Confinement de toute la ville de Shanghai tandis que le nombre de cas de COVID-19 ne cesse d’augmenter

«Combattre le variant Omicron tout en maintenant le fonctionnement normal des fonctions essentielles dans une mégalopole de 25 millions d’habitants est une tâche ardue et un défi de taille», a déclaré Sun Chunlan, la vice-première ministre de la Chine, au cours du week-end alors qu’elle visitait Shanghai durant le confinement. Le nombre de nouveaux cas a augmenté rapidement, ce qui a nécessité des mesures sévères pour maîtriser rapidement l’épidémie.

Un agent de santé en combinaison de protection prélève un échantillon d’un résident sur un site extérieur de dépistage du coronavirus, le mercredi 23 mars 2022, à Pékin, en Chine (AP Photo/Andy Wong) [AP Photo/Andy Wong]

L’épidémie de Shanghai est principalement due au fait que les autorités locales ont refusé de prendre des mesures plus strictes, ce qui a permis à la situation de s’aggraver.

La visite de Sun, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, a servi à assurer à la population que le gouvernement «respecterait de manière indéfectible l’approche dynamique Zéro COVID et mobiliserait la capacité de test COVID-19, le personnel médical et les fournitures de prévention COVID-19 pour soutenir Shanghai dans la lutte contre l’épidémie».

Sa présence visait également à apaiser les inquiétudes soulevées dans les médias sociaux chinois qui ont suscité l’intérêt de la communauté internationale suite au décès d’une infirmière qui souffrait d’une exacerbation de l’asthme qui s’est vu refuser l’entrée dans un hôpital. On a exprimé d’autres inquiétudes quant à la prolongation des mesures de confinement au-delà de ce que les autorités avaient promis et quant à l’accès à la nourriture et aux fournitures.

Toutefois, suivant les préoccupations visant à minimiser les perturbations de l’infrastructure économique que le président Xi Jinping avait déjà exprimées, Sun a souligné que les «industries et institutions clés» fonctionneraient selon une «gestion stricte en circuit fermé» qui pourrait garantir «le fonctionnement normal des fonctions essentielles et la stabilité des chaînes d’approvisionnement et industrielles».

Une pratique empruntée aux Jeux olympiques d’été de Tokyo en 2021 et appliquée aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin en 2022 signifie que certains gros fabricants ayant la capacité de loger les travailleurs dans leurs enceintes et agissant rapidement avant les ordres de confinement pourraient ainsi poursuivre leurs activités. Reuter a rapporté la semaine dernière que «GM, qui a déclaré [lundi dernier] que sa coentreprise de Shanghai produisait normalement, a refusé de commenter les dispositions prises dans son usine. Un porte-parole a déclaré que la société et ses coentreprises avaient développé et exécutaient des plans d’urgence avec leurs fournisseurs pour atténuer l’incertitude liée à la COVID-19. SAIC [constructeur automobile d’État chinois en coentreprise avec GM] n’a pas fait de commentaire.»

On a modifié le confinement en deux phases de Shanghai en un confinement complet tard dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsqu’on a découvert de nouveaux cas de COVID-19. Cela souligne ainsi la propagation silencieuse et incontrôlée de la maladie dans la communauté qui était en cours depuis plusieurs semaines.

La Commission nationale de la santé de la République populaire de Chine a indiqué qu’on a confirmé 13.146 cas de COVID-19 dimanche, dont 11.691 étaient asymptomatiques. Pour le seul mois de mars, on a signalé plus de cent mille infections.

Les chiffres de dimanche constituent le chiffre le plus élevé jamais enregistré en une journée en Chine pendant la pandémie de COVID-19. Le nombre élevé de cas asymptomatiques a été attribué à la fois au caractère de la souche Omicron et à la détection précoce due aux tests de masse, une stratégie fondamentale pour la stratégie chinoise Zéro-COVID.

Figure 1: Cas quotidiens de COVID en Chine du 1er mars au 3 avril 2022 [Source WSWS]

Zhang Boli, académicien de l’Académie chinoise d’ingénierie et directeur de l’Université de médecine traditionnelle chinoise de Tianjin, a expliqué que l’augmentation des taux de vaccination a permis de renforcer l’immunité de la population. Les responsables de la santé ont indiqué qu’on a administré plus de 3,27 milliards de doses de vaccins COVID.

Pourtant, les personnes âgées de plus de 80 ans et les plus vulnérables sont les moins vaccinées en Chine. Et un nombre considérable de personnes de 60 ans et plus n’ont reçu que deux doses. Comme à Hong Kong, une politique qui consiste à laisser le virus se propager avec de maigres mesures d’atténuation aurait des conséquences mortelles.

