La journée suivant l’annonce par le gouvernement Biden d’une augmentation massive des livraisons d’armes à l’Ukraine, dont des centaines de drones, de blindés et d’hélicoptères, la guerre a pris un nouveau tournant dangereux qui risque de mener à un affrontement militaire direct entre l’OTAN et la Russie.
Le navire de guerre russe Moskva, navire amiral de la flotte russe de la mer Noire, a coulé. L’Ukraine affirme avoir frappé le Mosvka avec des missiles antinavires. Le Kremlin dément ces affirmations.
Le ministère russe de la Défense a déclaré que l’équipage du navire, composé d’environ 500 marins, avait été secouru, mais Konstantin Zatulin, un législateur russe de haut rang, a affirmé que des marins russes avaient péri dans l’attaque.
Se félicitant du naufrage du navire, le conseiller présidentiel ukrainien Oleksiy Arestovych a déclaré: «C’est un événement militaire extrêmement important et la plus grande défaite de la marine russe depuis la Seconde Guerre mondiale.» Le Moskva serait le plus grand navire de guerre coulé en termes de tonnage depuis 1945.
Auparavant, les États-Unis avaient annoncé à la fois de nouveaux déploiements d’armes militaires en Ukraine et une expansion massive du «partage de renseignements». Le Wall Street Journal a écrit mardi que «ces mesures permettront à l’Ukraine de viser les forces de Moscou au Donbass et en Crimée».
On ignore dans quelle mesure ce «partage de renseignements» a pu jouer un rôle dans le naufrage du Moskva.
Après le naufrage du navire de guerre, la Russie a affirmé que des hélicoptères ukrainiens avaient mené des frappes sur son territoire jeudi, attaquant le village frontalier de Klimovo dans la région de Briansk et faisant sept blessés.
Jeudi également, des responsables de l’Union européenne ont déclaré qu’un embargo sur les importations de pétrole russe par les pays de l’UE était en préparation et serait probablement adopté d’ici quelques semaines. Cette interdiction fait suite à un plan annoncé précédemment qui vise à stopper l’importation de charbon russe.
Les reportages suggèrent que, suite à ces développements, la Russie a considérablement intensifié les attaques directes sur Kiev. Des explosions et des coupures de courant ont été signalées à travers la ville. «Dans la nuit du vendredi 15 avril, on a entendu de puissantes explosions dans différentes parties de Kiev. On a manqué d’électricité dans une partie importante de la capitale ukrainienne», a écrit le quotidien Izvestiiacontrôlé par le gouvernement russe.
Pour faire monter la tension, le Pentagone a annoncé jeudi qu’il fournirait à l’Ukraine «300 systèmes aériens tactiques sans pilote Switchblade, 500 missiles Javelin et des milliers d’autres systèmes antiblindés, 200 véhicules blindés de transport de troupes M113, 100 véhicules blindés polyvalents à haute mobilité, 11 hélicoptères Mi-17», ainsi que des mines terrestres.
Selon le Pentagone, les États-Unis ont maintenant «consacré plus de 3,2 milliards de dollars d’aide à la sécurité en Ukraine depuis le début du gouvernement Biden, dont environ 2,6 milliards depuis le début de l’invasion russe non provoquée le 24 février».
L’annonce d’une nouvelle expansion des livraisons d’armes intervient juste après que le premier ministre finlandais a déclaré que le pays chercherait à rejoindre l’OTAN d’ici quelques semaines. En réaction, les responsables russes ont menacé de procéder à une importante accumulation d’armes nucléaires.
«Si la Suède et la Finlande rejoignent l’OTAN, la longueur des frontières terrestres de l’alliance avec la Russie fera plus que doubler», a déclaré Dimitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Russie. «Naturellement, ces frontières devront être renforcées».
Medvedev a prévenu que la Russie pourrait déployer «des Iskander, des hypersoniques et des navires dotés d’armes nucléaires» à ses frontières avec les États membres de l’OTAN. Les missiles Iskander peuvent être armés d’ogives nucléaires.
L’OTAN, pour sa part, développe déjà massivement son arsenal nucléaire le long de ses frontières avec la Russie. Jessica Cox, directrice du conseil d’administration de la politique nucléaire de l’OTAN à Bruxelles, a déclaré à Defense Newsque les alliés américains de l’OTAN s’engageraient à utiliser la «mécanique de partage nucléaire» du chasseur F-35, ce qui implique le déploiement généralisé d’armes nucléaires tactiques le long des frontières de l’OTAN.
L’escalade de la guerre fait suite au sommet de l’OTAN du mois dernier, au cours duquel le président américain Joe Biden a déclaré que Poutine «ne peut pas rester au pouvoir».
À l’issue du sommet, Joe Biden a déclaré: «Nous devons nous engager maintenant à participer à ce combat sur le long terme. Nous devons rester unis aujourd’hui, demain, après-demain et pendant les années et décennies à venir».
Cette semaine, Biden a encore intensifié cette rhétorique contre la Russie, déclarant que le pays commettait un «génocide» en Ukraine.
Au milieu d’une inflation galopante et d’une pandémie qui fait rage, le gouvernement Biden utilise la guerre en Ukraine dans un effort désespéré pour détourner les tensions sociales vers l’extérieur et fabriquer une unité nationale sur la base de la guerre.
Le gouvernement Biden cherche également à utiliser la guerre pour imposer une défaite militaire décisive à la Russie, dans le but d’entreprendre un changement de régime dans le pays afin de prendre le contrôle de ses ressources naturelles vitales, ce que les États-Unis jugent comme étant essentiel pour leur domination de l’économie mondiale et les préparatifs d’un conflit militaire avec la Chine.
Cependant, le conflit échappe rapidement à tout contrôle, laissant entrevoir la perspective d’un affrontement direct entre l’OTAN et la Russie et la première utilisation d’armes nucléaires depuis la Seconde Guerre mondiale, dont les conséquences sont presque insondables.
(Article paru en anglais le 15 avril 2022)