Jean Castex ont refusé tout confinement, et Véran a insisté qu’avec la disponibilité des vaccins, il n’y aurait vraisemblablement plus de «corrélation» entre le nombre d’infections et le nombre d’hospitalisations et de cas graves.

En fait, tout indique que l’explosion des cas prépare une explosion correspondante du nombre de cas graves et de morts dans les jours à venir. A Londres, épicentre européen des infections au variant Omicron, les hôpitaux débordés se préparent à accueillir des malades de COVID-19 dans des tentes érigées dans leurs parkings et jardins.

L’épidémiologiste et biostatisticienne Dominique Costagliola, directrice de recherches émérite à l’Inserm, a dénoncé la façon dont Macron joue avec la vie des Français face au variant Omicron: «On aurait pu freiner sa propagation en commençant à agir ... par précaution. Au contraire, on a joué à la roulette russe en espérant le meilleur, mais ce n’est pas comme cela qu’on fait une politique de santé publique.»

Exigeant la mise à disposition du personnel soignant de masques FFP2, plus protecteurs que les masques chirurgicaux, elle a dénoncé aussi l’incurie totale du gouvernement dans les écoles. Elle a dit: «La politique de gestion du Covid au niveau des écoles est nulle, il n’y a aucune annonce concrète. Ce que demandaient ces professionnels de santé, c’était de laisser les établissements fermés début janvier pour se donner le temps de mettre en place les équipements nécessaires (aération des locaux, masques FFP2 pour les enseignants …)».

La situation dans l’enseignement supérieur est elle aussi catastrophique. Alors que de très nombreux étudiants sont malades ou cas contacts et que la contagion est majeure dans cette tranche d’âge, les examens partiels sont maintenus en présentiel en janvier, ce qui va accélérer la diffusion du virus.

Costagliola a poursuivi que «compte tenu du taux d’incidence faramineux dans les régions les plus touchées, comme Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Île-de-France, on devrait être au niveau 4, avec un enseignement en distanciel dans les collèges et les lycées.» Elle a aussi dénoncé la farce des protocoles annoncés par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, dont «les règles changent en permanence.»

Elle a conclu: «Jusqu’où la vague va-t-elle monter, et quelle sera sa sévérité ? Nous serons bientôt fixés. … S’il doit y avoir des conséquences à l’hôpital, on les verra d’ici sept à dix jours.»

En fait, les hospitalisations augmentent sans cesse depuis le mois d’octobre; 18.321 lits sont occupés et que 3.506 malades de COVID-19 sont en réanimation. Les services de réanimation sont occupés à 69,3 pour cent; ils ont ont dépassé la saturation en Provence-Alpes-Côte d'Azur et en Corse et en approchent rapidement en Rhône-Alpes, en Bourgogne et en Île-de-France. La France a dépassé les 1.000 décès hebdomadaires la semaine dernière, et la mortalité augmente toujours.

La classe dirigeante soutient la politique d’infection de masse voulue par Macron, malgré une nervosité qui semble s’installer face au retournement de l’opinion que provoquera l’accélération de l’hécatombe déjà enclenchée. Ainsi Le Mondea écrit que «le chef de l’État s’était résolu à jouer jusqu’au bout les équilibristes face à l’épidémie de Covid-19.» Toutefois, dans les grands médias comme les partis politiques établis, une unanimité se fait autour d’un rejet de mesures de distanciation sociale qui entameraient les profits des marchés financiers.

De nombreux scientifiques par contre se sont faits l’écho de la dénonciation sans détour par Castagliola de la politique essentiellement criminelle de Macron. «C’est l’économie qui a gagné face à la santé. C’est un choix», a commenté laconiquement le Pr Jean-Paul Stahl, spécialiste des maladies infectieuses, sur BFM-TV.

Les mesures de distanciation sociales permettant d’éliminer la circulation du virus sont bien connues des scientifiques. Ce sont les confinements stricts pour réduire la circulation du virus, suivis de traçage des contacts, de vaccination en masse, et d’isolement des malades. Ces politiques ont été mises en œuvre en Chine, permettant à ce pays de 1,4 milliards d’habitants de traverser l’année 2021 avec seulement 2 morts de Covid-19 comparée à 1 million de morts en Europe.

Toutefois, la mise en œuvre ces mesures nécessite la mobilisation collective de la population et l’engagement de vastes ressources industrielles et financières. Travailleurs et petits entrepreneurs nécessitent un soutien financier de l’État pendant les confinements. En examinant les recommandations des scientifiques, on voit que leur mise en œuvre nécessite de briser l’obstacle constitué par l’obstination d’une couche d’aristocrates financiers et de leurs serviteurs politiques de faire passer les profits devant les vies.

En effet, le 9 décembre, le Conseil scientifique avait déjà alerté sur des clusters étrangers préoccupants, avec des contaminations par Omicron de personnes doublement vaccinées lors d’évènements collectifs. Le Conseil déclarait: «Dans une approche collective solidaire, la réponse la plus efficace, en l’état actuel des connaissances scientifiques, consiste à renoncer immédiatement à tout rassemblement collectif en lieu clos où le port du masque n’est pas possible ou approprié au format, en particulier tous les rassemblements avec consommation de boissons et de nourriture.»

Le gouvernement Macron, bien entendu, a foulé aux pieds l’avis de son propre Conseil scientifique qui poussait à fermer les bars et les restaurants pendant la période des fêtes.

Le Pr. Rémi Salomon de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris a tweeté: «La vaccination est indispensable pour freiner le virus mais elle ne suffit pas. Plus que jamais il faut que chacun comprenne bien la nécessité même vacciné de limiter ses contacts». Il a appelé à «ne pas s'entasser dans les lieux clos; aérer plus les lieux clos; éviter les repas, café et autres collations partagés avec des contacts multiples; masque FFP2 pour les sujets à risque; tests avant situation à risque (repas).»

On ne peut adopter de pareilles mesures individuellement: pour la vaste majorité des travailleurs et des jeunes, forcés à se rendre au travail et à l’école, il est impossible de les suivre.

Seule la classe ouvrière est en mesure d’imposer des mesures permettant d’éliminer la pandémie, via une mobilisation politique de masse contre le gouvernement Macron. Le Parti de l’égalité socialiste français, ses partis frères en Europe et dans le monde, et leur organe de publication, le World Socialist Web Site (WSWS) appellent à la formation de Comités de sécurité de la base sur les lieux de travail, dans les écoles, et dans les quartiers. Les lecteurs du WSWS voulant organiser de tels Comités peuvent nous contacter pour bénéficier de notre soutien.

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