Alors que le nombre de cas quotidiens de COVID-19 aux États-Unis dépasse les 100.000, la Maison-Blanche signale qu’elle ne prendra aucune mesure sérieuse

La sixième vague d’infections et d’hospitalisations liées à la COVID-19 aux États-Unis s’accentue chaque jour, sous l’impulsion des sous-variants Omicron BA.2 et BA.2.12.1, hautement infectieux et immuno-résistants.

Selon la salle de presse de BNO|Medriva, les États-Unis ont enregistré mercredi près de 190.000 nouveaux cas, ce qui porte la moyenne des nouveaux cas quotidiens sur sept jours bien au-delà de 100.000. Selon le New York Times, le nombre d’hospitalisations s’élève désormais à 22.875, soit une augmentation de 27% au cours des 14 derniers jours. Le Timesindique que le nombre de cas est en hausse dans 49 États et que le nombre d’hospitalisations est en hausse dans 45 États, Porto Rico et Washington DC enregistrant également une augmentation de ces deux statistiques.

On sait que ces chiffres officiels sont largement sous-estimés en raison de l’affaiblissement délibéré et bipartisan des tests et de la communication des données au niveau fédéral et des États depuis l’apogée de la vague d’Omicron BA.1 en janvier 2022. Seuls quatre États rapportent aujourd’hui quotidiennement les données COVID-19, tandis que 13 États le font une fois par semaine ou moins fréquemment.

Les tests ont diminué dans tout le pays et sont proches du point le plus bas atteint l’été dernier. Dans le même temps, les taux de positivité des tests augmentent chaque jour et atteignent désormais un niveau élevé de 9,3%, ce qui indique que la grande majorité des infections ne sont pas détectées. L’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) estime que le nombre réel de nouveaux cas quotidiens est supérieur à 437.000 par jour.

Face à cette crise qui ne cesse de s’aggraver depuis début avril, la seule mesure prise par la Maison-Blanche a été de donner aux ménages la possibilité de demander huit tests rapides gratuits à domicile, que seuls 8,5 millions de foyers américains ont commandés depuis mardi. Isolés d’une stratégie plus large visant à utiliser toutes les mesures de santé publique disponibles pour identifier et contenir toutes les infections, ces tests à domicile ne feront rien pour endiguer la vague croissante d’infections, d’hospitalisations et de décès aux États-Unis.

Après une interruption de six semaines, l’équipe d’intervention COVID de la Maison-Blanche a tenu mercredi matin un point de presse, dans ce qui s’apparente à un retour des criminels sur la scène de leur crime.

Les trois porte-parole de l’administration Biden présents à la réunion – le Dr Ashish Jha, coordinateur de l’équipe de réponse, le Dr Anthony Fauci, directeur des National Institutes of Health (NIH), et la Dre Rochelle Walensky, directrice des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) – sont profondément impliqués dans les politiques homicides qui ont tué plus de 420.000 Américains l’année dernière. Alors que Jha n’était pas un membre officiel de l’administration Biden jusqu’au mois dernier, il a passé l’année dernière à répéter comme un perroquet toutes ses politiques non scientifiques dans d’innombrables interviews télévisées.

Point de presse sur la COVID-19 de l’équipe d’intervention de la Maison-Blanche et des responsables de la santé publique le 18/05/22 (Capture d’écran/YouTube)

De manière significative, aucun des trois n’a mentionné l’étape tragique du million de décès dus à la COVID-19 aux États-Unis, qui a finalement été reconnue par Biden la semaine dernière par des remarques superficielles. La seule commémoration officielle de cette étape a été la mise en berne des drapeaux dans les bâtiments gouvernementaux, qui s’est achevée lundi.

La conférence de presse s’est résumée à une masse de contradictions, de mensonges et de dérobades destinés à désarmer une fois de plus la population américaine face à la menace croissante de la COVID-19. Chacun des trois intervenants a reconnu la vague d’infections en cours et le potentiel d’une poussée catastrophique cet automne et cet hiver, mais n’a fait aucune mention des mesures de santé publique nécessaires pour empêcher cette catastrophe de se produire.

Tout en faisant référence à plusieurs reprises aux «outils» censés être déployés par le gouvernement fédéral, les termes «tests de masse», «recherche des contacts», «isolement», «quarantaine», «obligation de porter un masque», «air», «aérosol», «N95», «confinement» et «fermeture des écoles» n’ont pas été prononcés une seule fois par les soi-disant experts. Au lieu de cela, ils ont clairement indiqué que l’administration Biden maintiendrait sa stratégie de vaccination exclusive, combinée à la promotion du traitement antiviral Paxlovid.

