Des travailleurs canadiens s’élèvent contre le convoi de la liberté d’extrême droite et le démantèlement des mesures de santé publique liées à la COVID-19

Le Convoi de la liberté, un mouvement d’extrême droite, a été créé et encouragé par des sections puissantes de l’élite dirigeante et des médias grand public du Canada, pour servir de bélier contre le large soutien populaire aux mesures de santé publique visant à combattre la propagation de la COVID-19.

Rassemblement en appui au convoi d’extrême droite à Vaughan, dans la banlieue de Toronto, le 27 janvier (Photo par Arthur Mola/Invision/AP)

Au cours des trois dernières semaines, la présence menaçante d’un mouvement extraparlementaire d’extrême droite dans le centre-ville d’Ottawa et aux postes-frontières entre les États-Unis et le Canada, ayant explicitement recours à la violence politique, a été mise à profit par les gouvernements provinciaux du pays pour supprimer les limites de capacité, les passeports vaccinaux, le port du masque obligatoire et d’autres mesures d’atténuation limitées. Le démantèlement du peu qui reste des mesures anti-COVID-19 a été approuvé par le gouvernement libéral de Trudeau.

Les membres et les partisans du Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB) ont parlé au World Socialist Web Site du soutien de l’élite dirigeante au convoi et de l’adoption d’une politique visant à laisser le virus mortel se propager. Le CSPPB a été créé en mars 2021 par des éducateurs, du personnel de soutien et d’autres travailleurs afin de lutter pour un arrêt immédiat de l’apprentissage en personne et de la production non essentielle avec une compensation complète pour tous les travailleurs touchés jusqu’à ce que la transmission communautaire de la COVID-19 soit réduite à zéro.

Malcolm, un enseignant de la Colombie-Britannique, a déclaré à propos du convoi: «Ses demandes le démontrent: il est agressivement anti-ouvrier.

«Malgré les discussions et les ouï-dire sur le caractère sociologique des manifestants et sur ce qu’ils représentent, leurs revendications sont sans équivoque: l’abrogation immédiate par tous les niveaux de gouvernement de toutes les restrictions sanitaires liées à la pandémie. Cela ne représente rien de moins qu’une attaque frontale contre le droit de la classe ouvrière à se protéger d’une maladie qui a tué des millions, probablement des dizaines de millions de personnes, au cours des deux dernières années seulement.

«Déjà, des éléments conservateurs à travers le pays, enhardis par les manifestations, demandent que les quelques mesures de santé publique limitées et totalement insuffisantes qui existent, comme les masques et les vaccins obligatoires, soient interdites. Lors des prochaines vagues, et il y en aura d’autres – il n’y a pas de désaccord scientifique sérieux à ce sujet – les enseignants seront confrontés à une lutte plus importante que jamais pour obtenir la réintroduction de ces mesures de base. Ce résultat conduira inévitablement à plus de maladies, plus de pathologies et plus de décès pour les travailleurs et les personnes les plus vulnérables et marginalisées de la société.»

Sterling, concierge d’une école de Toronto, explique: «Le convoi 'de la liberté' est une énorme menace pour les travailleurs car il va accélérer la propagation du SRAS-CoV-2 dans les semaines et les mois à venir. Leur demande de mettre fin à toutes les restrictions contre la COVID menace nos vies. Ils veulent la 'liberté' d’infecter tout le monde avec un virus mortel, et ils veulent la 'liberté' d’exposer les travailleurs à la COVID pour protéger les profits de l’aristocratie financière au Canada.

«Les gouvernements provinciaux ont déjà commencé à capituler devant les exigences fascistes du convoi pour purger toutes les protections contre la COVID! Les premiers ministres et les responsables de la santé publique sans éthique mentent et tentent de prétendre que la suppression des protections anti-COVID n’a rien à voir avec le convoi. Leur mépris pour la classe ouvrière est clair, ils pensent que nous sommes stupides et que nous ne pouvons pas voir à travers leurs mensonges!»

Un enseignant de l’Ontario a décrit le convoi comme étant «profondément, corrosivement anti-démocratique.» Et de poursuivre: «Il présente de forts parallèles avec le dysfonctionnement que j’ai observé lors de l’effondrement de la Yougoslavie dans les années 1990».

«Pour les travailleurs, nous sommes confrontés à un double problème. Premièrement, la protestation est anti-travailleur et a des liens étroits avec le corporatisme fasciste de droite, tant au Canada que sous l’influence des États-Unis. Deuxièmement, dans la nécessaire réponse sociale à cette crise, nous risquons que cela devienne un précédent que notre gouvernement pourra utiliser pour déployer les mesures envisagées pour la débâcle actuelle contre les protestations civiles légitimes auxquelles les travailleurs devront se livrer dans un avenir proche.»

Un parent de Brampton, en Ontario, a déclaré: «Je suis complètement déconcerté par le soi-disant 'convoi de la liberté' et ses partisans qui demandent l’abandon immédiat de toutes les restrictions. Ce groupe qui prône la 'libre propagation' veut tout, mais n’offre aucun compromis ni solution. S’ils pensent réellement que le fait de porter un masque, de se faire vacciner et de suivre d’autres protocoles de santé et de sécurité afin de protéger les membres vulnérables de notre communauté équivaut à de la persécution, alors tout ce que je vois, ce sont des pleurnichards égoïstes, arrogants, irresponsables, qui n’ont aucune idée de ce qu’est la vraie tyrannie ou la vraie lutte. Ils traversent le pays en véhicule pour protester contre la perte de leur liberté? Ils ne se rendent pas compte de l’ironie de la situation.

