Johnson déclare: «Nous pouvons trouver un moyen de vivre avec ce virus» alors que le Royaume-Uni enregistre un record de 218.000 infections en une journée

La Grande-Bretagne a franchi jeudi l’horrible cap des 200.000 cas de COVID en une seule journée, alors que le premier ministre Boris Johnson annonçait, lors d’une conférence de presse à Downing Street, qu’il ne ferait rien pour combattre la pandémie.

Aucune autre restriction ne sera imposée pour empêcher la propagation du virus, a-t-il déclaré. Au contraire, «nous avons une chance de surmonter cette vague Omicron sans fermer notre pays une fois de plus. Nous pouvons garder nos écoles et nos entreprises ouvertes et nous pouvons trouver un moyen de vivre avec ce virus».

Les presque 220.000 cas (218.724) ont augmenté de plus de 60.000 par rapport à la veille. En raison de la circulation sans entrave du variant Omicron, plus de 1,2 million de personnes ont été infectées en Grande-Bretagne au cours des sept derniers jours seulement, soit une augmentation de 60 pour cent sur la semaine précédente.

La Grande-Bretagne est le deuxième pays au monde après les États-Unis (3.264.875) pour le nombre d’infections officiellement enregistrées au cours de la semaine dernière. Toutefois, la population américaine est cinq fois plus importante. Les 17.751 cas par million enregistrés au Royaume-Uni au cours des sept derniers jours représentent presque le double de ceux enregistrés aux États-Unis, soit 9.777 cas par million.

Des personnes font la queue cette semaine devant un centre de test COVID dans l’est de Londres (Photo: WSWS Media)

Près de 20 pour cent de la population britannique a été infectée par une maladie qui a tué plus de 173.000 personnes. Les 909 personnes qui sont décédées au cours des sept derniers jours sont une augmentation de 51,8 pour cent par rapport à la semaine précédente.

Même l’homme de confiance numéro un de Johnson, le médecin en chef sir Chris Whitty, s’est senti obligé de souligner que «l’idée qu’il s’agit d’une maladie bénigne et non d’une maladie moins susceptible de conduire à l’hospitalisation est, je pense, est incorrecte et cela est facile à prouver».

Si plus de 200.000 cas constituent la nouvelle référence quotidienne, ce n’est probablement que la partie émergée de l’iceberg, car le système de traçabilité du Royaume-Uni est en plein chaos. Le statisticien sir David Spiegelhalter, membre du Groupe consultatif scientifique pour les urgences (SAGE) du gouvernement, a déclaré à la BBC la veille du Nouvel An: «Nous devrions prendre (les données quotidiennes sur les cas) avec une pincée de sel, car nous ne comptons pas réellement les réinfections… et les tests sont limités – les gens ont plus de mal à trouver des tests. Normalement, le nombre de cas est environ la moitié du nombre d’infections, donc nous pourrions parler d’un demi-million de nouvelles infections par jour».

Selon de nouvelles données, on estime que 15 pour cent de toutes les nouvelles infections à Omicron sont des réinfections, qui ne sont pas enregistrées dans les statistiques officielles.

Cette recrudescence met à genoux le National Health Service (NHS), qui manque de ressources et de personnel. Près d’un membre du personnel du NHS sur dix a été en congé de maladie au cours des congés du Nouvel An, et 50.000 personnes sont restées à la maison, malades de la COVID ou s’étant auto-isolées. Le 31 décembre, 14.126 personnes étaient hospitalisées en raison de la COVID, soit 5.600 de plus que la semaine précédente. Des milliers d’autres personnes ont probablement été admises depuis lors.

Mardi, deux autres institutions du NHS, les hôpitaux universitaires de Morecambe Bay et de Blackpool, qui fournissent des services à des centaines de milliers de personnes, ont rejoint au moins six autres qui ont déclaré des «incidents critiques» au cours des derniers jours. Un mémo interne du Morecambe Bay Trust fait état d’une «pression incessante et soutenue» causée par «des absences de personnel sans précédent» qui entraînerait l’annulation d’opérations et de rendez-vous et le redéploiement du personnel, rapporte le Guardian.

Alors qu’on invité aux responsables du secteur public de se préparer à un scénario dans lequel jusqu’à 25 pour cent des 5,6 millions d’employés du secteur public seraient isolés chez eux, Johnson a proposé d’accorder la priorité à seulement 100.000 «travailleurs clés» qui passeront quotidiennement des tests de flux latéral afin de détecter les infections plus tôt, mais pas avant le 10 janvier.

Le gouvernement réexaminera officiellement ses mesures du plan B aujourd’hui, mais la conférence de presse de Downing Street a été organisée pour rassurer les sociétés que rien ne changerait. Comme l’a dit Johnson lors de la conférence de presse, «les mesures de confinement ne sont pas gratuites».

Tout le monde dans les cercles dirigeants, y compris le Parti travailliste et les syndicats qui approuvent ces politiques meurtrières, chante la même chanson.

