Faites tomber le gouvernement Rajapakse du Sri Lanka! Abolissez la présidence exécutive! Non à l’austérité et à la famine!

Formez des comités d’action pour lutter en faveur d’un programme socialiste et garantir la nourriture, le carburant et les médicaments pour tous!

Des millions de travailleurs sont dans les rues du Sri Lanka pour exiger la démission immédiate du président Gotabhaya Rajapakse et de son gouvernement capitaliste qui est directement responsable des immenses difficultés qu’ils rencontrent. Rajapakse a déclaré sans ambages qu’il ne démissionnera pas et ne dissoudra pas son gouvernement. Il a proclamé de manière provocatrice que même s’il perd sa majorité parlementaire, il restera président et gardera les rênes de l’armée et de la police.

Enseignants qui tiennent des pancartes du PES pendant le piquet de grève à Homagama, une banlieue de Colombo, le 6 avril 2022 [WSWS Media]

Le Parti de l’égalité socialiste (PES) soutient sans réserve les revendications des travailleurs: «Gota[bhaya] doit partir!» Mais qu’est-ce qui va le remplacer? Il ne suffit pas d’exiger le départ de Rajapakse. Ce dernier n’est que l’horrible visage actuel d’un système d’État présidentiel corrompu et réactionnaire qui existe pour garantir la richesse et les intérêts de la classe capitaliste et perpétuer l’exploitation et l’appauvrissement des travailleurs et des paysans dans toute l’île.

En tant qu’étape clé dans la résolution de la crise politique actuelle, le PES exige l’abolition immédiate de la présidence exécutive, qui, avec ses pouvoirs autocratiques étendus, tient un pistolet sur la tête de la classe ouvrière. Depuis sa création en 1978 par J. R. Jayawardene, la présidence exécutive – accordant des pouvoirs qui permettent à quiconque qui occupe le poste d’imposer arbitrairement la volonté des élites capitalistes – est utilisée pour réprimer impitoyablement les droits démocratiques et sociaux des travailleurs, des pauvres et des masses rurales.

La semaine dernière, Rajapakse a de nouveau exploité ses pouvoirs présidentiels en proclamant l’état d’urgence, imposant un couvre-feu et déployant des policiers, des soldats et des véhicules blindés dans les rues dans une tentative désespérée de mettre fin aux manifestations de masse. Il a échoué uniquement parce que les travailleurs, par dizaines de milliers, ont courageusement défié la menace.

Cependant, Rajapakse attend son heure. Il peut réimposer l’état d’urgence sans avertissement et mobiliser à nouveau l’armée. Il peut interdire les grèves industrielles, proscrire les organisations et les partis politiques, censurer les médias et arrêter et détenir arbitrairement des individus. La présidence elle-même doit être abolie. En plus de Gotabhaya, la présidence exécutive et le barrage de lois antidémocratiques entre les mains du gouvernement doivent disparaître.

Le Parti de l’égalité socialiste demande l’abrogation de la loi sur les services publics essentiels qui est utilisée pour criminaliser les grèves des travailleurs du secteur public. Nous demandons également l’abrogation de la loi sur la sécurité publique et de la fameuse loi sur la prévention du terrorisme qui donnent des pouvoirs d’État policier aux forces de sécurité.

Le PES insiste sur le fait que l’objectif de ces changements politiques démocratiques nécessaires est de mettre en marche une restructuration fondamentale de l’économie selon des lignes socialistes qui ne peut être réalisée que par une lutte déterminée de la classe ouvrière, des pauvres des zones rurales et des jeunes.

Nous nous opposons au programme d’austérité du gouvernement et des partis d’opposition. Nous proposons un programme d’action pour que la classe ouvrière mobilise son pouvoir social et impose sa propre solution à l’immense crise sociale et économique: une solution qui place les besoins humains avant les profits des investisseurs.

Partout, les gouvernements capitalistes n’ont d’autre réponse que d’imposer de nouveaux fardeaux terribles aux travailleurs. Cela alimente la lutte des classes au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine, ainsi que dans les principaux centres impérialistes, y compris aux États-Unis. Les travailleurs du Sri Lanka ne sont pas seuls dans leurs luttes. Ils peuvent se tourner vers leurs alliés de classe au niveau international pour une assistance mutuelle, et en premier lieu vers les travailleurs indiens qui ont organisé la semaine dernière une grève générale de deux jours contre le programme d’austérité et de privatisation du gouvernement Modi.

Manifestation étudiante au carrefour Galaha à Peradeniya, le 6 avril 2022 [WSWS media]

Que doit-on faire? La classe capitaliste sri-lankaise est totalement incapable de répondre aux besoins sociaux urgents des travailleurs et des pauvres. Ni demandes ni pression ne la feront changer de cap lorsque ses profits et ses richesses sont en jeu.

La classe ouvrière ne peut lutter pour ses besoins que si elle établit ses propres organisations indépendantes de toutes les fractions de la bourgeoisie et des syndicats qui ont joué un rôle on ne peut plus perfide dans la répression de la vague de grèves et de protestations de masse de ces deux dernières années.

Le PES appelle à la formation de comités d’action comme première étape de l’auto-organisation de la classe ouvrière. Nous appelons les autres travailleurs à faire de même. Il faut établir des comités d’action indépendants, démocratiquement élus, dans les usines, les lieux de travail, les plantations et les quartiers ouvriers de tout le pays. Nous offrons toute l’aide politique nécessaire à la construction de telles organisations de combat de la classe ouvrière.

