Le bilan officiel de la COVID-19 au Canada dépasse les 40.000 morts alors que la sixième vague déferle

Le bilan officiel de la COVID-19 au Canada a dépassé les 40.000 morts, au milieu d’une sixième vague d’infections et de décès qui dévaste les familles de la classe ouvrière dans tout le pays. Les gouvernements aux niveaux provincial et fédéral, quelle que soit leur affiliation politique, ont accueilli l’infection massive comme un bienfait.

Un membre des Forces armées canadiennes travaillant dans une maison de retraite du Québec (Ministère canadien de la Défense)

Dans un article marquant cette triste étape, Global News a reconnu que le «véritable bilan pourrait être plus élevé de milliers de décès», puisque «deux tiers de tous les décès dus à la COVID-19 pourraient ne pas avoir été détectés». Si tel est le cas, le véritable bilan des décès au Canada s’élève à un nombre stupéfiant de 120.000 personnes, ce qui équivaut presque au nombre stupéfiant de décès aux États-Unis, soit 1 million, sur une base par habitant.

Les représentants du gouvernement, dont Theresa Tam, la médecin hygiéniste en chef du Canada nommée par les libéraux, se sont empressés d’annoncer que la vague actuelle, alimentée par le variant BA.2 Omicron hautement transmissible du virus SRAS-CoV-2, est «en déclin». Les chiffres montrent que les hospitalisations et les décès sont en baisse, bien que ces chiffres soient à la fois largement sous-estimés et très suspects. Les gouvernements de tout le pays ont mis fin aux tests publics généralisés et à la recherche des contacts au début du mois de janvier.

Après un pic d’environ 7000 hospitalisations lors de la sixième vague fin avril, le nombre d’hospitalisations a progressivement diminué pour atteindre environ 5800 à l’échelle nationale à la mi-mai, ce qui reste supérieur à toutes les autres vagues, à l’exception de la récente vague de décembre/janvier. La moyenne mobile sur sept jours des décès quotidiens a diminué, passant d’un pic de 82 le 25 avril à 69 le 10 mai. Bien que la majorité des provinces et des territoires affichent une diminution ou une stagnation des hospitalisations et des décès, la Colombie-Britannique, l’Alberta et le Manitoba continuent d’enregistrer une augmentation des deux.

Ces chiffres indiquent clairement que des centaines de décès supplémentaires seront enregistrés dans les semaines à venir. Selon une étude publiée le 16 mai dans le Journal de l’Association médicale canadienne, 11 % de tous les patients hospitalisés pour la COVID-19 meurent ou sont réadmis dans un délai de 30 jours. Au niveau actuel de 6300 hospitalisations, 11 % équivalent à quelque 700 personnes.

La Dre Tara Moriarty, chercheuse en maladies infectieuses à l’Université de Toronto, a fait remarquer que les chiffres officiels du gouvernement, aussi dévastateurs soient-ils, sont tout à fait inexacts. De nombreux gouvernements provinciaux ont mis fin aux rapports quotidiens sur la pandémie et les ont relégués aux dépotoirs d’informations hebdomadaires anémiques.

Selon ses projections, basées sur les données du 20 avril, près du pic de la sixième vague actuelle, un pourcentage stupéfiant de 78 % de la population a été infecté par Omicron en Alberta, 77 % au Manitoba et 79 % en Saskatchewan. Le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador suivent de près avec 65 % et 63 % de la population, respectivement. Aucune des provinces ne présente un pourcentage d’infection inférieur à 40 %.

La Dre Moriarty estime que 63.639 Canadiens étaient infectés le 20 avril, alors que le gouvernement a dénombré 7972 cas, ce qui représente un sous-dénombrement d’environ 87 % dans les chiffres officiels. Elle estime que le 20 avril, 3818 cas de COVID longue ont été recensés, ce qui entraîne souvent une maladie débilitante à long terme, même après la disparition des symptômes initiaux.

L’une des projections les plus alarmantes de la Dre Moriarty concerne le rapport entre les futurs décès dus à la COVID-19 et les autres causes de décès. En supposant que les gouvernements persistent dans leur politique d’immunité collective sans mesures de santé publique, il y aura un décès dû à la COVID-19 pour trois décès dus au cancer. Une personne mourra de la COVID-19 pour chaque décès dû à une maladie cardiaque. La COVID-19 tuera plus de sept fois plus de personnes chaque année que le virus de la grippe, réfutant l’affirmation absurde selon laquelle le coronavirus n’est pas pire que la grippe.

Ce que les gouvernements fédéral et provinciaux ont effectivement accompli au cours des deux dernières années, c’est l’introduction de la COVID-19 comme troisième cause de décès, réduisant les rangs des personnes âgées, des personnes médicalement vulnérables et même des personnes plus jeunes et en bonne santé. Tous les grands partis politiques ont du sang sur les mains, de même que les bureaucraties syndicales, qui n’ont pas levé le petit doigt pour protéger leurs membres, leurs familles ou la population en général.