«Le fascisme existe toujours. Nier son existence, c’est lui donner une chance de se développer. Le déni aveugle et l’intolérance vont souvent de pair; il n’est pas rare que des personnes ayant des tendances d’extrême droite/fascistes tentent de manipuler les gens et rejettent des preuves très crédibles de fascisme. La liberté n’existe pas dans le vide, et vivre dans une société libre ne signifie pas que l’on ne soit pas tenu responsable de ses actes. La liberté sans responsabilité est une atteinte à la liberté des autres citoyens. Toute liberté s’accompagne de responsabilités».

Ken, un enseignant de l’Ontario, a déclaré: «Il est incompréhensible de supprimer les mesures de sécurité qui me protègent, mes élèves et nos familles dans les écoles de l’Ontario. Quelles libertés recherchent-ils? La liberté d’infecter les autres et de se comporter comme ils le souhaitent pendant une pandémie?

«Ces personnes savent-elles ou se soucient-elles de ce que la fin du masque obligatoire signifierait dans une école de 1800 personnes? Les enfants sont entassés dans des couloirs et des salles de classe bondés! La transmission communautaire est encore élevée! Où est le débat public à ce sujet?

«Pourquoi avons-nous cette conversation alors que les hôpitaux et les infirmières sont toujours en difficulté? Pourquoi laissons-nous une infime minorité d’adeptes de la théorie du complot anti-vax, de fondamentalistes religieux, de brutes fascistes et de propriétaires de petites entreprises campés à Ottawa dicter la politique de santé publique de tout le pays? Où est le tollé dans les médias, auprès des responsables de la santé publique et de nos gouvernements? Et les syndicats d’enseignants? S’il vous plaît, dites-moi que vous pouvez tous faire mieux que de faire la morale depuis les coulisses en disant que tout cela est une question de racisme ou de suprématie blanche. La santé publique est une question qui concerne la classe ouvrière! Ce convoi et les forces qui le soutiennent sont une attaque contre tous les travailleurs. Ce n’est pas un mouvement de la classe ouvrière. C’est exactement le contraire».

Ken a également abordé le soutien que le convoi a reçu de la part de sections importantes de la classe dirigeante. «Je crois que le gouvernement et les membres du monde des affaires travaillent avec cette foule fasciste d’extrême droite», a-t-il déclaré. «Je pense qu’ils veulent forcer la fin des mesures de santé publique dont tous les travailleurs ont besoin pour assurer la sécurité de nos écoles et de nos enfants, parce que les bonnes pratiques de santé publique sont mauvaises pour les grandes entreprises et l’économie. Les syndicats et le NPD [Nouveau Parti démocratique] regardent et se contentent de faire la morale depuis les coulisses.»

Nella, l’épouse d’un éducateur de Colombie-Britannique, a souligné le cynisme du gouvernement provincial néo-démocrate, qui a cherché à se faire passer pour un opposant acharné à la demande du convoi de laisser le virus se propager. Le premier ministre John Horgan et sa principale responsable de la santé publique, Bonnie Henry, sont connus dans le monde entier pour avoir nié la transmission par voie aérienne de la COVID-19 et avoir dissimulé l’ampleur des infections dans les écoles de la province.

«En Colombie-Britannique, les protestations (du convoi) ont transformé le théâtre politique en une véritable farce», a-t-elle déclaré. «Horgan et Henry se présentent maintenant comme les protecteurs de la classe ouvrière et de la santé publique, un rôle qu’ils n’ont montré aucun intérêt à assumer au cours des deux années précédentes. Pourtant, les implications politiques indiquent que nos dirigeants provinciaux utiliseront les protestations comme une excuse pour ne pas mettre en œuvre de nouvelles restrictions, lors de la prochaine vague, en invoquant le canular du “manque d’appui du public pour de telles mesures”. Nous savons très bien que les protestations n’ont que peu ou pas de soutien public. Le manque “d’appui du public”est un code pour les gouvernements qui ne souhaitent pas interrompre le flux de profits de la classe des investisseurs et de l’oligarchie financière.

«En tant que conjointe d’un éducateur, le convoi expose mon partenaire à un risque accru de nous rendre tous les deux malades. Pour cette raison, l’action politique immédiate la plus pratique est une mobilisation de masse des travailleurs, non seulement contre le convoi et ses partisans, mais aussi contre les politiques de maladie et de mort sans fin de la classe dirigeante.»

Ken a convenu de la nécessité pour les éducateurs et les travailleurs plus généralement de se mobiliser dans la lutte contre la politique pandémique homicide de l’élite dirigeante. «Il est maintenant douloureusement clair que les enseignants, les parents, les étudiants et tous les travailleurs sont les seuls qui peuvent mettre fin à cette occupation et forcer le gouvernement à maintenir les restrictions en place», a-t-il commenté. «Mais nous devons nous organiser. Nous devons vraiment agir avant que les travailleurs n’aient aucune protection et que nous tombions tous malades.»

Sterling était d’accord et a conclu son message ainsi: «Dans les semaines et les mois à venir, une nouvelle vague de COVID va se produire, qui entrainera des infections, des handicaps et des décès dans la classe ouvrière. La seule façon de mettre fin à cette folie est que les travailleurs s’organisent en comités de base sur leurs lieux de travail pour combattre les politiques criminelles de la classe dirigeante et de leurs laquais dans les syndicats, et exiger l’élimination de la COVID!»

(Article paru en anglais le 19 février 2022)

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