Wu Zunyou, épidémiologiste principal au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC), a déclaré dans une interview du Global Timesà propos du grand nombre de cas asymptomatiques: «C’est le résultat de notre travail efficace de prévention des épidémies, à savoir: l’identification précoce de l’épidémie, la réaction en temps utile et la gestion de l’ensemble du processus pour toutes les personnes infectées, y compris les cas asymptomatiques…» Cependant, Wu a reconnu que les contrôles de l’épidémie deviendront plus difficiles si les infections quotidiennes continuent de dépasser rapidement les 10.000 dans la ville.

Des ressources sont actuellement mobilisées pour protéger le système de santé de Shanghai. Des professionnels de la santé des provinces voisines sont mobilisés pour aider aux tests de masse et à la construction d’hôpitaux de fortune pour gérer les infections asymptomatiques. En outre, de la nourriture et des produits de première nécessité sont acheminés pour soutenir la population, les volontaires travaillant 24 heures sur 24.

Selon la Commission de la santé de Shanghai, la ville a lancé une campagne d’autodiagnostic de l’antigène COVID-19 à l’échelle de la ville afin d’identifier les premiers cas sur la base d’un système d’autodéclaration. Cette campagne sera suivie lundi par des tests d’acide nucléique (PCR) dans toute la ville. Au total, on a effectué 32,74 millions de tests PCR dans la ville depuis le 28 mars 2022, date à laquelle le confinement progressif a commencé. Pour cette entreprise monumentale, on a mis en place un site de collecte d’échantillons pour chaque 3.000 habitants, et les échantillons parviennent aux instituts de test environ une fois par heure.

Cependant, plutôt que de reconnaître le réseau complexe d’opérations qui a dû être mobilisé en peu de temps afin de s’assurer que des millions de personnes soient protégées de l’infection et que l’on puisse endiguer et éliminer le virus, le principal objectif des grands médias occidentaux est de profiter de la nature chaotique de ces développements et de dénigrer ces efforts dans le domaine de l’opinion publique.

En particulier, le New York Timesa choisi de se concentrer sur la séparation de certains enfants de leurs parents pendant le confinement et les tests de masse, une action qui a suscité une vague de colère et de frustration sur les médias sociaux chinois.

Ils ont écrit: «Sur les images [photos et vidéos], une série de berceaux d’hôpital, chacun contenant plusieurs jeunes enfants, semblaient être garés dans le couloir du centre clinique de santé publique de Shanghai, dans le district de Jinshan de la ville. Une vidéo montrait plusieurs des enfants en train de pleurer». Le centre de santé a reconnu que ces images étaient authentiques. Et en effet, elles sont préoccupantes. Cependant, étant donné que c’est dans le contexte de l’épidémie et de ses dangers pour la population, il est égoïste de la part du New York Times de s’en servir pour discréditer les efforts considérables entrepris face au variant Omicron à Shanghai. Le même journal de référence du libéralisme américain a publié à plusieurs reprises des demandes pour vivre avec le virus.

Entre-temps, 243.000 enfants aux États-Unis ont perdu un proche aidant à cause de la COVID-19 au cours des deux dernières années. Parmi eux, 194.000 ont perdu leurs deux parents. Comme le note Scientific American, «les contrecoups psychologiques et économiques peuvent avoir des répercussions négatives à vie sur leur éducation et leur carrière.» Pendant ce temps, alors que la vague de BA.2 commence à prendre de l’ampleur, plus de 700 personnes meurent de la COVID-19 chaque jour aux États-Unis. Près de 1.500 enfants américains sont décédés tout au long de la pandémie, dont les deux tiers au cours des huit derniers mois: la conséquence de la politique bipartisane qui vise à garantir que les écoles restent ouvertes pendant les vagues répétées d’infection.

Pendant ce temps, le CDC chinois a déclaré qu’on avait isolé une nouvelle souche du virus, qui n’avait jamais été séquencée auparavant, chez un patient qui présentait des symptômes légers de COVID-19 à Suzhou, à environ 70 km de Shanghai. Selon Bloomberg, elle semble avoir évolué à partir de la branche BA.1.1 du variant Omicron.

Malgré les mesures rigoureuses, la stratégie dynamique du Zéro-COVID reste populaire en Chine. L’expérience mondiale de la COVID-19, notamment aux États-Unis, où elle a fait un million de victimes, n’a pas échappé à la population. Le Dr Q, cardiologue à Shenyang, a reconnu qu’un scénario de «vivre avec le virus» en Chine entraînerait la mort de bien plus d’un million de personnes. «Et je serais le premier à l’attraper et à le transmettre à ma mère, qui a plus de 70 ans, et je crains ce qui lui arriverait».

(Article paru en anglais le 4 avril 2022)

Loading