«Il n’y a pas moyen de respecter la distanciation sociale, on est tassé comme des sardines dans les couloirs»

Des centaines d’élèves débrayent à travers le Manitoba pour protester contre le danger de la COVID dans les écoles

Des centaines d’élèves de près de 90 écoles de la province canadienne du Manitoba ont quitté les cours lundi pour protester contre les conditions dangereuses créées par l’insistance du gouvernement à revenir à l’enseignement présentiel au plus fort de la vague Omicron de la COVID-19.

La manifestation était organisée par MB Students for Covid Safety, un groupe étudiant mis sur pied par des élèves du secondaire préoccupés par l’absence de mesures de sécurité pour les protéger, eux et leurs enseignants, du virus potentiellement mortel.

Les demandes des étudiants portent sur la possibilité de s’inscrire à un programme d’apprentissage à distance, la fourniture de masques N95 et de tests antigéniques rapides. Ils demandent également que les étudiants aient un accès immédiat aux vaccins de rappel et le droit d’être informés lorsqu’un cas est signalé dans leur école. «Nous voulons juste pouvoir aller à l’école sans tomber malade ou propager le virus», a déclaré au World Socialist Web Site Eniola, un étudiant impliqué dans la gestion du compte Instagram MB Students for Covid Safety.

Ava, une élève de 15 ans de l’école secondaire Kelvin de Winnipeg, l’une des organisatrices de la marche, a été inspirée par des marches similaires qui ont eu lieu il y a une semaine à New York. Les élèves de l’école secondaire Grant Park et du collège Louis Riel ont également joué un rôle déterminant dans l’organisation du débrayage.

Les manifestants ont expliqué qu’ils ont décidé d’agir face au refus du gouvernement provincial progressiste-conservateur de faire quoi que ce soit pour protéger les étudiants et le personnel éducatif contre l’infection. «Chaque jour des vacances d’hiver, nous attendions des restrictions et elles ne sont jamais venues», a déclaré Piper au WSWS, une élève de l’école secondaire Grant Park.

«Les couloirs sont terribles, surtout pendant le changement de classe», a ajouté Eniola. «Le manque de ressources et l’arrêt de la recherche des contacts laissent penser que cela va créer des épidémies dans les écoles, tôt ou tard (probablement plus tôt). On peut en quelque sorte ressentir la frustration des gens». Eniola a déclaré à propos de l’arrêt de la recherche des contacts: «Il n’y avait aucune justification pour cela. C’était un moyen pour nous de nous protéger.»

Interrogée sur les conditions de travail dans leur école, Eniola a répondu: «Les conditions sont stressantes. La plupart des classes sont composées de 30 à 35 élèves assis en groupe de quatre par table ou en rangées où les élèves assis côte à côte par deux.

«La plupart des écoles comptent des milliers d’élèves, il n’y a pas moyen de respecter la distanciation sociale, on est tassé comme des sardines dans les couloirs. Mon école a un seul couloir où tous les chemins se croisent. L’année dernière, nous avions au moins des systèmes de regroupement, où nous étions divisés en trois groupes différents.»

Le Manitoba fait actuellement face à sa pire vague de pandémie jusqu’à présent. Le nombre de décès pour 100.000 habitants s’élève à 4,0 au Manitoba, ce qui le place en deuxième position derrière le Québec, qui était à 4,6 au cours de la semaine dernière. En termes d’hospitalisation, le Manitoba est actuellement en tête du pays, avec 44,5 hospitalisations pour 100.000 habitants. La moyenne canadienne est de 27,2. Les hôpitaux croulent sous le poids de la vague d’Omicron. Comme dans les autres provinces et territoires du pays, les soins de santé au Manitoba ont été négligés pendant des décennies au profit de réductions d’impôts pour les riches. L’épuisement professionnel des travailleurs de la santé est également un problème majeur.

Le débrayage des étudiants est une première réponse à la gestion désastreuse de la pandémie par le gouvernement PC dirigé par la première ministre Heather Stefanson. Un récent sondage Angus Reid a montré que Stefanson a un taux d’approbation de 21%, le plus bas pour un premier ministre au Canada.

