En ce qui concerne la pandémie mondiale de COVID-19, tous les regards se sont tournés vers la Chine, où on a prolongé indéfiniment le confinement de Shanghai afin de lutter contre le sous-variant Omicron BA.2, hautement infectieux et résistant au système immunitaire, qui a provoqué une augmentation record des infections dans le pays.
Depuis la mi-mars, les cas de COVID-19 ne cessent d’augmenter à Shanghai, le centre financier de la Chine. Le 28 mars, les responsables de la santé de Shanghai ont entrepris un confinement en deux étapes. D’abord, la moitié située à l’est de la rivière Huangpu se trouverait placée en confinement pendant cinq jours, et ensuite, ce serait le tour de la moitié ouest de la ville. Jeudi dernier, toutefois, les autorités sanitaires ont décidé de fermer toute la ville jusqu’à ce qu’on ramène le nombre de cas à zéro.
Pékin mobilise toutes ses ressources pour aider Shanghai dans cette épidémie sur le point d’échapper à tout contrôle. On a déployé plus de 38.000 travailleurs médicaux de 15 régions de niveau provincial pour aider à lutter contre l’infection et on a construit des hôpitaux de fortune avec la capacité d’accueillir au moins 50.000 patients. Vendredi, la ville a subi une deuxième série de tests à l’échelle de la ville.
Malgré les inquiétudes quant à l’acheminement des vivres dans les quartiers fermés et les retards dans la coordination des livraisons de nourriture, la situation semble s’être améliorée récemment. Comme l’a confirmé Bloomberg, «les autorités ont intensifié l’aide ces derniers jours et certains résidents ont commencé à recevoir de l’aide alimentaire du gouvernement qui comprend des œufs, du lait, des légumes et de la viande».
On a comparé les efforts déployés à Shanghai à ceux de la ville de Wuhan, dans la province du Hubei, qui a émergé d’un confinement de 79 jours il y a précisément deux ans, le 8 avril 2020. Comme cela s’est produit à l’époque, la première incursion dans le confinement a été chaotique et complexe. La mise en place d’un réseau logistique aussi vaste et inexistant auparavant est synonyme de retards, d’échecs et d’appréhension sociale. Cependant, l’engagement envers ces efforts est inébranlable.
Vendredi, la Commission nationale de la santé (CNS) de Chine a signalé 24.224 nouveaux cas de COVID-19 (dont 91 cas importés), dont 22.648 étaient asymptomatiques. Cependant, la majeure partie des cas quotidiens de COVID-19 continue d’être recensée à Shanghai, et la ville a signalé vendredi 21.222 nouveaux cas, dont 824 étaient des infections symptomatiques.
En comparaison, on n’a eu que 3.001 cas de COVID-19 en Chine continentale, dont 716 cas symptomatiques. La plupart de ces cas continuent d’être identifiés dans la province du Jilin, dans le nord-est du pays. On a eu 2.266 cas de COVID-19, dont 2.027 à Changchun, une ville de neuf millions d’habitants connue localement comme la «ville de l’automobile» ou le «Detroit de Chine». Les mesures de confinement prises dans la ville du Jilin ont considérablement réduit le nombre de nouvelles infections: seulement 228 cas ont été signalés vendredi.
L’augmentation apparente du nombre de cas de COVID-19 à Shanghai est le résultat de tests PCR effectués dans toute la ville pour déterminer la localisation de chaque infection. En d’autres termes, les tests ont permis de découvrir l’ampleur réelle de la transmission communautaire silencieuse qui contribue à l’augmentation des infections.
De nombreuses personnes favorables à l’élimination de la maladie se sont plaintes que l’approche de laisser-faire adoptée à Shanghai jusqu’à la fin du mois de mars a contribué à l’apparition d’une épidémie coûteuse et évitable. Après avoir critiqué le gouvernement chinois, même le New York Times a dû admettre que le soutien au programme «Zéro COVID» reste élevé en Chine.
Chen Daoyin, ancien professeur adjoint à l’université de sciences politiques et de droit de Shanghai, a déclaré au Times: «Pékin avait clairement persisté avec le Zéro-COVID et alignait Shanghai sur le reste du pays. Dans un système comme celui de la Chine, où la politique détermine tout, c’est impossible de suivre une autre voie».
En revanche, les États-Unis persistent pour «vivre avec le virus». Les systèmes de surveillance de la COVID-19 sont rapidement démantelés, conformément à la fameuse boutade de l’ancien président fasciste Trump: «Si nous ne faisions aucun test, nous aurions très peu de cas». Ces efforts ont reçu un soutien bipartisan total et l’approbation des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). De plus, les nombreux cas d’infection signalés chez des politiciens de haut niveau à Washington, notamment la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont induit les Américains en erreur en leur faisant croire que la COVID-19 était inoffensive.
Plus d’un million d’Américains ont péri inutilement à cause de la COVID-19, et l’espérance de vie aux États-Unis a diminué de plus de 2,2 ans pendant la pandémie. En revanche, moins de 5.000 personnes sont mortes en Chine et l’espérance de vie a maintenant dépassé celle des États-Unis.
