Le gouvernement espagnol PSOE-Podemos arme le régiment néo-nazi ukrainien Azov

Les armes envoyées en Ukraine par le gouvernement espagnol « progressiste » du Parti socialiste (PSOE) et de Podemos sont utilisées par une milice néonazie, le régiment Azov.

Dans une vidéo du 15 mars publiée sur YouTube par le Corps national, l'aile politique du régiment Azov, on peut voir un membre de cette milice déballer des armes et montrer comment les utiliser. La vidéo explique que ces missiles antichars sont des lance-grenades Instalaza C90 en provenance d'Espagne, des grenades RPG-75 venues de Tchéquie et des missiles portables Pansarskott m/86 envoyés depuis la Suède.

La description de la vidéo se lit comme suit : « Instructions vidéo d'Azov sur la façon d'utiliser des lance-grenades anti-char à usage unique pour détruire les véhicules blindés légers et les chars ennemis. »

Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez (PSOE), deuxième à gauche, à côté du chef de Podemos, Pablo Iglesias, deuxième à droite, et de la première vice-première ministre Carmen Calvo, à gauche, au palais de la Moncloa à Madrid, Espagne, le mardi 14 janvier 2020 [Crédit : AP Photo/Manu Fernández]

L'armement des groupes néo-nazis dément les affirmations absurdes de l'Espagne et des autres puissances impérialistes selon quoi elles défendent « la démocratie et la liberté » en Ukraine contre les ambitions dictatoriales et expansionnistes de la Russie de Vladimir Poutine. L'invasion de l'Ukraine par la Russie était un acte désespérée et réactionnaire, mais une réaction à des décennies d'encerclement, de menaces et de provocations impérialistes. L'OTAN mène une guerre par procuration contre la Russie en Ukraine, et les unités paramilitaires d'extrême droite comme le régiment Azov agissent comme troupes de choc de l'impérialisme.

Le régiment Azov a été fondé en 2014 par l'antisémite Andriy Biletsky. Il a incorporé de nombreux membres des anciennes organisations ultra-nationalistes et suprémacistes blanches de Biletsky, les Patriotes d’Ukraine et l'Assemblée sociale-nationale. Ces tendances ont leurs origines politiques dans l' Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), dirigée par le collaborateur nazi Stepan Bandera et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne qui lui était affiliée.

Le régiment Azov, qui utilise des insignes nazis et glorifie ouvertement les collaborationnistes nazis ukrainiens, a été officiellement intégré à la Garde nationale ukrainienne en novembre 2014, quelques mois après qu'un coup d'État d'extrême droite renversa à Kiev le président pro-russe Viktor Ianoukovitch, dans lequel Azov avait joué un rôle clé. Depuis lors, il reçoit des armes et bénéficie d’une formation de la part du gouvernement.

Ce n'est là qu'une des plus importantes parmi les quelque 80 milices d'extrême droite ukrainiennes construites et équipées pour combattre les séparatistes russophones dans l'est du pays. Bon nombre de ces organisations sont désormais pleinement intégrées à l'armée ukrainienne.

Un autre de ces groupes est le groupe néo-nazi C14, dirigé par Yevhen Karas. Dans un discours prononcé début février lors d'un séminaire portant le nom du collaborateur nazi Bandera, Karas s'est réjoui d'avoir reçu de grandes quantités d'armes de « l'Occident ». Il a dit qu'on les armait en raison de leur empressement à tuer des Russes.

« On nous donne maintenant tant d'armes », a déclaré Karas, « non pas parce que, comme certains le disent, ‘l'Occident nous aide’, non pas parce qu'ils veulent pour nous ce qu’il y a de mieux, mais parce que nous exécutons les tâches fixées par l'Occident, parce que nous sommes les seuls qui soient prêts à les exécuter. Parce que nous nous amusons: nous nous amusons à tuer et nous nous amusons à nous battre […] C'est la raison de la nouvelle alliance [avec] la Turquie, la Pologne, la Grande-Bretagne et l'Ukraine ».

L'armement des groupes néo-nazis par les puissances de l'OTAN n'est pas un effet secondaire malheureux et imprévu d'une prétendue défense du peuple ukrainien, mais un choix politique délibéré. Ces forces sont armées et enhardies en raison de leur enragement russophobe et de leur volonté d'agir comme des pions de l'impérialisme.

Le gouvernement espagnol PSOE-Podemos s'est pleinement impliqué dans la campagne de guerre impérialiste contre la Russie. Environ 800 soldats espagnols sont déployés en Europe de l'Est contre la Russie, dont un détachement de 130 aviateurs et quatre avions de combat Eurofighter qui organisent régulièrement des missions provocatrices depuis la Bulgarie vers la mer Noire, près des côtes russes. Trois navires de guerre espagnols patrouillent également dans les eaux de la Méditerranée orientale et de la mer Noire avec des groupes navals de l'OTAN.

Selon une communication du ministère espagnol de la Défense début mars, Madrid a envoyé 1 370 lance-grenades C90, 700 000 cartouches et un nombre indéterminé de mitrailleuses et mitrailleuses légères. Beaucoup de ces armes auront fini entre les mains des milices néo-fascistes.

