La Maison-Blanche annonce une aide militaire supplémentaire de 800 millions de dollars à l’Ukraine

La Maison-Blanche a annoncé jeudi qu’elle allait envoyer une aide militaire supplémentaire de 800 millions de dollars à l’Ukraine pour sa guerre par procuration avec la Russie, qui se concentre désormais dans l’est du pays. Le paquet comprend de l’artillerie lourde, des dizaines d’obusiers, 144.000 cartouches de munitions, ainsi que des drones. Le président américain Joe Biden a également annoncé une aide économique supplémentaire de 500 millions de dollars.

Selon le New York Times, le paquet d’aide militaire «permettra effectivement de créer cinq nouveaux bataillons d’artillerie ukrainiens, et comprend plus de 120 nouveaux drones construits spécifiquement pour être utilisés par les forces ukrainiennes».

Des militaires ukrainiens étudient un système d’arme suédois à lanceur d’épaule Carl Gustaf M4 lors d’une séance d’entraînement dans la banlieue de Kharkiv, en Ukraine, le jeudi 7 avril 2022. (AP Photo/Andrew Marienko)

En annonçant ce nouveau dispositif, le président américain Joe Biden a déclaré qu’il enverrait un «message sans équivoque» au président russe Vladimir Poutine. «Il ne réussira jamais à dominer et à occuper l’ensemble de l’Ukraine».

Le président américain, visiblement saisi par la fièvre de la guerre, a déclaré: «Parfois, nous allons parler doucement et porter un grand Javelin, parce que nous en envoyons beaucoup». Il s’est vanté du fait que les États-Unis avaient acheminé des armes en Ukraine à une «vitesse record» au cours des deux derniers mois, et qu’ils avaient fourni «10 systèmes antiblindés pour chaque char russe qui se trouve en Ukraine». Biden a fait savoir sur un ton menaçant que les États-Unis avaient la capacité de maintenir ce niveau de livraisons militaires «pendant longtemps».

Biden a également annoncé que les États-Unis avaient fermé leurs ports aux navires russes, ce qui constitue une nouvelle escalade dans la guerre menée par les puissances de l’OTAN contre la Russie.

En réaction, le Kremlin a imposé jeudi des sanctions à 29 hauts responsables et PDG américains, dont la vice-présidente Kamala Harris et Mark Zuckerberg, de Facebook, qui sont désormais interdits d’entrée dans le pays.

La dernière annonce d’une aide militaire massive pour l’Ukraine montre très clairement que les puissances impérialistes, avec les États-Unis en tête, font tout ce qu’elles peuvent pour prolonger la guerre en Ukraine et intensifier le conflit avec la Russie.

Cette annonce est intervenue un jour seulement après le test démonstratif par la Russie du missile balistique intercontinental «Sarmat», qui peut être équipé d’ogives nucléaires. Le président russe Vladimir Poutine, qui a déclenché la guerre dans une tentative désespérée de forcer les puissances impérialistes à s’asseoir à la table des négociations et à discuter de ses demandes de garanties de sécurité – stratégie ayant clairement échoué –, a déclaré que cet essai était un avertissement à ceux qui «tentent de menacer notre pays».

Le dernier paquet porte à 3,4 milliards de dollars l’engagement total des États-Unis en matière d’aide militaire à l’Ukraine depuis le début de la guerre seulement. L’aide militaire fournie par l’OTAN à l’Ukraine est d’une ampleur sans précédent. Lors d’une déposition devant le Congrès la semaine dernière, le général Mark A. Milley, chef d’état-major interarmées, a déclaré que dans les mois ayant précédé la guerre et par la suite, les États-Unis et l’OTAN ont envoyé 25.000 armes antiaériennes et 60.000 armes antichars en Ukraine.

Une liste fournie par le Pentagone indique que Washington a fourni à l’Ukraine 1.400 systèmes antiaériens Stinger; 5.500 systèmes antiblindés Javelin; 18 obusiers de 155 mm et 40.000 cartouches d’artillerie de 155 mm; 16 hélicoptères Mi-17; 50 millions de munitions, 7.000 armes légères et 75.000 gilets pare-balles et casques; des radios cryptées; des camions blindés, etc. La Grande-Bretagne a fourni pour environ 588 millions de dollars d’armes, notamment des missiles antichars et antinavires et de l’artillerie à longue portée.

