Le Festival de Cannes fait la promotion de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie

Le Festival de Cannes est un autre événement ou institution de plus à offrir honteusement une plate-forme publique au président ukrainien Volodymyr Zelensky afin de promouvoir la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie.

Zelensky s’est adressé au gala d’ouverture du 75e festival du film de Cannes sur grand écran via une liaison vidéo depuis Kiev. S’inspirant largement de The Great Dictator (1940), Zelensky a exploité le message profondément humaniste du classique cinématographique de Charlie Chaplin pour affirmer que l’armée ukrainienne portait un coup en défense du cinéma et des arts.

«S’il y a un dictateur, s’il y a une guerre pour la liberté, encore une fois, tout dépend de notre unité. Le cinéma peut-il rester en dehors de cette unité?» entonna Zelensky. Citant directement le discours de Chaplin à la fin de The Great Dictator, Zelensky a poursuivi: «À la fin, la haine disparaîtra et les dictateurs mourront.» Le discours fourbe du président ukrainien a ensuite été ovationné par le public aisé de célébrités du cinéma, de mannequins, de personnalités médiatiques et de critiques réunis au Grand Théâtre Lumière du festival.

Affiche du Festival de Cannes 2022

Les références de Zelensky au film de Chaplin sont répugnantes. Dans The Great Dictator, Chaplin a fait une satire amère des dirigeants fascistes d’Allemagne et d’Italie à une époque où les studios hollywoodiens n’osaient pas faire une telle critique. Chaplin a joué deux rôles dans le film, le dictateur nazi (nommé Adenoid Hynkel dans le film, mais sans aucun doute Hitler) et un barbier juif d’apparence identique.

Lorsque le barbier est pris pour Hitler, le premier prononce devant une foule un discours passionné dans lequel il déplore «un système qui fait torturer des hommes et emprisonner des innocents» et appelle son auditoire «à libérer le monde, à supprimer les barrières nationales – pour en finir avec la cupidité, la haine et l’intolérance».

Zelensky, dont la promotion par son gouvernement d’un capitalisme de libre marché sans entraves et d’un nationalisme extrême qui inclut un soutien total au célèbre bataillon fasciste Azov, et ses partisans des États-Unis et de l’OTAN défendent tout ce que Chaplin abhorrait. En fait, comment réagirait un Chaplin face aux âneries auto-satisfaites sur la «pauvre petite Ukraine sans défense», armée jusqu’aux dents et financée par les plus grands voleurs impérialistes de la planète?

La promotion éhontée de la guerre de l’OTAN contre la Russie et sa marionnette Zelensky par les médias et les gouvernements bourgeois du monde entier s’accompagne de l’annulation et de la diabolisation des artistes russes. Les responsables du Festival de Cannes ont interdit toute délégation officielle ou reporter de Russie. Le seul réalisateur russe autorisé à figurer au festival est Kirill Serebrennikov, dont le nouveau film La femme de Tchaïkovski, a été financé en partie par le milliardaire russe Roman Abramovich.

Cette action à elle seule parodie la prétention du festival à être le gardien des droits démocratiques, ou de l’art. Combien des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma mondial sont venus de Russie? Le festival a adopté une ligne de conduite beaucoup plus proche d’une approche autoritaire que véritablement démocratique du cinéma. Combien de films américains ont été interdits par les responsables de Cannes au cours des décennies d’invasions criminelles ou de bombardements en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie et plus, qui ont entrainé des millions de morts?

La mesure dans laquelle Zelensky et son équipe médiatique, avec le soutien écrasant de la presse et de la télévision mondiales, ont pu promouvoir la guerre de l’OTAN contre la Russie est sans précédent.

Il y a à peine une semaine, une campagne médiatique massive a hissé le groupe ukrainien Kalush Orchestra au podium de la victoire au Concours Eurovision de la chanson qui s’est tenu en Italie. Zelensky n’a pas tardé à répondre, remerciant le groupe et déclarant: «Je suis sûr que le son de la victoire dans la bataille avec l’ennemi n’est pas loin.»

Au mépris du règlement du concours, qui interdit les commentaires politiques, un membre du groupe a pu faire appel sur scène au soutien international pour l’effort de guerre de l’Ukraine et ses soldats dans les aciéries d’Azovstal. L’Union européenne de radio-télévision, qui organise le concours, a déclaré qu’elle ne prendrait aucune mesure contre le groupe pour avoir fait une telle déclaration.

Le 3 avril, dans le cadre d’une offensive médiatique et de propagande, qui comprenait des apparitions devant les parlements de divers pays occidentaux, Zelensky s’est adressé au public lors des Grammy Awards annuels de la musique à Las Vegas pour exprimer son espoir que le peuple ukrainien puisse bientôt «être libre comme les gens sur la scène des Grammy».

