«Que dire à un adolescent qui a perdu sa mère en l’infectant par inadvertance avec un virus qu’il a essayé à tout prix d’éviter?»

Un psychologue du New Jersey décrit les conditions horribles dans les écoles pendant la vague d’Omicron

Le New Jersey a été l’un des États les plus durement touchés aux États-Unis au cours des premières semaines de la vague d’Omicron. 747.687 personnes ont été officiellement infectées par la COVID-19 depuis le 1er décembre. À un moment donné, les laboratoires de l’État ont signalé un taux de positivité de 100 %.

En réponse à l’augmentation catastrophique du nombre d’infections et d’hospitalisations liées à la COVID-19, y compris chez les enfants, les politiciens démocrates au niveau de l’État et au niveau local ont suivi la ligne de l’administration Biden et ont refusé catégoriquement de faire passer les écoles à l’enseignement à distance ou de mettre en œuvre toute mesure de santé publique pour arrêter la propagation du virus.

Dans les écoles publiques d’Edison Township, le cinquième plus grand district du New Jersey qui compte environ 16.000 élèves, le début du semestre de printemps a été horrible: des infections massives ont éclaté dans les écoles, alimentant une propagation plus large de la COVID-19 dans la communauté environnante. En réaction, des étudiants, des éducateurs et des parents ont manifesté lors de récentes réunions du conseil scolaire, exigeant la mise en place de mesures de sécurité strictes dans les écoles et le passage à l’apprentissage à distance. Une pétition lancée par des étudiants et demandant le passage à l’enseignement à distance pour une durée indéterminée a été signée par plus de 3600 personnes dans la ville.

Sarah McCarthy, enseignante de maternelle, travaille avec un élève à l’école élémentaire Dawes à Chicago, le 11 janvier 2021 (Ashlee Rezin Garcia/Chicago Sun-Times via AP, partage, dossier)

Le World Socialist Web Site a réalisé l’entretien suivant avec un psychologue clinicien d’Edison, qui souhaitait conserver l’anonymat afin d’éviter des représailles de la part du district.

Evan Blake: Comment s’est passé ce semestre dans le New Jersey, alors que les écoles ont rouvert pendant la vague du variant Omicron?

Psychologue clinique: Nous sommes rentrés des vacances le 3 janvier. Pendant cette semaine, deux de mes élèves ont contracté la COVID-19 à l’école, comme l’a déterminé la recherche des contacts. Ils l’ont ramené chez eux et ont infecté par inadvertance leur mère et leur grand-mère (qui était celle qui s’occupait surtout d’eux), qui sont toutes deux décédées la semaine dernière. Avant les vacances, les deux enfants m’ont dit que leur mère et leur grand-mère étaient restées à la maison, qu’elles n’étaient même pas sorties faire les courses, parce que leur mère était immunodéprimée et que leur grand-mère était âgée. Les enfants étaient extrêmement prudents et nerveux à l’idée d’aller à l’école.

Les conditions à l’école sont horribles. Une enseignante s’est évanouie pendant la classe. L’administration a d’abord dit qu’elle avait la COVID, puis a dit que c’était dû au stress. Les enfants ont vu les ambulanciers lui donner de l’oxygène sur le plancher de leur classe. C’était pendant la première semaine de janvier.

EB: C’est vraiment horrible, je ne peux pas imaginer ce que ces deux enfants doivent traverser. Avez-vous d’autres remarques à faire à ce sujet? Et aussi, quel a été votre impact personnel lorsque vous avez appris la nouvelle et que vous avez commencé à en parler avec eux? Le niveau de traumatisme infligé est inimaginable, et le fait que ce soit la faute de ceux qui imposent des réouvertures d’écoles dangereuses est très significatif. Qu’est-ce que cela dit de notre société qu’une telle tragédie puisse se produire et marquer ces enfants à vie?

CP: Si l’on regarde la situation dans son ensemble, je pense que les débrayages des élèves à Chicago, Oakland, New York, etc. reflètent les sentiments de mes élèves. Ils savent que ceux qui sont au pouvoir ne se soucient pas d’eux. Ils savent que leurs vies sont remplaçables aux yeux de l’administration. Aucun des deux élèves n’est retourné à l’école, je n’ai donc pas encore eu l’occasion de leur parler.

