Le message vidéo de David O’Sullivan adressé aux chauffeurs de bus en grève du Maharashtra obtient un appui considérable

Un message vidéo du dirigeant du Comité de travailleurs de la base des bus de Londres, David O’Sullivan, adressé aux travailleurs des bus en grève à Maharashtra, en Inde, a atteint des milliers de spectateurs, recevant un soutien enthousiaste parmi les travailleurs en grève.

Depuis sa publication sur YouTube jeudi dernier, le message de solidarité internationale de la classe ouvrière de David O’Sullivan a atteint plus de 14.500 spectateurs, avec 825 «j’aime» et 76 commentaires.

L’écrasante majorité des commentaires proviennent des travailleurs des bus du Maharashtra qui se battent avec détermination et courage depuis le début de leur grève illimitée le 4 novembre 2021.

L’audience a augmenté de 1.000 téléspectateurs par heure au plus fort de la journée de jeudi. Le taux d’augmentation a ralenti, mais la vidéo est toujours partagée sur les médias sociaux, ayant reçu 2.000 vues supplémentaires au cours du week-end.

Jeudi, la Haute Cour de Bombay a ordonné aux employés des bus en grève de reprendre le travail avant le 22 avril. Le tribunal a rejeté la principale revendication des grévistes: que le gouvernement de l’État du Maharashtra les absorbe en tant qu’employés du gouvernement afin d’éviter les projets de privatisation de la Maharashtra State Road Transport Corporation (MSRTC).

La colère suscitée par la décision du tribunal a éclaté vendredi lorsque des centaines de grévistes de la MSRTC ont manifesté devant la résidence privée du chef du Parti du Congrès nationaliste (NCP), Sharad Pawar, pour dénoncer son refus de les aider. Selon l’Indian Express, Supriya Sule, fille de Pawar et membre du NCP, a tenté d’apaiser les manifestants, mais en vain.

Les travailleurs ont tenté de prendre d’assaut la résidence de Pawar. La police a arrêté 104 grévistes et a ensuite inculpé 132 personnes. Pawar s’est joint aux principaux ministres de la coalition gouvernementale de l’État du Maharashtra pour dénoncer les actions des grévistes. La coalition MVA est dirigée par le Shiv Sena, un parti d’extrême droite, aux côtés du NCP et du Congrès national indien.

Le ministre de l’Intérieur Dilip Walse Patil, du NCP, a ordonné au commissaire de police de Mumbai Sanjay Pandey d’appliquer les mesures les plus sévères contre les «instigateurs» de la manifestation de vendredi. Le lendemain, la police a fait évacuer les grévistes de l’Azad Maidan, un célèbre terrain de sport du centre de Mumbai, où les grévistes de la MSRTC sont installés depuis novembre dernier.

Un manifestant du Maidan a déclaré à l’Expressvendredi: «Cela fait plus de cinq mois que nous protestons à Azad Maidan, mais personne ne nous a écoutés. Pawar est responsable des suicides des travailleurs».

Des dizaines de grévistes se seraient suicidés depuis novembre dernier, le résultat de l’isolement de la grève par les grandes fédérations syndicales dirigées par les staliniens et les partis de «gauche» qui ont refusé de mobiliser les travailleurs pour les défendre.

Dans les commentaires laissés sur YouTube, les travailleurs des bus du Maharashtra remercient chaleureusement O’Sullivan. D’autres fournissent des informations sur leur lutte et ses difficultés, expliquant parfois l’isolement politique qu’ils vivent, ainsi que leurs espoirs quant à l’issue de la grève. Quelques-uns demandent de plus amples informations sur la manière dont le comité de la base peut les aider.

Voici quelques commentaires:

Merci, monsieur, pour votre soutien DE TOUT LE PERSONNEL DE MSRTC KURLA NEHRUNAGAR DEPO MUMBAI DIVISION

Merci beaucoup, monsieur, vous avez écouté ces employés, mais le gouvernement n’est pas prêt à les écouter.

Merci de l’Inde. La raison principale de la prolongation de la grève est que presque tous les médias sont soudoyés par le gouvernement. Et les nouvelles sont toujours en faveur du gouvernement afin que le public ait une mauvaise opinion des travailleurs.

Merci de nous soutenir, monsieur… Le gouvernement de notre État n’est bon à rien.

Je suis aussi un chauffeur de bus et je suis une personne réelle. Nous sommes en grève depuis plus de cinq mois. Merci pour cette nouvelle… nous ne mettrons pas fin à la grève tant que le gouvernement n’acceptera pas nos revendications.

350 morts en service pendant la pandémie de COVID-19, et 120 suicides du personnel jusqu’à présent. Pourtant, le gouvernement n’est pas sérieux. Les travailleurs de MSRTC semblent vraiment impuissants! Comment cette organisation pourrait-elle les aider?

C’est l’explosion de [ces] 20 dernières années de mauvais comportement de la part de l’administration et de chaque gouvernement. C’est aussi une explosion d’inégalités. C’est aussi une explosion de… stress, de pauvreté, de besoins fondamentaux, de santé mentale… plus de travail et moins d’argent.»

À Londres, les chauffeurs de bus ont réagi chaleureusement à la vidéo, la partageant sur les médias sociaux et laissant des émoticônes pour montrer leur soutien. Vous trouverez ci-dessous une sélection d’entretiens recueillis auprès de chauffeurs de bus londoniens:

Dixon, un chauffeur de bus de l’ouest de Londres, a déclaré: «Ils présentent l’Inde comme la plus grande démocratie du monde et pourtant ils traitent les travailleurs de cette manière. Les travailleurs ont manifestement voté pour la grève, alors comment la Haute Cour de Bombay peut-elle à plusieurs reprises décider de rendre leur grève illégale? Ils vont dans le sens du BJP et des autres partis au pouvoir».