Les États-Unis entraînent également les troupes ukrainiennes dans les pays voisins de l’OTAN.

Mercredi, le New York Timesa rapporté qu’une «course à l’armement de l’Ukraine» était en cours, et qu’elle était en grande partie organisée en secret. Le Times a écrit: «Contrairement au début de la guerre, où de nombreux pays semblaient rivaliser pour annoncer ce qu’ils fournissaient à l’Ukraine, la course actuelle se déroule en grande partie en secret. Une grande partie de la coordination, y compris sur la manière d’acheminer le matériel en Ukraine, est assurée par le Commandement européen des États-Unis (ou Eucom), basé à Stuttgart, en Allemagne, et par un Centre de coordination des donateurs internationaux, au nom insipide, mis en place avec les Britanniques».

La plupart des pays, y compris la France, n’annoncent pas exactement quelles armes et quels équipements ils livrent à l’Ukraine. La Pologne a également refusé de confirmer l’envoi de plus de 100 chars T-72 et T-55 de l’ère soviétique à l’Ukraine. En revanche, la République tchèque s’est vantée d’avoir fourni à Kiev des chars T-72 et des véhicules blindés BMP-1, et le gouvernement slovaque a fourni un système de missiles antiaériens S-300 de l’ère soviétique.

Les États-Unis essaient maintenant d’acheter autant d’équipements militaires de l’ère soviétique que possible pour les revendre à l’Ukraine. Le Timescite l’ancien secrétaire américain à la défense, Robert M Gates, qui a déclaré: «Nous n’avons pas vraiment le temps d’acheminer beaucoup de blindés américains lourds en Ukraine, et nous n’avons pas le temps de former les militaires ukrainiens. Mais beaucoup d’équipements militaires ex-soviétiques se trouvent encore dans les arsenaux des États d’Europe de l’Est». Les États-Unis, a déclaré Gates, «devraient mettre à sac les arsenaux» de ces pays pour y trouver des blindés et des systèmes antiaériens «avec la promesse des États-Unis de fournir à terme du matériel de remplacement à nos alliés de l’OTAN».

S’exprimant lors d’une table ronde au ministère russe de la Défense sur la «Crise des relations russo-américaines», Sergey Koshelev, chef adjoint du département de l’Amérique du Nord du ministère, a déclaré jeudi que les livraisons d’armes par l’OTAN sur le territoire de l’Ukraine constituaient une «cible militaire légitime» pour la Russie. Il a reconnu que les annonces d’une aide militaire toujours plus importante des États-Unis à l’Ukraine provoquaient une «anxiété croissante» au Kremlin. Washington, a déclaré Koshelev, cherche clairement à provoquer des «pertes maximales» pour l’armée russe.

L’armée russe a reconnu des pertes «significatives» en Ukraine, n’admettant toutefois que 1.351 morts, en date du 25 mars. Ce chiffre n’a pas été actualisé depuis. Les responsables du Pentagone et de l’Ukraine affirment que les chiffres sont beaucoup plus élevés. Selon certains reportages, des dizaines de hauts responsables militaires, dont plusieurs généraux, figureraient parmi les morts. Des funérailles pour les soldats tombés au combat ont lieu chaque jour dans tout le pays.

Signe que l’État russe tente de dissimuler le véritable bilan de la guerre, le ministère russe de la Défense a proposé mercredi que les proches des soldats tués en Ukraine soient tenus de s’adresser aux autorités militaires plutôt que civiles pour obtenir des indemnités, afin de «limiter le cercle des personnes» qui disposent d’informations sur les troupes russes tuées.

La semaine dernière, la marine russe a également perdu son navire amiral, le Moskva, qui a coulé en mer Noire. Si les circonstances du naufrage du navire sont toujours contestées – l’Ukraine affirme qu’elle a causé le naufrage avec deux missiles et le Kremlin insiste sur un incendie à bord –, la perte du Moskva a été une humiliation militaire majeure pour la Russie. Les parents d’un grand nombre des 500 marins à bord attendent toujours de connaître le sort de leurs proches.

En Ukraine, 12 millions de personnes ont été déplacées par la guerre, soit plus d’un quart de la population. 7 millions sont des réfugiés à l’intérieur du pays, tandis que 5 millions ont fui vers d’autres pays, surtout la Pologne.

(Article paru d’abord en anglais le 22 avril 2022)

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