Appuyez la grève au Canadien Pacifique! Pour un mouvement uni des cheminots nord-américains contre les réductions de salaire et les horaires abusifs!

Chers cheminots du Canadien Pacifique,

Le comité de base des travailleurs du BNSF envoie ses salutations et sa solidarité à nos trois mille frères et sœurs du Canadien Pacifique, qui ont voté le mois dernier à une écrasante majorité pour autoriser la grève. Nous demandons à nos collègues du BNSF et aux cheminots de classe I de toute l’Amérique du Nord de faire tout ce qu’ils peuvent pour soutenir la lutte au CP.

Un employé du terminal ferroviaire BNSF surveille le départ d’un train de marchandises, le 15 juin 2021, à Galesburg, en Illinois [Photo: AP Photo/Shafkat Anowar, dossier] [AP Photo/Shafkat Anowar]

Au Canadien Pacifique, les choses contre lesquelles vous vous battez sont les mêmes que celles contre lesquelles on se bat au BNSF et à travers toute l’industrie: des coupures dans les soins de santé et les avantages sociaux, des augmentations de salaire annulées par l’inflation et, surtout, des horaires de travail brutaux et la campagne de la direction pour passer à des équipes de train composées d’un seul homme.

Ces attaques sont coordonnées contre nous par la cabale de Wall Street qui contrôle l’industrie, notamment Warren Buffett à BNSF, Bill Gates au Canadien National et le fonds spéculatif TCI au Canadien Pacifique. Dans le cadre de la stratégie traditionnelle «diviser pour régner», TCI utilise la fusion imminente entre le CP et Kansas City Southern, qu’il a lui-même conçue, afin de faire pression pour des réductions massives au Canadien National, où il est également un actionnaire important, au nom de la «compétitivité».

Ici, au BNSF, comme vous, nous avons également voté massivement en faveur de la grève plus tôt cette année. Le problème pour nous est le nouveau système de pointage «Hi Viz» qui menace de supprimer le peu de temps personnel qui nous reste et d’ouvrir la voie à l’entreprise pour licencier et remplacer les travailleurs ayant plus d’ancienneté. Mais un juge fédéral nous a interdit de faire grève et de recourir à d’autres formes d’«actions personnelles».

Le juge a justifié sa décision en citant des problèmes de chaîne d’approvisionnement en cours, déclarant qu’il était dans «l’intérêt public» que le gouvernement nous empêche de faire grève. Avec cette décision, les tribunaux ont déclaré qu’ils donnaient la priorité absolue au «droit» bidon des sociétés à faire des profits sur nos droits en tant que travailleurs de voir nos familles ou de travailler en sécurité et selon des horaires raisonnables. Mais quoi qu’en pensent les tribunaux, nous ne sommes pas des esclaves, et nous avons des droits qui doivent être respectés.

Le tribunal a confié l’application de l’injonction aux syndicats BLET et SMART-TD, qui s’y emploient de la manière la plus agressive possible, tout en nous conseillant d’attendre que se déroule ce «processus» entièrement orienté vers le bénéfice des entreprises: ce qui ne mènera qu’à la défaite.

En réponse à la trahison des syndicats et aux attaques pro-patronales des tribunaux, nous avons fondé le Comité des travailleurs de la base du BNSF. En opposition à la «stratégie» corrompue des syndicats, nous avons opposé dans notre déclaration fondatrice la stratégie de l’unité internationale de la classe ouvrière, qui fait face aux mêmes attaques, y compris les interventions des tribunaux et du gouvernement. Au lieu d’attendre que les tribunaux pro-patronaux et les médiateurs fédéraux se prononcent en faveur du BNSF, comme ils le font toujours, nous nous tournons vers la vague croissante de luttes menées par les travailleurs à travers les États-Unis et dans le monde pour trouver force et soutien.

Le gouvernement canadien prétend qu’il est plus «progressiste» que celui des États-Unis, mais c’est un mensonge. Nous comprenons que vous ne serez pas légalement autorisés à faire grève avant l’expiration d’une période de médiation obligatoire le 16 mars. Entre-temps, il ne fait aucun doute que le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau au Canada et l’administration Biden aux États-Unis exerceront une pression énorme sur vous pour que vous restiez au travail et ne fassiez pas grève. Ils pourraient vous accuser de violer «l’unité nationale» dans ce qui est effectivement une période de guerre à propos de l’Ukraine, ou même vous accuser, comme la presse bourgeoise en Grande-Bretagne a récemment accusé les travailleurs en grève du métro de Londres, d’être des «marionnettes de Poutine». Nous vous demandons instamment de rejeter ces accusations et de tenir bon.