Il y a eu des références répétées au port du masque, mais toujours dans le contexte du cadre individualiste et non scientifique des directives des CDC. Ces directives, motivées par des considérations politiques, ont été diffusées juste avant le discours de Biden sur l’état de l’Union, afin qu’il puisse dire que la pandémie était terminée.

À noter, le briefing s’est déroulé à distance, chacun des trois intervenants et tous les journalistes participant en toute sécurité dans des lieux distincts. Après avoir dit à la population américaine que les grands rassemblements en personne et sans masque sont sûrs, l’équipe de réponse COVID de la Maison-Blanche s’est manifestement prescrit un ensemble de directives très différentes.

Le briefing a été entamé par Jha, nommé en mars pour remplacer le multimillionnaire Jeff Zients en tant que coordinateur de l’équipe de réponse COVID de la Maison-Blanche. Vantant les dernières dispositions relatives aux tests rapides à domicile, Jha a déclaré de manière absurde: «Compte tenu de la propagation des infections dans tout le pays, nous savons que l’utilisation de tests rapides est un moyen très efficace de limiter les infections. Vous pouvez vous tester avant de vous rendre à un grand rassemblement, avant de rendre visite à une personne vulnérable.»

Jha a prétendu à tort que les États-Unis disposaient d’un stock suffisant de Paxlovid pour traiter les patients pendant la vague actuelle, affirmant qu’environ 20.000 traitements sont prescrits chaque jour. Cependant, l’écrasante majorité des plus de 100.000 Américains testés officiellement positifs à la COVID-19 chaque jour sont symptomatiques et bénéficieraient du Paxlovid mais ne reçoivent pas le traitement.

Selon l’expert en soins de santé Gregory Travis, 75% de tous les comtés américains ne disposent pas d’un approvisionnement suffisant en Paxlovid pour une semaine du nombre moyen d’infections pendant la vague de trois mois de l’Omicron BA.1, comme le montre la carte ci-dessous.

Carte montrant la disponibilité de Paxlovid dans tous les comtés américains. Les comtés en orange ont suffisamment de Paxlovid en stock pour répondre aux besoins de la population pendant une semaine d’une vague comparable à celle de l’Omicron BA.1 l’hiver dernier. Les comtés en noir ne disposent pas d’un approvisionnement suffisant pour tenir ne serait-ce qu’une semaine dans de telles conditions. (Source: Gregory Travis)

Comme il l’a fait lors de ses apparitions dans les médias ces dernières semaines, Jha a souligné que le financement fédéral de la lutte contre la pandémie s’est complètement tari. Il a déclaré: «Nous sommes en train de développer de nouveaux vaccins, potentiellement des vaccins bivalents», qui pourraient protéger à la fois contre Omicron et un autre variant. Toutefois, a-t-il déclaré, «sans financement supplémentaire du Congrès, nous ne serons pas en mesure d’acheter suffisamment de vaccins pour chaque Américain».

En ce qui concerne les traitements, a-t-il ajouté, «sans ressources supplémentaires, nous nous retrouverons à l’automne ou à l’hiver avec des personnes infectées et aucun traitement disponible pour elles parce que nous en aurons épuisé les stocks.»

Le Dr Jha ne se laisse pas impressionner par cette catastrophe imminente, car il a «passé beaucoup de temps avec nos amis du Congrès pour s’assurer que nous disposions des ressources nécessaires pour continuer à protéger le peuple américain». Répondant à une question à ce sujet, le Dr Jha a ajouté: «Je pense avoir rencontré plus de républicains que de démocrates.»

Il a conclu: «Je reste très, très sûr que le Congrès se mobilisera pour protéger le peuple américain.» Il a ensuite réitéré cette «confiance» délirante trois autres fois au cours du point de presse.

Les «amis» auxquels Jha fait appel et dont il est «sûr» qu’ils «protégeront le peuple américain» sont les républicains de plus en plus fascistes qui ont orchestré un coup d’État pour renverser la Constitution américaine le 6 janvier 2021, et que Biden a ensuite appelés ses «collègues». Les sections dominantes du Parti républicain, dirigées avant tout par Donald Trump, ont propagé des théories du complot d’extrême droite autour de la pandémie et mobilisé des forces fascistes pour s’opposer au port du masque, aux vaccinations et à toutes les autres mesures de santé publique.

