L’«ajustement» du CDC réduit de 25 pour cent les décès d’enfants dus à la COVID-19

Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont réduit le nombre de décès d’enfants dus à la COVID-19 de près de 25 pour cent mercredi sans aucune explication sérieuse, dans le cadre d’un effort croissant de l’ensemble de l’establishment politique pour dissimuler les décès massifs dus à la pandémie. Selon Newsnodes, 1.138 personnes en moyenne meurent chaque jour de la COVID-19 aux États-Unis, alors que le nombre officiel de décès approche le million.

Dans son COVID Data Tracker, le CDC a éliminé 72.277 décès précédemment signalés dans 26 États, dont 416 décès pédiatriques.

Musée David J. Sencer CDC à Atlanta, GA (Source: Wikimedia Commons)

Pour expliquer ce changement, le CDC a déclaré qu’«on a ajusté les données sur les décès après avoir résolu une erreur de logique de codage. Cela a entraîné une diminution du nombre de décès dans toutes les catégories démographiques».

Dans une réaction ultérieure à une enquête du World Socialist Web Site, le CDC a précisé sa déclaration antérieure, en écrivant: «On a effectué un ajustement sur les données de mortalité du COVID Data Tracker le 14 mars. Cela implique la suppression de 72.277 décès – dont 416 décès pédiatriques – précédemment signalés dans 26 États, car l’algorithme du CDC comptait accidentellement des décès qui n’étaient pas liés à la COVID-19».

Cette réaction indique clairement que le CDC a changé ce qui est compté comme un décès lié à la COVID-19. Cette décision intervient alors que le CDC travaille activement à la mise en œuvre de mesures qui permettraient de différencier les hospitalisations et les décès «de» COVID-19 par opposition à «avec» la COVID-19, dans ce qu’on perçoit largement comme un effort pour réduire le nombre d’hospitalisations et de décès officiels liés à la COVID-19.

Greg Travis, un analyste de données ayant des dizaines d’années d’expérience dans le secteur de la santé, a déclaré au WSWS que le changement de données du CDC «n’a pas beaucoup de sens».

Travis a déclaré qu’il n’avait jamais été témoin d’un changement de ce type ou de cette ampleur, notant: «Parfois, vous verrez de petites variantes dans WONDER [un outil distinct de suivi des données du CDC sur la COVID-19] où les décès diminuent de quelques dizaines d’un mois à l’autre, mais je n’ai jamais vu le nombre de décès dans un groupe d’âge spécifique commencer à monter en flèche pour ensuite s’effondrer. Et je n’ai jamais vu le nombre de décès dont ils tirent des données diminuer. Cela ne s’est jamais produit».

«Une vaste base de données en ligne pour la recherche épidémiologique» (Wide-Ranging Online Database for Epidemiological Research – WONDER) est un répertoire consultable du CDC qui contient des données sur les naissances, les décès, les maladies, les expositions environnementales et les statistiques démographiques. Il publie un rapport intitulé Provisional Mortality Statistics (statistiques provisoires sur la mortalité), basé sur les certificats de décès reçus par le «Système national des statistiques de l’état civil» (National Vital Statistics System – NVSS) par l’intermédiaire du «Centre national des statistiques de santé» (National Center for Health Statistics – NCHS).

Le NCHS publie également son propre rapport hebdomadaire sur le nombre de décès provisoires dus à la COVID-19. Les rapports du NCHS et WONDER utilisent les mêmes données provenant de l’agrégation des certificats de décès du CDC.

Malgré la diminution du nombre de décès pédiatriques sur le Data Tracker, qui a ramené le chiffre de 1.755 le 14 mars à 1.339 le 15 mars, le tracker indique toujours un nombre de décès pédiatriques nettement supérieur à celui du NCHS ou de WONDER. Le nombre actuel de décès pédiatriques dus à la COVID-19 selon le NCHS est de 921. Le Data Tracker a ajouté 17 décès supplémentaires après la réduction de mercredi.

Alors que le rapport hebdomadaire du NCHS est basé sur les certificats de décès que le CDC a reçus de la part des États, le data tracker publie des rapports quotidiens sur les cas et les décès liés à la COVID-19 que les CDC reçoivent des départements de santé locaux et des États.

Dans sa réponse au WSWS, le CDC a noté que le data tracker offre les informations les plus en temps réel, tandis que les données du NCHS constituent la «source la plus complète». Le NCHS fait une mise à jour par semaine, tandis que le tracker fait une mise à jour six jours par semaine.

Suite aux révisions du CDC, de nombreux membres de la presse, médecins et militants anti-COVID ont publié des révisions de leurs articles et Tweets, acceptant l’affirmation du CDC selon laquelle les données du NCHS sont la source la plus précise pour compter les décès pédiatriques.