« C'est une prestation très importante car elle permet une utilisation adaptée des maniements d’armes même par des personnes qui n'ont pas beaucoup d'expérience avec les armes », a déclaré la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, dans une interview télévisée début mars. « L'Ukraine est un pays attaqué et les Ukrainiens défendent légitimement leur vie, la chose la plus importante que nous ayons », a-t-elle ajouté.

Interrogée la semaine dernière pour savoir si l'Espagne enverrait plus d'armes à l'Ukraine, Robles a refusé d'exclure cette possibilité. Lors d'une visite à la base aérienne d'Albacete-Los Llanos, dans l'est de l'Espagne, elle a déclaré : « En principe, c'est une possibilité, tant que l'Ukraine en a besoin et nous en fait la demande ».

« Lorsque ces livraisons seront effectuées », a-t-elle poursuivi, « ce sera fait de la même manière que la dernière fois, avec beaucoup de soin et de discrétion, car il y a un grand risque pour les personnes qui effectuent ces transferts et pour les pays qui ont reçu ce matériel ».

Aucun « soin » ni « discrétion » n'a été exercé pour empêcher que ces armes ne soient acheminées vers les néo-nazis.

Selon le journal de droite Okdiario, des dizaines d'anciens soldats espagnols se sont rendus en Ukraine pour participer à la guerre contre la Russie. Les chiffres du site Internet des « Brigades internationales » du gouvernement ukrainien, qui encourage les étrangers à venir combattre en Ukraine, ont indiqué que plus de 12 000 Espagnols avaient cherché des informations sur la manière de s'enrôler.

Le gouvernement PSOE-Podemos a tacitement encouragé les civils et les soldats à la retraite à se rendre en Ukraine. Interrogée sur les conséquences des combats en Ukraine, la ministre espagnole de la Justice, Pilar Llop, a répondu: « Il est possible que des personnes de nationalités différentes puissent y aller. … Notre système judiciaire n'interdit pas cette possibilité ». Le Centre national de renseignement espagnol (CNI) surveillerait l'activité des Espagnols combattant en Ukraine au cas où ils se « radicaliseraient.

Pablo Iglesias, fondateur et ancien leader du parti « populiste de gauche » Podemos, a réagi aux révélations sur l'armement par son parti des néonazis ukrainiens en faisant quelques critiques hypocrites.

S'adressant à Twitter le 16 mars, Iglesias a déclaré : « Il est très grave que des armes envoyées à l'Ukraine par notre gouvernement se soient retrouvées entre les mains d'un groupe néonazi. Si cela est vrai, le piètre argument que ces nazis n'avaient que des armes britanniques ne tient pas la route. Condamner l'invasion de la Russie ne justifie pas d'armer les nazis. »

Iglesias n'a pas tiré de conclusions plus générales du fait que le parti dont il était le leader arme des néonazis. Nonobstant ses critiques creuses, le porte-parole parlementaire de Podemos, Jaume Asens a déclaré ce mois-ci qu'il était « légitime pour la communauté internationale de fournir une aide à l'État [ukrainien] attaqué ».

Les forces armées espagnoles sont truffées de fascistes. En décembre 2020 ont été divulgués des messages WhatsApp de hauts officiers de l'armée de l'air à la retraite où ceux-ci menaçaient d’un meurtre de masse et appelaient au coup d'État. « En bon fasciste », déclare l'un d'eux, « [je crois] qu'il n'y a pas d'autre choix que de commencer à tirer sur 26 millions de fils de pute », leur estimation du nombre d'électeurs de gauche en Espagne.

Quelques semaines plus tard on rendait public un chat WhatsApp de 121 soldats d’active dans lequel ceux-ci dénonçaient le communisme et exprimaient leur soutien aux officiers fascistes à la retraite. Dans le même temps, de nombreuses vidéos apparurent de soldats espagnols chantant des chansons fascistes et faisant le salut fasciste.

À l'époque, Iglesias a minimisé la question  et répondu aux menaces de coup d'État fasciste en disant: « Ce que disent ces messieurs, à leur âge et déjà à la retraite, dans une conversation avec quelques verres de trop, ne représente aucune menace. »

Podemos est un parti pro-guerre lié à tous les crimes récents de l'impérialisme espagnol. Avant de prendre le pouvoir avec le PSOE, il a recruté des officiers de premier plan, dont l'ancien général de l'armée de l'air et chef d'état-major des armées Julio Rodríguez, qui a dirigé la participation de l'armée espagnole aux guerres néocoloniales menées par les États-Unis en Libye. Rodríguez est maintenant un membre dirigeant de Podemos et le chef de cabinet de la vice-première ministre Yolanda Diaz.

Un mouvement anti-guerre de la classe ouvrière au niveau international doit être construit de toute urgence pour empêcher la classe dirigeante de plonger la planète dans un conflit potentiellement nucléaire. Cela nécessite une rupture intransigeante d’avec les partis pro-impérialistes de la classe-moyenne comme Podemos, et la construction de sections du Comité international de la Quatrième Internationale, en Espagne comme dans tous les pays.

(Article paru en anglais le 31 mars 2022)

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