Les candidats à la présidentielle française font le silence sur le coût humain de la pandémie de Covid-19

La pandémie a fait des millions de morts et profondément déstabilisé tout le capitalisme mondial, accélérant la crise économique, sociale et politique en France et à l’international. Alors que la pandémie repart en France avec plus de 200.000 nouveaux cas et des centaines de morts chaque jour, les candidats présidentiels restent silencieux sur la Covid.

La France compte 26 millions de contaminés et 142.000 décès, l’Europe 179 millions de contaminés et 1,8 millions de décès. Parmi les travailleurs, la pandémie a impacté chaque famille. Tout le monde a un parent, un enfant ou un ami qui a été touché plus ou moins lourdement par la Covid. Sur les sept derniers jours, la France a enregistré 1 million de cas et 815 décès du virus.

La reprise de l’épidémie s’explique en partie par l’arrivée du variant B.A.2 plus virulent qu’Omicron, qui a contaminé environ 14 millions de personnes en France entre décembre et février, mais surtout par la levée des restrictions sanitaires depuis le 16 février.

Dans la campagne présidentielle, la souffrance de millions de personnes qui pleurent des proches disparus, qui vivent des effets à court et à long terme du virus, ou qui luttent encore pour leur vie ne compte très précisément pour rien. Tout est subordonné au maintien de l’activité économique, ou, pour être plus précis, à la nécessité de faire fructifier les milliers de milliards d’euros en crédits publics versés directement dans les poches des banques et de l’aristocratie financière.

Lors d’une conférence de presse présentant ses propositions, Emmanuel Macron n’a pas dit un mot sur la pandémie n’évoquant qu’ « une crise de sens chez beaucoup de professionnels de santé» lorsqu’il a évoqué son volet santé. C’était comme si la pandémie n’avait jamais eu lieu. Le mot « Covid » n’apparaît pas dans le programme présidentiel de Macron.

Les autres candidats, quelle que soit leur coloration politique, font le silence sur les coûts humains énormes de la gestion criminelle de la pandémie par Macron, et n’alertent pas sur le danger mortel posé par la reprise de la pandémie et la levée des restrictions sanitaires. Ceci contraste fortement avec les avertissements des scientifiques et des médecins qui soulignent que la pandémie n’est pas finie.

Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a mis en garde mercredi 9 mars que «cette pandémie est loin d’être terminée et elle ne sera finie nulle part si elle n’est pas finie partout. Le virus continue d’évoluer et nous continuons à faire face à des obstacles majeurs dans la distribution des vaccins, des tests et des traitements partout où le besoin s’en ressent. Plusieurs pays ont drastiquement réduit leurs tests. Cela nous empêche de voir où se trouve le virus, comment il se répand et comment il évolue ».

Face au silence de l’immense majorité des candidats, le soin de faire quelques critiques creuses de la gestion du coronavirus a été donné à Marine Le Pen du Rassemblement National néofasciste.

Interrogée sur la politique qu'elle aurait appliquée depuis mars 2020, l'ex-dirigeante du RN a indiqué qu'elle aurait fait « radicalement différemment sur l'intégralité de la crise sanitaire ». Le Pen a prétendu qu’elle n'aurait « pas menti sur les masques » ni « sur les tests », évoquant les « déclarations d'Emmanuel Macron et du gouvernement sur le sujet, qui ont évolué ».

Ce n’est qu’un mensonge creux. Le but de Le Pen n’est pas d’éliminer la transmission du virus et de stopper la pandémie. Son parti et les autres partis néofascistes ont été la force motrice des manifestations pour exiger la levée des restrictions sanitaires. Une véritable stratégie d’éradication internationale, comme celle menée à l’échelle nationale par la Chine, ne peut être faite que par la mobilisation consciente de la classe ouvrière contre les élites dirigeantes qui mènent une politique d’infection de masse.

L’absence du Covid-19 dans les interventions des candidats souligne leur soutien à la politique de « vivre avec le virus » de Macron et de toute l’aristocratie financière. Cela expose aussi les partis de la pseudo-gauche comme La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui ont accompagné la stratégie d’atténuation du virus et en fin de compte d’immunité collective de Macron et de l’UE.

Le programme de Mélenchon n’évoque le coronavirus qu’à une poignée de reprises, pour appeler machinalement à une augmentation des dépenses pour la santé et pour l’hôpital. Mais comme tous les autres candidats, Mélenchon fait le silence sur le coût humain de la pandémie et de sa gestion capitalistique par les États européens. En effet, c’est un crime social qui a coûté des millions de vies, et dans lequel les partis petit-bourgeois de pseudo-gauche sont impliqués au même titre que Macron et l’extrême-droite.

LFI, le NPA et LO ont soutenu les manifestations contre la vaccination et le pass sanitaire de l’été 2021. Ils ont applaudi les « convois de la liberté », inspirés par des manifestations d’extrême-droite au Canada liées aux forces néonazies qui ont monté la tentative de coup d’État du 6 janvier 2021 visant à maintenir Trump à la présidence malgré sa défaite électorale face à Biden.

Ces organisations, bien que reconnaissant la présence de l’extrême droite dans ces mobilisations, prétendaient faussement qu’ils défendaient les intérêts des travailleurs contre l’austérité.

Le rôle de Mélenchon est démasqué par la politique de son parti frère, Podemos, en Espagne, qui est au pouvoir avec les social-démocrates du PSOE. Le PSOE et Podemos ont déclaré à la mi-janvier que la pandémie serait traitée à l’avenir comme la grippe. Les tests et la recherche des contacts ont été réduits de manière drastique, et le décompte des nouvelles infections sera suspendue dans de larges régions de l’Espagne.

Avec un mépris flagrant pour les morts et les diverses maladies que provoqueront les infections de Covid-19, Podemos favorise une infection de masse. Les personnes infectées et qui développent des symptômes légers iront au travail ou à l’école infecter les autres. Un test ou l'isolement à la maison ne seront plus obligatoires. Seules les personnes à risque continueront d'être sujettes aux précédentes mesures sanitaires. La seule obligation qui demeure pour l’heure est le port du masque dans les lieux publics intérieurs de même que dans les transports.

Ceci souligne que la lutte pour commémorer les réelles souffrances humaines liées à la pandémie, et pour les stopper scientifiquement, ne peut se mener à travers un vote électoral. Les élections présidentielles, où les candidats sont choisis par les banques et l’appareil d’État, ne résoudront rien dans la lutte contre la pandémie. Seul un mouvement international, socialiste et révolutionnaire dans la classe ouvrière pourra renverser l’aristocratie financière et imposer une politique scientifique et humaine pour mettre fin au cauchemar du coronavirus.

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