«Le gouvernement attend sans prendre de mesure: je trouve ça mauvais, malsain»

Une lycéenne parle de la vie des jeunes pendant la pandémie de Covid-19

Le WSWS a interviewé Laura, une lycéenne en banlieue parisienne, à propos de son expérience et de celle de ses amis pendant la pandémie de Covid-19. Elle a souligné comment cette expérience d’incertitude et de danger permanents, avec tant de maladie et de morts, marque durablement une génération toute entière de jeunes.

Laura a dit, «Actuellement je suis en terminale et quand le Covid a commencé, j'étais en seconde. Donc, on peut dire que toutes mes années en tant que lycéenne ont été dans l'ambiance du Covid. C’est devenu une routine que d’arriver en classe, de voir des gens absents toutes les semaines, de prendre des nouvelles de gens absents, de savoir qu’ils ont sûrement le Covid. Il y a beaucoup d’absences aussi chez mes professeurs, surtout avec (l’apparition du variant) Omicron. On a des trous entre les heures de cours».

Alors que l’Europe enregistre 8,7 millions de cas de Covid-19 par semaine et la France 2,3 millions, soit 3,6 pour cent de sa population, Laura a rapporté: «J’ai beaucoup d’amis qui l’ont eu et qui l’ont actuellement. Tous les jours j’apprends que je suis cas contact d’une personne. Je fais des tests tous les jours, même si je suis vaccinée».

Le plus pesant, a-t-elle ajouté, est le manque de perspective d’amélioration de la situation alors que le gouvernement Macron propose de laisser circuler le virus et de compter uniquement sur le vaccin pour essayer d’empêcher une hécatombe même plus large.

«On ne voit pas la fin du Covid», a-t-elle dit. «On se sent un peu impuissant face à cette situation, on est juste dans la pandémie et on essaie de s’habituer à ça parce qu’on n’a pas trop le choix. On est assez stressés par rapport à notre avenir, par rapport aux études supérieures, comment ça va se dérouler, si le gouvernement va s’adapter au fait qu’on est passé par une situation compliquée comme ça. On va être dans une situation délicate parce qu’on a des lacunes scolaires à cause du Covid.»

Laura a pointé les énormes problèmes que causent en cours le refus entêté du gouvernement Macron à mettre en place l’éducation en distanciel, alors que de grands nombres de lycéens sont covidés et absents.

Elle a expliqué: «C’est assez compliqué de revenir en cours et de rattraper tous les jours passés à la maison, parce qu’il n’y a pas de cours à distance. … On a six cas contacts dans notre classe. Ils n’ont pas eu le Covid en même temps, alors ils ne reviennent pas en cours en même temps. Du coup le rattrapage, c’est compliqué de le mettre en place. Et à cause de ça il se développe des lacunes.»

Laura a remarqué l’absence de toute intervention dans les lycées par les syndicats ou les partis politiques établis, où lycéens et enseignants sont en grande partie abandonnés à eux-mêmes. Alors que le gouvernement et les directions des écoles font tout pour minimiser les reportages des cas, et ainsi justifier leur abandon des restrictions sanitaires pour laisser circuler le virus, les jeunes se trouvent dans un flou absolu à propos d’informations essentielles sur le virus.

Laura a dit : « On en parle juste dans nos groupes d’amis quand on mange. Même l’école ne nous prévient pas quand il y a des cas, on le sait d’un ami d’un ami. … Il a un mail qui est mis en place par l’école, qui doit prévenir sur les cas contacts et le covid, mais nous ne sommes tenus au courant de rien. On apprend que quelqu’un a le covid par le biais de l’école, mais ce n’est jamais par le personnel du lycée ».

Laura a critiqué les protocoles sanitaires imposés par l’État pour garder les jeunes au lycée au maximum et permettre à leurs parents de rester au travail faire des profits pour leurs employeurs. Elle a dit : « Avec un cas covid on devrait fermer toute la classe, mais eux ils se basent sur si on avait le masque ou pas quand on était à côté de la personne qui avait le Covid. Pour eux, si on avait le masque quand on était à côté d’eux on était pas du tout cas contact. Même si on avait le masque baissé, si c’était juste quelques minutes, pour eux on n’est pas cas contact ».

Elle a raconté : «Il y a une amie à moi qui avait accompagné son ami à la pharmacie le masque baissé, et à ce moment-là il a appris qu’il avait le Covid. Et on lui a dit, tu n’as pas passé assez de temps le masque baissé pour être cas contact. Du coup elle est rentrée en cours après avoir fait un test antigénique ».

Et Laura a ajouté que face à un virus transmis par aérosols à travers les airs, il est quasiment impossible pour les lycéens de se protéger systématiquement : « A la cafétéria, on a tous le masque baissé du coup, pour manger. Pour les cours de sport on est obligé de baisser les masques pour la pratique même si on les garde dans les vestiaires ».

Surtout, Laura a témoigné de l’incompréhension et de la colère des jeunes face à l’inaction du gouvernement qui permet au virus de circuler dans la société : « On pense qu’à un moment, et à la limite il est passé, il sera obligé faire comme l’année dernière et de passer en confinement, et on préfère qu’il prenne cette mesure-là, un confinement strict, beaucoup plus tôt, avant que ça ne dégénère. Ils attendent que ça empire, qu’ils n’aient pas d’autre choix. Ils ne prennent pas de mesures à l’avance ».

Elle a témoigné de son opposition aux tentatives comme celles du gouvernement Macron de justifier l’inaction face à la contagion en appelant à « vivre avec le virus» et à faire passer les profits devant les vies humaines.

Elle a dit : « Je sais que dans certains programmes à la télé, les gens disent qu’il faut s’habituer à vivre dans la pandémie, que cela va rester un bon bout de temps. Et donc que notre système immunitaire, à force de vivre avec le virus, va devenir plus fort et qu’il y aura une fin à tout ça. Mais le problème c’est que même si le variant a un taux de mortalité moins élevé, il y a quand même des morts. Et le fait que le gouvernement attend juste que ça aille mieux sans prendre de mesure, je trouve ça mauvais, malsain. Il y a des personnes qui meurent tous les jours ».

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