Dans ses remarques, la Dre Walensky a mis en évidence la stagnation des taux de vaccination chez les Américains âgés, malgré la volonté de l’administration Biden de promouvoir les vaccins comme une solution miracle pour sauver des vies. Au total, 57% des personnes âgées de 65 ans et plus, ainsi que 62% de celles âgées de 50 à 64 ans, ont reçu leur dernier vaccin il y a plus de six mois, ce qui indique que la majorité de la population âgée a une immunité en déclin et fait face à un risque croissant d’infection grave et de décès dû à la COVID-19.

Walensky a ensuite présenté sans vergogne les dernières données des CDC sur les niveaux de transmission communautaires, qui affirment que seuls 32% des Américains vivent dans des zones à risque «moyen» ou «élevé» de COVID-19. Basée principalement sur les taux d’hospitalisation et la capacité hospitalière, cette mesure n’est absolument pas scientifique et prétend à tort que les habitants des comtés verts sont à «faible» risque de contracter la COVID-19.

Comme le montre le tableau ci-dessous, le contraste ne pourrait être plus grand entre ce tableau rose et celui obtenu à partir d’une carte utilisant le calcul antérieur du risque d’infection par la COVID-19, qui était correctement basé sur la mesure des nouveaux cas pour 100.000 habitants dans chaque comté.

Cartes montrant les niveaux de transmission communautaire des CDC basés principalement sur les hospitalisations (à gauche) et la transmission communautaire basée sur les nouveaux cas pour 100.000 habitants (à droite) (Source: CDC)

Pour les zones de niveaux communautaires «moyen» et «élevé» – où les infections ont grimpé en flèche il y a quelques semaines et où les hôpitaux sont maintenant débordés –, le seul conseil donné par Walensky est d’«exhorter les dirigeants locaux à encourager l’utilisation de stratégies de prévention comme le port du masque dans les lieux publics intérieurs». Encore une fois, aucune mention n’a été faite des masques obligatoires, dont les démocrates affirment qu’ils ne bénéficient pas d’un soutien populaire malgré de nombreux sondages montrant leur popularité.

Interrogée par la suite sur le phénomène de plus en plus signalé des «reprises d’infection» chez les personnes qui prennent du Paxlovid et sur la question de savoir si elles doivent s’auto-isoler pour protéger les autres, Walensky a répondu: «Nous avons toujours dit dans nos recommandations aux CDC que si vous avez des symptômes, vous devez mettre votre masque. Donc, si vos symptômes réapparaissent, nous vous recommandons de remettre votre masque.»

Il s’agit en fait d’une preuve de plus de l’abandon non scientifique des protocoles d’isolement et de quarantaine par les CDC en décembre dernier, qui a été directement motivé par le lobbying de l’industrie aérienne.

Dans ses commentaires, le Dr Fauci a évoqué l’évolution de nouveaux variants tout au long de la pandémie, soulignant le fait que chaque nouveau variant s’est avéré plus transmissible que le précédent.

Tout en présentant un graphique et des données montrant que les sous-variants Omicron BA.4 et BA.5 sont plus transmissibles que BA.2 et BA.2.12.1 et qu’ils sont à l’origine d’une nouvelle vague d’infections en Afrique du Sud, Fauci s’est abstenu d’avertir le public américain que ces variants pourraient bientôt se répandre aux États-Unis. La semaine dernière, le CDC européen est devenu la première agence de santé publique à classer les variants BA.4 et BA.5 comme des variants préoccupants.

Pris dans son ensemble, le point de presse de la Maison-Blanche équivaut à une abrogation totale des devoirs les plus fondamentaux de la santé publique. Les docteurs Jha, Fauci et Walensky ont une fois de plus prouvé qu’ils étaient les serviteurs dévoués de la classe dirigeante, donnant la priorité aux intérêts du capitalisme américain sur la santé de la population.

Le refus du gouvernement américain de faire quoi que ce soit pour répondre à la dernière vague de COVID-19 souligne la vérité fondamentale selon laquelle la lutte contre la pandémie ne pourra être menée que par la classe ouvrière, la jeunesse et les couches progressistes de la classe moyenne, y compris les scientifiques, indépendamment des partis politiques capitalistes et en unité avec les travailleurs du monde entier.

Le Parti de l’égalité socialiste se bat pour construire des réseaux de comités de la base dans chaque usine, école et lieu de travail, aux États-Unis et dans le monde entier, afin de créer un mouvement de masse qui lutte pour arrêter la pandémie et sauver des vies.

(Article paru en anglais le 19 mai 2022)

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