Contrairement aux mesures non scientifiques employées aux États-Unis et dans une grande partie du reste du monde, les autorités chinoises sont passées d’une stratégie d’atténuation à Shanghai à la mise en œuvre des normes les plus strictes pour éliminer la COVID-19 et préserver la vie et la santé. Ce changement soudain et cette détermination ont été accueillis par des attaques féroces de la presse occidentale contre la politique du «zéro COVID», qui dénonce son impact sur les marchés mondiaux.
Le 29 mars, le comité de rédaction du Financial Times, le porte-parole du capital financier, est intervenu: «En fin de compte, la Chine aura besoin d’une stratégie pour sortir du COVID-19 zéro et vivre avec le virus… Alors que le monde revient lentement à la normale, la politique aura un coût de plus en plus élevé pour la Chine».
Le 3 avril, The Economista fait remarquer que «la douleur sera ressentie à l’étranger également, tout comme elle l’a été lors des confinements à Shenzhen, une autre ville profondément intégrée dans les chaînes d’approvisionnement mondiales… Une équipe d’économistes estime qu’une fermeture d’un mois de Shanghai et ses effets d’entraînement réduiraient le PIB de la Chine d’un pourcentage stupéfiant de 4 pour cent au cours de cette période».
Le 6 avril, la rédaction du Washington Postécrivait: «Depuis deux ans, les dirigeants chinois se vantent à qui veut bien les entendre que leur système autoritaire a mieux combattu la pandémie que les démocraties indisciplinées et chaotiques. Faisant référence au nombre impressionnant de morts aux États-Unis, Pékin a exprimé sa fierté de voir que sa politique de répression impitoyable dès qu’une infection était découverte, une politique appelée “Zéro COVID”, fonctionnait».
Le Postajoute: «Dans la plupart des cas, c’est juste, et la population chinoise a été épargnée des sacrifices et de la misère observés ailleurs. Mais aujourd’hui, la dictature chinoise est dans ses derniers retranchements dans sa lutte contre le virus». De toute évidence, dans cette bataille, le Postsouhaite voir le virus l’emporter.
Bloomberg a ouvert son reportage du 7 avril de manière provocatrice: «Animaux battus à mort. Des parents forcés de se séparer de leurs enfants. Des personnes âgées incapables d’accéder aux soins médicaux. Des résidents enfermés scandant “nous voulons manger” et “nous voulons la liberté”». On n’a fait aucune mention des efforts déployés pour atténuer ces préoccupations qui ne touchent qu’une infime minorité des personnes confinées.
Le 8 avril, le Wall Street Journals’est plaint que les confinements étranglent les opérations de fabrication et exercent des pressions excessives sur les «chaînes d’approvisionnement mondiales tendues». Le Wall Street Journal écrivait: «Les mesures rigoureuses prises par le gouvernement pour contenir l’épidémie de COVID-19 dans le pays – la pire depuis plus de deux ans – immobilisent des dizaines de millions de personnes, principalement dans le cœur industriel de Shanghai et les environs».
En ce qui concerne ces déclarations enflammées et les rumeurs qui circulent sur la situation critique de Shanghai, le WSWS a eu l’occasion de parler à la Dre Y à Shanghai sous couvert d’anonymat.
Commentant les inquiétudes soulevées dans les médias au sujet des enfants séparés de leurs parents, elle a déclaré: «Oui, c’était vrai et cela a mis beaucoup de gens en colère et les a fait parler. On a mis les enfants COVID-positifs en quarantaine dans un centre, loin de leurs parents négatifs. Les parents positifs, eux, pouvaient rester avec leurs enfants. Cependant, après l’indignation, les autorités ont ajusté leur politique et ont autorisé les parents à rester avec leurs enfants».
En ce qui concerne la question de la nourriture et des fournitures, la Dre Y a expliqué que les communautés gèrent la distribution de nourriture localement. «Enfermer tout le monde chez soi et fermer tous les supermarchés pour empêcher les regroupements [de personnes] crée évidemment des pénuries alimentaires. Les gens forment des groupes “WeChat” dans leur communauté pour commander des choses en gros, et ils essaient également de commander des produits d’épicerie et de les faire livrer par le biais de différentes applications. Le succès repose principalement sur la chance».
Elle ajoute: «Gardez à l’esprit que les plaintes pour manque de nourriture sont très nombreuses. Cependant, selon certaines informations, les autorités vont commencer à prendre en charge la distribution de la nourriture dans toute la ville au lieu de s’en remettre aux communautés locales».
La Dre Y et d’autres professionnels de la santé en Chine ont corroboré que la stratégie d’élimination leur avait permis de retrouver des routines de vie normales jusqu’à récemment. Ils ont tous exprimé leur inquiétude quant à la menace que représente Omicron et ont soutenu les efforts actuels.
Les limitations de liberté de mouvement imposées récemment par les autorités découlent directement des dangers que représente le fait de laisser le virus se répandre librement dans une population dépourvue de protection immunitaire suffisante. La politique de la libre propagation sur laquelle insistent les marchés financiers internationaux serait socialement catastrophique et politiquement déstabilisante pour les autorités du Parti communiste chinois (PCC).
Le but de l’attaque des médias occidentaux contre la politique chinoise du Zéro COVID est de susciter la colère et la réaction de la population chinoise. Totalement indifférentes aux préoccupations concernant la vie et le bien-être de leur propre population ou de celle de tout autre pays, les élites dirigeantes font du virus une menace existentielle et une arme politique contre les Chinois.
(Article paru en anglais le 9 avril 2022)