Une étudiante française dénonce la «catastrophe» de l’élection présidentielle

Les journalistes du WSWS ont interviewé Clémence, étudiante à Amiens et demandeuse d’emploi, sur les présidentielles françaises et l’appel du Parti de l’égalité socialiste (PES) à mobiliser la classe ouvrière contre les deux candidats et se préparer à s’opposer au prochain président.

Clémence a dit qu’après le premier tour, elle avait ressenti un « grand désarroi. Le fait que Macron qui a ouvertement embrassé l'extrême-droite et Marine Le Pen sont au deuxième tour est une catastrophe. Il y a eu aussi une grande abstention qui montre le manque de confiance envers la classe dirigeante politique. »

Clémence a critiqué les appels du PS, des Verts et du PCF à voter Macron : « La consigne de faire barrage à l'extrême-droite de la part de la gauche et de la droite avouée est hypocrite, car son gouvernement a pris des mesures xénophobes, islamophobes et politiquement racistes. Je pense notamment à Darmanin, ministre royaliste qui est violemment islamophobe. Le grand capital est à l'honneur et tout ça mène à une ambiance d'hypocrisie et de destruction de nos droits les plus élémentaires. »

Elle a ajouté que le PSF est « très hypocrite » quand il « appelle à soutenir Macron. Tous les satellites de l’État bourgeois ont adopté les mêmes points de vue sans mettre en cause le fait que Macron a pris des mesures d'extrême-droite réactionnaires visant à toujours réduire les droits démocratiques. Et les violences policières risquent encore de s'amplifier. »

Clémence a aussi relevé les manifestations qui ont éclaté dans les universités et les lycées à Paris et à travers la France après le premier tour. Elle a dit, « La police a laissé passer les nervis fascistes des jeunesses des mouvements de l'extrême-droite qui ont attaqué les étudiants qui bloquaient Sciences Po. C'est intéressant, l'appel ‘Ni Macron, Ni Le Pen’ lancé par les étudiants : en se mobilisant ils ont appelé à des luttes et à la solidarité maximale pour ne pas être isolé et pour que cela n'amène pas à un échec. »

Sur regroupement organisé par LFI avec le PCF, les Verts et d’autres partis de pseudo-gauche après le premier tour, Clémence a dit que c’était une alliance « opportuniste » et une « mesure de coalition bourgeoise » Elle a souligné que c’est un milieu qui « a trahi les intérêts des classes populaires et de la classe ouvrière qu'elle prétend soi-disant représenter. »

A propos de la candidate le Lutte ouvrière (LO), Clémence a dit : « Nathalie Arthaud, qui se dit communiste révolutionnaire n'a pas prononcé les mots de ‘socialisme’ ou de ‘révolution’ dans ses appels. Pour eux ces élections sont juste un tremplin pour se faire entendre. »

Sur les questions environnementales comme la pandémie et le climat, a ajouté Clémence, ces partis « en parlent un peu mais souvent sur des angles frauduleux, comme le retrait du port du masque, des normes sanitaires, contre la politique de Zéro Covid. Ils font extrêmement peu mention de l'internationalisme, de la création d'un parti internationaliste. »

Clémence a souligné l’impact démoralisateur de ces organisations sur les jeunes : « Il y a un rejet massif de la politique dans le cadre bourgeois, mais ils manquent de perspective. Beaucoup sont démoralisés et ne croient plus en quelque chose ou en d'autres perspectives sociales parce que ce système prône l'idéologie capitaliste. Et même si on est conscient que le capitalisme n'est pas adéquat et valide la cause de la destruction de la planète et des conditions de vie, beaucoup de jeunes sont perdus. »

Clémence a témoigné de son intérêt pour la politique de boycott actif prôné par le PES et expliqué comment elle l’entend.

Elle a dit, « C’est ne pas s'inscrire sur les listes électorales, montrer son désaccord avec le système capitaliste en place qui ne favorise que les dirigeants de cette classe qui nous exploite et nous opprime. Cela veut dire aussi faire des manifs de masse, des grèves, des mobilisations indépendantes, hors du cadre syndical traditionnel contrairement à ce que prône LO par exemple. Surtout c'est faire appel aux frères et sœurs de la classe ouvrière internationale, faire des meetings c'est propager des idées révolutionnaires et profondément socialistes et communistes. »

Clémence a applaudi notamment l’idée de créer des comités d’action et d’autres organisations de lutte qui seraient indépendantes des appareils syndicaux nationaux.

Elle a dit, « Le cadre syndical actuel est totalement bouffé par les parasites, par les bureaucraties. Même la CGT n'a pas apporté son soutien aux cheminots, alors que c'était la plus longue grève depuis Mai 68 ou aussi aux Gilets jaunes. Il est très important aussi de s'organiser en dehors de ces instances pour ce qui est de la pandémie, et du danger que cela représente pour les enfants et pour agir pour protéger la population de ce virus si transmissible. »

Clémence a souligné notamment son accord avec l’idée que ni l’un ni l’autre des deux candidats n’a quoi que ce soit à offrir aux travailleurs et aux jeunes.

Après les élections, a-t-elle dit, « Il y aura plus de précarité, étudiante et des jeunes. Macron soumettra le RSA à des conditions de stages obligatoires et c'est criminel pour ceux et celles qui n'ont que ça pour survivre. Et l'extrême-droite a des plans similaires. Les perspectives en commun sont les perspectives écologiques, nous n'avons pas à gagner de gagner de profit sur l'exploitation de la nature. Actuellement selon les rapports il reste 3 ans pour faire des actions écologiques concrètes pour réduire les émissions d'effet de serre. »

Elle a ajouté, « Le plus important maintenant c'est de s'organiser, de créer une organisation forte de la classe ouvrière dans le but d'agir, d'informer, de donner une vraie perspective anticapitaliste socialiste et marxiste pour améliorer les conditions de vie et de travail, et surtout permettre une révolution qui permettra de détruire le système ossifié qui n'a plus rien à offrir à part aux milliardaires et à ceux qui possèdent les richesses. »

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