La sixième vague a commencé fin mars, moins d’un mois après le pic de la cinquième vague, qui avait été déclenchée par le variant BA.1 d’Omicron. Même en tenant compte des données officielles artificiellement censurées, les cinquième et sixième vagues ont produit le plus grand nombre d’infections et d’hospitalisations, et de loin, de toutes les phases de la pandémie. Plus de 6500 personnes ont été tuées par la COVID-19 lors de la cinquième vague, ce qui s’approche des bilans colossaux des première et deuxième vagues de la pandémie, qui ont eu lieu avant que les vaccins ne soient largement disponibles.

L’ampleur des maladies et des décès provoqués par la politique de laisser-faire de l’élite dirigeante au cours des cinquième et sixième vagues est immense et montre que l’affirmation de tous les médias et des principaux partis politiques selon laquelle le variant Omicron est «bénin» est un mensonge. Une étude récente de Harvard a démontré qu’Omicron est intrinsèquement aussi grave que les souches précédentes du virus, y compris le variant Delta.

Au Québec, on estime qu’un quart des adultes et un tiers des enfants ont été infectés par le variant Omicron au cours des cinq derniers mois. Contrairement au premier ministre François Legault qui a qualifié Omicron de simple «rhume», le bilan des décès dus à la pandémie au Québec en 2022 a déjà dépassé les 3271 décès enregistrés en 2021, et ce, à sept mois de la fin de l’année.

Les provinces de l’Atlantique, dont le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador, ont connu depuis l’hiver dernier les pires phases de la pandémie. Les gouvernements provinciaux de cette région ont toléré à contrecœur une stratégie similaire à l’élimination de la COVID-19 pendant la première année de la pandémie, avant de démanteler les mesures de santé publique fin 2021 avec le déploiement des vaccins et conformément aux exigences des banques et des grandes entreprises canadiennes. Cette décision a, sans surprise, entraîné une explosion des infections, des hospitalisations et des décès.

Le Nouveau-Brunswick, où le gouvernement progressiste-conservateur a pris la tête des provinces de l’Atlantique en abandonnant les mesures de santé publique l’été dernier, a connu son plus haut bilan quotidien le 22 mars avec 16 décès. Le nombre d’hospitalisations a diminué par rapport au sommet de 165 atteint le 2 février, mais il continue de tourner autour de 80. Depuis la mi-septembre, les accalmies dans le nombre d’hospitalisations et de décès dans la province ont été éphémères, entraînant une hausse quasi permanente.

L’impact tout à fait attendu mais non moins dévastateur de la politique d’immunité collective continue de se faire sentir en dehors des morgues et des salons funéraires. Les absences au travail pour cause de maladie ont atteint des niveaux record en avril, tandis que les hôpitaux continuent d’être frappés par des pénuries de personnel sans précédent, ce qui entraîne des retards dans les procédures médicales critiques qui ne seront pas accomplies avant des mois, voire des années. La grippe saisonnière, qui avait été quasiment éliminée lors des premiers stades de la pandémie de COVID-19, fait maintenant son retour.

Pour la classe dirigeante et ses représentants politiques, la pandémie est entièrement dans le rétroviseur. Tous les grands organes de presse font des reportages au compte-goutte sur la pandémie. La campagne électorale provinciale en cours en Ontario voit les quatre principaux partis, y compris le Nouveau Parti démocratique (NPD), apparemment «progressiste», omettre délibérément de considérer la pandémie comme un enjeu important.

Le 14 mai, le Québec est devenu la dernière province à mettre fin au port du masque obligatoire. À l’exception de l’obligation de porter un masque dans certains milieux à haut risque comme les transports en commun et les établissements de santé, il ne reste plus aucun obstacle à la transmission généralisée du virus.

Le gouvernement fédéral libéral a récemment mis fin au dernier de ses programmes d’aide financière déjà maigres destinés aux travailleurs, affirmant que l’aide d’urgence n’était plus nécessaire. Le NPD, qui a conclu un accord de «confiance et d’approvisionnement» avec Trudeau en mars pour maintenir les libéraux au pouvoir jusqu’en 2025, n’a rien fait pour s’opposer à ce geste criminel. Sans aucun moyen de compenser la perte de salaire s’ils doivent s’abriter chez eux pendant une infection ou s’occuper d’un enfant infecté, les travailleurs seront forcés de se présenter au travail infectés ou d’envoyer leurs enfants infectés dans les écoles et les garderies, propageant ainsi le virus potentiellement mortel encore plus rapidement dans la population.

(Article paru en anglais le 17 mai 2022)

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