Dans ces conditions, la manifestation étudiante a obtenu un large soutien. «Il y a eu tellement de soutien, tellement d’autres élèves du secondaire qui ont tendu la main», a déclaré Piper au WSWS. «Même des élèves d’à peine 9 ans se sont manifestés! “Je suis un élève du primaire, est-ce que je peux quand même participer?”»

De nombreux enseignants ont exprimé leur soutien au débrayage des élèves sur le subbreddit r/Winnipeg. Les commentaires typiques comprenaient «Je suis un enseignant et je suis avec vous à 100%!» et «J’espère que les enseignants marcheront avec eux!» Certains commentaires notent que l’arbitrage obligatoire empêche les enseignants de faire grève pour soutenir les élèves, ce qui a incité une personne à commenter: «mais une grève sauvage serait très efficace. Les enseignants détiennent tellement de pouvoir économique en ce moment, et s’ils faisaient preuve de solidarité, ils verraient des résultats. La province ne fonctionne pas sans eux, et ensemble, ils sont irremplaçables.»

La semaine dernière, le ministre de l’Éducation, Cliff Cullen, a tenté sans succès d’inciter les élèves à «réfléchir à nouveau» avant un débrayage. Il a évoqué l’impact de l’apprentissage à distance sur la santé mentale des élèves pour justifier la réouverture des écoles.

Piper a rejeté cette affirmation. «L’une des affirmations les plus courantes du gouvernement est que cela (l’apprentissage en ligne) affectera gravement notre santé mentale et que nous devrions être à l’école parce que nous avons besoin de la socialisation et de tout cela», a déclaré Piper. «Notre santé mentale n’est pas aussi affectée par le fait de ne pas être à l’école que par l’incertitude de vivre dans une pandémie mondiale.»

Revenant sur la décision de rouvrir après les vacances d’hiver, Piper a ajouté: «Ce qui est le plus énervant, c’est que le gouvernement n’a même pas vraiment regardé, les choses empiraient. Deux jours après notre semaine à la maison, le gouvernement nous a dit “vous allez retourner à l’école”.»

La politique du gouvernement consistant àprivilégier les profits des sociétés au détriment de la protection de la vie humaine, qui a été appliquée par les gouvernements à tous les niveaux à travers le Canada, depuis les libéraux de Trudeau, a également été condamnée par les étudiants manifestants. «L’accent est mis sur l’économie et non sur la santé et la sécurité», a déclaré Piper. «Mais les gens qui tombent malades vont aussi avoir un impact sur l’économie. Quand on regarde les gouvernements, il est très, très rare d’y voir quelqu’un qui n’est pas riche.»

Lorsqu’on leur a demandé s’ils avaient un message pour les étudiants et les travailleurs de l’éducation qui luttent contre la réouverture d’écoles dangereuses au Canada et dans le monde, Eniola a répondu: «Défendez ce en quoi vous croyez, ce qui vous semble sûr. Si vous ne vous sentez pas en sécurité dans une situation où vous le devriez, agissez.» Piper a ajouté: «Faites entendre votre voix!»

Nous encourageons tous les étudiants qui cherchent un moyen de s’opposer à la réouverture meurtrière des écoles à travers le Canada à rejoindre l’International Youth and Students for Social Equality, qui cherche à armer les jeunes travailleurs et étudiants d’un programme socialiste pour s’opposer à la gestion désastreuse de la pandémie par la classe dirigeante. Nous lançons également un appel aux étudiants pour qu’ils assistent à la prochaine réunion publique du Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB), le 23 janvier à 13h, heure de l’Est. Cliquez ici pour vous inscrire.

Le CSPPB se bat pour l’établissement de comités de sécurité de la base dans chaque école, université et collège, pour l’organisation de grèves de masse afin de mettre fin à l’apprentissage en personne et pour lutter pour un programme mondial d’élimination de la COVID-19. Nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les éducateurs et le personnel de soutien des écoles à mettre en place de tels comités et nous encourageons tous ceux qui souhaitent s’engager dans ce combat urgent à nous contacter dès aujourd’hui en envoyant un courriel au CSPPB à l’adresse cersc.csppb@gmail.com ou en nous visitant sur Twitter ou Facebook.

(Article paru en anglais le 18 janvier 2022)

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