Personnellement, je pleure tous les jours avant et après le travail. Je ne peux pas dormir la nuit parce que je m’inquiète pour ces enfants. Je suis en colère. Si je ne dépendais pas de cet emploi pour mes soins de santé, je démissionnerais. Je n’ai pas choisi ce travail pour être un conseiller en matière de deuil et pour qu’on me dise de mentir aux élèves en leur disant que les bâtiments sont sûrs. Je n’ai aucune idée de la façon d’aider ces enfants. Que dire à un adolescent qui a perdu sa mère en l’infectant par inadvertance avec un virus qu’il a essayé à tout prix d’éviter?

Tout ce que je peux faire, c’est m’asseoir avec eux et leur donner l’espace nécessaire pour faire leur deuil. Je ne sais pas quoi faire d’autre. Je suis formé à la thérapie, mais nous n’avons jamais reçu de formation sur la façon d’aider dans ces situations. Chaque nuit, je reste éveillé et je réfléchis à quelque chose, n’importe quoi, que je pourrais dire pour leur ôter ne serait-ce qu’une once de douleur. Et chaque nuit, je ne trouve rien. Cette expérience est traumatisante.

EB: Le surintendant d’Edison, Bernard F. Bragen Jr, a récemment déclaré: «Les 18 mois d’enseignement à distance, où 75 % de notre population a choisi l’enseignement à distance, ont eu un impact négatif significatif sur nos enfants. Et je ne parle pas seulement de l’aspect académique: les besoins socio-émotionnels, la capacité à résoudre et à atténuer les conflits, les problèmes de dépression dans tous les domaines de nos élèves.» Que pensez-vous de cela et des impacts de l’apprentissage à distance sur la santé mentale des élèves?

CP: Je n’ai vu aucune donnée pour soutenir les affirmations de Bragen selon lesquelles la santé mentale a diminué en raison de l’enseignement à distance. Je dirais que la santé mentale a été compromise par l’expérience d’un traumatisme collectif permanent. Aucune étude n’a été réalisée dans notre district pour mesurer la santé mentale avant et après la pandémie, et certainement aucune étude n’a été réalisée pour examiner les effets de l’enseignement à distance sur la santé mentale. En fait, la seule enquête envoyée aux élèves sur leur santé mentale cette année a été créée et envoyée par un lycéen de mon district, et plus de 90 % des élèves ont déclaré se sentir en danger dans les bâtiments.

D’après mon expérience en tant que psychologue, la santé mentale des élèves s’est détériorée de septembre à aujourd’hui. D’un point de vue psychologique, nous savons que pour qu’une personne soit bien mentalement, ses besoins physiologiques et de sécurité doivent être satisfaits en premier lieu. Actuellement, ce n’est pas le cas, et les enfants le savent. Chaque jour, je vois des enfants dont l’anxiété est débilitante parce qu’ils sont terrifiés à l’idée d’être dans les bâtiments. Des enfants s’effondrent dans mon bureau. Ils ne mangent pas et ne boivent pas de la journée parce qu’ils sont «entassés comme des sardines» (selon un élève) dans la cantine. Ils me demandent de leur acheter des masques N95. Ils me disent qu’ils voient leurs enseignants «faire une dépression nerveuse» dans leurs classes. Ces enfants ne se sentent pas en sécurité, et ils ont raison de le penser.

EB: Je suis tout à fait d’accord avec ces points. En particulier, aucune donnée réelle ne vient étayer les affirmations selon lesquelles l’apprentissage à distance est plus dommageable pour la santé mentale des enfants que le «traumatisme collectif» de la pandémie, comme vous le faites remarquer.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le traumatisme potentiel à long terme auquel sont confrontés les enfants qui ont perdu leurs parents ou ceux qui s’occupaient d’eux? Et en particulier ceux qui, comme les deux élèves de votre école, ont infecté par inadvertance les membres de leur famille à risque?

CP: Les enfants qui perdent leurs parents ou leurs grands-parents, en particulier ceux qui les ont infectés par inadvertance, sont susceptibles de ressentir la culpabilité du survivant, qui est un symptôme du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Les recherches montrent que les enfants qui éprouvent cette culpabilité peuvent vivre avec des sentiments de honte et de déni de la vie, ce qui peut entraîner la dépression, l’anxiété et des difficultés relationnelles.

Ces enfants peuvent également avoir des souvenirs intrusifs, des terreurs nocturnes, des réviviscences et des difficultés à gérer leurs émotions. Ceux qui ont du mal à gérer leurs émotions peuvent adopter des comportements inadaptés, comme s’isoler, s’automutiler ou consommer de la drogue. En plus des problèmes psychologiques, les enfants qui ressentent la culpabilité du survivant peuvent être confrontés à des problèmes physiques tels que des problèmes gastro-intestinaux, des maux de tête, des nausées et des problèmes de système immunitaire.