Dans un éditorial du Financial Timesmardi, on pouvait lire: «Le monde doit apprendre à vivre avec la Covid cette année».

Il déclarait: «La maigre chance que nous avions au début de 2020 d’éliminer la Covid-19 s’est envolée depuis longtemps. Les efforts pour contrôler la pandémie ont été justifiés jusqu’à présent dans le contexte d’une urgence sanitaire mondiale, mais ils ne peuvent pas se poursuivre indéfiniment».

Le Daily Telegraph, qui fonctionne comme l’organe interne du gouvernement conservateur, a félicité Johnson dans son éditorial du jour de l’an pour son refus de mettre en œuvre des restrictions pour arrêter la propagation de la maladie:

«Une chose est claire: le pays ne peut pas être piégé pour toujours dans un cycle néfaste de confinements répétés, dans lequel on considère légitime que les gouvernements ferment la société et l’économie chaque fois qu’ils ou leurs conseillers scientifiques le jugent nécessaire. Comme beaucoup le soutiennent depuis le début de l’année 2020, il faudra à un moment donné trouver un accommodement avec le virus et apprendre à vivre avec ses effets.»

Le Guardian a employé les services d’un éditorial du Dr Raghib Ali, épidémiologiste clinique, qui a écrit: «Malheureusement, la Covid ne disparaitra pas définitivement, mais nous pouvons être optimistes et penser que 2022 sera l’année de la fin de la pandémie et qu’elle deviendra une maladie endémique ici et dans la plupart des pays grâce aux très hauts niveaux d’immunité de la population que nous avons maintenant – grâce à une combinaison de vaccination et d’infection naturelle». Et de conclure: «Une perspective réaliste existe selon laquelle 2022 sera l’année où nous pourrons commencer à vivre avec le virus – et sans la peur de la Covid et des confinements qui nous a hantés ces deux dernières années».

Dans son article, le FT conseille d’abandonner les rappels de vaccins, car «nous ne pouvons pas espérer continuer à vacciner les gens tous les quatre à six mois pendant très longtemps face aux nouveaux variants. Nous devrons compter sur l’immunité fournie par les inoculations annuelles… et par l’exposition répétée à ce qui deviendra tôt ou tard une infection endémique».

Moins d’un jour plus tard, le professeur sir Andrew Pollard, président du Comité mixte sur la vaccination et l’immunisation (JCVI), a déclaré au Telegraph qu’il ne soutenait pas actuellement une quatrième injection de rappel supplémentaire pour l’ensemble de la population. «Cela dépend si votre objectif est d’arrêter toutes les infections… Mais ce serait erroné. L’objectif est de prévenir les maladies graves et de protéger les systèmes de santé dans le monde entier».

«Nous ne pouvons pas vacciner la planète tous les quatre à six mois. Ce n’est ni durable ni abordable», a-t-il lâché.

Aucune mesure qui entrave de quelque manière que ce soit l’accumulation de profits des grandes entreprises ne peut être tolérée par l’élite dirigeante. Toute mesure d’atténuation, aussi mineure et inefficace soit-elle, doit être supprimée dans la poursuite d’une politique de COVID endémique.

Cette semaine, alors que des millions d’écoliers et des centaines de milliers de membres du personnel retournent dans les salles de classe, les sections les plus à droite du Parti conservateur s’insurgent contre la «tyrannie» du port du masque dans les couloirs et les salles de classe et demandent la réduction de la période d’auto-isolement.

Le gouvernement a déjà réduit la période d’isolement de dix à sept jours pour les personnes atteintes de la COVID, si le test de flux latéral est négatif les sixième et septième jours. Robert Halfon, président conservateur du comité restreint de l’éducation, a déclaré cette semaine: «La priorité la plus importante du gouvernement devrait être de garder les enfants à l’école… Si cela signifie réduire la période de quarantaine de sept jours à cinq jours afin que davantage d’enseignants puissent être à l’école, c’est absolument quelque chose qu’ils devraient envisager. Et le gouvernement devrait sérieusement envisager d’appliquer cette mesure aux enfants afin qu’ils puissent recommencer à apprendre».

La députée conservatrice Miriam Cates a demandé l’abandon du «ridicule» test de masse des enfants de 12 à 15 ans lors de leur retour en classe, car il «n’a aucun bon sens».

Omicron a hospitalisé plus d’enfants qu’à n’importe quel autre stade de la pandémie. Mardi, @TigressEllie, membre du groupe SafeEdforAll (Une éducation sûre pour tous), a publié des données qui montrent qu’on a admis 114 enfants supplémentaires à l’hôpital pendant la nuit. La majorité (75) d’entre eux étaient âgés de 0 à 5 ans et donc totalement non vaccinés. Cela porte le total des admissions d’enfants à l’hôpital pour la COVID à 14.115.

(Article paru en anglais le 5 janvier 2022)

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