Face à la colère des travailleurs contre la montée de l’inflation, les organisations syndicales ont appelé les travailleurs de la RATP a faire grève vendredi pour des augmentations de salaires ainsi que les aiguilleurs de Nouvelle Aquitaine de la SNCF.
Ces grèves font partie d’un mouvement mondial dans la classe ouvrière face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie. En Turquie des grèves sauvages éclatent depuis le début de l’année 2022 contre l’augmentation du coût de la vie. En 2021, les travailleurs du monde entier ont répondu à la pandémie par une recrudescence des grèves, à la fois contre la destruction de leur niveau de vie et contre la politique d’infection de masse menée par les États capitalistes.
L’ensemble des organisations syndicales CGT, FO, Unsa, CFE-CGC ont appelé à la grève alors qu’une séance de négociation en multilatérale était prévue vendredi, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO). FO a de son côté déposé un “préavis de grève illimité” à partir de vendredi, car “l’inflation et le prix de l’énergie qui explosent font aussi des ravages”.
Les syndicats demandent 3 pour cent de revalorisation annuelle sur les trois prochaines années. Lundi la direction de la RATP a fait une proposition d’augmentation de 2,7 pour cent des rémunérations en moyenne en 2022, ajoutant que “l’intéressement pourrait être supérieur à celui des années précédentes” (environ 1.000 euros nets annuels). Or, les deux propositions, de la direction comme celle des syndicats, sont inférieures au taux d’inflation de 3,4 pour cent. Elles entérinent donc une perte de pouvoir d’achat pour les travailleurs.
C’est la plus forte mobilisation des travailleurs de la RATP depuis les mobilisations de 2019 contre la réforme des retraites de 2019. Huit lignes de métro étaient fermées (2, 3bis, 5, 7bis, 8, 10, 11 et 12). Six autres (3, 4, 6, 7, 9 et 13) n’ont fonctionné qu’aux heures de pointe, a minima (entre 1 train sur 2 et 1 train sur 4) avec un grand nombre de stations fermées.
Les lignes RER A et B ont roulé de 5h30 à 20h30 avec un train sur deux aux heures de pointe et un sur trois en heures creuses. Côté tramway, le T8 a fonctionné normalement, les T2, T3a et T3b n’ont circulé qu’une partie de la journée et sur une partie de leur trajet. Seules les lignes automatiques 1 et 14 ont fonctionné normalement.
L’inflation est aussi une question soulevée par les aiguilleurs de la SNCF dans le Sud Ouest. La circulation des TER dans la région Nouvelle-Aquitaine est fortement perturbée ainsi que les TGV Inoui, Ouigo et Intercités au sud de Tours et vers la région Nouvelle-Aquitaine et Toulouse.
Les syndicats ont annoncé que d’éventuelles journées d’action pouvaient être appelées dans les prochains jours.
L’inflation touche durement les travailleurs à travers le monde. En Europe, le taux d’inflation annuel dans l’Union européenne s’est établi à 5,3 pour cent en décembre 2021, selon les chiffres publiés par Eurostat. Il était de 5,2 pour cent en novembre.
Selon le site Toute l’Europe, «au sein de l’Union, les pays avec les taux d’inflation les plus faibles sont Malte (2,6 pour cent), le Portugal (2,8 pour cent) et la Finlande (3,2 pour cent). A l’inverse, la Pologne (8 pour cent), la Lituanie (10,7 pour cent) et l’Estonie (12 pour cent) ont connu les plus forts taux d’inflation sur l’année dernière. De son côté, la France fait partie des 5 pays les moins touchés par ce phénomène avec un taux de 3,4 pour cent, en dessous de la moyenne de l’Union (5,3 pour cent), de la zone euro (5,0 pour cent) ou de l’Allemagne (5,7 pour cent)».
Les syndicats de constituent pas un rempart contre les attaques menées par le patronat contre le pouvoir d’achat des salariés. En effet, les revendications avancées par les syndicats à la RATP sont nettement en-dessous de l’inflation.
Bastien Berthier, conducteur de métro sur la ligne 5 et syndicaliste Force Ouvrière, disait à BFM Paris en début de semaine: «On est dans une entreprise qui génère des milliards d’euros de bénéfice depuis 10 ans, l’inflation n’a jamais été aussi haute et nos salaires n’ont pas été augmentés depuis plus de 10 ans».
Julien Bournique, représentant syndical SUD-Rail en Nouvelle-Aquitaine, explique : « Nous avons des revendications sur les conditions de travail, les effectifs et la rémunération … 2022, c’est la neuvième année sans augmentation générale des salaires ». Il poursuit en évoquant également un « sous-effectif chronique et important au niveau des aiguilleurs en Nouvelle-Aquitaine. On demande aux agents de faire plus d’effort sans reconnaissance professionnelle ou financière ».
Les travailleurs ne peuvent rien attendre des organisations syndicales. Comme le souligné le WSWS dans l’article « La flambée des prix réduit le niveau de vie des travailleurs » : « La poussée de l’inflation est le sous-produit des politiques menées par la classe dirigeante en réponse à la pandémie. Les gouvernements ont injecté des milliards de dollars dans les marchés financiers pour soutenir les bourses, créant ainsi un océan de valeurs fictives. En même temps, la politique qui consiste à permettre la propagation incontrôlée du virus SRAS-CoV-2 a entraîné des infections et des décès massifs, créant des pénuries de main-d’œuvre et des goulets d’étranglement au niveau de l’approvisionnement, perturbant la production et faisant grimper les prix ».
Les appareils syndicaux ont applaudi les plans de relance de l’UE en parallèle d’une politique d’immunité collective qui a fait une vingtaine de millions de contaminés rien qu’en France et plus de 133.000 morts depuis le début de la pandémie. Les syndicats ont imposé la reprise du travail et la réouverture des écoles. Par conséquent, ils sont complices des différents gouvernements qui ont encouragé cette inflation.
Face à la colère sociale et par crainte d’être débordés par les travailleurs comme c’est le cas en Turquie, les syndicats, qui ont jusqu’à présent contenu les mouvements de grève, cherchent, avec ces journées de grève, qu’elles servent de soupape à la colère sociale.
La lutte des travailleurs pour défendre leur niveau de vie contre la montée internationale de l’inflation est liée à la lutte pour mettre fin à la pandémie. La classe ouvrière doit mettre en avant un principe social différent : la priorité de ses propres besoins, de ses vies et de sa santé ainsi que de son niveau de vie, sur les profits. Pour cela les travailleurs doivent rompre avec la bureaucratie syndicale, organiser leurs propres comités d’action et construire l’Alliance ouvrière internationale des comités de base.