Dans son commentaire à l’occasion, David Walsh du WSWS a écrit que la réaction des médias américains et son «effusion sur l’Ukraine est l’une des plus mensongères de l’histoire. Il est à la hauteur de ce qui a été dit à propos de la “presse patriotique”des deux côtés pendant la Première Guerre mondiale, à savoir que “des écrivaillons de toutes les nuances politiques” publiaient “autant de mensonges qu’on en a vu depuis la création du monde”».

Plus tard le même mois, Zelensky, qui est entré dans le domaine public en tant qu’acteur peu connu d’une série télévisée satirique ukrainienne, s’est adressé au public de la Biennale d’art de Venise, se faisant passer pour un défenseur du «pouvoir de l’art», qui «peut dire les choses du monde qui ne peuvent pas être partagées autrement».

En plus de s’aligner sur la campagne de guerre États-Unis-OTAN, le Festival de Cannes a souligné son attitude en promouvant massivement le nouveau film de Tom Cruise Top Gun Maverick, une oeuvre de propagande patriotique pro-guerre. Le film original Top Gun (1986) a conduit à une augmentation massive du recrutement pour la marine américaine et les hauts gradés du Pentagone espèrent manifestement que sa suite aura le même effet.

Selon le site Web Brands & Films, Paramount Pictures, la société de production de Top Gun Maverick, a obtenu «un large accès aux installations et au personnel navals de l’État de Californie, du Nevada et de Washington, y compris l’autorisation de piloter des avions, de positionner des caméras sur et dans les avions F/A-18 Super Hornets et les hélicoptères de la Marine, et un accès protégé à un porte-avions à propulsion nucléaire de classe Nimitz».

Le site Web note également: «Pourtant, le financement du Pentagone ne s’est pas fait sans condition (c’est rarement le cas). En échange du financement du ministère de la Défense, les créateurs du film et Paramount Pictures ont dû promettre d’offrir une projection privée à de hauts gradés avant que le film ne soit présenté au public.»

Note de 1939 avec la décision du gouvernement français de ne plus participer au festival du film de Venise, mais d’accueillir son propre festival à Biarritz, Cannes ou Nice

Dans le sillage du raz-de-marée de chauvinisme national et de soif de guerre qui a entouré le Festival de Cannes, il convient de rappeler les circonstances dans lesquelles l’événement a été fondé.

Dans son communiqué annonçant l’exclusion des participants russes, le festival affirmait hypocritement que «Fidèle à son histoire, commencée en 1939 dans la résistance aux dictatures fascistes et nazies, le Festival de Cannes sera toujours au service des artistes et des professionnels du cinéma, dont la voix s’élève pour dénoncer la violence, la répression et les injustices, et pour défendre la paix et la liberté.»

En effet, le festival du film du sud de la France a été conçu à l’origine en 1939 (un an avant la première de The Great Dictator) comme un contrepoids au festival du film la Mostra de Venise, fondée sept ans plus tôt par le Parti national fasciste pour promouvoir les objectifs politiques et culturels du dictateur italien Benito Mussolini. En 1938, l’événement de Venise a décerné son premier prix aux films de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, dont le tristement célèbre Olympia de Leni Riefenstahl, célébrant les Jeux olympiques de 1936 à Berlin. Les films de propagande fasciste l’ont emporté sur La Grande Illusion anti-guerre et anti-chauvine de Jean Renoir (interdit ensuite en Allemagne et en Italie).

Les personnalités du cinéma français furent indignées et firent pression sur le gouvernement du premier ministre Édouard Daladier pour qu’il lance un festival dans leur pays. Ce dernier était nerveux à l’idée d’offenser Mussolini et réticent à prendre une telle mesure.

En fait, la sympathie pour Mussolini et Hitler, déclarée ou non, était largement répandue dans les cercles dirigeants français. Le gouvernement qui a finalement approuvé la création du Festival de Cannes avait précédemment rétabli la semaine de travail de six jours pour financer l’effort de guerre, interdit le Parti communiste à cause du pacte Staline-Hitler et voterait l’installation du maréchal Pétain au pouvoir moins d’un an plus tard.

Le festival de 1939 devait ouvrir le 1er septembre, le jour où l’Allemagne a envahi la Pologne, déclenchant la Seconde Guerre mondiale, et a dû être annulé. Les événements tragiques associés aux origines du Festival de Cannes devraient servir d’avertissement sur les implications des bêtises antidémocratiques de nationalisme ukrainien que le festival sert actuellement.

(Article paru en anglais le 19 mai 2022)

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