Facebook annule la suppression de la vidéo anti-guerre du SGP après de nombreuses protestations

Après que des milliers de personnes aient protesté sur les médias sociaux pendant une semaine contre la suppression par Facebook d’une vidéo anti-guerre du Sozialistische Gleichheitspartei (SGP) – le Parti de l’égalité socialiste en Allemagne – la société technologique a rétabli la vidéo. Cette décision marque un succès important, mais elle soulève également des questions politiques fondamentales.

Facebook a supprimé la vidéo intitulée «Non à la troisième guerre mondiale! Contre la guerre en Ukraine, l’agression de l’OTAN et le réarmement de l’Allemagne!» le samedi 26 mars, sans donner la moindre raison et sans possibilité de recours. Le SGP n’a pas non plus reçu de réponse à sa demande de rétablir immédiatement la vidéo et de respecter les droits constitutionnels du Parti.

Cette suppression est sans aucun doute un acte de censure politique. La vidéo ne contient aucun discours haineux, ne viole aucune loi et n’enfreint aucune règle de la communauté. Elle a été supprimée pour des raisons purement politiques afin de réduire au silence des opposants à une propagande de guerre assourdissante et au danger d’une guerre mondiale nucléaire. La vidéo condamne sans équivoque l’invasion russe de l’Ukraine, mais montre aussi comment elle a été provoquée par les innombrables guerres des puissances de l’OTAN et l’encerclement militaire de la Russie.

Avant tout, la vidéo explique le programme du socialisme international, qui constitue le seul moyen de mettre fin à la guerre et d’éviter une catastrophe. Si la classe ouvrière internationale n’intervient pas de façon indépendante et ne construit pas un mouvement international contre la guerre et le capitalisme, une guerre mondiale est inévitable.

Voyant que la vidéo a été visionnée plus de 20.000 fois en quelques jours, Facebook a décidé de la bloquer. L’objectif de Facebook est de supprimer la politique anti-guerre indépendante du SGP et d’intimider du coup la vaste opposition populaire à la guerre.

Il a fallu plus d’une semaine à Facebook pour rétablir la vidéo et, avec elle, les près de 100 commentaires et près de 200 réponses qu’elle a suscités. Cette décision est sans aucun doute une réaction au soutien massif que le SGP a reçu.

Un message publié sur Facebook par le SGP en opposition à la censure de la vidéo a été partagé 81 fois et appuyé par plus de 400 usagers. Les trois principaux mots-clics de la campagne #SpeakOutAgainstWW3, #StopCensoringSocialism et #defendSGP ont été utilisés plus de 1500 fois. Une republication de la vidéo et sa publication sur d’autres plateformes ont atteint près de 20.000 vues combinées.

En outre, le WSWSa reçu de nombreuses déclarations de travailleurs et de jeunes de l’Allemagne et du monde entier qui ont protesté dans les termes les plus forts possible contre la censure exercée par Facebook.

«Facebook prend le parti de la mort et de la destruction avec sa censure. C’est un acte criminel qui doit être combattu vigoureusement! Non à la guerre, non à la censure», déclare un lecteur du Royaume-Uni.

Un développeur de logiciels lance quant à lui un appel à ses collègues de Facebook pour former des comités des travailleurs de la base afin de lutter contre la censure et le bellicisme propagé par l’entreprise.

«La censure de cette vidéo est une attaque contre le large sentiment anti-guerre présent dans la population. Le nombre élevé de vues de la vidéo avant sa suppression souligne le large intérêt de la population pour une perspective de lutte contre la guerre et pour une véritable analyse de ses causes, déclare pour sa part un étudiant de Bade-Wurtemberg.

Mais même si Facebook n’a pas réussi à maintenir sa censure à cause des protestations, son geste a eu un impact important. Tout d’abord, le dommage reste que la vidéo a été bloquée alors qu’elle était au sommet de sa popularité, pendant qu’elle était largement partagée. La vague de diffusion a donc été stoppée.

Par-dessus tout cependant, cet incident souligne le fait que Facebook s’arroge le droit de censurer arbitrairement les faits et opinions indésirables que l’entreprise ne partage pas. Ce faisant, l’entreprise viole clairement le droit applicable. Plus récemment, en juillet 2021, la Cour fédérale de justice allemande a jugé que Facebook doit tenir compte des droits fondamentaux lorsqu’elle décide de supprimer du contenu, informer les utilisateurs concernés et leur donner la possibilité de faire appel.

Facebook sait très bien que la vidéo du SGP ne viole aucune loi ou règle de la communauté et c’est pourquoi elle n’a pas pu se conformer à ces exigences. Mais elle a quand même censuré la vidéo et a tout simplement fait fi de toute jurisprudence.

On peut supposer que le géant de la technologie agit en étroite collaboration avec le gouvernement. Facebook a en effet embauché plus de 20.000 employés pour son équipe de sécurité et d’application de la loi afin de surveiller et de censurer les publications sur sa plateforme. Beaucoup de ces employés sont «d’anciens agents du renseignement ou des forces de l’ordre», a admis Monica Bickert, responsable de la lutte contre le terrorisme chez Facebook, en janvier 2018.

En Allemagne, plus de 1000 personnes sont employées pour surveiller le contenu de Facebook. La coopération avec le gouvernement est particulièrement étroite. Avec la loi Netzwerkdurchsetzungsgesetzqui régit les contenus sur les réseaux sociaux et autres, l’État allemand encourage non seulement les entreprises technologiques en général à censurer, mais aussi Facebook à supprimer le plus de contenu possible du fait de la menace d’amendes élevées aux entreprises. Selon le Rapport sur la transparence, 11.699 messages ont été supprimés de Facebook en Allemagne sur cette seule base au cours du premier semestre de 2021 seulement, ce qui représente une multiplication par neuf par rapport au semestre précédent.

Facebook doit expliquer comment le Parti de l’égalité socialiste s’est retrouvé dans sa machine à censure. Quelles personnes ont participé à la décision de procéder à la suppression de cette vidéo sans fournir de motif et sans possibilité de recours? Quel rôle les agences gouvernementales jouent-elles dans les décisions de Facebook?

Si Facebook ne répond pas à ces questions, on ne peut garantir que l’entreprise s’abstienne dorénavant de prendre d’autres mesures de censure arbitraires et politiquement motivées. Nous appelons donc tous nos lecteurs et sympathisants à continuer de protester contre la censure et à exiger des réponses à ces questions de la part de Facebook. Par ailleurs, le SGP et le WSWSluttent en solidarité avec tous les opposants à la guerre qui ont du contenu toujours censuré sur Facebook et les autres plateformes de médias sociaux.

(Article paru en anglais le 5 avril 2022)

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