Le PES insiste sur le fait que la classe ouvrière ne doit pas se serrer la ceinture pour s’adapter à ce que les capitalistes peuvent se permettre dans leur système d’États-nations et de propriété privée. Elle doit plutôt avancer sa propre solution de classe à la crise sociale et économique.

Nous proposons le programme et les politiques suivants pour animer le travail des comités d’action afin de répondre aux besoins pressants des masses:

Pour le contrôle démocratique des travailleurs sur la production et la distribution de tous les articles essentiels et autres ressources cruciales pour la vie des gens! Nationaliser les banques, les grandes entreprises, les plantations et les autres grands centres névralgiques de l’économie!

La classe capitaliste exploite sa propriété des moyens de production et de distribution pour amasser d’énormes profits. La seule façon pour la classe ouvrière de subvenir à ses besoins essentiels est de retirer les moyens de production des mains des capitalistes et de faire l’inventaire de ces ressources afin qu’elles puissent être utilisées pour mettre fin à la souffrance et à la misère actuelles.

Répudiez toutes les dettes étrangères! Non aux exigences d’austérité du FMI et de la Banque mondiale qui représentent les banquiers et les institutions financières internationales!

Le gouvernement Rajapakse impute ses dures mesures d’austérité à la nécessité de rembourser des milliards de dollars aux banquiers internationaux. Les partis d’opposition sont d’accord. Les 7 milliards de dollars qui doivent aller cette année dans les coffres des banques internationales doivent plutôt servir à payer la nourriture, le carburant, les médicaments et autres biens essentiels dont les travailleurs ont besoin.

Saisir les richesses colossales des milliardaires et des sociétés!

Selon la base de données sur les inégalités dans le monde (World Inequality Database), les 10 pour cent les plus riches de la société sri-lankaise détenaient en 2021 une part massive de 63,8 pour cent de la richesse totale de l’île, tandis que les 50 pour cent les plus pauvres n’en détenaient que 4,3 pour cent. Cette vaste richesse créée par la classe ouvrière doit être saisie et distribuée sur la base des besoins sociaux.

Annuler toutes les dettes des petits agriculteurs pauvres et des propriétaires de petites entreprises! Rétablir toutes les subventions, y compris les subventions aux engrais pour les agriculteurs!

En offrant un moyen de sortir de leurs problèmes économiques écrasants, la classe ouvrière deviendra un pôle d’attraction pour les masses rurales opprimées et les exploitants de petites entreprises qui sont accablés par des dettes élevées, des intrants coûteux et des prix qui ne répondent pas à leurs besoins essentiels.

Garantir des emplois pour tous avec des conditions de travail décentes et sûres! Indexer les salaires au le coût de la vie!

Si le FMI et les banquiers internationaux parviennent à leurs fins, il y aura une avalanche de destruction d’emplois. L’inflation est déjà galopante et ronge les salaires. Laissés aux mains des syndicats, les emplois, les salaires et les conditions de travail seront encore négociés à la baisse, comme c’est le cas depuis des années.

La lutte pour ce programme offre une voie à suivre et permettra à la classe ouvrière d’avoir confiance en ses capacités, entrainant les masses rurales à ses côtés et, grâce au développement d’un réseau de comités d’action, offrant les bases organisationnelles pour que la classe ouvrière prenne le pouvoir et établisse un gouvernement ouvrier et paysan pour commencer la réorganisation socialiste de la société.

Les travailleurs qui luttent au Sri Lanka sont dans les mêmes tranchées que leurs frères et sœurs de classe, et ils ont les mêmes ennemis de classe. La marée montante de la lutte des classes dans le monde entier donne aux travailleurs sri-lankais des alliés potentiels et des bases de soutien dans les usines, les lieux de travail et les bureaux partout dans le monde. Cela peut être développé en une lutte coordonnée au niveau international contre la domination économique des grandes entreprises, des banques et des sociétés financières mondiales, afin de mettre fin au capitalisme.

Le Parti de l’égalité socialiste doit également lancer un avertissement. Le régime Rajapakse – tel que ses prédécesseurs depuis l’indépendance formelle de 1948 – et ses alliés racistes auront recours aux provocations communautaires et au poison du chauvinisme cinghalais afin de tenter par tous les moyens de diviser les travailleurs cinghalais, tamouls et musulmans selon des lignes ethniques. Cependant, tous les travailleurs et les pauvres font face à la même crise économique désespérée. Le rejet de toutes les formes de nationalisme et de communautarisme est essentiel pour construire l’unité de la classe ouvrière au Sri Lanka et dans le monde.

Une révolution socialiste est nécessaire au Sri Lanka et pour cela, une direction révolutionnaire est essentielle. Toute l’histoire du siècle dernier a démontré que sans un parti révolutionnaire, même les luttes les plus militantes et les plus déterminées de la classe ouvrière sont inévitablement vaincues, ouvrant la porte à la contre-révolution et à la répression sauvage.

Nous exhortons les travailleurs et les jeunes qui sont d’accord avec ce programme à rejoindre le Parti de l’égalité socialiste et à en faire le parti de masse de la classe ouvrière.

(Article paru en anglais le 7 avril 2022)

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