La présente déclaration a fait l’objet de discussions approfondies et a été approuvée lors d’une récente réunion des cheminots tenue pour fonder le Comité des travailleurs de la base du Canadien Pacifique. Nous demandons instamment à tous les travailleurs du CP d’accord avec notre déclaration de se joindre à notre comité en envoyant un courriel à cpworkersrfc@gmail.com, et nous vous demandons de partager le plus possible cette déclaration avec vos collègues et amis. Nous invitons les cheminots d’autres compagnies à nous contacter afin de commencer à créer un comité de la base sur leur lieu de travail.
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Frères et sœurs,
Nous, ingénieurs de locomotive, chefs de train, agents de train et agents de triage du CP, avons formé le Comité des travailleurs de la base du CP pour mener une lutte sans merci contre le sabotage de notre lutte pour de meilleurs salaires, conditions de travail et pensions par le syndicat des Teamsters. Les Teamsters ont en effet accepté, dans le cadre d’une conspiration en coulisse avec la direction du CP qui a été supervisée par le gouvernement libéral de Trudeau, un processus d’arbitrage frauduleux qui ne répondra à aucune de nos préoccupations urgentes. Ils nous ont ensuite enfoncé cet accord dans la gorge sans même nous demander notre avis.
Nous avons voté massivement pour la grève le mois dernier parce que nous voulions mener une véritable lutte contre le CP, la sixième plus grande compagnie de chemins de fer en Amérique du Nord. Le CP est une entreprise très rentable qui engrange des milliards de dollars pour ses cadres bien payés et ses riches actionnaires en nous exploitant brutalement dans des conditions proches de l’esclavage. Notre vote de grève montre notre détermination à mettre un terme à notre soumission à la direction 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à son régime d’horaires arbitraires et à ses procédures disciplinaires draconiennes, ainsi qu’au plafonnement de nos pensions.
Mais les bureaucrates du syndicat des Teamsters ont d’autres idées en tête. Enfermés dans leurs «négociations» avec la direction du CP depuis septembre dernier, ils nous ont tenus dans l’ignorance du processus de négociation jusqu’à la dernière minute et, en violation de notre vote de grève démocratique, ils ont refusé de lancer un avis de grève dès qu’ils étaient légalement autorisés à le faire. Ils ont ainsi laissé l’initiative à la direction du CP, qui nous a mis en lock-out sous prétexte que notre grève allait «perturber» l’économie. La réalité est qu’ils n’étaient pas prêts à laisser l’opposition des travailleurs empêcher les investisseurs de Bay Street et de Wall Street du CP de réaliser des profits importants grâce aux prix élevés des produits de base produits par la décision des puissances impérialistes de lancer une campagne de guerre agressive contre la Russie et d’imposer des sanctions économiques radicales à ce pays.
Pendant les années qui ont précédé notre vote de grève, nous avons travaillé jour et nuit pour le CP, sacrifiant notre vie familiale et personnelle. Nous sommes confrontés à un système disciplinaire impitoyable dans lequel les gestionnaires tentent de congédier les travailleurs pour la plus petite des infractions. Nous sommes confrontés à un régime d’horaires imprévisibles qui nous oblige à conduire des trains pendant 10 heures et plus, souvent avec des cargaisons inflammables et autres matières dangereuses, après une heure ou deux de sommeil seulement. Nous n’avons aucun moyen de contester les problèmes de sécurité et les mauvais traitements infligés aux travailleurs par le biais de la procédure de règlement des griefs, car la direction a délibérément accumulé des retards dans leur traitement, ce qui signifie qu’il faut plus de deux ans pour régler une plainte.
Les Teamsters, Unifor et autres syndicats ferroviaires sont complices de cette dictature des entreprises. Ils «négocient» avec elles des conventions collectives qui sont violées quotidiennement, tout en nous disent «travaillez maintenant et vous vous plaindrez plus tard», de sorte que le CP n’est jamais tenu de rendre des comptes.
Les bureaucrates des Teamsters ont utilisé la menace d’une loi gouvernementale de retour au travail pour justifier leur acceptation d’un arbitre pro-employeur, nommé par le gouvernement. Dans une lettre adressée aux membres, le négociateur en chef des Teamsters, Dave Fulton, a déclaré que le syndicat savait que le gouvernement Trudeau forcerait un règlement arbitral, et qu’il a donc décidé de «prendre le contrôle» du processus. En d’autres termes, les Teamsters ont décidé de faire le sale boulot du gouvernement libéral et de nous imposer les diktats du CP parce qu’ils ne voulaient pas que notre lutte devienne un défi politique de la classe ouvrière contre Trudeau et son gouvernement au service des grandes entreprises.