«C’est comme lorsque [l’ancienne première ministre] Margaret Thatcher est arrivée au pouvoir, elle a introduit des lois pour rendre la grève pratiquement impossible. C’est complètement manipulé. Nos droits sont réduits à presque rien».

«On a rapporté que 700.000 personnes ont quitté le syndicat Unite [le deuxième plus grand syndicat de Grande-Bretagne]. Ils sont partis simplement parce que ces syndicats ne font pas ce qu’ils sont censés faire. Les chauffeurs du Maharashtra ont plusieurs syndicats, mais on dirait qu’ils suivent le gouvernement de l’État. C’est une bien piètre excuse pour le gouvernement de l’État du Maharashtra de dire qu’il n’a pas de fonds».

«Ils ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas d’argent. Le Maharashtra est l’État où se trouve Bollywood. Bombay est la capitale économique de l’Inde et le centre commercial où se trouve la Bourse de Bombay. C’est l’État le plus riche d’Inde».

«Je suis étonné que cela ne soit pas apparu sur Al Jazeera ou la BBC. Il s’agit de 96.000 travailleurs en grève, et ils ne le montrent tout simplement pas. Allons-nous vers des troubles civils? Il semble que oui. C’est ce qui se passe dans le monde entier. Allons-nous voir les 96.000 employés de bus camper devant le tribunal? Comment peuvent-ils justifier cela? Plus de 300 des travailleurs du bus sont morts à cause de la COVID-19 et ils osent ensuite leur ordonner de retourner au travail comme ça»?

«Tenez bon. Il faut que ce soit connu à travers le monde. Ici, dans l’ouest de Londres, des chauffeurs de bus et d’autres habitants ont soutenu les agriculteurs indiens. Ils avaient des autocollants qui disaient: “Pas d’agriculteurs, pas de nourriture”. Ce dont nous avons besoin ici, c’est d’une action similaire à l’échelle mondiale pour les travailleurs du transport, afin de souligner que nous soutenons les travailleurs du transport dans le monde entier. Nous sommes des travailleurs essentiels et nous ne devrions pas être soumis à ce traitement».

«Regardez le conflit concernant les ferries P&O: ils paient 5,15 livres de l’heure pour des travailleurs qualifiés. C’est ce qui se passe partout. Je comprends qu’une guerre est en cours, mais le carburant et les autres coûts augmentent. La semaine dernière, un reporter a interviewé ici une dame qui ne pouvait pas se permettre de payer le carburant – elle chauffait ses haricots avec des bougies. En arrivons-nous à ce stade? Je n’arrive pas à le croire. En fait, nous nous battons juste pour survivre. Tout augmente, mais pas nos salaires».

Un chauffeur de Go-Ahead a déclaré: «C’est merveilleux que Dave ait réalisé cette vidéo, car on ne penserait jamais que quelqu’un d’ici puisse le faire. C’est vraiment apprécié, car il fait comprendre aux gens ce qui se passe dans le monde. Et ce n’est pas facile. Mais c’est génial qu’il ait fait ça».

«Ils devraient continuer à se battre. Le gouvernement a de l’argent, et il devrait trouver une meilleure position de négociation pour les chauffeurs de bus. Modi, le premier ministre indien, a donné beaucoup d’argent au Sri Lanka. Il veut qu’ils sortent de la Chine. L’Inde dit qu’elle soutiendra le Sri Lanka sur le plan financier, car elle ne veut pas que la Chine ait trop d’influence».

«Si nous ne nous tenons pas debout, nous serons dans la même position que ces travailleurs des bus en Inde. C’est déjà le cas. Vous voyez ce qui s’est passé à Brixton? Ils leur ont dit de retourner au travail [en utilisant la menace d’une loi antigrève]. C’est la même chose.»

Jason, un chauffeur de bus de Norwich, a déclaré: «J’ai été très ému par l’appel de Dave pour la lutte des travailleurs des bus de Maharashtra. C’était très instructif et important de le porter à l’attention des travailleurs partout dans le monde: encore du véritable journalisme d’investigation de la part du WSWS. Cette affaire n’a pas été couverte par les grands médias qui ne sont rien d’autre qu’un service de propagande pour le gouvernement».

«La première chose que j’ai pensé, c’est que c’est ce qu’ils ont en tête pour tous les travailleurs, nous dépouiller de tout. Les choses allaient mal avant la pandémie mais maintenant c’est pire et cela vaut pour les prétendues démocraties occidentales. Nous ne sommes pas vraiment libres.»

«Les travailleurs des bus du Maharashtra et la position qu’ils adoptent sont un exemple pour nous tous. Les syndicats agissent comme des hommes de main pour les entreprises et le gouvernement afin qu’ils puissent obtenir une partie du gâteau des entreprises, ils ne sont pas là pour les travailleurs. Quiconque tente de changer les choses au sein de ces organisations se fait tout simplement dénigrer et se fait piéger par des accusations bidon.»

«Cela fait partie d’une lutte internationale. Elle doit se répandre dans le monde entier. C’est nécessaire à 100 pour cent. C’est l’objectif des comités de base et la raison d’être de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base. Depuis que j’y participe, mon point de vue a certainement changé. Plutôt que de nous considérer comme un petit rouage, nous faisons partie d’un ensemble plus vaste, d’une force sociale plus puissante. Je ne croyais pas que c’était possible de changer les choses de cette manière et, si nous ne le faisons pas à l’avenir, nous pouvons dire adieu à tout ce que nous avons».

(Article paru en anglais le 11 avril 2022)

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