En réalité, derrière les demandes d’«unité nationale» se cachent les demandes de «profits nationaux». Au CP, par exemple, on craint qu’une grève ne compromette le transport d’engrais vers les entreprises agroalimentaires canadiennes et américaines, qui sont prêtes à engranger des bénéfices exceptionnels maintenant que la Russie et l’Ukraine, deux des plus grands exportateurs de céréales, ont été éliminées du marché mondial. Il en va de même dans l’industrie pétrolière et gazière, où d’énormes entreprises nord-américaines telles que Marathon se lèchent les babines devant le prix du baril de pétrole à 130 dollars et l’essence à 4, voire 5 dollars le gallon. Pendant que les grandes entreprises s’adonnent aux profits de la guerre, l’inflation va ronger notre niveau de vie encore plus rapidement qu’avant.

Ils veulent tous «l’unité nationale», c’est vrai: l’unité du gouvernement, des grandes entreprises et de leurs laquais syndicaux. Ce sont les travailleurs de tous les pays, comme toujours, qui devront payer.

Il n’est pas surprenant que le BLET n’ait pas soufflé mot de votre lutte, même si le BLET est une division du syndicat des Teamsters, dont vous êtes membres au CP. Cela montre que le véritable rôle des «syndicats» pro-patronaux n’est pas d’unir mais de nous diviser: par entreprise, par classification d’emploi et, pire encore, par nationalité. Or, nous savons que nous avons tous les mêmes intérêts, quel que soit le pays où nous vivons.

Trudeau, comme Biden, fait appel aux services de la bureaucratie syndicale dans le cadre d’une stratégie visant à imposer la «paix sociale». Les Teamsters au Canada ont consciencieusement imposé des reculs après les trois dernières grèves du Canadien Pacifique. Lors de la dernière en 2018, ils ont salué le gouvernement Trudeau comme un ami et un allié. Trudeau, quant à lui, a accepté ces louanges serviles tout en tenant derrière son dos une législation anti-grève, au cas où les syndicats ne seraient pas capables de garder la grève sous contrôle.

Ici, aux États-Unis, le BLET et le SMART-TD prétendent avoir les mains liées par des lois telles que le Railway Labor Act de 1926, qui interdit pratiquement toute grève dans l’industrie ferroviaire américaine. Mais le fait que l’expérience au Canada soit essentiellement la même montre que c’est un mensonge: en ce qui les concerne, la RLA n’est qu’une arme supplémentaire à utiliser contre l’opposition de la base.

Tout cela prouve la nécessité d’une lutte unie, rassemblant les travailleurs de tous les chemins de fer de classe I en Amérique du Nord. Nous vous proposons, ainsi qu’aux travailleurs des autres chemins de fer, d’établir des contacts, de discuter d’une stratégie commune et de construire un mouvement puissant, organisé par des comités de la base, indépendants des syndicats et des partis politiques pro-patronaux dans chaque pays.

Le premier principe de ce mouvement devrait être l’unité internationale de la classe ouvrière au-delà des frontières nationales. Nous devons rejeter la rhétorique de «l’Amérique d’abord», «le Canada d’abord» et «le Mexique d’abord» pour ce qu’ils sont, des tentatives de nous diviser les uns contre les autres. En réalité, nous nous battons tous pour la même chose. Cela inclut:

1. La fin immédiate du «Hi Viz», du «Precision Scheduled Railroading» et de tous les autres régimes d’horaires brutaux.

2. Le financement complet de nos pensions, y compris le rétablissement de toutes les réductions.

3. L’ajustement du coût de la vie afin de nous protéger de l’impact de l’inflation.

4. Un arrêt définitif de la campagne de l’industrie pour les équipes composées d’une seule personne.

Pour lutter pour ce programme, il faut de nouvelles organisations. Les syndicats sont des entités pro-patronales, pas des organisations qui nous représentent. Ils ont depuis longtemps fusionné avec la direction des sociétés et le gouvernement. C’est pourquoi nous devons nous organiser en de nouvelles organisations réellement démocratiques, des comités de la base, dirigés par les travailleurs eux-mêmes et non par des bureaucrates fortunés.

Si vous êtes d’accord avec nous, rejoignez-nous: il n’y a pas de temps à perdre. Écrivez-nous dès aujourd’hui à bnsfwrfc@gmail.com.

(Article paru en anglais le 16 mars 2022)

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