EB: Ces problèmes de santé mentale à long terme, bien réels, ne sont jamais abordés dans les médias; tout est toujours présenté comme les mauvaises répercussions de l’apprentissage à distance sur la santé mentale. Que pensez-vous de la campagne générale visant à rouvrir les écoles avant que la pandémie ne prenne fin et que les conditions ne soient réellement sûres? Quels sont les motifs économiques qui, selon vous, motivent cette campagne?

CP: Je pense que la campagne pour la réouverture des écoles est une question de financement, et non de santé mentale ou de résultats scolaires des élèves. S’il s’agissait d’études, nous n’aurions pas plus de 100 cours annulés par jour, où des dizaines d’enfants sont envoyés à l’auditorium ou à la cafétéria pour être surveillés par des secrétaires ou des agents de sécurité. Les conseillers d’orientation et les secrétaires ne couvriraient pas les cours où les élèves font tout leur travail sur Google Classroom de toute façon. S’il s’agissait de santé mentale, les professionnels de la santé mentale qui travaillent avec ces enfants tous les jours auraient été consultés.

Notre superintendant, le Dr Bragen, nous a dit: «Je ne veux pas savoir combien de cas il y a ou combien de membres du personnel sont absents.» Il ne se soucie pas de la sécurité ou de la santé de qui que ce soit, et j’ai bien peur que son attitude soit celle que nous observons dans tout le pays. Outre le financement, les travailleurs ne peuvent pas se rendre au travail sans que quelqu’un surveille leurs enfants. En ce sens, les écoles sont ouvertes pour que l’économie puisse fonctionner. On montre clairement que les profits de la classe supérieure sont plus importants que la santé et la vie des élèves et du personnel scolaire.

EB: Absolument, ce sont des points essentiels. Vous avez commencé à décrire les conditions dans votre école et votre district, mais pourriez-vous nous en dire un peu plus? Pour la semaine se terminant le 2 janvier, la moitié seulement des écoles ayant rapporté des données, il y avait 28.399 cas confirmés dans les écoles du New Jersey, dont 8380 membres du personnel et 20.019 élèves. Quels sont les chiffres actuels dans le district et dans votre école? De plus, y a-t-il eu des discussions sur un passage temporaire à l’apprentissage à distance, ou Bragen et le conseil scolaire y sont-ils catégoriquement opposés?

CP: Le conseil d’administration de l’école est catégoriquement opposé à toute option d’apprentissage à distance et l’a clairement indiqué lors de notre dernière réunion du conseil d’administration le 3 janvier. Malheureusement, le district ne partage pas ses données avec nous, donc je ne connais pas le nombre de cas. Le site Web qui répertorie les cas n’a pas été mis à jour. Je peux vous dire, d’après mes observations, que nous continuons à combiner les classes et que les enfants sont toujours surveillés par des secrétaires et des conseillers d’orientation.

Je pense que nous ne connaîtrons jamais les chiffres réels puisque notre district a adopté la mentalité «si on ne teste pas, on ne l’a pas». Du moins, c’est ce qu’a dit notre directeur des services spéciaux lors d’une réunion la semaine dernière, alors qu’il était visiblement malade. L’un de nos directeurs adjoints savait qu’il avait la COVID et est venu travailler quand même, sans masque. Nos enseignants portent des masques, mais pas tous les administrateurs. Des élèves m’ont également dit qu’ils avaient été testés positifs mais qu’ils ne l’avaient pas dit à l’école et étaient venus quand même. D’autres élèves m’ont dit qu’ils étaient malades mais qu’ils ne pouvaient pas passer de test, alors ils sont venus à l’école.

Les enseignants et les enfants sont contraints de rentrer au bout de cinq jours, même s’ils présentent des symptômes visibles. Si les enfants sont absents plus de cinq jours, les parents sont menacés de poursuites pour négligence éducative. Nous avons aussi des parents qui mentent sur les résultats. La semaine dernière, mon élève de 11 ans avait besoin d’un test négatif pour revenir, mais les parents ont envoyé des résultats pour une personne de 47 ans. L’administration a dit de le laisser revenir parce qu’ils ne voulaient pas se battre avec les parents. Pour ces raisons, je doute que nous sachions jamais combien de cas sont présents dans nos écoles.

Nos bâtiments avaient une ventilation horrible avant la COVID, et cela a été un combat avec le syndicat NJEA et le district pendant des années. Donc naturellement, les enseignants ouvrent les fenêtres pour la ventilation. Bragen a dit que nous ne pouvons plus ouvrir les fenêtres quand il fait froid dehors. Bien sûr, les gens le font quand même, et les enseignants et les enfants portent généralement des manteaux et des gants d’hiver.