Cependant, en expliquant l’écart entre les deux ensembles de données, le CDC a reconnu dans un courriel adressé à un rédacteur du New York Times que les certificats de décès pédiatriques peuvent être très en retard par rapport aux certificats de décès adultes. «Selon la juridiction, la finalisation d’un certificat de décès [pédiatrique] peut prendre des mois».

L’augmentation sans précédent des infections et des hospitalisations d’enfants pendant la vague Omicron a atteint son apogée en janvier, lorsque 1.150.543 enfants ont été infectés pendant la semaine qui se termine le 20 janvier, selon l’Académie américaine de pédiatrie (AAP).

La plus forte hausse des décès pédiatriques, telle qu’observée par le tracker, s’est produite pendant et après l’apogée de la vague Omicron, l’augmentation la plus rapide ayant eu lieu depuis le début de 2022.

Selon la propre explication du CDC, bon nombre des décès d’enfants enregistrés par le tracker ne seraient pas encore traités par la collecte de certificats de décès du CDC.

Un autre problème lié au fait de se baser sur les certificats de décès pour estimer les décès liés à la COVID-19 est le fait qu’ils passent par le système des coroners et des médecins légistes. Le WSWS a déjà expliqué la nature archaïque et politiquement manipulée de ce système.

Dans de nombreuses juridictions, le fait d’être nommé ou élu coroner ne requiert ni une formation approfondie ni une expérience en médecine. Un coroner du Missouri a admis avoir rayé la COVID-19 du certificat de décès à la demande de la famille.

De plus, Greg Travis a souligné que WONDER, qui utilise des certificats de décès confirmés par le NCHS, n’est absolument pas fiable pour suivre les décès dus au syndrome multi-inflammatoire de l’enfant (MIS-C), une maladie qui a été liée à une infection antérieure par la COVID-19.

Actuellement, WONDER n’indique que quatre décès dus au MIS-C, alors que le tracker enregistre 63 décès dus à la complication de la COVID-19.

Le décompte de WONDER est manifestement incorrect. Le département de la santé de Louisiane a confirmé 16 décès dus au MIS-C dans l’État, tandis que l’État de New York en a confirmé trois.

Le WSWS a demandé au CDC des éclaircissements sur la raison pour laquelle son algorithme comptait les décès qui n’étaient pas liés à la COVID-19. Il n’est pas clair pourquoi le changement ne concerne que 26 États et si ces décès couvrent la totalité de la pandémie ou une période spécifique.

Le CDC reconnaît que les 72.277 décès ont eu lieu. Ces personnes ont-elles été diagnostiquées avec la COVID-19? En d’autres termes, le changement reflète-t-il le fait que leurs décès ont été classés différemment malgré un diagnostic de COVID-19?

On ne sait pas non plus pourquoi l’erreur «a entraîné une diminution du nombre de décès dans toutes les catégories démographiques», mais pas une diminution du nombre total de décès indiqué par le tracker, puisque les deux systèmes sont basés sur le même système de déclaration.

Les changements apportés aux données du CDC s’inscrivent dans le cadre d’une campagne plus large qui vise à dissimuler les infections, les hospitalisations et les décès dus à la COVID-19 au niveau fédéral, étatique et local aux États-Unis, qui s’est intensifiée pendant la vague Omicron.

En février, outre le fait que la Maison-Blanche a cherché à modifier les critères de définition des hospitalisations dues à la COVID-19 pour faire baisser les chiffres, le ministère de la Santé et des Services sociaux a mis fin à l’obligation pour les hôpitaux de signaler quotidiennement les décès dus à la COVID-19 dans les hôpitaux. Dans la foulée, les États américains ont décidé de mettre fin à la déclaration des cas et des décès.

Le CDC lui-même a formulé à plusieurs reprises des recommandations antiscientifiques qui privilégient les intérêts de l’élite patronale par rapport à la protection de la vie humaine. Notamment, ils ont réduit les directives en matière de quarantaine et d’isolement et ont modifié les recommandations en matière de port du masque. Cette dernière mesure a permis à 70 pour cent de la population américaine de passer du jour au lendemain d’une zone à haut risque à une zone à risque faible ou moyen.

En février, le New York Timesa rapporté que le CDC avait dissimulé pendant plus d’un an des informations cruciales sur la COVID-19, notamment sur l’efficacité des doses de rappel, les infections majeures et les données sur les eaux usées.

La suppression de 72.277 décès, dont près de 25 pour cent des décès pédiatriques, souligne une fois de plus la nécessité pour le public d’avoir accès à des données fiables, complètes et opportunes sur la COVID-19.

Au début de la troisième année de la pandémie, plutôt que d’améliorer et d’étendre les systèmes de collecte, de vérification et de publication de ces informations avec des exigences de rapport uniformes dans tous les États, les autorités sanitaires des États-Unis, comme dans la plupart des pays du monde, ont décidé de réduire les données COVID-19 et de les cacher au public.

(Article paru en anglais le 21 mars 2022)

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