La création de notre comité s’inscrit dans le cadre d’une recrudescence de l’opposition de la classe ouvrière à cette dictature des entreprises, des syndicats et du gouvernement qui se produit partout en Amérique du Nord. Nos collègues cheminots de BNSF ont créé le mois dernier le Comité des travailleurs de la base de BNSF pour lutter contre la politique onéreuse de présence «Hi-Viz», qui permet à la plus grande compagnie ferroviaire du continent de déterminer presque tous les aspects de la vie de ses travailleurs.
Ce pour quoi nous nous battons[subhead]
La lutte au CP Rail est un champ de bataille clé pour les travailleurs du Canada, des États-Unis et du monde entier. Alors que les élites dirigeantes se préparent à plonger le monde dans une guerre catastrophique potentiellement menée à l’aide d’armes nucléaires, elles ne peuvent tolérer aucune dissidence de la part des travailleurs à l’intérieur de leurs frontières. L’entente d’arbitrage que le CP, les Teamsters et le gouvernement Trudeau tentent de nous imposer nous privera de tout droit de faire la grève, d’effectuer la grève du zèle ou de négocier toute amélioration de nos conditions pour les années à venir. S’ils y parviennent, des méthodes draconiennes similaires seront employées contre les travailleurs partout dans le monde.
Nous lançons un appel spécial à nos frères et sœurs de BNSF qui ont déjà créé un comité de la base pour défendre leurs revendications, ainsi qu’à ceux du CN, le plus grand chemin de fer du Canada, et à ceux de tous les chemins de fer de classe I aux États-Unis. Organisons une lutte commune contre les profits effrénés et la dictature patronale-syndicale imposée actuellement dans toutes les compagnies de chemins de fer nord-américains! Si Creel et ses amis des grandes entreprises prévoient construire un chemin de fer multinational pour transporter des marchandises et exploiter les travailleurs de l’Arctique canadien jusqu’au Mexique tropical, nous devons alors lancer une contre-offensive multinationale dirigée par les travailleurs des chemins de fer canadiens, américains et mexicains pour mettre un terme aux profits de ces entreprises aux dépens de notre santé, de notre sécurité et de nos vies. Pour ce faire, nous devons rejeter les nationalismes canadien et américain, que les syndicats utilisent pour diviser les travailleurs depuis des décennies et faciliter les attaques des entreprises sur nos conditions de travail, nos emplois et nos salaires. Nous devons également nous opposer aux vastes dépenses militaires des administrations Trudeau et Biden et aux subventions aux entreprises et aux marchés boursiers. Les cheminots comme l’ensemble des travailleurs n’ont aucun intérêt à soutenir des guerres menées pour engranger des profits et exercer de l’influence géopolitique!
Nous lançons un appel particulier à notre allié le plus puissant: la classe ouvrière internationale. Partout, les travailleurs sont engagés dans des luttes pour obtenir de meilleures conditions, des améliorations de salaires et de pensions, et contre des employeurs sauvages. Plus de 800 travailleurs du secteur des traversiers en Grande-Bretagne luttent actuellement contre leur licenciement qui a été imposé du jour au lendemain par l’opérateur maritime P&O et leur remplacement par des travailleurs contractuels gagnant une fraction du salaire normal. En Espagne, des dizaines de milliers de camionneurs protestent contre les prix exorbitants des combustibles et font face à une répression brutale menée par l’État qui déploie des milliers de policiers.
Le Comité des travailleurs de la base du CP fait tout son possible pour unifier ces luttes en soutenant l’Alliance ouvrière internationale des comités de base. L’IWA-RFC a été créée l’an dernier pour assurer la coordination mondiale des luttes des travailleurs dans tous les pays et les armer avec un programme anticapitaliste et socialiste.
Nous invitons tous les travailleurs du rail qui sont d’accord avec cette déclaration à nous rejoindre et à nous aider à construire notre comité. Écrivez-nous à cpworkersrfc@gmail.com.
(Article paru en anglais le 29 mars 2022)