Il n’y a pas de règles de distanciation sociale en place. La recherche des contacts est ralentie. Une nouvelle règle dans le district stipule que, quel que soit le nombre de fois où vous avez été exposé (par exemple, une fois le matin, une fois l’après-midi), vous ne serez notifié qu’une seule fois. Les bus sont en retard tous les jours parce que les chauffeurs sont malades. La première semaine de janvier, un bus rempli de jeunes enfants a disparu pendant plus d’une heure parce que le chauffeur était un remplaçant qui ne connaissait pas les itinéraires et s’est retrouvé dans une autre ville.

EB: Ce que vous avez décrit est vraiment une indifférence criminelle à l’égard de la santé et du bien-être, y compris la santé mentale, des enfants et des éducateurs. Cela montre également l’effondrement de facto du système d’éducation publique dû à ces politiques téméraires d’infection massive. Je pense que la mentalité du «si on ne teste pas, on ne l’a pas» et la dissimulation des cas sont devenues omniprésentes avec Omicron, de la part de l’administration Biden et des CDC. Les démocrates et les républicains poursuivent maintenant une stratégie d’immunité collective d’infection massive, et les politiques de réouverture des écoles sont essentielles à cet égard. Que pensez-vous de ces questions, ainsi que des récents changements apportés aux directives d’isolement/quarantaine des CDC, et du programme «Test to Stay» qu’ils recommandent pour les écoles?

CP: D’après ce que j’ai compris, l’«immunité collective» n’est pas possible en raison de la manière dont la COVID-19 détruit les cellules T. Au lieu d’agir comme les autres virus du SRAS, la COVID-19 agit davantage comme le VIH, en ce sens que plus vous êtes exposé, plus votre système immunitaire s’affaiblit. En outre, la stratégie d’«immunité collective», si on peut l’appeler ainsi, ne tient pas compte de la COVID longue. Chaque jour, nous voyons de plus en plus d’études sur les effets de cas même «légers», allant des enfants qui ont un risque 116 % plus élevé de développer un diabète aux jeunes gens qui ont des accidents vasculaires cérébraux.

Le passage de 10 à 5 jours de quarantaine par les CDC est une décision totalement politique qui met en danger tous ceux qui se trouvent dans les écoles. Nous avons maintenant des étudiants et du personnel qui entrent dans les bâtiments alors qu’ils sont contagieux. Quel effet cela a-t-il sur la santé mentale de ces personnes? Cela leur montre qu’ils ne sont pas appréciés, ce qui peut conduire à une augmentation de la dépression, à une faible estime de soi et à des problèmes de comportement, ce contre quoi les districts scolaires prétendent protéger les élèves.

De même, le fait de savoir que les personnes qui vous entourent sont contagieuses accroît l’anxiété des élèves et du personnel, dont les effets à long terme peuvent affaiblir le système immunitaire et entraîner des difficultés de concentration et de relations avec les pairs, ainsi que des comportements d’évitement, ce contre quoi les districts prétendent vouloir protéger.

Le «Test to Stay» ne fonctionnera pas en raison des problèmes que j’ai évoqués ci-dessus. Les gens mentent. Les gens font exprès de ne pas passer les tests. Les parents envoient des résultats qui n’appartiennent pas à leur enfant, et il n’y a aucun moyen de s’assurer que nous recevons les bons résultats. Les enseignants qui ont déjà utilisé leurs cinq jours de congé COVID peuvent décider de le faire également s’ils ne peuvent pas se permettre de prendre congé. Nous savons également que les tests ne sont pas toujours précis, en particulier les tests rapides pour l’Omicron que les écoles devraient utiliser, je pense.

On nous dit depuis le début de la pandémie que les enfants ne sont pas affectés par ce virus, et nous savons maintenant que ce n’est pas vrai. Malheureusement, je n’ai pas encore vu les médias ou le gouvernement admettre que cette affirmation initiale était fausse. Pour savoir comment la COVID-19 affecte les enfants, il faut du temps et des ressources pour faire des recherches, ce dont beaucoup de parents ne disposent pas. Sans ces recherches, et sans que les médias et le gouvernement fournissent d’informations sur les effets sur les enfants, certains parents peuvent ne pas comprendre les dangers de l’infection de leurs enfants.

Dans notre société, c’est un privilège d’avoir accès à la recherche médicale et de la comprendre. La classe capitaliste dépend des gens, en particulier des parents de la classe ouvrière en ce moment, pour ne pas avoir accès à ces privilèges, et donc à l’information. Ceux qui sont au pouvoir savent que la classe ouvrière n’a pas facilement accès à l’information, et ils peuvent donc s’en tirer en minimisant les dangers de la COVID.

Heureusement, je ne connais pas d’enfants qui ont développé la COVID longue. Cependant, je n’en connais que quelques-uns qui ont été infectés avant décembre 2021. La majorité des élèves avec lesquels je travaille ont été infectés depuis leur retour des vacances d’hiver, le 3 janvier.

EB: Les points que vous avez soulevés concernant les médias et les politiciens qui minimisent les effets de la COVID-19 sur les enfants sont très importants et il est vrai que cela continue aujourd’hui. Les études sur la COVID-19 indiquent que cela aura des ramifications sociétales massives pour les décennies à venir. Les pouvoirs en place mettent délibérément en danger une génération entière et permettent à leurs familles d’être infectées et à beaucoup d’entre elles de mourir.

Le WSWS plaide pour des fermetures temporaires entièrement payées, dans le cadre d’un programme global visant à éliminer le SRAS-CoV-2 dans tous les pays, afin d’arrêter la pandémie et de sauver des vies. Ce programme comprendrait la fermeture de toutes les écoles et de tous les lieux de travail non essentiels, des tests de masse, la recherche des contacts, l’isolement sûr des patients infectés, la mise en quarantaine des personnes exposées, la fourniture de masques N95 ou de meilleure qualité et d’une ventilation sur tous les lieux de travail vraiment essentiels, ainsi que d’autres mesures de santé publique.

Que pensez-vous de cette stratégie «Zéro COVID» et de l’impact qu’aurait, selon vous, un passage temporaire à l’enseignement entièrement à distance pour ralentir et arrêter la transmission? Comment les écoles jouent-elles un rôle central dans la propagation de la COVID-19? Par ailleurs, avez-vous des réflexions sur vos expériences en matière d’apprentissage à distance et sur la manière dont elles pourraient être améliorées avec un financement et un personnel suffisants?

CP: Je suis tout à fait favorable à ce plan, qui semble être le seul moyen possible de limiter les infections. D’après les recherches que j’ai vues, près de la moitié des épidémies de l’État ont pour origine les écoles. D’après ces données, les infections diminueraient considérablement dans les écoles et donc dans la communauté puisque les enfants et le personnel infectés se rendent dans d’autres endroits. Si nous fermions également les entreprises non essentielles et assurions la recherche des contacts et les tests, nous pourrions identifier les cas à un stade précoce et empêcher la propagation dans la communauté. Pour l’essentiel, cela reviendrait à suivre les conseils de l’Organisation mondiale de la santé et à imiter les protocoles de certains pays d’Asie de l’Est, dont nous savons que les taux de cas sont nettement inférieurs à ceux des États-Unis et de l’Europe.

Je ne peux pas parler des réflexions sur l’apprentissage à distance, car je suis psychologue et non éducateur. Du point de vue de la santé mentale, il a été démontré que les sessions virtuelles sont tout aussi efficaces que les sessions en personne. Les services psychologiques dispensés à l’école peuvent facilement passer à une plateforme en ligne, puisque notre district fournit un ordinateur portable à chaque élève.

EB: Avez-vous une dernière réflexion sur la situation générale et sur ce que vous avez vécu en tant qu’éducateur?

CP: Ces expériences me font penser à une citation que je dis souvent aux cliniciens pendant les formations: «Quel est notre travail en tant que psychologues? Est-ce de modeler les gens pour qu’ils existent dans une société malade, ou de dénoncer le mal que notre société fait à notre santé mentale?»

Notre société, au mieux, ignore les maux causés par la vie dans une culture qui valorise les profits au détriment des personnes. Au pire, elle est diabolique. La culture capitaliste des États-Unis est en train de s’effondrer, et je crois que les jeunes, à qui l’on a clairement montré que leur vie ne compte pas pendant la pandémie, seront ceux qui la démantèleront.

En regardant notre réunion du conseil d’administration le 3 janvier, j’ai été frappé par ce qu’un élève a dit au Dr Bragen. L’étudiant a pris la parole après que des dizaines de parents et d’autres étudiants aient supplié l’apprentissage à distance. Il a dit: «Est-ce que le but de ces réunions est de provoquer un changement, ou est-ce que ce ne sont que des apparences sous le masque de la démocratie?» Les jeunes comprennent.

(Article paru en anglais le 19 janvier 2022)

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